Château de Vaux-le-Vicomte

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

48° 33′ 57″ N 2° 42′ 51″ E / 48.5659, 2.7141 Le château de Vaux-le-Vicomte, situé sur le territoire de la commune française de Maincy (Seine-et-Marne), à 50 km au sud est de Paris près de Melun est un château du XVIIe siècle (1658-1661), construit pour le surintendant des finances de Louis XIV, Nicolas Fouquet. Ce dernier fit appel aux meilleurs artistes de l'époque pour bâtir son palais : l'architecte Louis Le Vau, le peintre Charles Le Brun et le paysagiste André Le Nôtre. Leur talent servira à Louis XIV pour la construction de son Château de Versailles après l'arrestation de Fouquet.

Le château est aujourd'hui la plus grosse propriété privée classée au titre des monuments historiques acheté en 1875 par Alfred Sommier grande fortune industrielle française du sucre, chef d'œuvre de l'art français du XVIIe siècle.

Le château de Vaux-le-Vicomte et ses douves
Le château de Vaux-le-Vicomte et ses douves

Sommaire

[modifier] Introduction

[modifier] Nicolas Fouquet

Portrait de Nicolas Fouquet qui fait construire le château entre 1658 et 1661
Portrait de Nicolas Fouquet qui fait construire le château entre 1658 et 1661
Icône de détail Article détaillé : Nicolas Fouquet.

Le père de Nicolas Fouquet, François IV Fouquet, d’origine angevine, vend sa charge de Conseiller au parlement de Paris et achète celle de maître des requêtes. Ce dernier emploi le met au service du cardinal Richelieu et de sa politique. La famille Fouquet s’engage dans la Contre-Réforme, réponse catholique au protestantisme. Le couple a 15 enfants dont 12 survivent.

Parmi eux, Nicolas Fouquet, né en 1615. Il étudie au collège de Clermont à Paris qui est tenu par les jésuites. Il achète une charge de maître des requêtes en 1635. Cinq ans plus tard, il se marie avec Louise Fouché. Son père, un parlementaire fortuné, apporte une forte dot. En 1641, l’épouse de Nicolas Fouquet meurt, laissant une forte somme à son mari. La même année, il achète le domaine de Vaux-le-Vicomte.

En 1650, il acquiert la charge de Procureur général au Parlement de Paris. Les Grands, descendants des anciens seigneurs, et les officiers, dont les parlementaires font partie, s’opposent violemment à l’autorité royale durant la Fronde. Bien qu’il soit un officier, Fouquet reste fidèle au roi et à Mazarin, le successeur de Richelieu. Le 4 février 1651, Fouquet épouse la fille d’un parlementaire fortuné, Marie-Madeleine de Castille. En février 1653, il devient surintendant des finances avec le marquis Abel Servien, en récompense de sa fidélité au roi alors un enfant durant la Fronde. L’année suivante il achète la maison de Saint-Mandé puis, en 1658, Belle-Île-en-Mer. En février 1659, Servien meurt, Fouquet est seul surintendant des finances.

Le 17 août 1661, il reçoit le roi et toute la cour de France pour une fête grandiose de 3000 personnes organisée par son intendant François Vatel pour inaugurer la fin des travaux du château de Vaux-le-Vicomte. Mais, le souverain a pris la décision d’emprisonner Fouquet depuis longtemps, qu'il considère comme trop puissant et trop ambitieux et le fait arrêter quelques semaines après cette fête par D'Artagnan. Il est accusé de vouloir se servir de Belle-Île pour comploter contre le roi, ainsi que de mener trop grand train de vie et d’avoir détourné de l’argent. À l’issue d’un procès de trois ans, Fouquet est condamné et passe 15 ans en prison dans la forteresse de Pignerol en Italie, où il meurt en 1680. Après de nombreuses suppositions sur la véritable identité de « l'Homme au Masque de Fer », plusieurs recherches ont évoqué le fait que Nicolas Fouquet était ce prisonnier.

