Clément Adrien Vincendon-Dumoulin

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Clément Adrien Vincendon-Dumoulin, né le 4 mars 1811 à Chatte (Isère) et mort le 12 mai 1858 à Chevrières (Isère) est un ingénieur hydrographe de la Marine.

Dresse la 1ère carte de la Terre Adélie (1840)
Dresse la 1ère carte de la Terre Adélie (1840)

Entré à l’École polytechnique en 1831, il en sort 33e sur 113, ce qui lui permet de choisir le corps des ingénieurs hydrographes de la Marine ou il est nommé le 6 octobre 1833.

De 1834 à 1836, les périodes de travaux en mer alternent avec les séjours à Paris ; il est à cette époque affecté au relevé régulier des côtes occidentales de France.

Sommaire

[modifier] Embarquement sur l'Astrolabe de Dumont d'Urville (1837-1840)

En 1837 il est recommandé pour embarquer comme hydrographe sur L'Astrolabe de Dumont d'Urville qui s’apprête à repartir pour la 3e fois en Nouvelle-Zélande (L'Astrolabe et La Zélée) ; c’est au cours de cette navigation de plus de 3 ans (juillet 1837 - novembre 1840) que sera découverte la Terre Adélie (Antarctique) (janvier 1840) ; il sera d’ailleurs le premier Français à l’apercevoir, hissé dans la mâture où il n’avait pas craint de monter.

Dresser des cartes des côtes mal connues qui seront longées par L'Astrolabe et La Zélée demeure la mission essentielle de Vincendon-Dumoulin.

Il s’attaquera à un problème spécifique des voyages de découverte : faire le dessin d’une côte sans qu’on y dispose de points préalablement déterminés et sans qu’on puisse y débarquer : le levé sous voiles.

Sa méthode de lever sous voiles est très clairement exposée dans le tome 1 du volume consacré à l’hydrographie dans la publication du voyage, et sera concrétisée par une cartographie aussi abondante que précise ; les constructions graphiques qu’elle propose n’ont pas été remplacées par d’autres plus ingénieuses mais la nécessité de dessiner ainsi une côte rapidement à partir de la mer ne se rencontre plus.

Dumont d'Urville lui témoignera sa satisfaction en nommant cinq îles proches de la Terre Louis-Philippe les « Îles Dumoulin », puis d’autres au large de la terre Adélie (66 degrés de latitude sud).

Jules Verne reconnaîtra son professionnalisme par la bouche du Capitaine Némo en citant dans le chapitre XX de Vingt mille lieues sous les mers « les excellentes cartes du Détroit de Torres levées et dressées par l’ingénieur hydrographe Vincendon Dumoulin et l'enseigne de vaisseau Coupvent- Desbois»

[modifier] Rédaction du Voyage au Pôle Sud et dans l’Océanie (1841-1847)

Au retour de l’expédition en France le 6 novembre 1840, il entreprend de réviser et de compléter les cartes dressées au cours de l’expédition. L’ensemble formera un ensemble de 57 cartes, achevé en 1847, auquel il faut ajouter les dix cartes publiées dans le recueil d’illustration qui porte le titre d’Atlas pittoresque. Parallèlement, il travaille avec Dumont d’Urville et son état-major à la publication du Voyage au Pôle Sud et dans l’Océanie, tâche répartie suivant les spécialités : il s’occupe des volumes traitant de la physique et de l’hydrographie (voir liens externes)

Beautemps-Beaupré fut le rapporteur des travaux d'hydrographie au cours de la séance du 2 novembre 1841. Il fit l'éloge des cartes dressées par son ancien élève et approuva les méthodes de levé sous voiles qu'il a perfectionnées.

Les trois premiers volumes de l’histoire du voyage, rédigés par Dumont d’Urville, viennent d'être publiés, ainsi que le premier volume d’hydrographie, quand survient le décès accidentel de Dumont d’Urville.

Adrien Vincendon-Dumoulin sera désigné pour conduire le deuil et pour prononcer un éloge funèbre au nom de tous ses compagnons de l’Astrolabe et de la Zélée. Un autre honneur, lourd celui-là de beaucoup de difficultés à venir, lui échoit : poursuivre à la place du chef disparu la publication du Voyage au Pôle Sud et dans l’Océanie. Le capitaine de vaisseau Jacquinot qui fut commandant de La Zélée revendique l'honneur de "la direction supérieure" mais la cheville ouvrière sera notre hydrographe auquel on adjoint bientôt Desgraz, le secrétaire de L’Astrolabe (voir liens externes)

