Henri Membertou

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Membertou était le sagamo (Chef) d'une bande Micmac près de Port-Royal, en Nouvelle-Écosse actuelle, localisation de la première colonie française en Acadie, après l'échec de l'Île Sainte-Croix.

Sommaire

[modifier] Naissance - Polémique

La date de naissance de Membertou a été fixée à l'an 1510, notamment par Marc Lescarbot et reprise ensuite dans de nombreux ouvrages, tant anglais que français. Cette date, déduite des dires de Membertou lui-même qui affirmait avoir rencontré Jacques Cartier en 1534 alors qu'il était déjà père de famille, est fortement contestée en raison de deux éléments attestés :

  • Membertou est mort le 18 septembre 1611, ce qui en aurait fait un homme âgé de 101 ans, âge théoriquement possible, mais plus qu'improbable pour un personnage de cette époque.
  • Champlain et Marc Lescarbot[1] relatent tous deux des faits guerriers dans lesquels Membertou s'est illustré en 1607, à savoir une expédition de représailles contre une tribu Passamaquoddy à Chouacouët, aujourd'hui Saco, dans le Maine. Là aussi, il apparaît improbable qu'un homme alors âgé de 97 ans ait pu mener lui-même ses troupes au combat.

[modifier] Avant Port-Royal

Membertou était le sagamo (Grand Chef) d'une bande micmaque qui chassait et pêchait dans le district de Kesputwitk, un des 7 districts micmacs de l'époque. Kesputwitk signifie "fin des terres" et correspondait au sud de la Nouvelle-Écosse actuelle (comtés de Digby, Annapolis, Queens, Shelburne et Yarmouth).

Membertou était également autmoin de sa tribu, ce qui lui conférait des pouvoirs de guérison et de prédiction de l'avenir.

[modifier] Arrivée des Français

Après l'échec de Sainte-Croix et la construction d'un deuxième établissement à Port-Royal en 1605, Français et Micmacs se retrouvent au contact sur un même territoire mais les rapports sont aussitôt cordiaux.

Membertou se lie d'amitié avec les colons et participe régulièrement aux festins de l'Ordre du Bon-Temps au cours desquels, grâce à ses rudiments de français, il charme l'auditoire par sa parole imagée, sa franche gaîté et surtout le récit de ses aventures[2].

Le 11 août 1607, la garde de Port-Royal, abandonné momentanément par les Français, est laissée à Membertou qui protège l'établissement des pillages jusqu'au retour de Poutrincourt en 1610.

[modifier] Premier baptême autochtone en Amérique du Nord

Membertou a été le premier autochtone à être baptisé en Amérique du Nord, le 24 juin 1610, avec 21 membres de sa famille par l'abbé Jessé Fléché. Il prend alors le prénom de « Henri », en l'honneur du roi de France Henri IV. Une polémique provoquée par des jésuites fit jour deux ans plus tard car ils estimaient que les préparatifs préalables à un baptême n'avaient pas été respectés, Membertou ne comprenant pas assez le français et l'abbé Fléché ne parlant pas le micmac.

[modifier] Décès

Membertou meurt de dysenterie à Port-Royal le 18 septembre 1611. Charles de Biencourt, alors en charge de Port-Royal, lui fit des obsèques solennelles, à l'image de celles rendues en France aux seigneurs et aux grands capitaines[3].

Ses restes reposent dans le vieux cimetière catholique de Port-Royal.

[modifier] Divers

Membertou possédait une caractéristique physique commune chez les Européens, mais très rare chez les autochtones : il était barbu.

C'est pour lui rendre hommage que la première nation micmac de Sydney en Nouvelle-Écosse a pris le nom de Membertou.

Un monument a été érigé à Port-Royal en 1985 afin de marquer le 375ème anniversaire du baptême de Membertou et de sa famille.

Un timbre commémoratif à l'effigie de Membertou a été émis à 4 millions d'exemplaires par les postes canadiennes le 26 juillet 2007.

[modifier] Notes

  1. Histoire de la Nouvelle France par Marc Lescarbot
  2. Article de Ferd. J. Robidoux dans le Moniteur acadien - 29 janvier 1895
  3. Lettre du Père Biard au Père provincial des Jésuites à Paris - 31 janvier 1612
Autres langues