[modifier] Le site

Quand Fouquet acquiert Vaux-le-Vicomte, le domaine se divise en deux parties : un château et une ferme.

  • Le château est entouré de murs et de fossés remplis d’eau vive. Il est relié au chemin reliant Vaux-le-Pénil à Sivry-Courtry par un pont-levis.
  • La ferme est située derrière le logis, à laquelle elle est reliée par un autre pont-levis. Elle se compose de deux parties :
    • dans la partie Nord se trouvent un pressoir, une écurie et une étable;
    • la partie Sud comprend le corps de logis, une grange et une bergerie.

La ferme et le château ne sont pas situés à l’emplacement exact de l’actuel château. Le territoire où sera construit Vaux-le-Vicomte est traversé par deux rivières qui se coupent à angle droit. L’une d’elles est l’Anqueil dont le lit se trouve à l’emplacement de l’actuel Grand Canal. Le terrain était peu boisé, contrairement à aujourd’hui.

[modifier] Les étapes du chantier

La construction progresse rapidement, mais elle nécessite la destruction de plusieurs maisons et l'arasement des collines. De 1653 à 1654, les premiers travaux d'adduction d'eau sont réalisés dans le parc ainsi que l'allongement du grand parterre. En 1655, le parc est entièrement clôturé. Le petit canal, les fontaines, quelques parterres de fleurs et la grande allée en terrasse sont réalisés dans le parc du château. En 1656, l'architecte Daniel Gittard achève les fondations du château. Le 2 août 1656, le marché est conclu sur les plans du château.

Vaux-le-Vicomte est construit en pierre blanche de Creil tandis que les dépendances et les communs sont aménagés en brique. Le Maitre-maçon est Michel Villedo[1], la maçonnerie du château est terminée et la charpente est posée en 1657. La toiture sera achevée en 1658. Dès lors, l'aménagement intérieur peut commencer.

Dès septembre 1658, le peintre Charles Le Brun s'installe dans le château. Celui-ci reçoit la visite du cardinal Mazarin le 25 juin 1659, de Louis XIV, de Monsieur Philippe de France son frère et de la Reine mère Anne d'Autriche le 14 juillet. Le 10 juillet 1660, le roi et son épouse la reine Marie-Thérèse d'Autriche s'y arrêtent. Le maître des lieux aimait recevoir les plus grands esprits de son temps tels que Madeleine de Scudéry, Paul Pélisson ou Jean de La Fontaine. Le 12 juillet 1661, Fouquet donne une fête en l'honneur de la reine mère d'Angleterre Henriette de France et, le 17 août, une autre en l'honneur de Louis XIV.

Cette fête organisée par François Vatel fut d'une grande splendeur : des spectacles utilisant les techniques les plus avancées du moment, des représentations de pièces de théâtre (dont Les Fâcheux de Molière) et des feux d'artifices, furent notamment au programme de réjouissances. Toutes ces fastueuses festivités rendirent cependant Louis XIV encore plus jaloux et suspicieux. C'est après cette fête, le 5 septembre, que le roi ordonne son arrestation. L'emprisonnement de Fouquet ne peut néanmoins pas être imputé à cette seule fête, cette décision ayant été prise plusieurs mois auparavant.

[modifier] Le château

[modifier] Organisation générale

Entrée et fossés de Vaux-le-Vicomte (nord)
Entrée et fossés de Vaux-le-Vicomte (nord)
Façade sud du château de Vaux-le-Vicomte
Façade sud du château de Vaux-le-Vicomte

Le château est situé sur une plateforme rectangulaire entourée de fossés remplis d’eau. Il occupe la partie Sud de cette plateforme. Deux pont-levis reliaient le logis au reste du jardin. Les ailes n’existent presque pas, ce type d’architecture ayant disparu au cours de la première moitié du XVIIe siècle. Le château comporte un corps central avec trois avant-corps côté cour et une rotonde côté jardin. Il y a 4 pavillons, 2 de forme rectangulaire côté jardin, et 2 autres de forme carrée côté cour. Vus latéralement, ils semblent pourtant jumeaux, ce qui constitue une tradition de l’architecture française. Le caractère ouvert du bâtiment et le plan massé sont caractéristiques de l’époque.

