Fantasia (Maghreb)

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Fantasia marocaine photographiée au début du XXe siècle par Gabriel Veyre
Fantasia marocaine photographiée au début du XXe siècle par Gabriel Veyre

La fantasia est une manifestation équestre d'origine berbère que l'on retrouve dans diverses régions d'Afrique du Nord.

[modifier] La fantasia de groupe

La fantasia de groupe et au fusil (fusil traditionnel à poudre, à un coup et à long canon), appelée également « jeu de la poudre », est une tradition spécifiquement marocaine. Elle est répandue dans la très large majorité des régions du Maroc au moment des Moussem (tradition marocaine pour fêter la mousson et aussi dédiée à un saint, "Sidi" en Arabe). Cette manifestation est organisée spontanément par les habitants et des cavaliers pour lesquels il est honorable de montrer son habileté et sa bravoure. Elle fut peinte par Eugène Delacroix lors de son passage dans l'Empire chérifien (ancien nom du royaume du Maroc) au cours de son voyage au Maghreb.

Cette tradition consiste à simuler un assaut militaire de cavalerie. Ces courses brèves font concourir principalement des chevaux barbes, légers et aériens, portant un harnachement d'apparat souvent très coloré. Il s'agit de groupes de cavaliers munis de longs fusils à poudre (baroud en arabe) à un coup. La course commence au son du cri « Hadar l’khayle ! » (les chevaux sont prêts !). Le but de l'épreuve est de terminer la course en tirant un coup de fusil en l'air au même moment. Pour synchroniser les tirs et n'entendre qu'une seule détonation, ces cavaliers sont "dirigés" par un chef (souvent issu d'une tribu chérifienne) qui leur indique à quel moment tirer en l'air en criant « Hadar Lamkahal ! » (A vos fusils !). C'est ensuite l'intensité des « youyous » des femmes qui détermine les vainqueurs.

Au cours de cette chevauchée, le cavalier doit montrer qu'il sait maîtriser sa monture et son arme ainsi que son sang froid (signe d'une bonne éducation). De nos jours, cette tradition équestre pacifique relate plusieurs points de l'histoire tumultueuse et spécifique de l'Empire chérifien : les guerres entre les diverses tribus (souvent chérifiennes ou puissantes) qui donneront les différentes dynasties marocaines (ainsi que de nombreuses villes et villages fortifiés) ou le soulèvement des tribus marocaines contre les colonisateurs espagnols, portugais et français, du nord au sud du royaume. Ceci explique sa présence dans de nombreuses régions du pays.

Autrefois, la fantasia animait les fêtes organisées lors des semailles et des moissons. De nos jours, elle est pratiquée essentiellement dans un but touristique et pour entretenir le folklore.

Si cette forme de fantasia est pratiquée aujourd'hui dans tout le Maghreb (notamment avec des visées touristiques), il est difficile de savoir si elle avait été pratiquée de manière traditionnelle en dehors du Maroc[réf. nécessaire].

Le terme européen Fantasia est passé dans le langage courant (darija) des marocains avec un sens différent. Il peut désigner un enfant insolent ou une personne hautaine.

[modifier] Autres formes de la fantasia

Une variante de la fantasia, sans coup de fusil mais avec des figures acrobatiques, clôture traditionnellement le mariage berbère.

En Mauritanie et en Tunisie, il s'agit le plus souvent d'une course de deux ou trois cavaliers sans arme à feu, parfois accompagnée de positions acrobatiques.

En Libye, ce type de manifestation est extrêmement rare : en général, elle est orchestrée par le pouvoir lors de visites officielles pour montrer au visiteur la bravoure des cavaliers libyens.

En Algérie, il existe dans l'unique région de Batna une forme de fantasia à un ou deux cavaliers munis de sabres.

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