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Roger Wybot (1912-1997), de son vrai nom Warin, est un militaire français, spécialisé dans les renseignements. Il a entre autre dirigé la section de contre-espionnage du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) lors de la seconde guerre mondiale, et participé à la création de la Direction de la surveillance du territoire français, et en a été son premier directeur de 1944 à 1959. Il a donc été pendant cette période le protagoniste de plusieurs affaires importantes pour la France.

Sommaire

[modifier] Biographie

Roger Wybot, alors Warin, est formé dans les troupes d'artillerie à cheval à Poitiers et Fontainebleau. En 1938, lors de la semi mobilisation faisant suite de la crise de Munich, on lui confie le commandement d' une batterie de DCA dans le fort du Trou-d'Enfer, dans forêt de Marly. Il y trouve des réservistes près de la mutinerie, car il semblent avoir été 'oubliés' par l'intendance, et n'ont pas mangé depuis 3 jours[1]. Après avoir réglé les problèmes d'approvisionnement, la discipline revient, ce qui impressionne sa hiérarchie. Il sera ensuite affecté à la tête de la 5e batterie du fort de Châtillon.

[modifier] La seconde guerre mondiale

En 1940, suite à l'armistice, Roger Warin souhaite continuer la lutte, mais hésite entre Londres, encore peu estimé, et Vichy. Ce sera la rencontre avec le colonel Groussard qui lui fera choisir Vichy : celui ci lui propose d'entrer au 'Centre d'Information et d'Etudes', un organisme officiel de Pétain, mais que Groussard souhaite détourner pour en faire un réseau de résistance camouflé[2]. Le centre ne vivra pas longtemps; en décembre 1940, des luttes de pouvoir entre Pierre Laval et Philippe Pétain mènent Groussard à arrêter Laval et ses compagnons[3]. Le régime Nazi n'accepte pas cette intervention qu'il considère comme une tentative pour s'emparer du pouvoir, et envoie ses troupes les libérer. Les groupes de protection sont officiellement dissouts, Groussard, désavoué, est bientôt traqué.

Roger Warin tente alors de rallier Londres avec ses compagnons, en passant par l'Espagne; bloqué à Perpignan, ils y retrouvent Broussard, qui leur présente Pierre Fourcaud, envoyé de De Gaule. Ils décident de s'enrôler dans Forces Françaises Libres et de rester en France pour créer un réseau [4]. Il est alors intégré dans le Bureau des Menées antinationales de Marseille, centre de contre-espionnage devant officiellement collaborer avec l'ennemi, et faire la chasse aux agents résistants gaullistes ou communistes. Roger Warin a alors 28 ans, et débute dans le domaine de l'espionnage. Il lui apparait rapidement que sa double activité n'échappe pas à ses supérieurs, mais ceux lui semblent très anti-allemand avant tout. A partir de mai 1941, on lui confiera même la surveillance dans la région marseillaise des 'affaires anglo-américaines', c'est à dire des activités des agents alliés et gaullistes[5]. IL tirera de cette position des informations sur les services de Vichy qu'il transmettra à Pierre Fourcaud. Plusieurs fois, en les prévenant à l'avance, il aide des agents découverts par ses services à échapper à la police, comme pour Saint Jacques et Marie-Madeleine Fourcade[5]. Fort de ses succès, il est contacté par le Commandant Paillole qui s'occupe d'une organisation clandestine de Vichy, luttant contre les agents allemands dans la zone libre. Celui ci lui propose d'entrer à son service, et planifie de partir en septembre 1941 pour épauler un des responsables de la zone de Paris.

Avant de changer de poste, Roger Warin prend rendez vous avec son chef Fourcaud, pour prévoir avec lui les modifications du réseau rendues nécessaires par son départ à Paris. Mais Fourcaud, qui s'est montré trop téméraire en approchant l'amiral de Laborde[6], est recherché par la police nationale. Celle ci l'arrête en août 1941 alors qu'il est en présence de Roger Warin, sur un quai de la gare Saint-Charles de Marseille. Warin, agent reconnu du BMA, est laissé libre sur le moment, mais est arrêté le lendemain. Toujours hésitants, ses collègues ne l'interrogent pas sérieusement, et tentent même de l'aider à s'évader, et le laissant seul dans un restaurant lors d'un repas[7]. Mais Warin préfère rester, jouer le jeu de l'innocent, et il est finalement blanchi.

