Entartage

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'entartage est un acte consistant à lancer ou le plus souvent, à « écraser » une tarte à la crème (ou plus simplement, une assiette en carton remplie de crème fouettée) à la figure d'une personnalité lors d'un événement public, pour souligner, selon les auteurs, l'absurdité des propos ou des actions de la « victime ». Noël Godin s'est illustré dans ce domaine.

Sommaire

[modifier] Concept

L'entartage est une condamnation publique par le ridicule. En général, l'entarteur cherchera à commettre son délit dans un contexte où la couverture médiatique sera la plus importante. Il sera souvent membre d'une organisation activiste, protestant contre une politique gouvernementale, économique[réf. nécessaire]. La victime est donc généralement un sujet de controverse. L'entartage servira dans ce contexte à mettre la puce à l'oreille au public, et couvrira de ridicule sa victime.

L'entartage, a pour origine la célèbre bataille de tarte à la crème du film muet avec Laurel et Hardy The Battle of the Century de 1927 réalisé par Clyde Bruckman.

Une manifestation publique d'entartage mutuel avait déjà été inaugurée par les Rolling Stones pour la sortie de leur album Beggars Banquet en 1968 : les cinq Stones en habit de cérémonie avaient invité une centaine de représentants des médias à un grand repas. Au moment du dessert, alors que l'on apporte sur les tables les desserts, des tartes à la crème, Mick Jagger se lève et déclare : « Nous avons bien mangé et bien bu, mais nous vous avons tout de même invités pour autre chose, messieurs ! », et entarte le critique se trouvant à côté de lui. Les invités jouèrent le jeu et la bataille de tartes à la crème commença.[réf. nécessaire]

Il existe quelques entarteurs connus tel que le belge Noël Godin qui compte parmi ses victimes Bill Gates le 4 février 1998.

Au Canada, les entartistes se sont fait les spécialistes de l'entartage, visant toutes les personnalités politiques qui dirigent le pays. Leur action se veut une forme non agressive d'anarchisme[réf. nécessaire].

Dans l'une de ses émissions, Patrick Sébastien a entarté son public[réf. nécessaire].

Josselin de Rohan, président (UMP) du conseil régional de Bretagne, a été entarté deux jours après le procès qui a opposé Jean-Pierre Chevènement et son entarteur Noël Godin. L’entartage suscite des controverses, entre ceux qui applaudissent des deux mains comme le chanteur Renaud dans sa chanson L'Entarté et ceux qui y voient une humiliation compulsive insupportable comme Bernard-Henri Lévy[réf. nécessaire]. La démarche de l’ancien ministre de Lionel Jospin est à cet égard intéressante, car elle met le débat sur la scène judiciaire, laissant penser que là où l’opinion est confuse le droit peut trancher.

[modifier] Suites judiciaires

L'humour de l'acte ne fait pas l'unanimité : au Canada et en France, par exemple, l'entarteur peut être traîné devant la justice.

[modifier] Bill Gates

Bill Gates a refusé de porter plainte contre son entarteur.

[modifier] Philippe Douste-Blazy

Philippe Douste-Blazy a porté plainte contre Noël Godin à la suite de son entartage. Noël Godin a été relaxé. Son avocat qui a expliqué que « c'était une vieille tradition belge d'entarter les fâcheux, ou plus exactement les pompeux cornichons »[1].

[modifier] Jean-Pierre Chevènement

Jean-Pierre Chevènement a porté plainte contre Noël Godin à la suite de son entartrage. Cette fois Noël Godin a été condamné à 800 euros d'amende pour « violences volontaires avec préméditation ».

