Eldorado

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L'Eldorado (de l'espagnol « el dorado » : le doré) est une contrée mythique d'Amérique du Sud supposée regorger d'or. Ce mythe est apparu dans la région de Bogota en 1536[1]. Il a rapidement été relayé par les conquistadors espagnols qui y ont cru sur la base du récit du voyage de Francisco de Orellana par Gaspar de Carvajal, et dans le cadre du mythe plus ancien des cités d'or, qui était aussi largement diffusé à l'époque chez les conquistadors. Le mirage d'une contrée fabuleusement riche en or a alimenté sur près de quatre siècles la plus sanglante des courses au trésor. Les conquistadors n'ont pas trouvé l'Eldorado mais ils ont arraché aux Incas des monceaux d'or. Le mythe ne s'est éteint qu'au XIXe siècle avec les expéditions scientifiques du baron allemand Alexandre de Humboldt.

C'est en fait une coutume des indiens Chibcha qui est à l'origine du mythe. Une fois par an, le chef (recouvert d'or en poudre) allait dans l'eau d'un lac pendant que les villageois lançaient des objets d'or ainsi que d'autres objets précieux dans l'eau. Cette coutume a été transformée jusqu'à donner naissance au mythe d'Eldorado.

Le mythe est resté vivace jusqu'au XVIIIe siècle chez les conquistadors et les Indiens, qui situaient plus précisément cette contrée entre le fleuve Orénoque et le fleuve Amazone, sur le territoire actuel du Brésil, la Guyane, le Venezuela, le Suriname et le Guyana.

Sommaire

[modifier] L'Eldorado comme légende

La Condamine, après son voyage de 1743-1744 au cours duquel il descend l'Amazone, fait justice de cette légende : il n'y a pas de lac Parimé (le lac immense décrit par Carbajal) ni de ville fantastique de Manoa.

Sir Walter Raleigh se lança lui aussi dans une expédition afin de trouver Eldorado.

Dans son conte philosophique Candide, Voltaire utilise cette contrée comme décor aux chapitres XVII et XVIII. Ce passage, à travers cet univers utopique, lui permet d'exposer les idéaux des philosophes des Lumières.

[modifier] Adversaires de la véracité du récit d'Orellana

Ils se fondent en particulier sur l'impossibilité supposée d'établir une agriculture performante et installée durablement sur un terroir en Amazonie :

  • à cause des climats tropicaux et équatoriaux ;
  • à cause de la terre jaune qui devient stérile en quelques années.

Ils en donnent pour preuve l'échec de la culture sur brûlis

[modifier] Découvertes récentes

Plusieurs découvertes de chercheurs opérant dans différentes disciplines au cours des quinze dernières années ont poussé à une relecture du récit du voyage d'Orellana. Il n'y aurait pas eu de pays où l'or coulait à flots, mais bien une civilisation agricole prospère, décimée par les maladies apportées par les Européens.

L'anthropologue américain Michael Heckenberger, de l'université de Floride a relevé par photographie aérienne, dans la région du cours supérieur du Rio Xingu, dans l'État du Mato Grosso, plusieurs traces d'une occupation humaine relativement dense. Dix-neuf monticules, nommés islas, forestiers, se distinguant dans la plaine nue, distants en moyenne de 3 km, seraient d'anciens villages. Une céramique abondante y subsiste, à fleur de terre. Ces monticules sont reliés par des structures surélevées (routes sur digues, la région étant inondée sous un à deux mètres d'eau à la saison des pluies), et canaux rectilignes. Heckenberger nomme ce peuple Xinguano. Leurs hypothétiques descendants seraient les Kouikourous.

Ailleurs, au cœur de l'Amazonie, l'existence de la terra preta, ce sol fertile qui n'a pu se constituer que par l'intervention de l'homme, ajoute à la crédibilité de ses théories.

On relève également, dans la tribu de chasseurs-cueilleurs des Sironos, des mots pour désigner des plantes dont ils ne font aucun usage : le coton, le maïs, des plantes tinctoriales, qui leur auraient été légués par leurs ancêtres agriculteurs.

[modifier] Sources

[modifier] Notes et références

  1. Bartolomé Bennassar, « L'Eldorado a-t-il existé ? », dans L'Histoire, n°322, juillet-août 2007, p.37

[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes