Crise d'octobre

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En octobre 1970, le Québec connaît la plus grande crise politique de son histoire moderne : la Crise d'octobre. Un groupe armé, le Front de libération du Québec (FLQ), enlève l’attaché commercial de Grande-Bretagne, James Richard Cross le 5 octobre 1970, et le ministre du Travail québécois, Pierre Laporte, 5 jours plus tard. La Loi des mesures de guerre est invoquée par le premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau. Les libertés individuelles sont suspendues, des centaines de militants indépendantistes sont arrêtés et envoyés en prison sans mandat et sans être accusés de quoi que ce soit. James Cross s’en tire sain et sauf, mais Pierre Laporte est retrouvé mort à Saint-Hubert dans le coffre d’une voiture.

Rappelons que pendant cette période, le gouvernement fédéral refusait de faire la distinction entre le groupuscule de séparatistes extrémistes et les souverainistes optant pour la voie référendaire et démocratique. Ainsi, la Gendarmerie royale du Canada, sous les ordres du Premier ministre Trudeau, a espionné illégalement à maintes reprises le mouvement souverainiste, notamment en s'introduisant par effraction dans les bureaux du Parti Québécois, et en y volant les listes des membres du parti.

[modifier] Facteurs à l'origine de la crise

Conjoncture économique

Le Québec, vers la fin des années 1960, n'est pas en bonne posture économique. Le taux de chômage atteint des sommets, le taux d'inflation est très élevé. L'économie du Québec est en récession dès 1966. Ces facteurs entretiennent un mouvement contestataire important, qui finit par s'élargir en mécontentement général de la population.

Question nationale

Dans la foulée de la Révolution tranquille, les Québécois prennent conscience de leur existence et de leur valeur en tant que peuple. Dominés depuis plusieurs siècles par le clergé catholique et la minorité anglophone, ils ressentent l'appel au changement et la contestation s'étend. Un mouvement nationaliste se crée peu à peu et se rassemble sous l'égide du mouvement radical du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN), dirigé par Pierre Bourgault. Le 14 octobre 1967, René Lévesque démissionne du Parti libéral du Québec à cause de ses convictions jugées trop nationalistes pour fonder le Parti québécois l'année suivante, le 12 octobre 1968. Jugeant que la situation politique est dans une impasse, le Front de libération du Québec décide, le 5 octobre 1970, d'enlever le diplomate britannique James Richard Cross.

[modifier] Chronologie

  • 17 janvier 1970
Robert Bourassa devient chef du Parti libéral du Québec.
  • 29 avril 1970
Élection de Robert Bourassa (72 sièges). L’Union nationale récolte 17 sièges, le Crédit social 12 sièges, tandis que le Parti québécois ne récoltera que 7 sièges.
  • 5 octobre 1970
Les membres de la cellule Libération du FLQ kidnappent le diplomate britannique James Richard Cross. Jacques Lanctôt, Marc Carbonneau, Louise Cossette-Trudel, Jacques Cossette-Trudel, Nigel Barry Hamer, ainsi que Yves Langlois font partie de cette cellule.
  • 6 octobre 1970
Mitchell Sharp, secrétaire d'État aux affaires extérieures du Canada, refuse de céder aux conditions du FLQ pour la libération du diplomate:
  • la libération de 23 prisonniers politiques (dont plusieurs militants du FLQ) ;
  • 500 000 $ en or ;
  • la diffusion et la publication du manifeste du FLQ ;
  • la publication des noms des informateurs de la police pour les activités terroristes ;
  • un avion pour amener les kidnappeurs vers Cuba ou l'Algérie ;
  • la cessation de toutes activités de recherche par la police ;
  • le réemploi de 400 ex-employés de l'entreprise Lapalme par Postes Canada à la suite de leur mise à pied.
« Je suis confiant que ces criminels seront appréhendés et que le diplomate sera relâché. C’est ce à quoi nous nous affairons. » (Mitchell Sharp)
  • 7 octobre 1970
Lecture du Manifeste du FLQ à la radio de CKAC.
  • 8 octobre 1970
Lecture du Manifeste du FLQ à la télévision de Radio-Canada.
  • 10 octobre 1970
18 h 00 : le ministre de la Justice, Jérôme Choquette, déclare en conférence de presse que le gouvernement refuse toute négociation avec le FLQ.
18 h 18 : le FLQ, par le biais de la cellule Chénier, composée de Paul Rose,Jacques Rose, Francis Simard et Bernard Lortie, kidnappe le ministre du Travail et de la main-d’œuvre du Québec, Pierre Laporte.
  • 11 octobre 1970
Robert Bourassa laisse entendre qu’il est prêt à négocier avec le FLQ.
  • Nuit du 15 au 16 octobre 1970
À la demande de Robert Bourassa, Pierre Elliott Trudeau décrète la Loi des mesures de guerre.
  • 16 octobre 1970
État de siège : les droits civils sont suspendus, l’armée canadienne assure le contrôle du Québec et procède à au moins 457 arrestations de citoyens considérés suspects parce qu'indépendantistes (comédiens, chanteurs, poètes, écrivains, journalistes, syndicalistes, militants, etc.). L’armée canadienne occupe le Québec.
  • 17 octobre 1970
Découverte du cadavre du ministre Pierre Laporte, une version de l'histoire parle d'un assassinat, une autre version parle d'une mort accidentelle dans sa tentative d'évasion.
  • Décembre 1970
Négociation entre le Gouvernement du Canada et les membres du FLQ pour la libération de James Richard Cross. Le gouvernement accepte d'exiler à Cuba, avec l'accord de Fidel Castro, les cinq terroristes ayant enlevé le diplomate.
  • 29 mars 1971
Assassinat de Mario Bachand, faussement imputé au FLQ.
  • 11 mai 1971
Dépôt à la Chambre des communes d’une déclaration du premier ministre Pierre Elliott Trudeau à son homologue québécois Robert Bourassa, disant que le gouvernement fédéral n’hésiterait pas à promulguer de nouveau la loi des mesures de guerre, si nécessaire.