Son chef de réseau arrêté, il contacte Londres pour demander des consignes, mais il s'avère que Fourcaud n'a jamais parlé de son équipe à ses supérieurs. Sous couvert d'une prise de contact avec les milieux parisiens, pour son futur travail avec Paillole, il part pour Londres, pour tenter de faire reconnaitre son réseau. Il passe par l'Andorre, l'Espagne et le Portugal, manquant plusieurs fois de se faire arreter, et finit par arriver à Londres. Il va y rester jusqu'à la fin de la guerre, car heureusement pour lui, son futur contact de Paris se révèlera être un agent allemand[8].

Il est accueilli à Londres avec beaucoup de sceptiscisme, car les alliés pensent qu'il pourrait être un agent allemand. Finallement libre de ses mouvements, il contacte les services de renseignement français à Saint James's Square. C'est à ce moment qu'il devient officielement membre des FFL, et qu'il choisit son pseudonyme Wybot[9]. Il rencontre pour la première fois De Gaulle, mais l'entretien se passe mal. Alors que la général est persuadé que la France est acquise au gaulisme, Wybot le déçoit et le vexe en lui expliquant qu'il y est plutôt presque inconnu: "Mon général, comme vous les savez, je viens de France. Si vous ne voulez pas qe je vous dise ce qu'il s'y passe vraiment, c'est votre affaire. Mais, de grâce, ne m'expliquez pas, vous, ce qui s'y passe! [...] En vérité, il n'y a pas de gaulliste en France. Il existe une poignée d'acharnés, quelques fous, c'est tout. J'en sais quelque chose, j'en suis un..."[10]

[modifier] Le BCRA

Le Colonel Passy demande à Wybot de rester en Angleterre et d'entrer dans ses services de renseignement. Wybot, fort de son expérience à Marseille, critique séverement le SR français, qui ne dispose même pas d'un Bottin pour vérifier les déclarations faites lors d'un interrogatoire. Il en dira entre autre : "Vous croyez faire du rensignement, en réalité vous jouez au boy-scout"[11]. Passy lui demande donc de proposer une réorganisation du service, qui devient le Bureau Central de Renseignement et d'Action (BCRA) et qui s'installe à Duke Street.

Il y développe ses méthodes d'interrogatoire, qui sont méthodiques et rationnels. Wybot préfère laisser parler l'interrogé sans accusation, tout en ne laissant aucun détail de côté. Souvent, d'après lui, la personne interrogée finit par se contredire d'elle même. « Je prends conscience de l'importance curciale d'un interrogatoire, mécanisme ingénieux et implacable qui vous permet de domminer votre adversaire avant de l'enfermer dans les rets de votre froide rainson. [12]»

Il est aidé dans son travail par son apparence juvénile, qui n'incite pas ses interlocuteurs à la méfiance. Il rapporte à ce sujet, lors d'un réception officielle : « Rencontrant un très haut et très digne fonctionnaire qui me voyait pour la première fois, je me présente : - Roger Wybot! -Ah, jeune homme! fait l'éminence en me tendant une main paternelle. Je connais très bien votre père, le directeur de la Surveillance du Territoire! »[13]

Il y constitue aussi un fichier très précis, contenant beaucoup d'informations sur des personnes, sur les missions en cours. Ce fichier est très décrié, entre autre par Emmanuel d'Astier, qui trouve le procédé antidémocratique.

[modifier] La DST

En 1944, Roger Wybot organise les services de la DST, puis finalement, prend la place de directeur, qu'il conserve jusqu'en 1959.

[modifier] Sources

  • Philippe Bernert, Roger Wybot et la bataille pour la DST, 1975
  1. (Bernert, p. 12)
  2. (Bernert, p. 15)
  3. (Bernert, p. 17)
  4. (Bernert, p. 20)
  5. ab (Bernert, p. 22)
  6. (Bernert, p. 25)
  7. (Bernert, p. 34)
  8. (Bernert, p. 39)
  9. (Bernert, p. 54)
  10. (Bernert, p. 56)
  11. (Bernert, p. 57)
  12. (Bernert, p. 36)
  13. (Bernert, p. 41)