Utilisateur:Emmanuel/traite des noirs

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La traite des Noirs est le terme utilisé pour désigner la réduction en esclavage, la déportation et le commerce des peuples d’Afrique sub-saharienne.

On peut distinguer quatre grandes traites, correspondant à des périodes, des acteurs et des locations géographiques différentes :

  • la traite trans-saharienne, attestée dès -1500 ;
  • la traite orientale, faite par les musulmans ;
  • la traite africaine, faite par les royaumes africains ;
  • la traite atlantique, qui sous-tend le commerce triangulaire entre l'Europe, l'Afrique et les Amériques, à partir du XVe siècle.

La complexité du phénomène de la traite des noirs rend l’estimation du nombre de victimes complexe. L'historien Olivier Pétré-Grenouilleau, dans son livre Les Traites négrières. Essai d'histoire globale, estime à environ 42 millions le nombre d'esclaves qui furent déportés lors de ces trois grandes traites.

La motivation principale de ce commerce fut avant tout économique, les esclaves servaient principalement de main d’œuvre à bas coût. Le racisme n'a servi à justifier la mise en esclavage des noirs, que plus tard et encore uniquement pour la traite atlantique.

La traite des noirs est aujourd'hui considérée comme un crime contre l'humanité. Certains gouvernements africains ainsi que des associations désirent que la traite des noirs soit également considérée comme un génocide.

Sommaire

[modifier] Nature de la traite

La nature de la traite des noirs est un sujet controversé, en particulier concernant la traite atlantique. Le Dictionnaire de l'Académie française la définit effectivement comme « Le commerce d'esclaves noirs ». Cette perspective économique est la thèse la plus fréquemment évoquée par l'historiographie européenne. La principale motivation des négriers est effectivement la richesse qu'ils retirent du commerce triangulaire, les souffrances infligées aux peuples qui leur servent de marchandise ne sont dans cette optique que des dommages collatéraux, certes dramatiques mais ne constituent en eux-même pas l'explication du phénomène. De plus, à l'époque ces pratiques sont considérées comme tout à fait légales, voire moralement acceptables.

Selon l'intellectuelle Belinda Tshibwabwa Mwa Bay :

« [...] le trafic négrier et l’asservissement des peuples noirs ont été des opportunités et des enjeux économiques avant de devenir des systèmes de pensée. Autrement dit, ce n’est pas le racisme qui a provoqué l’esclavage et la traite, mais c’est la mise en place d’un système économique lucratif, qui a entraîné la déshumanisation d’une catégorie d’hommes et leur réduction au rang d’objets.1 »

Depuis la décolonisation et la prise de conscience par l'Afrique de sa propre culture et de son histoire, de nombreuses voix s'élèvent pour contester cette approche « commercialiste » jugée euro-centriste. Selon ces intellectuels, la traite des noirs est par essence un crime car elle repose sur le postulat que les noirs ne sont que des marchandises, hypothèse qui nie leur humanité. De plus elle implique des razzias sanglantes pour capturer les esclaves et s'accompagne de traitements inhumains (viols, mutilations, actes sadiques, etc.) L'arsenal juridique et moral permettant raciste n'est mis en place qu'a posteriori pour justifier ces pratiques.

[modifier] Condition de bois d'ébène

  • un bois d'ébène (black ivory pour les anglophones) est un Nègre déchu d'humanité par les Blancs (le Code noir précise (art.44) un « bien meuble », leur servant de bête de somme pour une période excédant rarement six ans, au terme de laquelle il est éliminé physiquement. Dans certains cas, cette extermination est favorisée par des dispositions légales indemnisant tout propriétaire de bois d'ébène dont la bête humaine décède. Des polices d'assurance couvraient ce risque, ce qui inclinait nombre de propriétaires véreux à le provoquer bien souvent, en abattant leurs bêtes jugées récalcitrantes, improductives, ou pour toute autre raison de leur libre appréciation.
  • le bois d'ébène n'est que la forme particulière d'une pratique esclavagiste millénaire et universelle
  • le statut de bois d'ébène est une nouveauté introduite par les européens
    • l'esclavage n'existait pas en Afrique (du moins pas sous cette forme), avant l'intervention des Arabes puis des Européens. En revanche, des formes de servitude humaine y existaient, telles que celles de "djam" et de "wolo so".

