Fenrir

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Dans la mythologie nordique, Fenrir ou Fenrisúlfr (« loup de Fenrir ») est un loup gigantesque, fils de Loki[1] et de la géante Angrboda[2], tout comme Jörmungand, le serpent de Midgard, et Hel, qui règne sur le monde des morts. Enchaîné par les dieux, il se libèrera lors des ragnarök et avalera Odin avant d'être tué par Vidar.

[modifier] Enchaînement

Fenrir arrache la main de Týr.Manuscrit SÁM 66, 1765, Copenhague, Bibliothèque royale.
Fenrir arrache la main de Týr.
Manuscrit SÁM 66, 1765, Copenhague, Bibliothèque royale.

Le mythe de l'enchaînement de Fenrir est rapporté dans l’Edda de Snorri[3]

Les dieux découvrirent l'existence de la progéniture de Loki et d'Angrboda et des propéthies leur apprirent qu'elle serait responsables de grands malheurs. Jörmungand fut jeté dans l'océan et Hel précipitée dans Niflheim. Quant à Fenrir, il fut élevé chez les dieux. Seul Týr était assez courageux pour le nourrir. Mais le loup grandissait. Les dieux imaginèrent alors une ruse : lui faisant croire qu'ils voulaient éprouver sa force, ils l'enchaînèrent. Fenrir brisa facilement le premier lien, Lœding, puis le second, Drómi.

Fenrir enchaîné.Manuscrit ÁM 738 4to, 1680, Reykjavík, Institut Árni Magnússon.
Fenrir enchaîné.
Manuscrit ÁM 738 4to, 1680, Reykjavík, Institut Árni Magnússon.

Les dieux envoyèrent alors Skírnir, le serviteur de Freyr, à Svartálfaheim, chez les nains, qui fabriquèrent Gleipnir à partir du bruit de pas d'un chat, de la barbe d'une femme, des racines d'une montagne, des tendons d'un ours, du souffle d'un poisson et de la salive d'un oiseau. Le lien était fin comme un ruban de soie. Les dieux se rendirent sur l'île de Lyngvi avec le loup. Devinant que Gleipnir devait avoir des propriétés magiques, Fenrir refusa d'abord de se laisser attacher. Il accepta finalement si l'un des dieux mettait sa main dans sa gueule en gage de bonne foi. Tous refusèrent, sauf Týr. Le loup resta emprisonné, mais Týr perdit sa main droite. Les dieux coincèrent le lien sous des rochers, et placèrent une épée en travers de la gueule de Fenrir. De sa gueule béante jaillit de la salive qui forme la rivière Ván (« Espoir »).

[modifier] Ragnarök

Lors des ragnarök, Fenrir se libèrera, ce que Snorri évoque en ces termes :

« Le loup Fenrir marchera la gueule béante, la mâchoire inférieure rasant la terre et la mâchoire supérieure touchant le ciel, et il l'ouvrirait davantage encore s'il y avait la place. Des flammes jailliront de ses yeux et de ses narines. »
—Snorri Sturluson, Gylfaginning (51), traduite par François-Xavier Dillmann[4].

Ensuite, Fenrir engloutira Odin, scène représentée sur la croix de Thorvald dans l'île de Man (Xe siècle). Mais il sera tué par Vidar, qui lui plongera une épée dans le cœur[5] ou lui déchirera la gueule[6]. Snorri précise que, pour ce faire, il posera sur la mâchoire inférieure du loup une chaussure faite à partir des bouts de cuir que les hommes enlèvent de la pointe et du talon de leurs chaussures, et arrachera d'une main sa mâchoire supérieure.

[modifier] Notes et références

  1. Loki est ainsi désigné par la kenning « père du loup » dans la Haustlöng de Þjóðólfr ór Hvini (8).
  2. La Völuspá hin skamma (Hyndluljód, 40) indique qu'Angrboda est la mère de Fenrir, et Snorri Sturluson ajoute dans son Edda (Gylfaginning, 34) qu'il s'agit d'une géante.
  3. Gylfaginning, 34.
  4. Snorri Sturluson. L'Edda : récits de mythologie nordique. Trad. du vieil-islandais, intr. et annoté par François-Xavier Dillmann. Paris : Gallimard, 2003. (L'Aube des peuples). ISBN 2-07-072114-0.
  5. Völuspá, 55.
  6. Vafthrúðnismál, 53 et Gylfaginning, 51.
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