Corridor climatique

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Un « corridor » ou « couloir » climatique est un large corridor biologique destiné à assurer la survie des espèces sauvage en permettant à nouveau leur migration naturelle sur un axe nord-sud ou vers des zones d'altitude ou littorale plus fraiches, afin d'échapper aux effets du réchauffement climatique.

Zones climatiques en Australie ██ équatorial ██ Tropical ██ Subtropical ██ Désert ██ prairie et savane ██ tempérée
Zones climatiques en Australie ██ équatorial ██ Tropical ██ Subtropical ██ Désert ██ prairie et savane ██ tempérée
L'Est du pays est le plus vert, mais aussi le plus construit, habité et fragmenté par les routes et autoroutes
L'Est du pays est le plus vert, mais aussi le plus construit, habité et fragmenté par les routes et autoroutes

La constitution et la protection pérenne d'un premier corridors climatique pancontinental ont été décidées par l'Australie mi-2007 et officiellement annoncées le lundi 09 juillet 2007 .

Sommaire

[modifier] Description

Le couloir climatique transcontinental australien sera long de 2800 kilomètres (1740 miles). Il sera un élément particulier du réseau écologique continental, reliant les principaux habitats naturels du littoral oriental du continent des alpes australiennes (au sud), jusqu'au nord tropical de l'Australie.
Le tracé en a été choisi pour qu’il puisse s’appuyer sur un réseau existant de forêts et de zones végétalisées, mais il reste quelques obstacles physiques et sociopsychologiques à lever.

[modifier] Objectif

Après 5 ans de préparation, ce corridor transcontinental a été approuvé mi 2007 par le Gouvernement fédéral et les états australiens. Il a pour objectif de permettre que les espèces menacées par le réchauffement puissent migrer vers le sud plus frais au gré des saisons et des aléas climatiques, et si nécessaire traverser le continent comme elles auraient naturellement pu le faire en l’absence d’infrastructures humaines fragmentantes.

Objectifs scientifiques : À une telle échelle, cette expérimentation est une première, qui devrait aussi permettre aux scientifiques d’étudier les conditions minimales requises pour que ce type de corridor fonctionne, ainsi que les capacités de résilience écologique de certaines espèces bioindicatrices et de groupements animaux et végétaux, dans le contexte australien. L’Australie bénéficie déjà d’une expérience en matière de corridors biologiques (testés depuis plus d’une dizaine d’année), y compris avec l'objectif de restaurer les sols (humus) et des puits de carbone (exemple).
Les leçons de cette expérience pourraient inspirer d’autres projets ou ajouter une fonction de réponse au choc climatique attendu, pour d’autres projets locaux ou pancontinentaux (Corridor écologique panaméricain, Réseau écologique paneuropéen).

[modifier] Limites et perspectives


Les noyaux de biodiversité et les milieux concernés seront des parc nationaux, forêts d'Etat, et terrains publics (propriétés du gouvernement).
Le réseau pourrait être plus étendu et peut-être plus fonctionnels et efficient avec l’implication de propriétaires privés riverains ou proches du couloir. David Lindenmayer[1] invite les états australiens à signer des accords volontaires avec les propriétaires privés pour augmenter la capacité du couloir climatique. Le CSIRO de son côté invite les responsables et citoyens à prendre d’autres initiatives pour protéger la biodiversité et les climats variés de l’Australie.
On ignore en effet si un seul couloir de ce type peut suffire, et quelle largeur minimale il devrait avoir. (La stratégie paneuropéenne et les théories scientifiques de l'écologie du paysage promeuvent la constitution d’un maillage écologique complexe de réseaux de corridors biologiques plutôt qu’une seule infrastructure de ce type. Mais les réseau écologique sont déjà mal concrétisés à échelle régionale ou nationale.. Aucun n'à en 2007, déjà abouti à une échelle pancontinentale.
L’Australie est aussi un pays très touché par des invasions biologiques induites par de nombreuses introductions d’espèces non autochtones (lapin, étourneau, chameau, fourmis, etc.).
Un des freins à ce type de projet était la crainte qu’un tel couloir soit utilisé par des espèces invasives, mais outre qu’il semble que le réseau routier, ferroviaire, aérien et des canaux leur suffise, une diversité biologique naturelle maintenue grâce à ce corridor « climatique » pourrait être un frein aux invasions biologique. De plus ce risque est à mettre en balance avec le risque de disparition de nombreuses espèces qui ne pourraient pas à nouveau se déplacer normalement pour fuir les zones devenues climatiquement invivables pour elles.

