Agriculture raisonnée

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L'agriculture raisonnée est un mode de production agricole qui vise à une meilleure prise en compte de l'environnement par les exploitants. En France, le concept est porté par le réseau FARRE (Forum de l'agriculture raisonnée respectueuses de l'environnement). Une certification est attribuée aux exploitants agricoles respectant les principes de l'agriculture raisonnée.

Principes de l'agriculture raisonnée
Principes de l'agriculture raisonnée

Sommaire

[modifier] Le concept d'agriculture raisonnée

D'après le décret nº 2002-631 du 25 avril 2002, « les modes de production raisonnés en agriculture consistent en la mise en œuvre, par l’exploitant agricole sur l’ensemble de son exploitation dans une approche globale de celle-ci, de moyens techniques et de pratiques agricoles conformes aux exigences du référentiel de l’agriculture raisonnée.

Le référentiel porte sur le respect de l’environnement, la maîtrise des risques sanitaires, la santé et la sécurité au travail et le bien-être des animaux. Ses exigences concernent notamment :

  • l’accès de l’exploitant et de ses salariés à l’information et la formation nécessaires à la conduite de l’exploitation agricole ;
  • la mise en oeuvre d’un système d’enregistrement et de suivi des opérations effectuées et des produits utilisés pour les besoins des cultures et des animaux ;
  • la maîtrise des intrants agricoles ainsi que des effluents et des déchets produits par l’exploitation ;
  • l’usage justifié de moyens appropriés de protection des cultures et de la santé des animaux de l’exploitation ;
  • l’équilibre de la fertilisation des cultures ;
  • la mise en oeuvre de pratiques culturales permettant la préservation des sols et limitant les risques de pollutions ;
  • la participation à une gestion économe et équilibrée des ressources en eau ;
  • la prise en compte de règles dans les domaines de la sécurité sanitaire et de l’hygiène ;
  • la prise en compte des besoins des animaux en matière d’alimentation et de bien-être ;
  • la contribution de l’exploitation à la protection des paysages et de la diversité biologique. »

[modifier] Critique de l'agriculture raisonnée

L'alliance entre le lobby agricole productiviste, celui de l'agrochimie et la grande distribution fait que l'agriculture raisonnée est à l'origine de certaines controverses.

Pour certains opposants à l'agriculture raisonnée, ce concept n'est qu'un vague engagement de bonnes pratiques, qui n'ont aucun caractère contraignant, et ne remettent nullement en cause les méthodes de l'agriculture intensive. Pour d'autres opposants, l'agriculture raisonnée est trop exigeante et participe à l'élaboration de futures réglementations plus exigentes vis-à-vis de l'environnement pour l'agriculture.

Le référentiel national de l'agriculture raisonnée contient une centaine d'exigences. Ce référentiel a été élaboré en concertation avec les ministères de l'agriculture et de l'environnement, du monde agricole (syndicats, organismes de développement, coopération, négoce), de la transformation, de la distribution, des associations environnementales et consuméristes.

Les opposants à ce concept estiment en effet que sur les 97 exigences listées :

  • 43 ne sont que des exigences réglementaires, donc l’application pure et simple de la loi, par exemple, « N’utiliser que des produits bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché », ou encore, à propos des animaux : « Réaliser les contrôles sanitaires exigés par rapport aux maladies réglementées » ;
  • 19 sont des engagements que l'agriculteur doit respecter dans un délai de 2 ans lors de l'attribution de sa qualification (la vérification de leur mise en œuvre est effectuée par un organisme certificateur indépendant);
  • quant aux 35 autres, l'agriculteur doit les respecter pour avoir sa certification, mais elles ne consistent pas toutes en une remise en cause du directe productivisme mais à une vulgarisation des bonnes pratiques agricoles. Par exemple : « Disposer d’un plan de l’exploitation à une échelle permettant de localiser les bâtiments, les parcelles ». Ou encore « Connaître l’origine et la nature des boues épandues et la caractérisation de ces boues… »: il suffit donc de les connaître, ça ne les interdit pas. Mais aussi : « Être en mesure de vérifier régulièrement le bon fonctionnement du pulvérisateur et d’assurer son entretien ». Également : « Conserver les factures d’achat ou les bons de livraison des matières premières susceptibles d'être incorporées dans l'alimentation des animaux ».

Les opposants à l'agriculture raisonnée, s'ils admettent que ce concept peut permettre une plus grande sensibilisation des agriculteurs à l'environnement, lui dénient toute parenté avec d'autres pratiques jugées plus écologiques telles que l'agriculture durable, l'agriculture paysanne ou l'agriculture biologique.

L'agriculture durable et l'agriculture paysanne ne bénéficient d'aucun contrôle externe par un organisme certificateur. À ce jour, en France, uniquement deux démarches sont validées par les pouvoirs publics en matière d'approche environnementale en agriculture : l'agriculture biologique et l'agriculture raisonnée. Suite aux décisions du Grenelle de l'Environnement, une nouvelle certification environnementale, l'agriculture HVE (haute valeur environnementale) est en cours d'élaboration par les ministères de l'Agriculture et de l'Écologie et qui englobera les démarches officielles existantes (agriculture raisonnée et biologique) et les démarches privées ou de filière (agriculture paysanne, charte des bonnes pratiques d'élevage...).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe