Effet Allais

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L’effet Allais, aussi appelé anomalie d’Allais, est un phénomène physique observé en 1954 par l’économiste et polytechnicien français Maurice Allais et pour lequel ce dernier a reçu, en 1959, le prix Galabert de la Société Française d’Astronautique.

Allais développe une interprétation de son effet impliquant de rejeter la théorie de la relativité restreinte, en particulier en affirmant que l'espace est anisotrope. Une telle affirmation n'est pas du tout prise au sérieux par la communauté physique.

Sommaire

[modifier] L’expérience

[modifier] La démarche d'Allais

Dans le courant des années 1950, Maurice Allais s'intéresse à l'influence des champs gravifiques et magnétiques sur le mouvement d'un pendule de sa fabrication: le pendule paraconique. Au cours de ces expériences, il détecte des régularités inexpliquées de périodicité lunisolaire (24h50). En corroborant avec des mesures optiques de visées sur mire, il détecte des régularités de même périodicité. Par ailleurs, lors de deux éclipses solaires, l'une en 1954 et l'autre en 1959, il détecte une déviation exceptionnelle du mouvement du pendule.

Cette anomalie est baptisée effet Allais. Le chercheur la décrit dans les comptes rendus de l'académie des sciences (CRAS)[1].

[modifier] Études ultérieures

Les observations de l’effet Allais sont rares et plutôt contradictoires, non seulement à cause de la rareté de telles éclipses, mais aussi parce qu’aucun protocole d’expérimentation rigoureux n’aurait été respecté [réf. nécessaire].

Saxl et Allen (1970) ont tenté une approche différente de la même expérience, qui n’a jamais pu être retentée par la suite et reste donc invalidée (Kuusela, 1991; Jun, 1991). Une expérience plus récente effectuée en Chine durant l’éclipse de 1997 (Weng et al., 2000) semblait confirmer les idées de l’économiste, mais l’expérience n’est guère concluante car le protocole n’exclut pas de nombreux biais. Des observations plus rigoureuses, en Zambie et en Australie entre 2001 et 2002 concluent également à des anomalies. Mais les expérimentateurs eux-mêmes se rangent du côté d’une explication par les phénomènes de mouvements de masses d’air, explication définitivement retenue par T. van Flandern[2].

L'annonce de la vérification par la NASA de l'effet Allais attira fortement l'attention des médias. Mais alors que la NASA communiqua fortement avant[3] l'éclipse du 11 août 1999 et immédiatement après[4], aucune analyse approfondie des résultats ne fut publiée, à la fureur des chercheurs entourant Allais[5].

[modifier] L’interprétation d’Allais

[modifier] L’hypothèse d’Allais

D’après Allais, ces résultats seraient dus à une propriété du vide, un éther, qui procurerait des propriétés anisotropiques à l’espace. Le développement de son hypothèse lui fit postuler l’effet portant son nom. Plus simple à réaliser qu’une expérience d’interférométrie, c’est vers cette vérification qu’il porta ses efforts. Il décrit ses hypothèses dans son livre, L'Anisotropie de l’Espace, publié en 1997.

Son hypothèse conduit à une vitesse de la lumière par rapport à l'observateur terrestre dépendante de la direction[6] (puisque la Terre se déplace avec l'éther mais que la rotation de la Lune induit un "vent" de 8 km/s). Autrement dit, Allais récuse l’interprétation d’Einstein de l’expérience de Michelson-Morley.

[modifier] Les expériences de Miller

Maurice Allais a consulté les résultats des mesures de Michelson et Morley ainsi que les vérifications ultérieures de Dayton Miller, réalisées en 1925-26 pendant une année au mont Wilson. Il en a personnellement conclu que :

  • l’expérience de Michelson n'a pas donnée une différence de vitesse nulle, mais au maximum de 8 km/s, sans que l'on puisse y détecter de régularité. Cette différence a donc été interprétée comme due aux incertitudes de mesure.
  • Les expériences de Dayton Miller ont corroboré ces résultats, selon une longue durée, sans que toutefois Miller ne puisse expliquer la source des irrégularités. A l'époque, des problèmes de températures ont été invoqués pour en expliquer la cause. En ré-analysant les données issues de cette expérience, Allais prétend lire une périodicité en utilisant le temps sidéral plutôt que le temps civil, tel qu'utilisé par Miller.
  • En appliquant la loi de Titius-Bode au système Terre-Lune[7], qu'il généralise à l'éther, il calcule un "vent" de 7,95 m/s, ce qui est très comparable aux valeurs trouvées par l'expérience de Miller et de Michelson. Il en déduit donc que l'éther tourne de concert avec les astres et n'est pas fixe, contrairement à ce que pensait Lorentz, en inventant ses célèbres transformations, et la majorité des scientifiques de l'époque de la fin du XIXème siècle (la rotation de la terre autour du soleil devait entraîner une variation de 30km/s).
  • En conséquence, puisque la relativité restreinte est fondée sur le postulat de la constance de la vitesse de la lumière dans le vide et l'absence d'éther, il estime que celle-ci doit être rejetée de même que la relativité générale qui en est issue.

Ces travaux n'ont pas fait l'objet de publications ou de citations dans des revues scientifiques internationales à comité de lecture, mais une partie a été publiée dans les CRAS[8]. Trois ans auparavant, il avait publié un ouvrage à destination de la communauté scientifique sur le sujet, L'anisotropie de l'espace[9], avec pour but de présenter l'ensemble des ses travaux expérimentaux et analyses en physique

Concernant l'expérience de Dayton Miller, les physiciens se sont depuis longtemps contentés de l'explication de Robert S. Shankland par les fluctuations de température. Maurice Allais présenta dans des revues et des conférences ses conclusions sur l'expérience de Miller, rejetant l'analyse de Shankland. Roger Balian, physicien au CEA, publia une note[10] visant à réfuter les conclusions d'Allais. Le courrier des lecteurs de La Jaune et la Rouge fut également employé comme cadre du débat.