Il y a toutefois une innovation. En effet, le château français comporte habituellement une seule suite de pièces allant d’une extrémité à l’autre du bâtiment (corps simple). À Vaux-le-Vicomte, l'architecte a fait preuve d'innovation en organisant l'espace intérieur par une double enfilade de pièces parallèles avec des portes alignées (corps double). Ce type d’organisation d’un bâtiment a déjà été employé par Louis Le Vau à l’hôtel Tambonneau en 1640 et par François Mansart à l’hôtel de Jars en 1648, mais ce n’est qu’avec Vaux-le-Vicomte qu’il commence d’être appliqué à un château. La rotonde (salon) qui ne comprend qu’une seule pièce est une autre originalité. L’ensemble formé par le vestibule et le salon forme une tranchée centrale autour de laquelle gravitent 2 parties autonomes ayant chacune un escalier. Dans le rez-de-chaussée, côté jardin se trouvent deux appartements, l’un destiné au roi, à gauche, et l’autre à Nicolas Fouquet, à droite. Les pièces du rez-de-chaussée côté cour sont, en 1661, des chambres complétant les deux appartements côté jardin. S’y trouve une pièce servant de salle à manger, une pièce apparue en France au milieu du XVIIe siècle. Toutefois, Le Vau n’a pas su exploiter l’innovation que constituait le corps double, car il ne semble pas trouver de destination convaincante aux pièces du rez-de-chaussée côté cour.

Le sous-sol est en partie enterré, ce qui permet la mise en place d’un plan massé. Un couloir longitudinal traverse le sous-sol, composé de cuisines, d’offices et de chambres d’officiers. La cuisine est à l’opposé de la salle à manger, mais communique avec le buffet du rez-de-chaussée grâce au couloir longitudinal. Deux couloirs latéraux sont ajoutés en 1659 sur ordre de Vatel alors maître d’hôtel de Nicolas Fouquet.

Au premier étage se trouve également un couloir longitudinal. À l’endroit qui, au rez-de-chaussée, correspond au vestibule, se trouvait au temps de Nicolas Fouquet une chapelle (côté cour). À gauche se trouvent, côté cour, l’appartement de Fouquet, et côté jardin, celui de son épouse. Ils sont composés d’une antichambre, d’une chambre et d’un cabinet. Actuellement la chambre de Mme Fouquet est divisée en deux pièces : un cabinet Louis XV et une chambre Louis XV. La partie droite du premier étage n'est que sommairement travaillée.

[modifier] Détail

  • Au rez-de-chaussée.
Salon ovale
Salon ovale


Le salon ovale (ou « Grand Salon ») de Vaux-le-Vicomte est une pièce unique dans l'histoire de l'architecture française. Son originalité provient de sa forme ovale, inhabituelle à l'époque pour une salle de réception. Elle s’étend sur deux niveaux et est couverte de voussures, ce qui est caractéristique de l’architecture italienne. Le vaisseau ovale en avant corps que constitue le Salon ovale est une invention française. Il permet d'accueillir les fêtes de Vaux et d'accéder au jardin. Par conséquent, il ne sera jamais meublé. Il mesure 19 mètres de long pour 14 mètres de large et 18 mètres de haut. Le plafond devait être décoré par le palais du Soleil peint par Charles Le Brun, représentant l'astre solaire avec l'emblème de Nicolas Fouquet, l'écureuil. Ce projet ne sera jamais réalisé. La coupole est soutenue par 16 cariatides sculptées par François Girardon. Douze d'entre elles portent les signes du zodiaque et les quatre autres, les symboles des quatre saisons. Le sol est constitué de pierre blanche et d'ardoise avec au centre un cadran solaire. La pièce est décorée de quatre bustes de l'époque de Fouquet représentant des personnages romains : Octavie, sœur d'Auguste, Britannicus, Octavie, épouse de Néron, et Hadrien. Douze autres bustes romains sculptés à Florence au XVIIe siècle ornent la pièce.