[modifier] Ampleur du phénomène

L'évaluation de l'ampleur du phénomène est très délicate et l'objet de débats animés. Le matériel principal de recensement est fourni par les carnets de bord des négriers mais ceux-ci avaient tendance à sous-estimer leur cargaison afin de limiter l'impôt dit de capitation qui s'appliquait sur chaque esclave possédé2. Les estimations basées sur le nombre d'esclaves vendus aux Amériques peinent à évaluer les pertes durant le transport dont les conditions atroces occasionnaient des pertes de à . Enfin ces méthodes ne prennent en compte que les esclaves capturés et négligent les morts innombrables durant les razzias.

  • évaluation basse (basée sur les archives des négriers)

Traite trans-saharienne La traite la plus longue de l'histoire n'est pas nécessairement celle qui a touché l'Afrique le plus durement. Ainsi on estime le nombre d'esclave sur dix siècle à 7 400 000 individus 3

    • personnes transportées : minimum 11 millions
    • pour obtenir le chiffre total d'individus victimes de la traite, il convient de multiplier ce chiffre par au moins cinq à neuf afin de prendre en compte les victimes avant la capture.
  • évaluation haute
    • le nombre total de victimes a été évalué par une étude récente à 600 millions.
    • ce chiffre prend en compte l'impact global de la traite (victimes dans les razzias, dans le transport, affaiblissement et appauvrissement des nations africaines et soustraction des individus les plus vigoureux)
    • il est calculé à partir de la différence entre la population estimée de l'Afrique au XVe et au XIX siècle

L'historien nigérian Joseph Inikori a estimé dès 1870 le déficit des naissances à 112 millions.

[modifier] Histoire

On peut dire que le commerce d'esclave est "vieux comme le monde"; de tout temps, des hommes asservirent et exploitèrent d'autres hommes. La traite des noirs se distingue des autres misent en esclavages par sa durée et le nombre de sociétés qui l'ont pratiquée.

Du temps de l'Égypte des pharaons ou de l'antiquité, la mise en esclavage des noirs était répandu, mais pas limité aux seuls noirs.

Il exista quatre grandes traites :

[modifier] La traite trans-saharienne

La plus ancienne des traites d'esclaves noirs est attestée dès -1500 et dure jusqu'au XIXe siècle. Elle aurait touché 5 300 000 individusa. Elle alimente en esclaves l'Afrique du nord et le Moyen-Orient.

[modifier] La traite orientale

La traite orientale est celle qui a duré le plus longtemps et par conséquence, celle qui a été la plus importante en terme de nombre de noirs mis en esclavage. Le chiffre de 17 millions de noirs réduit à l'esclavage est avancé par l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau. Fage et Curtin l'estiment pour leur part à 2 900 000. Et cela sur une période allant du IXe siècle au XIXe siècle.

La traite orientale touchait principalement les femmes. Ces dernières servaient aux tâches domestiques et comme esclaves sexuelles dans la péninsule arabique. L'esclavagisme oriental ne se limitait pas uniquement aux noirs. Des blancs et d'autres « groupes raciaux » étaient également réduits en esclavage et vendus. Il ne s'agit alors que d'un commerce complémentaire de celui, plus fructueux, de l'or du Soudan et de produits précieux ou rares.e

[modifier] La traite africaine

La traite africaine touchait, tout comme la traite orientale les femmes principalement. Il s'agit essentiellement d'un esclavage domestique, certains hommes noirs importants achetant des esclaves pour en faire leur femme et avoir des enfants avec elles.

Selon les estimations de Olivier Pétré-Grenouilleau, cette traite a concerné, pour l’Afrique Noire, environ 14 millions de personnes, victimes de cette pratique.

