Erreur de prédiction

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L'erreur est humaine et comme le disait un humoriste « la prédiction est un art bien difficile, surtout en ce qui concerne l'avenir ». L'histoire a gardé la trace de ce qui nous apparaît aujourd'hui comme des erreurs célèbres, parfois à tort, parfois à raison.

Sommaire

[modifier] Classification des erreurs de prédiction

Une prédiction erronée procède parfois d'une mauvaise estimation, par celui qui s'y risque, des changements prévisibles du monde, mais parfois aussi d'un glissement de sens des mots faisant dire à une déclaration ancienne des absurdités si on les applique aux mots ayant leur sens actuel.

Ainsi, la célèbre phrase « Il y a sur la planète un marché pour peut-être cinq ordinateurs » concerne des machines de trente tonnes coûtant autant de millions de dollars, fragiles et ne pouvant être programmées que par une armée de spécialistes, qui portaient alors ce nom. L'appliquer en donnant au mot ordinateur le sens qu'il a pris dans nos PC actuels serait sans doute manquer de fair-play.

[modifier] Quelques exemples

[modifier] Avant 1940

  • « Racine passera comme le café » (phrase résumant une position de la Marquise de Sévigné selon laquelle le café ne représentait qu'une mode passagère, et que le travail de Racine ne résisterait pas au jugement des siècles).
  • "La réalisation d'une machine volante plus lourde que l'air est impossible". Lord Kelvin, president de la Royal Society, 1895. Le calcul de Lord Kelvin avait probablement été fait en prenant en compte les réserves d'eau et de charbon que devrait emporter le moteur à vapeur d'une telle machine. Voir aussi Steampunk. Lord Kelvin suspecta initialement aussi les rayons X d'être un canular.
  • "Tout ce qui peut être inventé l'a été". Attribué à Charles H. Duell, Bureau fédéral des brevets, USA, 1899. Le bureau américain des brevets conteste que cette phrase ait été prononcée par Duell, et fait état d'une confusion probable avec le rapport (confirmé) d'un autre commissaire, Henry Ellsworth, au Congrès en 1843 : "Advancement of the arts, from year to year, taxes our credulity and seems to presage the arrival of that period when human improvement must end". La qualité médiocre des nombreux brevets déposés à l'époque (dont chasse d'eau aseptisante par électrolyse et l'allume-bougie électrique) pouvait inciter à croire qu'on n'arriverait décidément plus à inventer de choses sérieuses.
  • « Les aéroplanes sont des jouets scientifiques intéressants, mais ne présentent pas de valeur militaire ». Maréchal Ferdinand Foch, 1911. Abattant à eux trois 173 appareils ennemis, Fonck, Guynemer et Nungesser se chargeront de lui prouver son erreur. Côté adverse, le Baron rouge aussi.
  • « Croyez-moi, l'Allemagne est financièrement incapable de faire face à une guerre ». David Lloyd George, ancien Premier ministre britannique, 1er août 1934. La phrase était parfaitement exacte au moment où elle a été prononcée, mais le monde des années 1930 changeait très, très vite.
  • « La télévision n'aura de succès que pendant six mois. Le public se lassera vite de regarder passivement un meuble en bois tous les soirs ». Darryl Zanuck, directeur de la Twentieth Century Fox. La Twentieth Television Fox possède en 2006 35 stations couvrant 26 créneaux et comptant environ 45 % de parts de marché aux États-Unis.
  • « Quoi qu'il arrive, la route du pouvoir est fermée devant Hitler » (Léon Blum dans Le Populaire, 02/08/1932), « Hitler est désormais exclu du pouvoir : il est même exclu, si je puis dire, de l'espérance même du pouvoir » (Léon Blum dans Le Populaire, 08/11/1932)
  • « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts », Paul Reynaud, 1939. Interrogé après la fin de la guerre sur cette phrase, Paul Reynaud affirma avoir toujours eu en tête qu'il s'agirait d'une guerre mondiale, continuation de la première.

[modifier] Après 1940

[modifier] Dans l'informatique...

