Ferme Georges-Ville

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[modifier] Présentation

La ferme Georges-Ville, plus communément appelée Ferme de Paris, est une ferme pédagogique, située dans le bois de Vincennes, à côté de l'hippodrome. Elle accueille les visiteurs gratuitement le week-end (l'après-midi), et les groupes scolaires (sur réservation) en semaine. Les principaux animaux (cochons, vaches, lapins, moutons, chèvres…) d'une ferme traditionnelle, ainsi que certaines cultures, sont représentées (mais en petite quantité ou surface). Si la ferme se veut représentative des pratiques agricoles françaises, son discours officiel prônant essentiellement le bio est néanmoins bien loin des méthodes les plus répandues (agriculture raisonnée, agriculture intensive par exemple), d'autant plus que dans les faits, la gestion de la ferme ne se plie pas aux règles du bio (les animaux sont même régulièrement soumis à des traitements préventifs d'antibiotiques !).

Cette ferme porte le nom d'un agronome du XIXe siècle (1924-1897) qui a travaillé là et s'est illustré par son combat pour les engrais « chimiques ». Ville, avant les autres agronomes français, avait compris les travaux de Liebig, publiés en allemand, dès 1840, de l'autre côté du Rhin. Ville avait fait sienne l'idée, démontrée par Liebig et vérifiée ensuite par lui et d'autres, que les plantes ne consomment pas les matières organiques du sol mais les ions minéraux en solution (calcium, potassium, etc.). Ces ions résultent très partiellement de la dégradation des matières organiques présentes. Dès lors, Ville a compris qu'il fallait fertiliser et a perçu les conséquences de cela : évolution vers une agriculture liée aux engrais, donc à l'industrie chimique, donc à l'économie avec nécessité d'investir pour récolter. Peut-être croyait-il qu'il n'y aurait, dans cette évolution, que de bons côtés… Mais, les agronomes de l'époque lui firent barrage, en particulier parce qu'il était lié au Pouvoir, c'est-à-dire à Napoléon III. Cependant, sur la fin de sa vie, à partir de 1890, Ville vit triompher ses idées par ce que les agriculteurs essayèrent ses méthodes et furent conquis par les résultats. Il ne faut pas confondre dans une même opprobre, l'excès de pesticides et l'usage modéré des engrais (on ne peut faire autrement car c'est à partir de l'emploi des engrais que les rendements ont crû et que les famines ont disparu en France).

Il est juste qu'une ferme éducative porte le nom de cet agronome car, faute d'avoir pu convaincre ses pairs, il s'était attaché à diffuser ses idées dans les écoles par le moyen d'opérations appelées à l'époque "champs scolaires". Elles consistaient à transformer en champ d'expérimentation une partie du jardin de chaque instituteur, puis à consigner les résultats des essais, à les discuter en classe avant de les faire parvenir à l'agronome. Ville a écrit en particulier Les Engrais chimiques, petit livre qui a eu beaucoup de succès et plusieurs éditions.

Bibliographie : BOULAINE J. et LEGROS J.P., 1998. D. D’olivier de Serres à René Dumont, portraits d’agronomes. Coll. Tec/doc, Lavoisier, 320 p.