[modifier] Participation des africains à la traite

  • certains africains ont participé à la traite en monnayant leur aide aux négriers voire en les fournissant en bois d'ébène
    • les européens n'auraient pu s'enfoncer suffisamment dans les terres seuls pour des razzias sans prendre des risques importants
  • les Africains ne sont pas les instigateurs de la Traite atlantique
    • l'esclavage est contraire aux principes fondateurs des sociétés africaines dont le respect de l'homme constitue l'un des aspects les plus importants
    • ils n'auraient pu livrer volontairement d'autres africains s'ils avaient connu le sort réservé à ceux-ci
    • les noirs ayant collaboré à la traite étaient inféodés aux blancs, voire eux même produits de cette traite. Ils agissaient, certes, de leur propre chef (et en leur seul nom), mais dans un contexte conçu, crée et promu par les Blancs.
    • Dans leur écrasante majorité, tous les grands leaders africains se sont opposés au Yovodah, dès le XVe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle : Nzinga Mbemba, Ngola Mbandi Nzinga, Tchimpa Mvita, Tezifon, Lat Dior Diop, Chaka Senzangakona, Samory Touré, etc. Mais tous ont été vaincus par la supériorité militaire européenne.

[modifier] La traite atlantique

Voir l'article détaillé : Commerce triangulaire

La traite atlantique, la plus connue et la plus mise en avant, est celle qui a été pratiquée par les européens (anglais, français, hollandais, portugais, etc.) et ensuite par les américains. Cette traite est la plus connue car la plus récente et la mieux documentée. C'et également celle qui malgré sa durée relativement courte - quatre siècles et demi - représente la plus forte ponction sur le continent africain. Elle se distingue des précédentes à la fois par la condition des esclaves, son intensité, son importance économique et politique ainsi que par le dispositif juridique et moral mis en place pour la justifier.

Si l'esclavage apparait dès les premières heures de l'antiquité ancienne, il ne s'appui pas alors sur une discrimination raciale. L'asservissement des noirs de façon exclusive n'apparait qu'avec les portugais en 1441. C'est en effet à cette date que le maure Adahu capturé par les Portugais leur offre six esclaves noirs afin de racheter sa propre liberté. En 1444, Dinis Diaz découvre le Cap Vert et l'Île de Gorée. Il ramène quatre esclaves sénégalais. Dès 1450, un commerce se met en place avec les arabes et les chefs guinéens. Les esclaves sont initialement utilisés à titre domestique puis pour les plantations de canne à sucre des Açores, des Canaries et de Madère.

En 1501, Ferdinand et Isabelle, monarques espagnols, accordent aux colons espagnols le droit d'importer des esclaves noirs. Les premiers esclaves noirs sont débarqués sur l'île d'Hispaniola (actuellement Haïti / République dominicaine) en 1502. L'Espagne a alors besoin de main d'oeuvre pour exploiter les territoires du Nouveau Monde après qu'ils aient décimé les autochtones. Bartolomé de las Casas interviendra auprès de Charles Quint afin de faire cesser l'esclavage des populations locales que les colons pouvaient jusque là faire travailler à condition de les convertir à la religion catholique (c'est le système des repartimentos). Il obtient gain de cause en 1542 (cf Controverse de Valladolid). Les Espagnols, grands consommateurs, ne prendront une part significative au commerce triangulaire qu'à compter de la fin du XVIIIe siècle.

Dans un premier temps, les négriers pratiquent la traite volante, allant d'une baie à l'autre pour tenter de capturer des esclaves mais le processus est long et risqué et les africains se réfugient dans les terres. Le commerce s'organise donc et un système de comptoirs se met alors en place. Les négriers passent des contrats avec les rois guinéens qui

Durant le XVIe siècle, les Portugais sont quasiment seuls à pratiquer la traite et c'est un million d'esclaves noirs qui sont transportés. Au siècle suivant, Français, Anglais et Hollandais les rejoigne dans le commerce triangulaire et le chiffre de déportés monte à six millions. Le rôle des Néerlandais progressivement et les autres pays européens ne participent que de façon mineure.

