Cotte de mailles annulaire

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Cotte de mailles exposée au château de Chillon
Cotte de mailles exposée au château de Chillon

Une cotte de mailles annulaire est un assemblage d'anneaux (de fer ou d'acier de bronze ou d’un autre métal) s’entrelaçant pour former un vêtement défensif. Une telle défense est relativement efficace contre les coups taillants (coupures), mais elle ne répartit pas les pressions (sensible au chocs) et est sensible aux coups d’estoc (perforation). On renforçait souvent les cottes de mailles en les portant sur une jaque légère (gambison, subarmalis, etc.) qui protégeait des chocs, et en ajoutant des protections pour protéger des chocs et des perforations (macles (mailles plates), plates (grandes macles), cuirasse, etc.). Suivant les formes et les époques les cottes de mailles ont pris différents noms :

Les défenses dédiées à des parties bien particulières du corps portaient des noms spécifiques :

entre le XIIe et le milieu du XIIIe siècles les objets en maille annulaire furent aussi dit comme jaseran(jazeran). À partir de cette période, le mot jaseran a, progressivement, désigné des objets fait en maille plates relié par des mailles annulaires. Les qualificatif de tresli (tressé, entremêlé) et d'haubergerie (constituant les hauberts, en opposition aux mailles plates des broignes) ont aussi servi à nommer les mailles annulaires. Le terme annulaire est en fait un qualificatif "moderne".

Sommaire

[modifier] Histoire européenne

D'origine celte, les cottes de mailles (lorica hamata) furent adoptées par les armées de la ligue latine (qui devinrent les armées romaines) après la prise de Rome par des troupes celtes (environ 350 avant J.-C.). Ce sera le harnois le plus utilisé par les armées de la ligue latine, puis de la république puis de l'empire romain. Elle commencera à disparaître au VIe siècle suite aux réformes des fabricae (fabrication des armes en fabrique et non plus par les légions afin de réduire les coûts de production dans le cadre d'une crise monétaire très grave).

Elles furent donc progressivement délaissées au profit des broignes, tout du moins en Europe ‘’’occidentale’’’ (pas dans l’empire Byzantin). À partir du XIe siècle, (après la 1re croisade) les cottes de mailles furent de nouveau très utilisées dans l'Europe occidentale. Toutefois, elles n'eurent plus jamais leur prééminence comme du temps des Romains. Au XVe siècle, les défenses corporelles disparurent progressivement. Seules survécurent des cuireries légères (la forme la plus simple des jaques), des cottes de mailles légères (jusqu'au XVIe siècle inclus) et bizarrement la cuirasse ou plus simplement le plastron de cuirasse (ce qui a donné le régiment de cuirassés).

[modifier] Fabrication

La taille des anneaux était généralement comprise entre 5 et 10 millimètres de diamètre. Plus la taille était petite, meilleure était la résistance de la cotte. Le fer deviendra le métal de base pour la fabrication des cottes de mailles. Le bronze était moins solide, l'acier plus cher et les autres métaux (aux époques considérées) inaptes.



Différentes manières de fermer une maille annulaire :

  • 1 et 2 : Rivet. Le rivet peut être placé dans le plan de l’anneau (2) ou perpendiculaire à ce plan (1). La méthode (2) est plus complexe à réaliser, mais est plus solide. Elle est aussi dite à grain d’orge.
  • 3 : La maille est fermée uniquement par son élasticité (exactement comme certains anneaux de porte-clés actuels).
  • 4 : Certaines mailles de fort diamètre ont parfois été fermées par une ligature réalisée à l’aiguille. Ce système pose 2 problèmes. La fermeture de l’anneau est fragile. L’anneau est large donc la cotte de mailles est moins solide.
  • D’autres systèmes encore moins courants ont existé (par exemple la soudure ou, pire encore, l'absence de femeture).