  • « Je pense qu'il y a un marché mondial pour quelque chose comme 5 ordinateurs. » Thomas Watson, président d'IBM, 1943 (voir cependant les précautions oratoires ci-dessus, qui peuvent peu ou prou s'appliquer dans les affirmations péremptoires ci-dessous)
  • « Avant dix ans, un ordinateur sera champion du monde d'échecs » (Herbert Simon, 1960, encouragé par la réussite de son programme de dames à auto-apprentissage ; en 2004, la prédiction ne s'est toujours pas réalisée, Deep Blue n'ayant pas battu Garry Kasparov dans les conditions exigées lors des championnats.
  • « Un particulier n'a aucune raison d'avoir un ordinateur chez lui ». Ken Olsen, président de la société DEC, 1977. Ce qui était exact à l'époque, les logiciels à destination du grand public étant alors assez rares. Ironie de l'histoire, DEC fut quelque temps plus tard rachetée... par la société Compaq, fabriquant essentiellement des PC.
  • « 640 ko devraient pouvoir suffire à tout un chacun ». Bill Gates, lors de l'annonce du PC et de PC-DOS. En 1981, en effet, une mémoire de 128 ko était déjà considérée comme quelque chose d'énorme pour un micro-ordinateur, la plupart se contentant avec bonheur de 32 ko, taille jugée « très confortable ». Le premier Macintosh sera en 1984 la première machine à disposer de 128 ko en standard (plus 64 ko de ROM bourrés de sous-programmes utiles) ; malgré cela, on verra dans la presse des protestations selon lesquelles la machine est inutilisable professionnellement avec aussi peu de mémoire. Cependant Bill Gates a nié avoir fait une telle déclaration[1], et personne n'a pu le démentir.

[modifier] ...et le reste

  • « Les groupes ne correspondent plus aujourd'hui à la demande du public », explications de Decca à Brian Epstein lors du rejet des Beatles.
  • « Pour la majorité de la population, l'usage du tabac a des effets bénéfiques ». Dr Ian McDonald, chirurgien à Los Angeles, cité dans Newsweek le 18 novembre 1963.
  • « 1968 s'annonce sous les auspices de la stabilité » (Charles de Gaulle, vœux à la nation, 31 décembre 1967) <! L'idée y est, mais vérifier les termes exacts employés !>. C'était l'année où devait aboutir son grand projet de participation, « un ordre social nouveau, je veux dire vers la participation directe des travailleurs au résultat, au capital et aux responsabilités de nos entreprises françaises ». En fin de compte, troubles sociaux aidant, la réforme sera dégradée en simples augmentations salariales classiques assorties de commissions paritaires, assez éloignées du projet initial.
  • « Je serai présent au second tour. J'en suis intimement convaincu ». Jacques Chirac, campagne des élections présidentielles de 1981. Il est difficile de savoir si l'auteur des propos y croyait réellement lui-même ; dans le cas contraire, de toute façon, il n'aurait pas été habile d'en faire état au risque de démoraliser ses troupes.
  • « J'envisage beaucoup de possibilités, mais celle-là, tout de même pas (rire) ». Lionel Jospin, en réponse à une question évoquant le fait qu'il pût être éliminé au premier tour de la présidentielle de 2002.

[modifier] Apocryphes

  • "La révolution n'est pas pour demain" : titre allégué d'un article de la revue Esprit en avril 1968. En réalité, ce titre d'article se trouve dans un pastiche de cette revue en forme de fac-similé, daté en effet d'avril 1968, et imaginé par l'équipe du magazine Actuel bien des années plus tard.

[modifier] Sans doute la plus impressionnante

... et exprimée par un spécialiste indiscutable :

  • « La bourse a atteint ce qui apparaît comme un plateau durable ». Irving Fisher, professeur d'économie, Université Yale, 17 octobre 1929 ! (plusieurs actions valant 300 dollars en 1929 en vaudront 30 en 1931 et... 3 en 1933. La bourse de New York ne retrouvera en fait son niveau de 1929 qu'en 1956.

[modifier] Liens internes

Dictionnaire de la bêtise

[modifier] Liens externes

[modifier] Références

  1. Wired, janvier 1997