Hermès Trismégiste

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Le dieu égyptien Thot, à rapprocher de la figure d'Hermès Trismegiste
Le dieu égyptien Thot, à rapprocher de la figure d'Hermès Trismegiste

Hermès Trismégiste (qui signifie "Hermès trois fois très grand », en Grec) est le nom greco-romain d'un personnage légendaire, qui aurait été un prêtre égyptien du dieu Thot, assimilé après sa mort à ce dieu même, mais dont l'authentification historique reste une énigme discutée : Hermès est d'origine grecque mais, avant qu'il fut qualifié 'trismegiste', son culte fut rendu à Hermopolis Magna que les grecs d'époque ptolémaïque avaient érigée, dans une région désertique, mais néanmoins précise : sur la rive opposée et face aux ruines de la beaucoup plus antique cité d'Akhenaton dite Amarna. Plus tard, à la fin de l'hermétisme trismegistère, des érudits de la Renaissance tel Campanella attribuaient à Trismegiste la construction en Égypte de la ville d'Adocentyn - c'est à dire la Cité d'Adon, Adonis, Aton. Quant à l'origine-même de la qualification de " Triple " elle se situe au début du Christianisme, c'est à dire juste après que Rome ait envahi par les armes l'Égypte ptolémaïque, César et Cléopâtre supprimés et la ville d'Hermopolis Magna abandonnée, comme mille ans avant Amarna l'avait été ; il devient alors associé, outre à Adon, à Moïse et à Orphée. Les dénommés « Pères de l'Église » (St Augustin, Lactance et d'autres) ainsi que les Historiens (Strabon) durant cette époque, dépeignaient Hermès Trismegiste comme un roi ou prêtre d'Égypte d'une très haute antiquité qui avait établi un culte monothéiste, solaire et révolutionnaire. Ces informations ont été regroupées principalement par l'historienne Frances Yates (Giordano Bruno et la Tradition Hermetique) qui a donné son nom à un département d'histoire de l'Université Royale d'Angleterre à Londres. Par contre la plus grande bibliothèque d'archive de l'Hermétisme actuelle qui se situe à Amsterdam (J.R.Ritman Library)(Bibliotheca Hermetica Philosophica) ne détient aucun ouvrage contemporain à la recherche de l'historicité d'Hermès Trismegiste.

Sommaire

[modifier] Son œuvre alléguée :

Selon des sources traditionnelles Thot, Hermès, Mercure sont les trois noms chronologiques (égyptien, grec, romain) de la même entité (le Moyen-Âge ou la Renaissance l'appelaient également Triplex ou Hermès Thoth Trismegiste) - mais il évoque aussi trois initiations synchrones : l'Egyptien, Moïse et Orphée (voir Marsile Ficin - Renaissance).

Une doctrine philosophico-religieuse : l'hermétisme, dont il serait le fondateur, a été placée sous le patronage du personnage historique ou légendaire; elle se présente comme une religion gréco-égyptienne qui prétend interpréter d'anciennes doctrines originaires de la vallée du Nil. Ce syncrétisme entre des mythes égyptiens et la philosophie néo-platonicienne s'est développé à Alexandrie et s'est répandu dans l'ensemble de l'empire romain. Ensuite le christianisme entretient avec lui des rapports ambigus : vénéré à l'origine, parfois même estimé comme initiateur de Moïse, sa doctrine ressemble à ce que le Moyen-Âge connaissait comme 'science' en parallèle aux dogmes d'Église - de sorte qu'à la Renaissance, lorsque l'Église entre en conflit avec la science (stigmatisation avec Galilée, Giordano Bruno) l'hermétisme est finalement proscrit par l'Inquisition.

Longtemps après son éclosion, les écrits de cette doctrine ont été réunis dans le Corpus Hermeticum qui est une compilation de dix-sept traités dialogués brefs et souvent fragmentaires dans lesquels Hermès enseigne à son fils Tat ou à Asklepios. Les Byzantins, peut-être Michel Psellos sont les auteurs de cette collection qui s'est effectuée entre le VIe et le XIe siècle. Suivant les époques ses manuscrits ont été déplacés, par exemple à Haaran où l'Islam s'élaborait. Certains n'aboutirent en Europe que très tard (Cosme de Medicis). Le premier de ces traités, le Poïmandres donna longtemps son titre à l’ensemble du recueil. Poïmandres, qui est le nom du « Noûs de la souveraineté absolue », serait dérivé de l’égyptien ou du copte P-eime-n-ré (connaissance du Dieu Soleil Rê). Le Poïmandres et le traité X, présentent de véritables résumés de l’enseignement d’Hermès (cosmogonie, anthropologie, eschatologie); les autres traités s’attachent à des questions plus particulières (problèmes du mouvement, du vide, du temps et de l’éternité, de la régénération, etc.).

Dans la croyance populaire, Hermès passait pour avoir écrit la Table d'émeraude (dont on sait aujourd'hui qu'il s'agit d'un texte arabe du IXe siècle).

On a aussi discuté l'historicité et l'antériorité de ces textes ; l'Inquisition (sus) les a proscrits au prétexte qu'ils étaient tardifs/récents (datation de Casaubon). Actuellement l'archéologie et la découverte de Nag Hammadi atteste de leur racine au moins pré-chrétienne.

[modifier] Fonction politique et/ou scientifique :

Hermès Trismégiste, mosaïque - parvis de la cathédrale de Sienne attestant de son appréciation par l'Eglise jusqu'à l'époque tardive de la Renaissance
Hermès Trismégiste, mosaïque - parvis de la cathédrale de Sienne attestant de son appréciation par l'Eglise jusqu'à l'époque tardive de la Renaissance

L'Hermétisme s'est opposé au christianisme dogmatique ; il est ainsi apparu comme le dernier bastion de résistance à la Religion d'Etat. Il s'est aussi heurté aux doctrines dualistes gnostiques en vogue à l'époque pour qui le monde est mauvais. Les mythes hermétiques se différencient du gnosticisme par une vision unitaire et optimiste du monde, dans laquelle l'âme élue peut se sauver et se fondre dans le grand Tout. Au 20ème siècle les textes hermétiques (hermetica) ont été traduits par le Jésuite A.-J. Festugière (éditions Les Belles Lettres). Les croyances alchimiques véhiculées par l'hermétisme ont de même que l'astrologie assuré la postérité de la doctrine, elles ne sont qu'artificiellement rattachées à l'Egypte ancienne qui semble n'avoir pas connu cette pratique ; c'est leur circulation hors d'Egypte qui a maintenu la croyance en ces origines et aboutit à ce que le personnage historique ou mythique du Trismegiste aie fait figure de maître à penser des alchimistes médiévaux.

[modifier] Littérature

Le personnage mythique a donné lieu à quelques variations littéraires.

Baudelaire applique à Satan, assimilé à Hermès, l'épithète "trismégiste" ("trois fois très grand" en grec) dans Les Fleurs du mal ( Au Lecteur ) :

« Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste. »


De la même façon, Apollinaire, faisant écho au texte de Baudelaire, évoquera la métamorphose du poète en un "arlequin trismégiste" dans le poème Crépuscule (dans "Alcools") :

« L'aveugle berce un bel enfant
La biche passe avec ses faons
Le nain regarde d'un air triste
Grandir l'arlequin trismégiste. »


[modifier] Articles connexes


[modifier] Liens

André-Jean Festugière | néo-platonisme | Proclus | Jamblique |