Cette traite a permis au Nouveau Monde de se développer rapidement, grâce une « main d’œuvre » corvéable et bon marché, importée d'Afrique noire sur la période entre le XVIe siècle au XIXe siècle. Olivier Pétré-Grenouilleau estime que cette traite a concerné 11 millions de personnes en provenance d'Afrique Noire. 11 700 000 selon Fage et Curtin.

Les conditions de transport sont inhumaines. La traversée prend 60 à 70 jours au XVIIIe siècle. Le taux de mortalité est très important de 25 % jusqu'au début du XVIIIe siècle, il est réduit à 15 % après 1730 et de 5 à 10 % au XIXe d. Le commerce connaît son activité la plus intense de 1740 à 1810 quand 60 000 esclaves étaient emmenés aux Amérique chaque année.


[modifier] Le commerce

Un commerce très rentable fût établi, c'est le fameux commerce triangulaire.

Les navires négriers partaient de l'Europe avec dans leurs cales des objets à échanger avec les seigneurs des royaumes africains contre des esclaves noirs. Ces objets n'étaient pas de faible valeur, des objets de pacotilles (éthymologie : pacotillas espagnol pour paquet), comme on l'a dit très souvent ; c'étaient des objets courants, mais avec tout de même une certaine valeur marchande. Parmi ces objets ont pouvait trouver, des tissus, de l'alcool et des armes.

Les armes, en particulier, avaient une valeur très importante pour les seigneurs des royaumes africains, car grâce à elles, ils pouvaient tenir en respect leurs voisins et éventuellement conquérir de nouveaux territoires.

Ces armes, en fait, ont servi aux négriers et aux gouvernements occidentaux qui les soutenaient à faire pression sur les seigneurs des royaumes africains. Car ceux qui refusaient le commerce avec les « blancs », n'avaient pas d'armes, alors que leurs voisins moins scrupuleux pouvaient en avoir et les envahir et les réduire eux-mêmes en esclavage. C'est ainsi que plusieurs royaumes ont été contraints de réaliser ce commerce, par la force des choses. Les principaux comptoir se situent dans le golfe de Guinée mais la traite touche toute la côte Atlantique, du Sénégal à l'Angola, certains navires s'aventurant même jusqu'au Mozambique sur la côte orientale. Au XIXe siècle, après l'interdiction de la traitre, le commerce se déplace sur la côte orientale et le Zanzibar devient le nouveau centre de ce commerce.

Une fois leurs cales pleines d'esclaves, les navires négriers quittaient les côtes africaines pour rejoindre le sud, les Caraïbes ou l'Amérique du Nord. Lors de ces voyages, les conditions de détention des esclaves étaient extrêmement dures. Ils étaient attachés, par groupes, entassés dans les cales du navire, et seulement sortis de temps à autre pour prendre l'air. Ainsi, le taux de mortalité moyen était de 10% à 20%, avec un pic à 40%. Au fur et à mesure, de l’augmentation de la demande, et de l’épuisement des sources de razzias, la valeur des esclaves augmentait, et les négriers commencèrent à faire un peu plus attention, en sélectionnant mieux les esclaves, afin de s’assurer une meilleure résistance aux conditions de la traversée. Le seul but de ces actions était de protéger leur marchandise, car la valeur marchande était plus grande, si les esclaves étaient en meilleur état lors de la revente aux grandes plantations.

Peu avant d'arriver à destination, les esclaves était lavés à grandes eaux pour être plus présentables et ainsi être vendus à meilleur prix. Ils étaient vendus, mais pouvaient aussi être échangés contre des matières premières telles que le coton, du sucre ou du café. Ainsi les cales pleines de marchandises, les navires négriers repartaient vers l’Europe, pour y décharger leurs cargaisons… et préparer un nouveau cycle du commerce triangulaire.

D'immenses fortunes se sont bâties sur ce commerce d'êtres humains. De nombreuses villes d’Europe se sont rapidement développées grâce à ce commerce. Des villes françaises comme Bordeaux, La Rochelle, Le Havre et surtout Nantes, mais aussi anglaises, hollandaises, portugaises et espagnoles. La première compagnie négrière est hollandaise et créée en 1621. En France, la Compagnie Française des Indes occidentales est créée en 1665.