[modifier] Nancy

Le tribunal correctionnel de Nancy, considère l'entartrage comme un délit de violence volontaire. Les deux responsables de l’association Hermaphrodite ont été condamnés à une amende de 250 euros chacun, plus 600 euros pour les frais d’avocat de la partie adverse et au versement de 800 euros au titre du préjudice moral et de 12,10 euros pour les frais de pressing à la suite de l'entartrage du président de l’Université Nancy 2[2]

[modifier] Bernard-Henri Lévy

Bernard-Henri Lévy sera victime de sept entartages en Belgique et en France et prendra très mal sa tarte à la crème reçue en 1985, flanquant par terre Noël Godin dit Le Gloupier, pour lui intimer ensuite : « Lève-toi vite, ou je t'écrase la gueule à coups de talon ! »[3]. La scène, filmée, a été largement diffusée, notamment par Coluche et Pierre Desproges. Cela lui a également valu une chanson de Renaud, L'entarté.

Lors du Salon du livre de Paris le 18 mars 2006, Bernard-Henri Lévy a été entarté à deux reprises [4] .

[modifier] Ségolène Royal

Le 16 juin 2006, sur le parvis de la gare de La Rochelle, Ségolène Royal a été victime d'un entartage[5] au « fraisier à la chantilly » par Jonathan Joly[6], un étudiant en lettres de 22 ans, qui a été immédiatement arrêté par un fonctionnaire des Renseignements généraux. Il a été relâché par la police après vingt heures de garde à vue.

Par son geste, qu'il a qualifié de symbolique et d'humoristique[7], Jonathan Joly entendait dénoncer le côté « starlette » et l'importance accordée à l'image de la présidente de la région Poitou-Charentes, qui menait sa campagne pour l'élection présidentielle de 2007. Selon lui, « de par ses positions et ses déclarations, Ségolène Royal est ce qu'il y a de pire pour la gauche plurielle. Elle représente l'horizon bouché de la politique socialiste »[8].

Ségolène Royal s'est dit inquiète pour sa sécurité selon Le Parisien et a déclaré : « Dans n'importe quel pays démocratique, on m'aurait accordé une protection rapprochée. J'ai pris un gâteau, cela aurait pu être beaucoup plus grave… Cet acte doit être puni comme n'importe quelle agression ». Elle a immédiatement déposé une plainte[9] à l'encontre du jeune homme pour « violence volontaire préméditée avec arme par destination » (passible de 3 ans de prison), exigeant de sa part des excuses qu'elle n'obtiendra pas. Elle a également demandé aux agences de presse de ne pas diffuser les photographies de l'incident. Le maire socialiste de La Rochelle, Maxime Bono, atteint par des éclaboussures, s'est joint à la plainte.

Ségolène Royal a expliqué que sa plainte avait une « visée éducative » et a proposé à son entarteur un emploi saisonnier rémunéré pour l'été au Conseil régional de Poitou-Charentes, afin « qu'il se rende compte du travail important que réalisent les élus et les services publics, élus qui ne sauraient accepter sans réagir d'être atteints dans l'exercice de leur fonction », ce à quoi Jonathan Joly a répliqué « Je n'ai pas vraiment de leçon à recevoir. Elle me propose de voir le travail réalisé dans les services publics mais je travaille dans l'animation à la mairie de La Rochelle ! »[10].

Le 27 juillet 2006, Jonathan Joly a été condamné par le tribunal correctionnel de La Rochelle à 150 euros d’amende avec sursis, sans inscription au casier judiciaire.

[modifier] Références

  1. Article sur L'œil électrique
  2. Le Républicain lorrain, le 03/09/05
  3. Vidéo sur dailymotion
  4. Selon le Quotidien permanent du Nouvel Obs http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad=culture/20060319.OBS0985.html
  5. La vidéo de l'entartage de Ségolène Royal
  6. Tarte d'électeur - Portrait de Jonathan Joly, membre du comité PIF PAF, l'entarteur de Ségolène Royal (Libération)
  7. Les fraises de la colère
  8. Ségolène Royal attaque son entarteur (Nouvel Obs)
  9. Ségolène Royal attaque son entarteur (Nouvel Obs)
    L'entarteur de Ségolène Royal en correctionnelle (Le Figaro)
  10. Jonathan Joly décline l'offre d'emploi de Ségolène Royal (LCI)

[modifier] Liens externes