[modifier] Urgence

Les météorologues officiels confirmaient en 2006 que le réchauffement mesuré est tel que les températures des villes les plus fraîches (au sud) augmentent à un rythme équivalent à un déplacement de 100 kilomètres par an vers les villes les plus chaudes du nord. De nombreuses villes sont déjà soumises à des restrictions d’eau et d’arrosage, malgré des moyens accrus de pompage et prospection.

[modifier] Coût

Les communiqués n'ont pas annoncé de coûts, mais précisent que le pays s'attend à une période de sécheresse d'au moins 10 ans, qui devrait affecter les revenus économiques du pays d'au moins 1%.

[modifier] Contexte

La décision de mettre en oeuvre ce corridor climatique est intervenue alors que l'Australie était critiquée en interne et par une partie de la communauté internationale pour son refus de signer le Protocole de Kyoto et en raison de l’augmentation continue de ses émissions de gaz à effet de serre.
Ce projet s’appuie sur des projets transcontinentaux datant des années 1990. Mais depuis, les incertitudes éco-climatiques se sont renforcées et leurs effets sont devenus visibles pour les australiens ; l'Australie est déjà le continent le plus sec et il connaît d’importants phénomènes de désertificiation, salinisation et dégradation de sols cultivés. Les climatologues y annoncent une augmentation de la température qui pourrait atteindre 6.7C° d'ici 2080 dans le bush déjà désertifié. La déforestation se poursuit (notamment en Tasmanie), bien que partiellement compensée par des plantations industrielles et parfois, localement, d’intérêt écologique.
L’occurrence et la gravité des incendies augmente jusque dans les zones habitées, le taux d’Ultra violet est trop élevé en raison du « trou » de la couche d’ozone qui est plus grand au dessus de l’antarctique que du pôle nord.

Ce projet est soutenu par diverses ONG et par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

[modifier] Voir aussi :

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

Lire :

  • « L’étude des corridors biologiques en biologie de la conservation », Thèse de Florence NOEL (MNHN)
  • « Aménagements et mesures pour la petite faune » - Guide technique ; (SETRA, 2005)
  • « Fragmentation de l'habitat due aux infrastructures de transport - État de l'art » ; Rapport de la France Ministère de l'Equipement, des transports et du logement - SETRA, 2000]
  • "Fragmentation et connectivité dans les paysages : importance des habitats corridors pour les petits mammifères", PAILLAT Gilles, BUTET Alain, URA 1853 Ecobio, Laboratoire d'Evolution des Systèmes naturels et Modifiés, Université de Rennes I – M.N.H.N., Avenue Général Leclerc, F-35042, Rennes Cedex
  • Arvicola – 1994 - Tome VI – n°2
  • « La trame verte à la reconquête de la biodiversité en Alsace » (Région Alsace)
  • « Projet de réseau écologique départemental de l'Isère » ; Econat/Conseil Général de l'Isère ; 2001).
  • « Prendre en compte les corridors biologiques » (Conseil général de l'Isère ; 2005, téléchargeable.
  • « Nature sans Frontières » (Dossier pédagogique de la FRAPNA ; 2005 (Corridors biologiques ou Campagne pédagogique "Nature sans frontières")


Voir (vidéos)

  • explication des motivations australiennes/interview
  • « Corridors biologiques » (Cassette vidéo, Région Nord Pas-de-Calais, 1999 / (épuisée) et Rapport Ecotone (Direction Environnement)
  • « Les chemins de la vie - Sauvons les corridors biologiques » - Cassette vidéo et exposition du Conseil Général de l'Isère (Service environnement) ; 2003.