La chambre de Nicolas Fouquet
La chambre de Nicolas Fouquet


Les pièces du rez-de-chaussée, côté jardin, sont également à voussures. Le salon d’Hercule, antichambre de l’appartement de Fouquet, comporte un plafond sur lequel est peinte une scène représentant un Hercule accueilli par l’Olympe. Les médaillons et les panneaux ornant la voussure représentent les 12 travaux d’Hercule. Le tout est de Le Brun.

La chambre des muses (chambre de Fouquet) possède un plafond et une voussure de Le Brun représentant le triomphe de la Fidélité, allusion de la fidélité de Nicolas Fouquet au roi durant la Fronde. Huit muses, se répartissent dans les quatre coins de la voussure. Des figures situées entre les muses représentent les genres poétiques. Au milieu des côtés se trouvent les figures de la Noblesse et de la Paix, ainsi qu’une victoire des muses sur les satyres. La voussure évoque le mécénat de Nicolas Fouquet. Les murs sont couverts par un lambris d’appui et par des tapisseries. La pièce comprend également une alcôve avec un plafond de Le Brun représentant la Nuit. Présence d’une cheminée à la romaine qui, contrairement aux cheminées à la Française, ne sort que peu des murs. Le petit cabinet des jeux (cabinet de Fouquet) comporte un plafond de Le Brun représentant le Sommeil. La voussure et le lambris sont ornés d’un décor comportant divers animaux. Une glace, présente dans la pièce, n’est pas d’origine.

Chambre des muses
Chambre des muses


L’antichambre du roi est inachevée. Elle est marquée par l’alternance de peintures et de reliefs : l’ovale central du plafond comprend une peinture du XVIIIe siècle, car le projet de Le Brun, inconnu, n’a pas été réalisé. Au centre des voussures se trouvent quatre peintures : Diane se déchaussant après la chasse, L’Amour et la Foudre, Achille implorant Venus de lui rendre le Bouclier que l’Amour lui à dérobé, L’Amour et un cep de vigne. La bibliothèque date du XVIIIe siècle. Les angles des voussures comportent les chiffres de Fouquet. La chambre du roi est également inachevée. Aux angles de la voussure sont des figures ailées, au plafond se trouve une peinture de La Vérité soutenue par le Temps, et dans les lunettes sont représentées l’Abondance, la Valeur, la Vigilance et la Puissance. Léda, Diane, des cavaliers, et les Parques sont présents dans des médaillons octogonaux. L’alcôve de la chambre n’est pas achevée, car le plafond n’est pas peint. Le cabinet du roi est lui aussi inachevé, le plafond n’étant pas peint.

La salle à manger servait aux repas. Elle comporte un plafond en caisson, caractéristique de l’architecture française. Chaque caisson accueille un tableau. 4 sont dans des compartiments rectangulaires, et représentent Apollon (le feu), Diane (l’air), Flore ou Ceres (la Terre) et des Tritons et naïades (l’eau). Dans les compartiments octogonaux du plafond se trouvent chacune des saisons. Au centre du plafond se situe La Paix ramenant l’abondance, de Charles Le Brun, allusion à la Paix des Pyrénées (1659). Les 8 médailles circulaires ou octogonales au dessus des portes racontent l’histoire d’Io. L’arcade donnant sur le buffet comporte des trophées de la guerre et de la paix. La glace ne date pas de Fouquet. La chambre carrée aurait appartenu à l’appartement de Fouquet. En 1661, six tapisseries faites à partir de cartons de Charles Le Brun pendaient sous un tableau montrant le siège de Fribourg commandé par le Maréchal de Villars.