Le système à grain d’orge (2) a été le plus couramment utilisé (rapport solidité, difficulté et prix avantageux).
L'assemblage des anneaux a aussi varié suivant les époques. Ils pouvaient être martelés ou rivetés. Il existe également divers motifs d'assemblage de la maille. Les plus courants sont les motifs dit 4 en 1 (ceci signifie que chaque anneau passe dans quatre autres anneaux) ou 6 en 1 mais ils sont loin d'être les seuls. Bien entendu, plus l'anneau passe dans d'autres anneaux, plus la cotte de mailles voit sa résistance augmentée ainsi que son poids, tout en devenant plus rigide.

Maille 6 en 1
Maille 6 en 1
Motif d'assemblage dit 6 en 1
Motif d'assemblage dit 6 en 1


Assemblage 6 en 1 : Chaque anneau passe dans 3 anneaux à sa droite et dans 3 anneaux à sa gauche. Les anneaux ne sont pas reliés verticalement.

Motif d'assemblage dit 4 en 1
Motif d'assemblage dit 4 en 1
Maille romaine, 4 en 1, aussi appelée maille européenne
Maille romaine, 4 en 1, aussi appelée maille européenne


Assemblage 4 en 1 : Chaque anneau passe dans 2 anneaux à sa droite et dans 2 anneaux à sa gauche. Les anneaux ne sont pas reliés verticalement.

Motif d'assemblage dit maille normande
Motif d'assemblage dit maille normande


Assemblage 4 en 1 dit « maille normande » Le nom japonais de cette maille serait so gusari, ou seiro gusari lorsque chaque maille est doublé. Ce type de maille s'accommode particulièrement bien d'un montage comprenant 2 types de mailles différentes. Les mailles posées à plat pouvant être circulaire, et les mailles verticale les reliants pouvant être ovale et plus petites. Un tel mélange dans les types de mailles permet de limiter l'encombrement du tissu de maille (moindre épaisseur).

Motif d'assemblage dit maille normande
Motif d'assemblage dit maille normande


Assemblage 6 en 1 dit « en quinconce » aussi nommé maille japonaise : les noms japonais de la maille en quinconce serait asa no ha gusari ou hana gusari. comme pour la maille normande, les montages utilisant de 2 types de mailles sont les plus courant. Ce type de maille ne semble pas avoir été utilisé en Europe (orientale ou occidentale) dans le Proche-Orient ou au Maghreb. Elle semble très connu en Asie (Chine, Japon, Inde, etc.). Plus complexe que la maille normande, elle aurait toutefois été moins utilisé.


Cotte de maille japonaise.
Cotte de maille japonaise.
Construction de « cotte de mailles » Japonaise[1]

Le Japon, tout comme la Chine, a utilisé bien plus de type de maille que l'Europe ou le Proche-Orient. Certaine particularité sont surprenante aux yeux des Européens. Les anneaux n'étaient pas fermés (soudure, rivetage), les bords étaient juste "aboutés" et ne tenaient en place que par la rigidité de la maille. Les mailles étaient systématiquement protégés de l'oxydation (laque, patine de surface, autre ?). Des structures plus simples et légères que les mailles Européenne, ou proche Asiatique, étaient quasiment systématiques. De nombreux types de tissus de mailles, tant annulaire que jaseran, étaient ajourés. Ces "troues" dans la structure du tissu le rendait inapte à se soutenir de lui-même. En fait, les cottes de mailles, au sens propre, semblent avoir été très rare. L'usage courant était de coudre un « tissu de maille »" sur un vêtement sous jasant. De tel protections s'apparentait plus à des broignes qu'à cottes de mailles. Ce type de défense privilégiait la souplesse, la liberté de mouvements, la simplicité de réparations, mais faisait l'impasse sur une solidité plus grandes, et sur une défense « continue » présence de large « trous » dans le tissu de maille).

Toutefois, les mailles 4:1 « classique » (nanban gusari) semblent être devenu courante à partir de la période Azuchi Momoyama (1573 à 1603).


Inde

L'Inde est intéressante du point de vue des armements. Cet ensemble d'états est le lien entre le proche et l'Extrême-Orient. Du coup il bénéficie des traditions et savoirs faire de deux traditions.