L'expérience de Miller avait fait parler d'elle à l'époque, mais rapidement d'autres expériences ont conforté la relativité et les physiciens se sont convaincus que l'expérience de Miller était pathologique (comme le montre la lettre d'André Metz à Einstein à ce sujet[11]). Allais et ses partisans affirment que la contradiction apparente de l'expérience de Miller par les expérience ultérieure vient du fait que l'expérience de Miller seule était menée sur un an[12] (ce qui a finalement été fait depuis, avec un résultat ne remettant pas en cause la relativité).

Ces remarques n'intéressent pas beaucoup la plupart des physiciens: l'expérience de Michelson-Morley a été répétée avec une précision très supérieure depuis, les résultats concordant avec le relativité restreinte, il n'y a pas lieu de critiquer l'interprétation de l'expérience historique.

Si l'effet Allais a été discuté par plusieurs physiciens (qui ont proposé des explications rentrant dans le cadre de la physique connue, contrairement à Maurice Allais), ses théories sur l'anisotropie de l'espace sont traitées comme anecdotiques par la communauté scientifique, comme en témoigne l'absence de citations et même de simple référencement sur les bases de données dédiées Astrophysics Data System (ADS) [13] et SPIRES [14].

[modifier] Les autres recherches en ce sens

L'hypothèse d'une anisotropie de l'espace a été étudiée comme piste pour résoudre les problèmes actuels (début du XXIe siècle) de la cosmologie. Alan Kostelecky défend une « Extension du modèle standard » (Standard Model Extension) dans laquelle de nombreux paramètres variables décrivent les anisotropies de l'espace. Jusqu'à présent, tous les tests donnent des paramètres nuls dans les limites de précision des instruments.[15]

Pour cela, l'hypothèse de variation de la vitesse de la lumière suivant la direction a été vérifiée très finement, et sur une période supérieure à un an (Allais et ses partisans affirmaient justement que c'était la raison pour laquelle l'expérience de Miller faisait foi contre les autres). L'expérience montre que la variation de la vitesse de la lumière suivant la direction ne peut être supérieure à 10 − 16 en valeur relative[16] (la valeur défendue par Allais est 3 \times 10^{-5}[17]).

[modifier] L'opposition d'Allais contre Einstein

Maurice Allais, fervent admirateur d'Henri Poincaré (qui a fait les mêmes écoles que lui), fait partie de ceux qui pensent qu'Albert Einstein est un plagiaire (accusation s'inscrivant dans la large controverse sur la paternité de la relativité). Allais a d'ailleurs tendance à mêler ses deux combats contre Einstein, remise en cause de sa théorie et accusations de plagiat. Paradoxalement, cela l'amène à accuser également d'erreur son idole Poincaré.[18],[19].Jean-Marc Lévy-Leblond s'amuse à ce sujet de l'opposition entre deux Prix Nobel.[20] Allais a également un chapitre à son sujet dans le livre Einstein un siècle contre lui d'Alexandre Moatti. Leblond et Moatti ont noté que de nombreux opposants à Einstein étaient motivés par le chauvinisme polytechnicien.

[modifier] Notes

  1. Maurice Allais, Anomalies des Mouvements du Pendule Paraconique, Comptes rendus de l'académie des sciences, 245, p. 1697-1700, 1875-1878, 2001-2003, 2170-2173, 247, p. 1428-1431, 2284-2287, 248, p. 359-362, 764-767 (1957 à 1959).
  2. (en) T. Van Flandern & X. S. Yang, Allais gravity and pendulum effects during solar eclipses explained, Physical Review D, 67, 022002 (2003), Voir en ligne (accès restreint)
  3. Decrypting the Eclipse
  4. French Nobel Laureate turns back clock
  5. The only information available about what happened with the data from the NASA 1999 Eclipse Experiments, organized by David Noever
  6. Pour mesurer une variation de la vitesse de la lumière, il faut par exemple revenir à la définition du mètre de 1960, puisque la confiance dans la théorie de la relativité aujourd'hui est telle que la métrologie actuelle emploie des définitions telles que la vitesse de la lumière est constante par axiome
  7. Sur l'interprétation des expériences de Michelson. Aucun vent d'éther de 30 km/s, mais un vent d'éther de 8 km/s [1]
  8. Maurice Allais, L’origine des régularités constatées dans les observations interférométriques de Dayton C. Miller 1925-1926 : variations de température ou anisotropie de l’espace, Comptes rendus de l'académie des sciences - Série IV, Physique, Astrophysique, 1 no 9, 1205-1210 (2000) [2].
  9. Maurice Allais, L'Anisotropie de l'espace: La nécessaire révision de certains postulats des théories contemporaines (1997), 757 pages, Clément Juglar ISBN 2908735091.
  10. Bibliothèque de l'Ecole des Mines de Paris
  11. Albert Einstein, annoté par Françoise Balibar, Œuvres choisies, tome 4 : Correspondances françaises
  12. Fuerxer
  13. Author Query Results
  14. SPIRES-WWWHEPAU: FIND ALLAIS
  15. Sciences - La traque à l'erreur initiale
  16. [0706.2031] Relativity tests by complementary rotating Michelson-Morley experiments
  17. Genese
  18. Paradoxe
  19. Maurice Allais, Albert Einstein : un extraordinaire paradoxe (2005), 89 pages, Clément Juglar, ISBN 2908735202.
  20. http://www.snes.edu/observ/spip/IMG/doc/Albert_Henri_et_les_autres.doc

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Références

[modifier] Liens externes et références en ligne

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