  • 1er étage.

La chambre de l’appartement de Nicolas Fouquet est la seule pièce du premier étage à avoir conservé son décor d’origine. Les plafonds de la pièce et de l’alcôve sont ornés d’un trompe l’œil en forme de coupole. L’appartement de Mme Fouquet était entièrement composé de glaces et comprenait une antichambre, une chambre et un cabinet. La chambre et l’antichambre ont été entièrement remaniées au XVIIIe siècle. Le cabinet contient au plafond un ovale comportant une peinture représentant le ciel. Le blason de l’épouse de Fouquet apparaît dans les angles.

[modifier] Le parc

[modifier] Histoire

Le paysagiste André Le Nôtre
Le paysagiste André Le Nôtre

En 1653-1654, Nicolas Fouquet charge André Le Nôtre de modifier le jardin préexistant.

Le chantier commence par des travaux d’adduction d’eau et par la canalisation d’une rivière. Le parterre de la couronne est allongé rendant ses différentes parties dissymétriques. En 1655, les trois parterres situés devant le château sont agrandis et remodelés. En 1655-1656, Poussin est appelé pour travailler à la décoration du jardin. Les termes sont en cours de réalisation en Italie. En 1656 débute la construction du château. En 1656-1657, Daniel Gittard poursuit les travaux. Le bassin carré et l’allée centrale sont alors aménagés, tandis que s’achève la construction de la grille d’eau. En 1658-1660, la cascade est construite. Des travaux ont lieu à l’emplacement de l’actuel grand canal, les grottes sont sculptées. En 1660-1661, les termes de la grille d’entrée sont sculptés par les ouvriers du château.

Tout s’arrête suite à l’arrestation du propriétaire le 5 septembre 1661. Durant le procès le domaine n’est pas dégradé. C’est en 1684 que Louis-Nicolas Fouquet, fils de Nicolas Fouquet, reçoit le château par une donation de sa mère. Il poursuit dans les jardins les travaux entrepris par son père. De cette époque datent la plantation de l’avenue menant au domaine, ainsi que celle de l’hémicycle d’entrée, du bosquet de la patte d’oie et d’une grande partie du parc. Le propriétaire décède en 1705. Sa mère vend Vaux-le-Vicomte au Maréchal de Villars.

Sous la famille de Villars, la cour et les parterres de broderie sont couverts de gazon, la cascade et la grille d’eau se dégradent. En 1764, le duc de Praslin rachète le château. Sous la famille Praslin un jardin pittoresque est construit au Nord de l’entrée du château.

En 1810 le duc Charles de Choiseul-Praslin transforme le parc en jardin à l’anglaise : les allées du parc sont rétrécies, les bassins et terrasses sont recouverts de terre, sauf le grand canal, et les parterres sont remplacés par des pelouses aux contours irréguliers.

En 1842 le duc Charles Laure Hugues Théobald et sa femme née Françoise Altéria Rosalba Sébastiani de la Porta entreprennent une première restauration du parc : les parterres, les terrasses et les ouvrages hydrauliques sont remis à jour. Mais le chantier cesse en 1847 après que le 17 août le Duc ait poignardé sa femme dans leur appartement de l'hôtel Sébastiani rue du Faubourg-Saint-Honoré. En 1875 Alfred Sommier, industriel, achète le château. La restauration est effectuée de 1875 à 1893 par l’architecte Gabriel-Hippolyte Destailleur, secondé par Elie Lainé. Les bassins sont restaurés, ainsi que les grottes et les cascades. Des statues sont implantées dans le jardin. Toutefois les parterres sont ignorés et demeurent à l’état de pelouse, les travaux sont gigantesques .

