Force de police auxiliaire (Guerre d'Algérie)

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La Force de police auxiliaire est une unité de police formée de supplétifs algériens musulmans pour lutter en France métropolitaine contre le FLN pendant la guerre d'Algérie.

En France métropolitaine, Maurice Papon est préfet de police depuis avril 1958. Il semble avoir été inspiré par l'utilisation massive des supplétifs algériens lors de la mise en place du plan Challe[1]. Une Force de Police Auxiliaire (FPA) est créée, composée d'Algériens recrutés par des militaires en Algérie[2] et en métropole. La FPA qui devient opérationnelle à partir de mars 1960 dépend directement du premier ministre qui la met à disposition du prefet pour les problèmes opérationnels [3]. Elle est formée à la caserne du fort de Romainville où se trouve également la branche action du SDECE, et où se trouve son commandement, elle est dispersée dans les quartiers à forte implantation musulmane de Paris, dans six hôtels connus pour leur appartenance au FLN qui sont frappés d'une mesure de fermeture administrative.[4] Outre le personnel en tenue de policier, de nombreux soldats sont chargés d'infiltrer le FLN et la plupart de leurs succés sont dus à cette infiltration. Présente dans les zones de forte implantation du FLN, elle montre à l'ensemble de la population algérienne de Paris que la toute puissance du FLN a des limites. Alors que la police judiciaire ne lance ses coups de filets qu'après un long travail d'enquête ayant permis de mettre à jour un réseau, la FPA exploite immédiatement les renseignements obtenus[1], procède à l'interpellation des suspects et à leur interrogatoire en vue de remonter jusqu'à la tête du réseau. Les interrogatoires font usage de la torture comme l'a dénoncé dés 1961 Paulette Péju dans son livre " Les harkis à Paris"[5]. Les raisons de son efficacité sont multiples, mais la principale est structurelle : la police supplétive est la concentration, en une seule formation, de la presque totalité des procédés opérationnels de son service de tutelle. Elle regroupe à elle seule les trois volets de la stratégie ternaire. Outil de renseignement et d'action psychologique, elle infiltre efficacement les réseaux du FLN et organise des réunions de propagande dans les cafés arabes. Outil répressif, elle met sur pied des opérations de police dans la capitale (patrouilles et rafles). Outil de neutralisation, elle assure en outre le transfert des interpellés au centre d'internement de Vincennes, et veille, par l'intégration dans ses rangs, à la protection des individus menacés (souvent des anciens cadres du FLN ralliés ou des personnes ayant communiqué des renseignements). Egalement conçue comme une unité de lutte anti-terroriste et d'infiltration, la police auxiliaire voit ses pouvoirs légaux limités à ceux de la police municipale, ce qui, au lieu de lui ôter des prérogatives, lui confère au contraire une plus grande capacité opérationnelle (notamment en matière de contrôle dans les lieux publics). Néanmoins, cette unité est conçue pour opérer en toute légalité dans le cadre du SCAA. En effet, l'exploitation des renseignements réunis par la police auxiliaire nécessite obligatoirement une validation judiciaire ce qui explique la participation conjointe de la BAV ou de la 8e BT lors des perquisitions. C'est pour ces raisons que, la FPA est constituée au cours de l'été et de l'automne 1959. Elle est l'aboutissement de la nouvelle doctrine de la préfecture de police La neutralisation s'opère dès les premiers jours. La FPA limite son action visible aux contrôles d'identité et à l'envoi à l'antenne SAT des personnes en situation irrégulière. En revanche, l'activité parallèle est promptement efficace. Dès le 21 mars, trois membres de l'organisation nationaliste sont arrêtés. Pendant la nuit du 23 au 24 mars, des descentes dans les hôtels et meublés de l'arrondissement, conduites en collaboration avec la BAV, permettent grâce aux indications fournies par un cadre frontiste, l'interpellation de six membres de l'OPA et la saisie de documents importants . Ces rafles obligent les cadres de l'organisation à quitter l'arrondissement. Bénéficiant de l'effet de surprise et d'informations préalables, le capitaine Montaner met immédiatement