La justification raciale

Cette traite a dans un premier temps été réalisée dans un but purement économique.

La justification raciste n'est venue que plus tard. Le Code Noir, écrit par Jean-Baptiste Colbert en 1665, a été un des textes de lois à définir et légaliser la traite des noirs. Dans ce texte, le noir est considéré comme un "bien meuble". Ce n'est donc pas un Homme, mais une marchandise qui rend un service.

Cette « marchandise », lors d’un concile, fut reconnue avoir une âme, ce qui permit à l'Église de conquérir de nouvelles populations à évangéliser, mais ce fut aussi le premier pas vers la fin de cette pratique.

[modifier] L'abolitionnisme

Les premiers abolitionnistes de la traite des noirs furent les esclaves eux-mêmes, à travers les révoltes et les soulèvements. Certains groupes formèrent de véritables principautés, à l'image de l'île de Saint-Domingue-Haïti (Toussaint l’Ouverture).

En Europe, bien que des voix s'indignent du sort réservés aux africains dès le XVIIe siècle b, il faudra attendre la seconde moitié du XVIIIe pour qu'un véritable mouvement abolitionniste se forme c et le XIXe pour que les États renoncent aux avantages économiques que la traite leur apporte. C'est l'Angleterre qui la première abolit dans les faits la traite des noirs, en 1807, cependant sans abolir pour autant l'esclavage, qui lui ne sera abolit qu’en 1833.

En France, Napoléon Bonaparte rétablit l'esclavage dans les colonies en 1802, qui avait été et théoriquement aboli par la Révolution française le 4 février 1794 sur proposition de Danton, mais ce qui fut peu respecté sur place.

Aux États-Unis, il fallut attendre la guerre de sécession en 1865 pour voir la fin du système esclavagiste.

Le dernier négrier aborde sur les côtes de Cuba en 1873.

Malgré l’abolissement de la traite par plusieurs pays, celle-ci continua de perdurer dans les faits, car ce commerce était très lucratif, et le prix d'un esclave devint très élevé. Cette traite, plus ou moins clandestine, perdura d’autant que la demande des propriétaires terriens était importante, car le système économique des grandes exploitations était basé sur l’esclavage.

Aux États-Unis et ailleurs, de véritables établissements à produire des esclaves furent ainsi créés dans lequel des femmes noires esclaves étaient mises enceinte par des géniteurs sélectionnés et obligées d’enfanter afin de produire les futurs esclaves destinés à être vendus.

[modifier] La traite des noirs aujourd'hui

[modifier] Impact de la traite sur l'évolution économique de l'Europe

"les marchandises de traite avaient généré du travail dans les villes et les campagnes d’Europe, ainsi que des profits aux différents stades du processus qui les avaient acheminées des lieux de production jusqu’aux ports d’embarquement, alors que l’importation de ces mêmes marchandises en Afrique apportaient certes aisance et puissance aux agents directs du trafic (les royaumes côtiers et leurs élites politiques et militaires), mais ne permettaient aucun développement des sociétés qui pratiquaient cet échange d’hommes, prélevés ailleurs , contre des produits de consommation ou des armes, fabriqués ailleurs. Dire, à juste titre, que « l’Afrique n’a pas été seulement une victime de la traite, elle en a été l’un de ses principaux acteurs » (p. 462) ne change rien à ce constat : les acteurs africains de la traite se sont enrichis, cela ne fait aucun doute, mais ils n’ont pas enrichi l’Afrique ; ils ont même créé les conditions d’un blocage économique majeur à long terme. S’il y eut bien échange égal en termes de valeurs d’usage, les effets économiques étaient diamétralement opposés : les marchandises de traite étaient le produit du travail de l’Europe manufacturière et les esclaves achetés avec elles devenaient à leur tour, aux îles d’Amérique, la force de travail quasi exclusive de l’économie de plantation, qui envoyait en Europe des productions agricoles de haute valeur marchande, sans oublier le travail de transformation finale des denrées coloniales qui était assuré dans les zones portuaires d’arrivée des navires."