En 1911, Edme Sommier, fils d’Alfred Sommier, charge Alfred Duchêne d’achever la restauration du jardin. Celui-ci restaure les parterres latéraux du logis, les parterres de broderie, le parterre central et le parterre de fleurs. Les travaux du parterre de broderie et du parterre de fleurs ne s’achèvent qu’en 1923. Depuis, les environs du pont de Mont et la terrasse supérieure du parterre de fleurs ont été déboisés pour restaurer les dispositions du XVIIe siècle. Le château est aujourd'hui la propriété du Comte Patrice de Vogüé, qui le reçut en cadeau de mariage de son père Jean de Vogüé, neveu d'Edme Sommier et petit-fils d'Alferd Sommier.

[modifier] Description

Les jardins situés au sud du palais sont remarquables par leurs dimensions et leur style. Les arbres taillés, les bassins, les statues et les allées bien ordonnées en font un jardin à la française. Pour les dessiner, son concepteur, Le Nôtre, utilise les effets d'optique et les lois de la perspective. Le rouge des broderies et des parterres est obtenu en pilant de la brique.

L'arrivée au château se fait par un alignement bilatéral de 257 platanes. Les deux lignes d'arbres sont très proches de la chaussée puisqu'ils sont éloignés de seulement six mètres. Avec la grosseur des fûts des arbres, cela provoque un effet tunnel impressionnant. Cet alignement est long de 1400 mètres ; il est classé monument historique.

Le jardin se compose de trois parties :

  • la première comprend une cour et une avant-cour;
  • la deuxième part du château et s’arrête aux petits canaux;
  • enfin, la troisième partie est constituée de ce qui est situé au-delà des petits canaux.

Le jardin est marqué par une perspective ralentie : plus les éléments du jardin sont éloignés du château, plus ils sont longs ou hauts. Ainsi, le parterre de broderie est trois fois plus petit que le parterre de gazon situé au bout du jardin. De même, le bassin carré est huit fois plus grand que le rond d’eau. Les sculptures proches du château sont trois fois moins hautes que les termes des grottes. Ce procédé permet d’écraser la perspective, de rendre le jardin plus petit qu’il n’est en réalité. Ce procédé est utilisé en France dès les années 1630, mais Le Nôtre l’amplifie.

Vue depuis la grille
Vue depuis la grille
Jardins du château de Vaux-le-Vicomte vus depuis le sommet du château
Jardins du château de Vaux-le-Vicomte vus depuis le sommet du château
Jardins du château de Vaux-le-Vicomte vus depuis le Sud du parc
Jardins du château de Vaux-le-Vicomte vus depuis le Sud du parc

L’avant-cour est séparée de la route par un ensemble fait de grilles et de termes. Deux portails situés sur la grille ne servent pas d’entrée, car c’est par la grille centrale, plus modeste, que l’on peut accéder au parc. La grille est dotée de huit piliers surmontés de bustes à double face de Dieux grecs, de faunes et d’allégories des saisons. Ces sculptures font écho aux termes situés dans la grotte du jardin. Les termes sont utilisés en extérieur à partir de l’antiquité, et placés dans les jardins à partir du XVIe siècle. Actuellement 12 d’entre eux sont au château de Versailles. La clôture permet de bien voir non seulement le château mais aussi, le salon n’était fermé que de grilles, la perspective la traversant qui mène au fond du jardin.

Le jardin qui s’étend à partir du château se compose de terrasses avec des parterres et rien, sauf les cônes végétaux dont la hauteur s’est accrue à la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, ne vient troubler la dominante horizontale du jardin. Les parterres de broderie, qui sont les plus proches du château étaient considérés à l’époque de Fouquet comme l’ornement le plus noble d’un jardin. Sa première utilisation date de 1595 pour le château de Saint-Germain-en-Laye. L’état actuel des broderies est une reconstitution du XXe siècle, plus ou moins fidèle : les rinceaux étaient plus fins, du sable jaune contrastait avec des gravillons de charbon, et les bordures des parterres étaient plus fines. À droite des parterres de broderie se trouve un parterre de fleurs qui se trouve excentré. André Le Nôtre préférait le gazon, moins sujet aux saisons. L’état actuel est récent, le parterre ayant été recouvert de gazon puis fleuris de nouveau. Le parterre de la couronne, à gauche, comporte une couronne dorée située au centre d’un bassin, en hommage au roi dont la chambre du rez-de-chaussée se situe lui aussi dans la partie gauche du parc. Ces deux parterres sont dissymétriques par rapport à l’axe central du jardin.

