Guerres cantabres

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Guerres cantabres

Territoire de la péninsule ibérique où eu lieu les guerres cantabres
Informations générales
Date de 29 à 19 av. J.-C.
Lieu Cantabrie et Asturies antiques
Issue Victoire décisive des romains
Belligérants
Peuples cantabres et astures Empire romain
Commandants
• Corocotta
• Gausón
Auguste
Marcus Vipsanius Agrippa
Forces en présence
70 000 à 100 000 (basé sur les estimations de population) 70 000-80 000
Pertes
Tout les hommes en âge de se battre inconnues
Conquête romaine de l'Hispanie
Deuxième Guerre punique — Première Guerre celtibère — Guerre de Lusitanie — Guerres cantabres

Les guerres cantabres (29-19 av. J.-C.) se sont déroulées pendant la conquête de la Cantabrie par les romains. Elles s'achevèrent sur la conquête complète de l'Hispanie.

Sommaire

[modifier] Origines

Les premières apparitions des Cantabres (peuples celtes) sur la scène historique fut dans le contexte de guerres ibériques antérieures, où ils participèrent en tant que mercenaires dans différents camps. C'est pourquoi, dans les années précédant les guerres en Cantabrie et dans les Asturies, les romains devinrent familiers aux méthodes de combats des peuples d'Hispanie du nord. Nous avons des preuves, par exemple, que des Cantabres se battaient aux cotés d'Hannibal pendant la deuxième Guerre punique. Nous savons également qu'ils se battirent aux côtés des Vaccéens en 151 av. J.-C. et qu'ils aidèrent à briser le siège de Numance. Il y eut aussi probablement des Cantabres dans l'armée de Sertorius. D'après le témoignage de Jules César, il y eut des Cantabres à la bataille de Lérida en 49 av. J.-C..

Les Cantabres devinrent donc connus dans tout l'empire romain. Les troupes romaines perdirent même un de leurs étendards contre eux, ce qui paraissait inexplicable et humiliant à cette époque. De tels désastres justifièrent les guerres qui furent menées pour punir les incursions dans le plateau de la Meseta, contrôlé par les Romains. Ces derniers convoitaient également probablement l'or des Asturies et le fer de la Cantabrie. Finalement l'empereur Auguste en personne vint en Hispanie établir sa base à Segisma (Burgos).

[modifier] Armées et Stratégies

Les peuples celtes de Cantabrie à l’époque des guerres. La carte montre les différents peuples et leurs localisations, à comparer avec la Cantabrie actuelle.
Les peuples celtes de Cantabrie à l’époque des guerres. La carte montre les différents peuples et leurs localisations, à comparer avec la Cantabrie actuelle.

D'après l'historien romain Dion Cassius, la tactique des Cantabres et des astures était la guérilla, évitant les affrontements directs avec les romains à cause de leur infériorité numérique. Leur meilleure connaissance du terrain difficile et montagneux leur permirent de mener des attaques surprises avec des armes de jet, des embuscades suivies aussitôt de leur fuite, causant de grands dégâts à l'armée romaine et ses moyens de ravitaillement.
D'après ce qu'il reste de stèles et des pièces, les Cantabres étaient efficaces avec des armes légères. Cela explique ce que Lucain voulait dire lorsqu'il disait : Cantaber exiguis et longis Teutonus armis (les cantabres avec les armes courtes et les teutons avec les longues). Ils étaient équipés d'épées courtes, de dagues, de lances courtes ou de javelots, de boucliers en bois, ronds ou ovales et d'armures de cuir.
Il utilisaient également une arme ressemblant à une falcata, et le bipinnis, une hache à double tranchant propre aux peuples du nord de l'Espagne. Il n'y a pas de preuves qu'ils n'utilisaient pas d'arc ou de frondes, cependant il est très probable qu'ils connaissaient et utilisaient ces armes.
Les Cantabres étaient également capables de monter à cheval, et certaines de leurs tactiques de cavalerie furent empruntées par l'armée romaine, tel que le circulus cantabricus qui est une formation de cavalerie en demi-cercle, ainsi que le cantabricus impetus, une puissante attaque frontale contre les lignes ennemies dans le but de les franchir. Ces exemples furent décrits par Arrien.

La valeur des Cantabres était telle qu'elle obligea l'empereur Auguste à déployer un grand nombre de légions :

auxquelles il ajouta diverses troupes auxiliaires :

  • Ala II Gallorum,
  • Cohors II Gallorum,
  • Ala II Thracum Victrix Civium Romanorum,
  • Cohors IV Thracum Aequitata,
  • Ala Parthorum
  • Ala Augusta

La flotte romaine participa également au conflit, arrivant sur les côtes de la Cantabrique après avoir été envoyée de la Gaule Aquitaine. Sa présence fut déterminante puisqu'elle acheva l'encerclement de la Cantabrie commencé par les forces terrestres. On a calculé que les romains ont déployé au total 70 000 hommes mais ce nombre varie selon les auteurs, dû au fait qu'il utilisaient une base de 5 000 hommes par légion. En réalité, il devait y avoir plus de 80 000 hommes en comptant les troupes auxiliaires car après les réformes de Caius Marius, une légion comportait plus de 6 000 hommes. Cependant, à l'époque d'Auguste, bien qu'une légion était officiellement composée de 6 200 hommes, ce nombre variait en fait entre 5 000 et 8 000 hommes pour diverses raisons.