Cette maille inhabituelle en est l'exemple. Elle semble avoir été construite à partir d'une seule barrette tordue en forme de huit puis soudé.[2]. C'est l'extrême limite de la maille annulaire et de la maille plate.


Construction, et rivetage, d'une maille annulaire en Europe occidentale à partir du XII° siècle.
Image:Rivetage_Europe_eccidentale_cotte_de_mail.JPG
À partir d'un anneau (1) de fil de fer (ou d'acier), superposer les bords en déformant l'anneau (2).
Aplatir les bords l'un sur l'autre (3) (martelage sur une enclume ? pince ?)
Percer les bords aplatis (poinçonnage). attention le trou devant être rectangulaire, le poinçon doit avoir la bonne forme (4).
Ajouter le "rivet". En fait le rivet est une sorte de cal triangulaire, et non un rivet comme au Proche-Orient, en Europe oriental ou au Maghreb.(5)
Forcer le "rivet" à travers les trous de l'anneau, et mater le "petit côté" du rivet (6) (martelage sur une enclume ? pince ?).
Le pseudo rivet était souvent fait en métal ferreux plutôt qu'en airain, ou en un autre métal "tendre".


Les cottes de mailles annulaire européenne semble avoir été majoritairement été réalisé en fer plutôt qu'en acier. Cependant, des pièces en acier datant du XIVe Siècle existent encore. Outre les tissus de maille réalisé directement en acier, il semble que des tissus de mailles aient pu être cémenté après fabrication. Le livre « Magiae naturalis » (« Natural magick » en anglais)[3]datant du XVIe siècle donne une « recette » pour cémenter une cotte de fer. Cependant, la méthode a pu être connue depuis bien plus longtemps vu que la cémentation de pièces de fer est pratiquée depuis l'antiquité romaine. (Les épées « d'argent », tel la célèbre Tizona du Cid (XIe siècle) sont des épées Cémenté après forgeage. Le traitement de cémentation utilisé leur donnaient des reflets argentés.)


Construction, et rivetage, d'une maille annulaire en Europe orientale, Proche-Orient (et Maghreb  ?).


La grande différence avec l'europe occidentale, aux mêmes périodes, et l'utilisation de rivets (souvent en airain) plutôt que de cal triangulaire tenant lieu de rivet.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Illustrations

[modifier] Références

  1. Quelques types de mailles utilisés au Japons
  2. site Royal armouries (Tour de Londre, fort Nelson etc.), section scientifique