Au Sud de cet ensemble se trouve un axe transversal. À sa gauche se trouve la grille d’eau, dont le nom provient de jets d’eau en forme de grille. À l’opposé, à la droite de l’axe central, se trouve une vraie grille devant donner sur un potager que Le Nôtre n’eut pas le temps d’achever. Un troisième axe transversal sépare la grotte des jardins. Cette présence d’axes transversaux coupant un axe longitudinal permet à Le Nôtre de conférer un certain dynamisme à la composition du parc, rompant ainsi avec les jardins de la Renaissance, ordonnées avec une symétrie parfaite.

Le château se reflète dans le bassin carré, bien qu’ils soient situés à 500 mètres l’un de l’autre. C’est pour le grand canal que Le Nôtre fait le plus de travaux. Vue du château, la grotte semble être située juste après le grand bassin. Or entre ces deux éléments se trouve le grand canal, long de 875 mètres et large de 35. En effet, Le Nôtre a créé une dénivellation masquant le canal aux yeux du visiteur, pour n’apparaître qu’à son approche.

La grotte située au-delà du grand canal est due au travail de Le Nôtre qui l’a conçue, et de Le Brun qui a dessiné les sculptures. Les grottes sont appréciées depuis la Renaissance. À Vaux-le-Vicomte, l’originalité de la grotte tient au fait que sa façade présente une surface plane, alors que traditionnellement elle a une forme de caverne. Elle présente des éléments traditionnels comme le bossage et les termes, mais ces caractères sont tempérés par leur adaptation au terrain. Face à la grotte se trouvent les cascades, invisibles depuis le château. Ce type d’architecture est récent en France et date de la première moitié du XVIIe siècle. La grotte est en grande partie en pierre brute. Les sculptures furent dessinées par Charles Le Brun et réalisées par Matthieu Lespangnel. Les statues sur les côtés de la grotte représentent le Tibre et l’Anqueil. Huit Atlantes encadrent 7 niches comportent des rochers artificiels. Vue de loin la grotte semble faite en pierres à peine travaillée, et les niches ont l’air d’abriter des sculptures très travaillées. Mais de près, c’est le contraire. La grotte est encadrée d’escaliers, de rampes et de terrasses.

Aux pieds des escaliers se trouvent 4 sculptures datant du XIXe siècle mais qui étaient prévues à l’époque de Nicolas Fouquet. La statue d’Hercule au fond du jardin est récente (fin du XIXe siècle). Elle constitue une allusion à Nicolas Fouquet qui se place ainsi dans la lignée d’un personnage mythologique qui passe pour un bienfaiteur de l’Humanité.

[modifier] Anecdotes

[modifier] Photos


[modifier] Bibliographie

  • Jean-Christian Petitfils, Fouquet, Paris, Perrin, 1998.
  • Jean-Marie Pérouse de Montclos, Vaux-le-Vicomte, Paris, Scala, 1997 (réédité en 2008).
  • Michael Brix, André Le Nôtre, magicien de l’espace, tout commence à Vaux-le-Vicomte, Versailles, Artlys, 2004.
  • Jacques Moulin, « Les jardins de Vaux-le-Vicomte », dans Dossier de l’Art, n° 89, p. 64-69.
  • Pierre-Jacques Arrese, Le Masque de Fer, l'énigme enfin résolue, 1969

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur le château de Vaux-le-Vicomte.

[modifier] Notes et références

  1. Structurae