Catalina de Erauso

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Catalina de Erauso, également connue comme La Monja Alférez (La nonne lieutenant) (1592[1], Saint-Sébastien, Espagne1650, Cuetlaxtla, Nouvelle-Espagne), fut une personnalité semilégendaire d'Espagne et des Amériques espagnoles de la première moitié du XVIIe siècle.

Elle était basque, fille et sœur de soldats de la ville de San Sebastian, destinée à devenir nonne, mais elle abandonne cette voie après une bagarre à l'âge de quinze ans, juste avant de prononcer ses vœux. Elle n'a alors même jamais vu une rue, étant entrée au couvent à l'âge de quatre ans.

Portrait de Catalina de Erauso
Portrait de Catalina de Erauso

Sommaire

[modifier] Départ du couvent

Elle s'habille alors en homme et prend le nom de "Francisco de Loyola", puis quitte San Sebastian pour Valladolid. Depuis là, elle visite Bilbao où elle s'enrôle sur un navire avec l'aide de quelques compatriotes basques. Elle arrive en Amérique espagnole et s'engage comme soldat sous le nom de Alonso Díaz Ramírez de Guzmán. Elle sert sous les ordres de plusieurs capitaines, dont, semble-t-il, son propre frère.

[modifier] Soldat

Elle sert au Chili durant la guerre contre les indiens Araucans. Elle acquiert alors une réputation de soldat courageux, de joueur et de bagarreur. Cette carrière militaire animée culmine par sa promotion au grade de lieutenant, titre qui combiné avec sa jeunesse au couvent lui vaudra le surnom de La nonne lieutenant (La Monja Alférez).

Elle était semble-t-il une duelliste acharnée, responsable de la mort de douzaines d'hommes. Selon son autobiographie, parmi eux, son propre frère qu'elle tua par inadvertance lors d'une altercation nocturne. Elle prétend ne l'avoir pas reconnu avant d'entendre ses cris d'agonie dans la nuit.

[modifier] Commerçant

Elle fait également du commerce, toujours avec des hommes d'affaires basques. Elle continue ses duels et tue indistinctement des soldats, des fonctionnaires ou des officiers de la Couronne espagnole. Elle doit à plusieurs reprises trouver refuge dans des églises, demandant le droit d'asile, pour empêcher les soldats de l'arrêter. Ses origines basques lui permettent toujours de retrouver un emploi, malgré son passé criminel.
Elle rompt à plusieurs reprises des promesses de mariage avec plusieurs femmes.
Bien que condamnée à mort plusieurs fois, elle parvient à fuir le Chili pour ce qui est aujourd'hui l'Argentine, la Bolivie et le Pérou

Après un duel à Cuzco lors duquel elle tue un homme, elle est gravement blessée et confesse son sexe sur ce qu'elle pense être son lit de mort. Elle survit cependant et après une convalescence de quatre mois elle part pour Guamanga. Là-bas, pour échapper à de nouveaux ennuis, elle confesse publiquement son sexe à l'évêque . A son invitation, elle entre alors au couvent et son périple continue des deux côtés de l'océan. En 1620, elle travaille chez l'archevêque de Lima, puis en 1624, elle arrive en Espagne.

Elle se rend à Rome puis dans le reste de l'Italie où elle obtient une notoriété telle qu'elle obtient du Pape Urbain VIII une dispense spéciale l'autorisant à porter des vêtements masculins. Son portait, peint par Francesco Crescenzio sera perdu.

De retour en Espagne, Francisco Pacheco (le beau-père de Velázquez) fait son portrait en 1630.

Elle quitte à nouveau l'Espagne en 1645, cette fois pour la Nouvelle-Espagne avec la flotte de Pedro de Ursua, elle devient conducteur de mules sur la route de Veracruz. Là-bas, elle se fait appeler Antonio de Erauso. Elle meurt à Cuetlaxtla en 1650.

[modifier] Physique

Pedro del Valle la décrit, en 1626, dans une lettre envoyée de Rome à son ami Mario Schipano, el «Peregrino», comme amateur de conversations, grande et forte avec un aspect masculin et une poitrine enfantine grâce à l'application d'un baume italien. Son visage n'est point repoussant, mais marqué par l'âge, ressemblant plus à un eunuque qu'à une femme. Elle s'habille comme un espagnol et porte l'épée comme un soldat plutôt que comme un courtisan.

[modifier] Sexualité

Elle pourrait avoir été un hypospadique hermaphrodite, selon une étude du Dr Nicolás León, et fut considérée à son époque comme un eunuque par certains. Son autobiographie utilise pour elle-même plutôt le genre masculin. Elle fantasmait sur certaines femmes et participait aux fantasmes de certaines.

[modifier] Dans les médias

En 1625, Juan Pérez de Montalván (1602 – 1638) écrivit la pièce Comedia famosa de la monja Alférez. La même année, une "Véritable narration de ces grands faits..." est publiée à Séville, suivie d'une "Seconde narration..." et d'une "Troisième et dernière narration..." au Mexique.

Il existe une autobiographie épurée datant de 1626, dont on retrouve la trace dans un manuscrit datant de 1794. L'édition de 1838 de ce livre est disponible en ligne. Sa vie fut aussi le thème de plusieurs nouvelles et études par le Dr Nicolás León.

Emilio Gómez Muriel réalisa en 1943 un film sur sa vie avec María Félix dans le rôle d'Erauso.
Un film avec Esperanza Roy comme vedette fut réalisé en Espagne en 1987.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Catalina De Erauso, La Nonne soldat, Paris, La Différence, 1991 ; La Nonne Alferez, traduit par José María de Heredia, préface de Florence Delay, éditions Léo Scheer Farrago, 2001.
  • Florence Delay, Catalina, enquête, Paris, Le Seuil "Fiction & Co", 1994.
  • Thomas de Quincey, La nonne militaire d'Espagne, Gallimard, 2001 ISBN 9782070762712.
  • Eduardo Manet, La Conquistadora, Paris, Robert Laffont, 2006.
  • (en) Sherry M. Velasco, The Lieutenant Nun : Transgenderism, Lesbian Desire, and Catalina De Erauso, Austion, University of Texas Press, 2001.
  • (es) "Alférez, La Monja," Enciclopedia de México, v. 1. Mexico City, 1988.
  • (es) Erauso y Pérez de Galarraga, Catalina de sur l'Auñamendi Encyclopedia.

[modifier] Notes

  1. 1592, selon le registre des baptêmes; 1585, selon sa supposée autobiographie (Auñamendi)

[modifier] Liens externes

[modifier] Source

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Catalina de Erauso ».
Autres langues