  • la traite atlantique a permis l'enrichissement des négriers et de leurs commanditaires
  • À l'orée de la traite, l'économie maritime/portuaire de la Chine est la plus florissante. Elle sera surpassée par celle des puissances négrières, particulièrement à partir du XVIIe siècle.
  • Les investissements financiers nécessaires pour armer un négrier étant colossaux, l'extraction et le commerce de bois d'ébène vont favoriser en Europe le développement des sociétés par actions, des activités bancaires et d'assurance , notamment les instruments de paiement scripturaire (billets de banque, lettres de change, etc.)
  • Les industries textiles, sucrières, les constructions navales, la fabrication d'instruments de navigation, la fabrication de fusils, munitions, canons, poudre à canon, les distilleries « d'eau-de-vie » connaîtront un grand essor, en raison de leur rapport immédiat avec l'économie du yovodah.
  • elle a été en outre l'occasion de la subordination politique, économique et religieuse d'une large partie de l'Afrique qui s'est retrouvée durablement sous influence européenne, jetant les bases du colonialisme et du néo-colonialisme
  • ce rapport de force a permis aux occidentaux un accès à des ressources naturelles et humaines abondantes et à bon marché, facteur de la prospérité des puissances colonisatrices
  • naissance du capitalisme

[modifier] Richesse de l'Afrique et impact de la traite sur son développement

  • l'Afrique était au XVe siècle un continent riche et prospère qui a périclité suite à la traite atlantique :
    • Là où existaient de vastes sociétés politiques jusqu'au XVIIIe siècle, il ne restait plus que de micro-structures autarciques à la fin du XIXème siècle, baptisées « tribus », « ethnies » par les africanistes…
    • impact démographique considérable : plusieurs dizaines de millions de vies humaines directement broyées, et des centaines de millions de Nègres indirectement tués, ou empêchés de naître, par le Yovodah.
    • insécurité généralisée des voies et lieux d'échanges économiques transafricains, étiolement de la production agricole, pastorale, artisanale, entropie du patrimoine scientifique, appauvrissement de la culture matérielle, notamment architecturale.
    • l'introduction massive d'armes à feu en Afrique par les Blancs (à la périphérie maritime des grands centres traditionnels du pouvoir public) va dégrader radicalement les équilibres politiques endogènes, fondés toujours (ici comme ailleurs) sur des rapports de force, notamment, militaires : des vassaux d'hier vont d'abord refuser de payer tribut, affaiblissant le Trésor public des pouvoirs centraux ; puis progressivement ces ex-vassaux vont revendiquer leur souveraineté totale, voire toute la suzeraineté, provoquant d'inombrables scissions, décompositions, recompositions. Ce processus de déliquescence va entraîner l'Afrique dans un tourbillon d'instabilités politiques (de soit disant « guerres inter-ethniques ») où elle se trouve encore de nos jours, malgré et à cause des frontières imposées par les Blancs.
    • retard de développement dû à la privation de la jouissance des ressources naturelles
    • problèmes politiques consécutifs aux stratégies européennes pour dominer l'Afrique et aux hommes de paille mis au pouvoir pour défendre leurs intérêts
  • si la traite est un facteur explicatif du retard de développement que l'Afrique a accumulé, il n'est pas le seul :
    • conditions climatiques (sécheresse, mauvaises récoltes, catastrophes naturelles) ;
    • épidémies
    • crises et guerres internes

La traite des noirs a frappé l'Afrique à double titre : d'une part à travers un commerce dont elle n'a pas tiré les bénéfices, les biens vendus ne stimulant aucune activité économique et les « cadeaux » des négriers aux rois africains servant surtout leur affaiblissement ; d'autre part en affaiblissant durablement le continent en l'atteignant dans sa ressource la plus valorisable : Ses habitants. C'est en effet les individus qui participent le plus à l'essort économiques qui étaient chassés et déportés, occasionnant une fuite de main d'oeuvre et de savoir faire dont les conséquences se ressentent encore aujourd'hui.

