Bureau central de renseignements et d'action

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Le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, le service d'espionnage et d'action de la France libre.

Sommaire

[modifier] Organisation

Ce service de la France Libre, confié par le Général de Gaulle à André Dewavrin « Passy » et rattaché à son état-major, prit successivement les désignations suivantes :

2e bureau, à sa création le 1er juillet 1940,
Service de Renseignements (SR), à partir du 15 avril 1941,
Bureau central de renseignements et d’action militaire (BCRAM), à partir du 17 janvier 1942,
Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), à partir de l'été 1942.

Sa compétence initiale, le renseignement, donna lieu à une section :

  • Renseignement (R), dirigée par le capitaine André Manuel « Pallas » : section chargée de mettre au point les plans de renseignement, de recrutement, la préparation et la mise en œuvre des missions, les liaisons avec l’Intelligence Service MI6

L'extension progressive de ses compétences donna lieu à la création de nouvelles sections, notamment :

  • Action militaire (A/M), dirigée par le capitaine Raymond Lagier « Bienvenüe » et Fred Scamaroni : section chargée de la mise au point, avec le 5e bureau de l'état-major, du plan d'action militaire, du recrutement et de la préparation des agents "action", de la recherche d'objectifs militaires à détruire, de l'organisation des liaisons avec les agents en mission et des opérations d'atterrissage et de parachutage ; elle travaille en liaison avec la section RF du Special Operations Executive SOE.
  • Contre-espionnage (CE), créée le 16 décembre 1941, et dirigée par Roger Warin (dit Roger Wybot) et Stanislas Mangin, puis par le commandant Bonnefous à partir de 1943 : section destinée à détecter et à éliminer les agents ennemis infiltrés dans les dispositifs de renseignement de la Résistance, en France et à Londres. À cette fin, cette section est chargée du fichier central, de l'interrogatoire préliminaire des arrivants, de la centralisation des renseignements sur les individus et des liaisons avec le Security Service britannique MI 5.
  • Évasion (E), crée en février 1942 et dirigée par le lieutenant Mitchell : section chargée de faire transiter les évadés ou d'évacuer les Français « brûlés », en liaison avec son homologue anglais MI9.
  • Politique (N/M = non militaire), créée en août 1942 et dirigée par Jacques Bingen, Jean Pierre-Bloch et Louis Vallon : section chargée du classement des informations non militaires recueillies par le service de renseignements (R) et par les agents "action" (A/M), de la transmission des informations au Commissariat à l'intérieur[1] ; et, en retour, de la préparation, conformément aux directives du Commissaire à l'intérieur, des instructions de nature politique à adresser aux agents des réseaux en France, instructions codées par le service du chiffre et envoyées aux agents en France par la section A/M.

En novembre 1942, le débarquement allié en Afrique du nord suivi de l'invasion de la zone sud par les Allemands conduit des agents du service de renseignements de Vichy à rejoindre Alger. La rivalité entre le général de Gaulle et le général Giraud impose pendant quelque temps une dualité entre les services spéciaux :

  • BRAL, bureau de renseignements et d'action de Londres (ex-BCRA), dirigé par André Dewavrin,
  • BRAA, bureau de renseignements et d'action d’Alger, dirigé par le colonel Louis Rivet et le commandant Paul Paillole, giraudistes.

En octobre 1943, la fusion est réalisée, et l'ensemble prend le nom de Direction Générale des Services Secrets (DGSS), et sa direction est confiée à Jacques Soustelle, ancien Commissaire à l'information.

[modifier] Histoire

En juillet 1940, après la défaite des armées françaises, les Allemands sont maîtres des côtes françaises de l'Espagne à la Belgique. Dans le but de contrer un éventuel débarquement en Angleterre, Churchill demande à l'Intelligence Service de mettre sur pied avec le général de Gaulle un réseau de renseignements composé d'hommes de la France libre. André Dewavrin, dit le colonel Passy, du 2e Bureau, a la charge de créer ce réseau, dont le but premier est d'informer Londres des manœuvres militaires allemandes tout au long des côtes Atlantique et de la Manche. C'est donc dans la plus grande urgence que naît le BCRA.

Des Français libres, dont une majorité de volontaires ayant pu rallier le Royaume-Uni au lendemain de la débâcle, sont envoyés en France. De toutes nationalités, ils seront près de 2 000 avant la fin de la guerre. Parmi eux, Gilbert Renault, connu aussi sous le pseudonyme de Rémy, rallie la France occupée en août 1940. Il allait créer le réseau le plus important et l'un des plus actifs : la Confrérie Notre-Dame (CND). Dès 1941, appuyé par de multiples réseaux, le BCRA peut ainsi envoyer du matériel et des parachutistes armés pour réaliser des missions de destruction sur la côte Atlantique.

[modifier] Bibliographie

  • Anthony Cave Brown, La Guerre secrète, Pygmalion Gérard Watelet, 1975. Tome 1, p. 355-356. Tome II, p. 174-178, 180, 298, 381.
  • Claude Faure, Aux Services de la République. Du BCRA à la DGSE, éditions Fayard, 2004.
  • Colonel Passy, Mémoires du chef des services secrets de la France libre, Odile Jacob, 2000
  • Sébastien Albertelli :
    • Le BCRA et ses agents en France, in La France Libre, Fondation de la France Libre, Panazole-Lavauzelle, 2005, p. 123-139 ;
    • articles « Colonel Passy », « BCRA », « Mission Cantinier », in Christine Lévisse-Touzé, François Marcot, Bruno Leroux (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance. Résistance intérieure et France Libre, Paris, Robert Laffont, collection Bouquins, 2006 ;
    • articles « Gilbert Renault, dit Rémy », « André Dewavrin, dit Passy », « BCRA », « André Pélabon », « Marie-Madeleine Fourcade », « Délégation Générale » in Claire Andrieu, Philippe Braud, Guillaume Piketty (dir.), Dictionnaire Charles de Gaulle, Paris, Robert Laffont, collection Bouquins, 2006 ;
    • L’apolitisme, une valeur de la Résistance ? L’exemple du BCRA, in Bernard Garnier, Jean-Luc Leleu, Jean Quellien et Anne Simonin (dir.), Pourquoi résister ? Résister pour quoi faire ?, Caen, Mémorial de Caen, Centre de recherche d'histoire quantitative, collection Seconde Guerre mondiale, n° 6, 2006
    • Le BCRA, service de renseignement de la France libre, in Revue historiques des armées, n° 247, 2/2007 « Le renseignement » ;
    • François Broche, Jean-François Murraciole, Georges Caïtucoli (dir.), La France au combat, Paris, Perrin/SCÉRÉN-CNDP, 2007.
  • Jean-Marc Binot, Bernard Boyer, Nom de code Brutus, Histoire d'un réseau de la France Libre, Fayard 2007

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe

[modifier] Notes

  1. Successivement : André Diethelm, André Philip, Emmanuel d'Astier de la Vigerie.
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