La contribution de ce dernier est précieuse pour déchiffrer les manuscrits laissés par Dumont d'Urville: illisibles de nos jours, ils devaient déjà poser quelques problèmes à l'époque La rédaction des volumes du Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie dont il était chargé est terminée. Le deuxième volume d'Hydrographie dont la sortie sera retardée jusqu’en 1851 est prêt. La gravure des cartes de l'Atlas est achevée (voir liens externes)

[modifier] Autres campagnes Hydrographiques (1848-1855)

Vincendon Dumoulin est donc disponible et il se trouve désigné pour une courte mission en Hollande par décision du 27 décembre 1847. Les hydrographes hollandais ont accumulé beaucoup de travaux originaux relatifs à la Guyane, aux cartes du Jutland et de la Mer du Nord susceptibles de compléter nos cartes de l'hydrographie française. Ils ont aussi des travaux relatifs au grand archipel d'Asie demeurés inédits dans le souci de détourner les marines étrangères des Indes néerlandaises. Le directeur du Dépôt de La Haye, M. de Tindal, offre la possibilité de profiter de cette documentation et il faut saisir cette opportunité. Vincendon Dumoulin examine, sélectionne, fait entreprendre des copies sur place des documents manuscrits achète les cartes imprimées. Il est très probable aussi qu'il fit profiter les Hollandais de sa connaissance de ces régions, à titre de réciprocité. A son retour en France dans les premiers jours de mars 1848, Vincendon Dumoulin trouve de profonds changements. La Deuxième République vient d’être proclamée. Son père est mort le 29 janvier. A partir de ce moment. les liens déjà étroits qu'il avait avec sa famille vont encore se resserrer et surtout il va s'installer dans une résidence dont il venait d’hériter en Dauphiné, près du village de Chevrières.

Vincendon-Dumoulin fit le premier calcul de l'inclinaison magnétique le 23 Janvier 1838.
Vincendon-Dumoulin fit le premier calcul de l'inclinaison magnétique le 23 Janvier 1838.

En 1849 et en 1851, il passe à Chevrières des congés de trois mois qu'il a obtenus pour traiter des affaires familiales. A cette époque, le directeur du Dépôt accordait avec assez de libéralité des congés de cette sorte aux ingénieurs dont le zèle n'était pas à démontrer pourvu que cela ne retardât pas les travaux dont ils étaient chargés. Vincendon Dumoulin, ingénieur de 2ème classe depuis le 15 juillet 1848, était de ceux-là. On peut être certain d'ailleurs qu'il poursuivait ses travaux dans sa retraite dauphinoise. Il venait d'entreprendre en effet la publication d'un ouvrage dont le titre à lui seul donne une idée de l'ambition du projet : Portulan général contenant les plans des ports et mouillages du globe. Il avait pour but selon son auteur "de reproduire, sous un format uniforme, les nombreux documents imprimés ou manuscrits que l'Hydrographie possède actuellement sur les ports. Réunir les plans de tous les mouillages connus du globe dans un même corps d'ouvrage d'un prix relativement peu élevé occupant peu de place facile à transporter sur le pont du bâtiment sous les yeux du capitaine au moment de l'atterrissage y joindre les instructions nautiques... . Deux volumes consacrés à l'Atlantique parurent en 1852 et l’expérience devait s'arrêter là mais l'idée était bonne. L'utilité de cette documentation est reconnue de nos jours et des plans de port sont inclus dans la reliure de nos modernes instructions nautiques.

En 1852, une vie professionnelle très active se présente à nouveau pour Vincendon Dumoulin pendant une période de trois ans avec des campagnes de relevé hydrographique sur les côtes Nord du Maroc, la côte Sud d’Espagne et le détroit de Gibraltar. Ce levé fût précédé par des travaux géodésiques remarquables qui permirent de relier les deux côtes dans une même triangulation, dont la base fut mesurée avec la plus grande rigueur sur une plage des environs de Gibraltar. Les sondages furent complétés par des observations de courants, du régime des vents et de la météorologie. L'étude de la marée faite systématiquement sur les côtes espagnoles fut abordée de façon plus sommaire du côté marocain. Cette étude confrontée à l'observation des courants de surface permit de reconnaître que le bassin occidental de la Méditerranée se comportait comme une baie fermée. Lorsque la campagne se termina, en novembre 1855, on avait franchi un grand pas dans la connaissance du détroit de Gibraltar (ces carte resteront en service jusqu'en 1986).

Ce seront ses derniers travaux car il devait être emporté par la maladie peu de temps après.


[modifier] Distinctions


[modifier] Liens externes


[modifier] Sources

  • Bernard Le Guisquet, L’ingénieur Hydrographe Vincendon-Dumoulin (1811-1858) : un compagnon de Dumont d’Urville.



                    En mémoire de Marie-Christine, puisses tu le rencontrer dans l'Eternité



Catéorie:Polytechnicien