  3. « Magiae naturalis » / « Natural magick » livre datant de 1558 traitant de « magie naturelle » et de « physique » selon les critères de son époque l'époque. L'ouvrage traitait de nombreux sujets dont les métaux. Il donnait de nombreuses recettes, allant des savoir faire éprouvés, aux pire superstition. Il est donc à prendre avec précaution.
    « Magiae naturalis » / « Natural magick » 1658 English Editon 20 livres dont le tome 13 consacré à l'acier. The Thirteenth Book "Of Tempering Steel"
    "How an Habergeon or Coat of Arms is to be tempered."
    Take soft Iron armor of small price, and put it into a pot, strewing upon it the powders above said, cover it, and lute it over, that it have no vent, and make a good fire about it. Then at the time fit, take the pot with Iron pinchers, and striking the pot with a hammer, quench the whole harness, red hot, in the foresaid water. For so it becomes most hard, that it will easily resist the strokes of Poniards. The quantity of the powder is, that if the harness be ten or twelve pounds weight, lay on two pounds and a half of powder, that the powder may stick all over. Wet the armor in water, and roll it in the powder, and lay it in the pot by courses. But, because it is most hard, lest the rings of a coat of mail should be broken, and fly in pieces, there must be strength added to the hardness. Workmen call it a Return. Taking it out of the water, shake it up and down in vinegar, that it may be polished, and the color be made perspicuous. Then make red hot a plate of Iron, and lay part of the coat of mail, or all of it upon the same. When it shows an ash color, workmen call it Berotinum. Cast it again into the water, and that hardness shall have one that will resist all blows. By the mixture of sharp things, Iron is made hard and brittle. But unless strength be added, it will fly in pieces with every blow. Therefore it is needful to learn perfectly how to add strength to it.
    Traduction approximative :
    « Comment un Haubergeon ou un manteau d'armes doit être trempé (Trempé dans le sens « acier trempé »). » Prendre une armure de fer de bas prix, et la mettre dans un pot (creuset), répandre les poudres dont on a parlé au dessus, le couvrir, et le luter (enduire le contact entre le creuset et son couvercle par un enduit qui durcira au feu et fermera hermétiquement le creuset), de façon qu'il ne reste aucun « vent », et chauffer le creuset sur un bon feu. Après un temps approprié, retirer le pot avec la pince de fer, frapper le pot avec un marteau (le lutage ayant sceller le creuset, il faut le briser pour l'ouvrir), refroidir rapidement le harnois entier chauffé au rouge dans l'eau mentionnée ci-dessus (opération de trempe). Pour qu' ainsi il devienne plus dur, il résistera alors facilement aux coups de poignards. La quantité de poudre est, pour un harnois pesant dix à douze livres, de deux livres et demi de poudre, que la poudre peut coller partout. Mouiller l'armure dans l'eau, la rouler dans la poudre, et la mettre dans le pot (by courses ?). Mais, parce qu'il est le plus dur, comme les anneaux du tissu de maille peuvent casser et voler en morceaux il faut ajouter de la résistance à la dureté. Ce que les ouvriers appelle un retour (recuit). En la sortant de l'eau, la secouer de haut en bas dans du vinaigre, pour qu'il puisse être poli, et la couleur soit rendue perspicuous. Chauffer au rouge ardent une plaque du fer, et y étendre une partie du tissu de maille, ou son intégralité. Quand il prend une couleur de cendre, les ouvriers l'appellent Berotinum. Le plonger encore dans l'eau, et sa dureté lui permettra de résister à tous les coups. Par l'union d'éléments aiguisés, le fer est rendu dur et fragile. Mais à moins que de la résistance ne soit ajoutée, il volera en éclat à chaque coup. Par conséquent il est nécessaire d'apprendre parfaitement comment lui ajouterde la résistance.
    Explications:
    À partir de 1500 °C une certaine quantité de carbone peut être dissoute dans le fer. Cette alliage est appelé acier.
    Par conséquence, en enferment un tissu de maille de fer dans un environnement riche en carbone et en le chauffant à une température adéquate il est possible d'aciérer ce tissu de maille. Ce processus est appelé Cémentation. Les additifs nécessaires sont:
    • Du carbone (poudre de charbon de bois, noir animale etc.)
    • Des fondants (produits tel le cilice favorisant la fusion du fer ou, comme le nitrate contenue dans les guanos, qui aide le carbone à diffuser dans le fer ).
    En refroidissant, de manière forcé et rapide, l'acier porté à une température suffisante, on fixe la structure cristalline dans une configuration rendant l'acier plus dure. Ce refroidissement, ou trempe, est obtenue en plongeant la pièce chaude dans un bain liquide (eau, ou de nos jours huile). Cette dureté rend l'acier plus cassant et piège les stresse (tentions interne du métal). Le stresse crée des points de fragilité dans le métal. En chauffant l'acier (de manière moins intensif que pour la cémentation), et en effectuant un refroidissement forcé plus lent que la trempe , le métal est « dé-stresser » et partiellement « détremper ».
    La structure cristalline est modifié et le métal devient moins dure et moins cassant. Cette opération s'appelle le recuit. Dans le cas décrit, le traitement de cémentation est fait en environnements contrôlé (creuset) pour éviter des réactions inopportune du métal. Pour éviter que les résidu des additifs utilisés lors de la cémentation ne s'incruste dans lacier, ou en modifie la texture de surface (effet peau d'orange) il est nécessaire de nettoyer le métal avant le recuit. Pour cela un acide dilué (eau vinaigrée) est souvent nécessaire.