[modifier] Les conséquences en Afrique

A faire

[modifier] L'impact démographique

[modifier] L'impact social

A faire

[modifier] Caractère génocidaire

Certains gouvernements africains et organisation non gouvernementales, comme le Conseil Mondial de la Diaspora Panafricaine (CMDP) et la Société Savante des Encyclopédistes Africains, militent pour que la traite des noirs soit considérée comme un génocide. Les défenseurs de cette thèse soulignent l'atrocité des crimes commis aussi bien durant la capture et le transport que dans les conditions des esclaves dans les colonies. La destruction de l'identité culturelle par l'Église catholique notamment à travers ses campagnes d'évangélisation, est également mise en avant. Les actes inhumains qui accompagnèrent la traite des Noirs ne sont pas de ce point de vue des circonstances malheureuses mais lui sont consubstantiels. Ces actions étaient dirigées contre un groupe ethnique identifié et ont eu des conséquences extrêment lourdes du point de vue démographique, ils rentrent pour ces associations dans le cadre de la définition d'un génocide.

La qualification de génocide correspond à un statut juridique. La définition de l'ONU précise qu'un génocide découle de l'intention d'exterminer un groupe. Sans remettre en cause son caractère de crime contre l'humanité, de nombreuses personnes contestent que la traite des noirs soient un génocide dans la mesure ou l'intention des négriers était d'exploiter le peuple noir, l'extermination n'en étant « que » la conséquence. tavusami!

[modifier] Responsabilité économique et Réparations

  • la traite atlantique ouvre des droits à réparation :
    • elle a permis aux nations européennes de s'enrichir durablement
    • ces mêmes nations européennes hier négrières, sont encore aujourd'hui néocolonialistes ; toujours au détriment, entre autres, des Africains.
    • elle a appauvri l'Afrique durablement
    • elle relève du crime contre l'humanité
    • article 5 du projet de Loi Taubira
    • cette indemnisation pourrait prendre la forme d'une annulation de la dette
  • la notion de réparation est hors de propos :
    • les descendants des bourreaux d'hier ne sont pas des bourreaux
    • techniquement dans son calcul comme sa distribution, cette réparation serait complexe
    • par principe, un crime contre l'humanité est irréparable. Mais on ne peut concevoir ce principe d'irréparabilité qu'en l'assortissant de la condition sine qua non que toute disposition efficace soit prise concrètement au niveau mondial, afin que plus jamais aucun crime contre l'humanité ne survienne nulle part sur cette planète. Les nations principalement victimes des crimes commis hier devant recevoir la mission et les moyens de veiller scrupuleusement à la mise en oeuvre des dites dispositions, partout, pour tous.

[modifier] Sources

1. L'esclavage : un système économique abouti sur Grioo.com (27/06/2004) 2. René Belenus, L'Esclavage en guadeloupe et en martinique du XVIIe au XIXe siècle, éditions Jasor. 3. Ralph A. Austen, « The Trans-Saharan Slave Trade: A Tentative Census », dans The Uncommon Market: Essays in the Economie History of the Atlantic Slave Trade, sous la direction de Henry A. Gemery et Jan S. Hogendorn, New York, The Académie Press, 1979, p. 66. 4. Hygh Thomas, The Slave Trade: The History of thé Atlantic Slave Trade, 1440-1870, New York, Simon and Shuster, 1997, p. 804-805. a. Selon les historiens JD Fage et Philip D. Curtin. b. En 1681 les religieux Épiphane de Moirans et Francisco José de Jaca sont jugés pour avoir condamné l'esclavage et menacé les maîtres de damnation. c. Tout d'abord en Angleterre sous l'impulsion du député William Wilberforce puis en France. On peut notamment citer Montesquieu (De l'esprit des lois, Livres XV Chapitre V : « De l'esclavage des nègres »), Louis de Jaucourt (cf l'article « Traite des nègres » dans l'Encyclopédie), l'abbé Grégoire ou Voltaire (cf. le passage à Surinam dans Candide ou l'optimisme). d. source : les archives de la Lloyd's e. «La dimension africaine de la traite des Noirs» d'Elikia M’bokolo dans le Monde diplomatique d'avril 1998.