Enrico Caruso

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

« Caruso » redirige? ici. Pour les autres significations, voir Caruso (homonymie).
Enrico Caruso.
Enrico Caruso.

Enrico Caruso (de son vrai nom Errico Caruso), né à Naples le 25 février 1873 et mort le 2 août 1921 dans la même ville, était un ténor d'opéra italien, considéré comme l'un des plus grands ténors de tous les temps.

Sommaire

[modifier] Les débuts

Elevé à Naples dans une famille pauvre de sept enfants, il fait d'abord partie de la chorale de sa paroisse. À l'âge de 10 ans, il commence à travailler comme mécanicien, comme son père, puis comme ouvrier dans une fabrique de tissu. Il passe ses moments libres à interpréter des chansons populaires dans les restaurants de la ville.

En 1891, le jeune baryton Eduardo Missiano l'entend chanter dans une gloriette près du port et décide de le présenter à son professeur de chant, Guglielmo Vergine. Celui-ci accepte de le prendre pour élève. Pour payer ses cours, Caruso doit s'engager par contrat à payer à Vergine 25 % de ses gains pendant « 5 ans de véritable chant »[1].

Les cours avec Vergine prennent fin au bout de trois ans, et même si Caruso maîtrise mieux la technique vocale, il a encore du mal à déchiffrer une partition, ne sait jouer d'aucun instrument et continue à chanter essentiellement d'oreille[2]. En 1895, Caruso fait ses débuts dans L'Amico Francesco, un opéra de Morelli. Il est repéré par des impresarios qui accélèrent sa carrière. Il obtient notamment le premier rôle dans Cavalleria Rusticana, Faust, Rigoletto et La Traviata.

[modifier] Les premiers succès

Caruso pose aux côtés d'un phonographe
Caruso pose aux côtés d'un phonographe

En 1897, il se prend de passion pour la soprano Ada Giachetti-Botti, sa partenaire dans La Traviata et La Bohème. Mariée et mère d'un enfant, elle quitte le domicile conjugal pour vivre avec Caruso. Le couple aura deux garçons, Rodolfo et Enrico Jr. Le 17 novembre 1898, Caruso créée Fedora, un opéra d'Umberto Giordano sous la direction du compositeur lui-même. La représentation obtient un grand succès et Caruso est assailli de nouvelles propositions de contrats. Son expérience de la scène et de nouveaux cours de chant pris auprès de Vincenzo Lombardo lui permettent de progresser encore, au point de susciter l'admiration de Puccini qui lui fait passer une audition, et de Toscanini qui l'engage en 1900 pour interpréter La Bohème à la Scala de Milan.

Sa voix chaude et puissante lui vaut une réputation qui dépasse les frontières. Caruso chante à Covent Garden en 1902, donne des concerts aux États-Unis et se permet même de chanter sans microphone au Yankee Stadium de New York. Il est l'une des premières vedettes de l'enregistrement phonographique, ce qui lui assure la reconnaissance d'un plus large public. Son premier enregistrement est réalisé sur un gramophone le 11 avril 1902 dans une chambre d'hôtel de Milan. D'autres suivront. On compte aujourd'hui 488 de ses disques, pratiquement tous produits par RCA Victor, qui lui ont rapporté plus de 2 millions de dollars. « Ses enregistrements ont fait de Caruso un modèle universel pour des générations de ténors, et sa réputation a joué un rôle majeur dans le succès social et économique du phonographe », écrit le New York Times[3].

Caruso enregistre une quantité de chansons, Una furtiva lagrima, Addio a Napoli, Cuba, Rachel quand du seigneur, Celeste Aida, Amore o grillo avec Antonio Scotti, Vesti la giubba, qui sera l'un de ses principaux tubes, et Libiamo ne' lieti calici avec Alma Gluck. Il chante en français, en espagnol, en anglais, en italien et en latin. Partout où il passe, c'est un triomphe.

[modifier] « Le Grand Caruso »

Caruso en 1910
Caruso en 1910

Les concerts américains marquent l'apogée de la carrière de Caruso. En 1903, il est acclamé par la critique pour son rôle de Rigoletto au Metropolitan Opera de New York. La salle devient sa scène préférée : il y créé plusieurs grands rôles de ténors[4]. Les journaux le surnomment alors « le Grand Caruso ». En 1906, alors qu'il joue Carmen à San Francisco, il quitte précipitamment la ville à la suite d'un tremblement de terre. Sa liaison avec Ada s'envenime. Il lui interdit de continuer sa carrière de chanteuse. Elle refuse de l'accompagner dans une nouvelle tournée aux États-Unis. En 1908, Ada part refaire sa vie avec leur chauffeur Cesare Romati[5].

