Elsa Triolet

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Elsa Triolet, née Elsa Kagan, est une écrivaine et résistante française d'origine russe née le 11 septembre 1896 à Moscou, décédée le 16 juin 1970 à Saint-Arnoult-en-Yvelines.

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[modifier] Biographie

De son vrai nom Elsa Kagan (puis Triolet de son premier mari qu'elle gardera toute sa vie), elle est fille de Elena Youlevna Berman (musicienne) et de l'avocat juif Youri Alexandrovitch Kagan. Elle a pour soeur une dénommée Lili dont elle est très jalouse mais qu'elle admire en même temps. Lili rejoindra en 1905 la révolution russe et c'est par elle que Elsa et Aragon auront des contacts communistes. Elle est l’amie d'enfance du linguiste Roman Jakobson, apprend le français très tôt et se lie en 1913 avec le poète futuriste Vladimir Maïakovski, qui deviendra ensuite le compagnon de sa sœur, Lili Brik. En 1918, elle quitte la Russie et en 1919, elle épouse André Triolet, un officier français, à Paris avec qui elle part pour Tahiti pendant 3 ans. C'est là qu'elle écrira ses premières oeuvres. D'années en années, elle subira une dépression liée au climat. En effet, elle ne peut se sentir bien que dans son pays et c'est pour cela qu'elle retournera quelques années après en Europe. Elle quitte son mari en 1921, c'est dans cette période qu'elle connaîtra un temps d'errance en allant à Paris, Berlin mais aussi Moscou et vivra ensuite à Londres et à Berlin. Elle écrit plusieurs romans en russe, À Tahiti (publié en 1925 et inspiré de son séjour à Tahiti en 1919), Fraise-des-Bois (1926), Camouflage (1928). Remarquons que ces oeuvres ont pour beaucoup une thématique d'errance en relation à ses années 1921 à 1928. C'est une femme qui vit dans une solitude bien qu'elle ait été mariée et entourée par beaucoup de personnes.

Installée à Montparnasse en 1924, elle fréquente des écrivains surréalistes et des artistes comme Fernand Léger et Marcel Duchamp.

Elle rencontre Louis Aragon en 1928 à Paris, au café La Coupole, fréquenté par beaucoup d'artistes, et devient sa muse. Dans les années trente, elle dessine des colliers pour la Haute couture et écrit des reportages pour des journaux russes ; elle traduit également des auteurs russes et français. Elle commence à écrire un premier roman en français, Bonsoir, Thérèse, en 1938.

Elle se marie avec Aragon le 28 février 1939. Elle entre avec lui dans la Résistance, dans la zone SudLyon et dans la Drôme notamment) et contribue à faire paraître et à diffuser les journaux La Drôme en armes et Les Étoiles. Elle continue à écrire : le roman Le Cheval blanc et des nouvelles publiées aux Éditions de Minuit. Réunies sous le titre Le Premier accroc coûte deux cents francs (phrase qui annonçait le débarquement en Provence), ces nouvelles obtiennent le prix Goncourt 1945 au titre de l'année 1944. Elle assiste en 1946 aux procès de Nuremberg sur lesquels elle écrit un reportage dans Les Lettres françaises.

Appartenant au comité directeur du Comité national des écrivains (CNE), elle s’attache à promouvoir la lecture et la vente de livres dans les années cinquante. La période de la guerre lui inspire le roman L’Inspecteur des ruines, puis la menace atomique, au temps de la guerre froide, Le Cheval roux. Elle voyage beaucoup dans les pays socialistes avec Aragon, mais, si elle a conscience de l’antisémitisme qui atteint sa sœur et des crimes qui sont commis en Union soviétique (le compagnon de Lili Brik, le général Vitaliy Primakov, est exécuté), elle ne fait aucune déclaration publique sur ces événements. Elle n’exprime sa critique du stalinisme qu’en 1957 dans Le Monument. Elle démissionne la même année du comité directeur du CNE puis écrit les trois romans du cycle L’Âge de Nylon. Elle intervient activement en 1963 pour faire traduire et paraître en France le roman d’Alexandre Soljénitsyne Une journée d’Ivan Denissovitch. La façon dont la biographie de Vladimir Maïakovski était falsifiée en Union soviétique est une des raisons qui l’entraîne à écrire les romans Le Grand Jamais (1965) et Écoutez-voir (1968).

Après avoir publié La Mise en mots (collection Les Sentiers de la Création, éditions Skira, 1969) et Le Rossignol se tait à l'aube (1970), Elsa Triolet meurt d'un malaise cardiaque le 16 juin 1970 dans la propriété qu’elle possède avec Aragon, le Moulin de Villeneuve. Elle repose dans le parc de six hectares entourant ce vieux moulin aux côtés d’Aragon. Sur leurs tombes on peut lire cette phrase d’Elsa Triolet : « Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l’alliance de nos livres nous réunira pour le meilleur et pour le pire dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur, à toi et à moi. »

A sa mort, une tour de la Cité du Coq de Jemappes (entité de Mons) portera son nom. L'autre étant appelée Flora Tristan.

[modifier] Œuvres

  • À Tahiti (1925) en langue russe
  • Fraise des bois (1926) en langue russe
  • Camouflage (1928) en langue russe
  • Bonsoir Thérèse (1938)
  • Mille regrets (1942)
  • Le Cheval blanc (1943)
  • Qui est cet étranger qui n'est pas d'ici ? ou le mythe de la Baronne Mélanie (1944)
  • Le Premier accroc coûte deux cents francs (1945) Prix Goncourt en 1946
  • Personne ne m'aime (1946)
  • Les Fantômes armés (1947)
  • L'Inspecteur des ruines (1948)
  • Le Cheval roux ou les intentions humaines (1953)
  • L'Histoire d'Anton Tchekhov (1954)
  • Le Rendez-vous des étrangers (1956)
  • Le Monument (1957)
  • Roses à crédit (1959)
  • Luna-Park (1960)
  • Les Manigances (1961)
  • L'Âme (1962)
  • Le Grand jamais (1965)
  • Écoutez-voir (1968)
  • La Mise en mots (1969)
  • Le Rossignol se tait à l'aube (1970)

[modifier] Bibliographie

  • Lilly Marcou, Elsa Triolet, les yeux et la mémoire, Paris, Plon, 1994, 419 p.

[modifier] Liens externes