Château de La Ferté-Vidame

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Château de La Ferté-Vidame - État actuel.
Château de La Ferté-Vidame - État actuel.

Le château de La Ferté-Vidame se situait à La Ferté-Vidame (Eure-et-Loir). Il n'en reste qu'une ruine impressionnante ainsi que les communs (« petit château »).

Sommaire

[modifier] Le château des Saint-Simon

Un château est attesté à La Ferté-Vidame dès 985. En 1374, le domaine est acquis par la famille de Vendôme qui fait reconstruire le château. Cette famille détient le titre prestigieux de vidame de Chartres.

C'est ce château qui est acquis le 19 mai 1635 par Claude de Rouvroy, duc de Saint-Simon, favori de Louis XIII.

Le célèbre mémorialiste, Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, logea dans ce château qui a conservé son aspect médiéval de forteresse cantonnée de huit grosses tours, connu par des gouaches de Louis-Nicolas van Blarenberghe peintes vers 1750, conservées au musée de Boston. Il y écrivit la plus grande partie de ses fameux Mémoires. Vers 1718-1719, il fit construire le bâtiment des écuries (actuel « petit château »).

[modifier] Le château de Jean-Joseph de Laborde

Louis de Rouvroy de Saint-Simon meurt en 1755. Le château passe à sa petite-fille, Marie-Chrétienne de Rouvroy de Saint-Simon de Ruffec, épouse de Charles-Maurice de Grimaldi de Monaco, comte de Valentinois. Le 21 juin 1764, celle-ci cède le château et les 900 hectares du domaine au financier Jean-Joseph de Laborde. Celui-ci acquiert, par la même occasion, le titre de vidame de Chartres, attaché à la propriété.

Laborde confie à l'architecte Antoine Matthieu Le Carpentier le soin de reconstruire entièrement le château, dont il ne conserve qu'une partie du donjon féodal, mais rendue méconnaissable sous les ajouts. Les travaux, achevés en 1771, ne durent que trois ans, ce qui est court pour édifier un immense bâtiment de trois étages, qui comprenait, dit-on, 167 pièces. Le musée de Dreux en conserve une élévation.

Le bâtiment est construit en briques et pierres, comme les réalisations de la première moitié du XVIIe siècle, mais dans un style original, qui apparaît comme une sorte de sublimation de la grande architecture classique. Le plan dessinait un trapèze très ouvert. Les pièces de réception étaient situées non pas au rez-de-chaussée, comme dans la plupart des maisons de campagne, mais au premier étage. Le pavillon central et les deux pavillons situés à l'extrémité des deux ailes étaient couverts de toits en domes carrés. Sur le jardin, la saillie ovale du corps central était manifestement inspirée du château de Vaux-le-Vicomte. Elle renfermait un salon ovale édifié sur deux niveaux et surmonté d'une coupole à laquelle répondaient les coupoles plus basses coiffant les pavillons latéraux. Les anciennes douves avaient été transformées en fossés gazonnés.

Laborde dépensa à La Ferté-Vidame la somme insensée de 14 millions de livres. Il y reçut Louis XV le futur Joseph II d'Autriche et le duc de Choiseul.

[modifier] Le château après Laborde

En 1783, Louis XVI contraint le duc de Penthièvre à lui céder son château de Rambouillet. En contrepartie, Penthièvre, qui possède déjà de vastes domaines en Normandie et dans le Perche, exige La Ferté-Vidame, que Laborde est contraint de lui vendre le 4 janvier 1784 pour 5 500 000 livres. Laborde ne conserve que le titre de vidame de Chartres, les meubles et objets d'art et les statues du parc, dont le duc de Penthièvre ne veut pas.

A la mort du duc de Penthièvre en 1793, le domaine passe à sa fille, la duchesse d'Orléans. Mais, celle-ci ayant émigré, ses biens sont confisqués. Déjà saccagé par des pillards, le château de La Ferté-Vidame est vendu le 27 mars 1798 au sieur Cardot-Villers qui, fortement endetté, récupère tous les matériaux qui peuvent l'être et saccage la forêt en abattant 31 000 arbres. Ne parvenant pas à payer le prix de son acquisition, il est déchu de ses droits. Le domaine est remis en vente en juin 1803, mais il ne trouve pas preneur et reste dans le domaine de l'État.

A la Restauration, il est restitué à la duchesse d'Orléans. Lorsque celle-ci meurt, en 1826, le domaine passé à son fils aîné Louis-Philippe, futur roi des Français. Il reconstitue le domaine, fait relever le mur d'enceinte, remettre en état les pièces d'eau, restaurer et agrandir le petit château. Mais la révolution de 1848 interrompt cette restauration.

Les biens de la famille d'Orléans sont confisqués sous Napoléon III. En 1872, les Domaines vendent La Ferté-Vidame au baron Léon de Dordolot, qui s'y livre à sa passion de la chasse à courre. Il le revend en 1879 à un riche agent de change parisien, M. Charles Laurent. Ce dernier s'installe au petit château, agrandit le domaine, entreprend des travaux de restauration. Son fils, Roger Laurent, entretient un équipage de vénerie qui chasse sur le superbe domaine (environ 6000 hectares, dont près de 1000 hectares entourés de murs et formant le parc). La chasse à tir y est aussi une des plus belles de France, où se retrouvent le monde de la finance et celui de la politique¹. En 1913, ses héritiers vendent le château et le parc à la Société Forestière de Bretagne qui exploite la forêt jusqu'en 1921, avant de revendre le domaine à M. Carpentier, industriel à Villers-Cotterêts. Celui-ci le cède en 1923 à Christian Vieljeux, qui en revend la plus grande partie à la Société André Citroën qui y installe son centre d'essais. En 1945, la partie restant est vendue au Ministère de la Justice qui y installe le Révérend Père Courtois, fondateur de l'œuvre Sainte-Marie-Madeleine, de réinsertion sociale de femmes détenues de droit commun. L'œuvre cesse son activité en 1979, au décès de son fondateur. En 1991, l'État cède le château au département d'Eure-et-Loir, qui entreprend des travaux pour le rendre accessible au public.

¹ Maurice de Gasté. L'équipage du marquis de Chambray. Souvenirs de vénerie. Paris, 1921. Réédition Evreux, 2001, p. 41.


[modifier] Liens externes

Liste des châteaux français
par ordre alphabétique
par période
par régions

48°36′29″N 0°53′59″E / 48.60806, 0.89972