en place un réseau d'informateurs et donne une grande liberté d'action à chacun de ses chefs de sections pour obtenir un maximum de renseignements auprès des gérants d'hôtels. Les chefs de section retournent, selon le vocabulaire policier, quelques individus transmettant des informations d'ambiance. Ces infiltrations donnent des résultats probants. Ces agents placés dans les hôtels et dont la collaboration est souvent spontanée apportent quotidiennement des renseignements. Les indicateurs sont majoritairement des commerçants et des gérants d'hôtels : sur une liste de 7 indicateurs, dont la profession a pu être clairement identifiée par les officiers de la Force de police auxiliaire, 4 sont gérants de cafés-hôtels, 1 est épicier et 2 travaillent dans le secteur secondaire. En un mois, la désorganisation, qui s'accélère à partir du 23 avril, affecte les structures locales du FLN. Les arrestations initiales, et les indications obtenues à leur suite, ont un effet accélérateur du démembrement, car la plupart des interpellations entraînent à leur tour des "dénonciations en chaîne". Ainsi, "dans la journée du 25 [avril], trois sections de kasmas différentes ont été anéanties en exploitant les renseignements obtenus à la suite d'une arrestation unique.. D'autre part, le ralliement d'un chef de section a permis de localiser immédiatement, l'implantation de son unité et de connaître les noms et adresse du chef de kasma, ainsi que ceux d'autres chefs de sections " Les ralliements sont importants : trois cadres subalternes du FLN collaborent avec la police auxiliaire. Certains d'entre eux, dont le chef de secteur du 14e arrondissement, seront intégrés dans la FPA. La principale contre-mesure usitée par le FLN est le recours, selon le vocabulaire de la préfecture de police, à une campagne diffamatoire. Son but est d'émouvoir l'opinion publique et d'obtenir la dissolution de l'unité . Des informateurs du 6e secteur SAT signalent l'ébauche d'une telle campagne. Ainsi, "Des responsables frontistes et des militants bien choisis du foyer de Vitry - 45, rue Rondenay - ont reçu les consignes de déclarer dans les cafés et lieux publics qu'ils ont subi des exactions, ont été spoliés d'un portefeuille, d'une montre […] et ont été l'objet de violences de la part de la "police algérienne"[6] La FPA comptera jusqu'à 600 hommes. Le bilan 1960 des harkis de la région parisienne se monte à 300 arrestations, dont 70 tueurs, 3 chefs de zone, 2 Fusils mitrailleurs, 17 pistolets mitrailleurs, nombreux pistolets, fusils de guerre, bombes, grenades, explosifs saisis. Les 29 et 30 juin 1961, cédant à la pression de la population parisienne, qui considére que la presence des postes de harkis au sein des quartiers constitue une cible pour le FLN et aboutit souvent à des dégats collateraux, considerant les nouvelles orientations du chef de l'état, sensible aux critiques des porteurs de valise, les harkis sont regroupés au fort de Noisy. Ce regroupement nuira à l'efficacité. Ils sont dissous en janvier 1962. Tous seront reclassés, en général dans la police nationale. Certains trop compromis se verront remettre une nouvelle identité compléte.

[modifier] Notes et références

  1. ab Emmanuel BlanchardPolice judiciaire et pratique d'exceptions pendant la guerre d'Algérie , Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n°90, 2006/2
  2. Linda Amiri, La Bataille de France. La guerre d'Algérie en Métropole, Paris, Robert Laffont, 2004, p.92-93
  3. Rémy Valat*Un tournant de la " Bataille de Paris " : l'engagement de la Force de police auxiliaire (20 mars 1960).Article paru dans la Revue d'Histoire : Outre-Mers, 1er semestre 2004, N°342-343
  4. Rémy Valat*Un tournant de la " Bataille de Paris " : l'engagement de la Force de police auxiliaire (20 mars 1960).Article paru dans la Revue d'Histoire : Outre-Mers, 1er semestre 2004, N°342-343
  5. Paulette Péju, Les harkis à Paris, la Découverte, 2000, (1re ed 1961)
  6. Rémy Valat*Un tournant de la " Bataille de Paris " : l'engagement de la Force de police auxiliaire (20 mars 1960).Article paru dans la Revue d'Histoire : Outre-Mers, 1er semestre 2004, N°342-343

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

(en) Livre de Paulette Péju sur la Force de police auxiliaire (Guerre d'Algérie)