[modifier] Bellum Asturicum

Campagnes romaines contre les cantabres et les astures ██ Campagne de -26 ██ Campagne de -25 ██ Campagne de D.J. Brutus ██ Arrivée de César
Campagnes romaines contre les cantabres et les astures ██ Campagne de -26 ██ Campagne de -25 ██ Campagne de D.J. Brutus ██ Arrivée de César

Les astures rejoinrent plus tard les Cantabres pour la défense commune. Au printemps -25, trois légions romaines étaient en place pres de la rivière Astura (aujourd'hui rivière Esla), avec des troupes de la Tarraconensis. D'après l'historien contemporain romain Florus dans son Épitome de l'histoire romaine[1], les armées des Astur Transmontani venaient de leurs montagnes couvertes de neige (ce qui est parfaitement possible dans les pics d'Europe au printemps) et s'installa près de la rivière Astura, se préparant à prendre les trois camps d'hiver romains.

Cependant, les peuples brigaecini (Astur Cismontani) de la région de Benavente informèrent Auguste de leurs intentions. Auguste donna aux astures Brigantum, le camp d'Augustan Asturica en récompense de leur aide. Il partagea aussi la plaine à ses alliés. Son général Carisius [2] attaqua les armées astures (probablement commandées par Gausón), les forçant à se réfugier dans la ville fortifiée de Lancia, le plus important fort des astures Cismontani, d'après Florus.

Une fois que Lancia fut assiégée, les armées Astures se réfugièrent au Mons Medullius (certains érudits l'identifient à Las Médulas). Les légions romaines assiégèrent la montagne, construisant une douve et un fossé de 24 kilomètres de long. D'après Orosius, les soldats astures se suicidèrent avec leurs propres armes ou des baies d'if plutôt que de se rendre.

L'empereur Auguste, un an après son arrivée, dut se retirer à Tarragone, probablement pour cause de maladie. Le conflit, malgré cela, dura plus de 10 ans (à titre de comparaison, l'armée romaine conquit toute la province de Gallaecia en moins de 7 ans). Il fut le seul conflit dirigé par Auguste contre des tribus barbares, à l'exception de la campagne contre les Illyriens, de 35 à 33 av. J.-C.

[modifier] La fin du conflit

Lábaro cántabro. Étendard utilisé par les forces cantabres pour envoyer des ordres ou des signaux aux troupes pendant la batailles et que les romains adoptèrent plus tard.
Lábaro cántabro. Étendard utilisé par les forces cantabres pour envoyer des ordres ou des signaux aux troupes pendant la batailles et que les romains adoptèrent plus tard.

Contrairement à des conflits similaires, les romains ne firent pas de prisonniers, ce qui suppose l'élimination des tous les Cantabres en âge de se battre. De plus, ils existait une tradition parmi les soldats cantabres qui se suicidaient plutôt que d'être réduits en esclavage. Il le faisaient par l'épée, en s'immolant ou en s'empoisonnant avec des potions préparées dans ce but. D'après Silius Italicus, ils les préparaient avec des graines d'if, un arbre mythique pour les celtes. Strabon dit qu'ils dédaignaient la mort et la douleur, au point de chanter des hymnes de victoire pendant qu'ils se faisaient crucifier. D'après lui, mourir en guerriers et en hommes libres était pour eux une victoire.

La guerre peut être considérée comme étant finie en 19 av. J.-C., bien qu'il y eut d'autres petites rébellions plus tard. Rome, tout comme dans ses autres territoires, voulut imposer ses réformes. Elle n'eut cependant pas beaucoup de succès dû au fort caractère du peuple cantabre. Bien qu'ils se faisaient massacrer, leur résistance était telle que les romains durent laisser deux légions (la X Gemina et la IV Macedonica) 17 années supplémentaires. Après la guerre et la soumission des Cantabres par Rome, les légions romaines ont adopté d'eux le symbole solaire des croix jumelles et des symboles lunaires (voir dessin). Ils auraient continué a porter ce drapeau 300 ans plus tard. L'armée romaine a également adopté d'eux les techniques circulus cantabricus et cantabricus impetus mentionnées ci-dessus.

[modifier] Notes et références

  1. http://www.thelatinlibrary.com
  2. http://www.rovenet.com

[modifier] Bibliographie

  • Los Cántabros antes de Roma, 2ª edición : Dr. Eduardo Peralta Labrador, Real Academia de la Historia. (2003)
  • Las Guerras Cántabras : Angel Ocejo Herrero y vv.aa.
  • Estelas Cántabras: Símbolos de un pueblo : Juan Carlos Cabria Gutiérrez, editorial Brenes XXI.
  • Onomástica de Cantabria - Los Nombres de Persona Cántabros : Jesús J. Maroñas.

[modifier] Liens externes