Caruso poursuit sa carrière mais, gros fumeur, il est de plus en plus souvent victime de problèmes de santé : angines, bronchites, migraines. Il retourne à Milan en 1909 pour subir une intervention chirurgicale suite à l'apparition d'un nodule sur une corde vocale. Pour échapper à la guerre, il entame une tournée en Amérique du Sud de 1917 à 1919, participant à une collecte de fonds en faveur des alliés. Il rencontre alors la jeune américaine Dorothy Park Benjamin qu'il épouse en 1918, et avec qui il aura un fille l'année suivante.

[modifier] La maladie et la mort

Caruso avec son épouse Dorothy Park Benjamin
Caruso avec son épouse Dorothy Park Benjamin

En 1920, il chante pour dix mille dollars à La Havane, à Cuba, dans Aïda[6]. Les billets se vendent jusqu'à 35 dollars, une fortune à l'époque, ce qui suscite la colère du public[7]. Le soir de la première représentation, la salle est la cible d'un attentat à la bombe.

Sa santé s'aggrave à partir de 1920. Le 3 décembre, un pan de décor heurte Caruso sur le côté gauche, juste en bas du rein, durant le dernier acte de Samson et Dalila au Metropolitan Opera. Victime d'une pleurésie et d'une infection généralisée, il subit six opérations en trois mois. Il retourne alors à Naples où la maladie le rattrappe. Il meurt de septicémie le 2 août 1921, à l'âge de 48 ans. L'Italie décrète un deuil national. Il est inhumé à Naples dans une chapelle à son nom.

[modifier] Postérité

Richard Thorpe lui a consacré un film en 1951, Le Grand Caruso (The Great Caruso), avec Mario Lanza.

Lucio Dalla lui rend hommage en 1986 avec sa chanson Caruso.

Le 19 décembre 2007, la Bibliothèque-Musée de l'Opéra de Paris a exposé des urnes de plomb scellées en 1907 et contenant des enregistrements de Caruso légués par Alfred Clark, président de la Compagnie française du gramophone. Ces enregistrements devraient faire l'objet d'un CD chez EMI en 2008.

[modifier] Écouter Enrico Caruso

Portrait d'Enrico Caruso par Giacomo Brogi (photographie vendue comme carte postale)
Portrait d'Enrico Caruso par Giacomo Brogi (photographie vendue comme carte postale)
Fichiers audio

[modifier] Filmographie

  • 1918 : My Cousin, d'Edward José (Tommasso Longo/Cesare Caroli)
  • 1919 : The Splendid Romance, d'Edward José (le prince Cosimo)

[modifier] Sélection discographique

  • Le Récital rêvé (coffret 3 CD), « Classiques RTL », Médiadisque, 2007
  • The Complete Caruso (coffret 12 CD), RCA Red Seal, 2004
  • The Complete Recordings, 1902-1920, (coffret 12 CD), Naxos Historical, 2006
  • The Great Caruso (Original Mono Recordings from 1904 - 1919), ASV, 2005
  • Caruso: The Early Recordings, Nimbus, 2001
  • Caruso in Song, RCA, 1993

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Enrico Caruso.

[modifier] Notes et références

  1. Cette clause contractuelle fut l'objet d'une controverse entre Caruso et Vergine. Ce dernier entendait par « 5 ans » non pas cinq années civiles, mais la somme des jours où Caruso chantait sur scène, soit une durée considérable, quasiment jusqu'à la fin de ses jours. L'affaire fut portée en justice et le juge trancha en faveur de Caruso qui paya 20 000 francs à Vergine pour mettre fin au contrat.
  2. John Kobler, « Where Have All the Great Men Gone ? » paru dans American Heritage Magazine, février-mars 1984
  3. Article de David Hamilton, 6 janvier 1991
  4. François Weil, Histoire de New York, Paris, Fayard, 2005 (ISBN 2213618569), p.256
  5. Enrico Caruso Jr et Andrew Farkas, Enrico Caruso, My Father and My Family, Amadeus Press, 1990
  6. Pierre Van Rensselaer, Enrico Caruso : a biography, 1922 (édition en ligne)
  7. Selon le New York Times du 13 juin 1920.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens externes