Carlo Andrea Pozzo di Borgo

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Charle André  Pozzo di BorgoPortrait par Geo Dawe.
Charle André Pozzo di Borgo
Portrait par Geo Dawe.

Charles André, comte Pozzo di Borgo, né à Alata près d'Ajaccio le 8 mars 1764 et mort le 15 février 1842, est un homme politique corse, devenu diplomate russe.

[modifier] Biographie

Issu d'une famille de la noblesse corse, né quatre ans avant que l'île ne devînt possession française, il fut éduqué à Pise et fut associé dans sa jeunesse à Napoléon et Joseph Bonaparte, les deux familles étant à l'époque alliées politiques. Pozzo fut l'un des deux délégués envoyés à l'assemblée nationale pour demander l'incorporation politique de la Corse à la France, et fut par la suite député corse à l'assemblée législative, où il siéga sur les bancs de la droite jusqu'aux évènements d'Août 1792.

À son retour en Corse, il fut chaudement reçu par Pasquale Paoli, mais se trouva en opposition avec les frères Bonaparte, associés au parti jacobin. Sous la nouvelle constitution, Pozzo fut élu procureur-général-syndic, c'est-à-dire chef du gouvernement civil, alors que Paoli commandait l'armée. Avec Paoli, il refusa de se rendre à une convocation à la barre de la Convention. Sa rupture définitive avec les Bonaparte, qui soutenaient activement les autorités révolutionnaires, date de cette époque. Finalement, Pozzo et Paoli acceptèrent l'aide étrangère et, de 1794 à 1796, lors du protectorat anglais sur la Corse, Pozzo fut président du Conseil d'État sous Sir Gilbert Eliott.

Quand Napoléon envoya des troupes pour occuper l'île, Pozzo fut exclu de l'amnistie générale et se réfugia à Rome, mais les autorités françaises demandèrent son expulsion et ordonnèrent son arrestation dans l'Italie du nord. Après un court séjour à Londres, il accompagna Sir Gilbert (devenu Gilbert Eliott, premier Comte de Minto) lors d'une ambassade à Vienne, où il vécut six ans et fut bien reçu dans les cercles politiques. Sa haine de Napoléon domina sa vie : même en tant qu'exilé sans position officielle, il fut reconnu comme un ennemi dangereux. En 1804, par l'influence du Prince Adam Jerzy Czartoryski, il entra au service diplomatique de la Russie et fut employé comme commisssaire auprès des Anglo-Napolitains et, en 1806, auprès de l'armée prussienne. Il fut chargé d'une mission importante à Constantinople en 1807, mais la conclusion de l'alliance entre le Tsar Alexandre Ier de Russie et Napoléon à Tilsitt en juillet interrompit sa carrière, necessitant sa retraite temporaire après la fin de sa mission auprès de la Sublime Porte.

Il retourna à Vienne, mais Napoléon demanda son extradition et Metternich l'expulsa de la capitale. Il trouva refuge à Londres, où il resta jusqu'en 1812, puis fut rappelé par Alexandre. Il chercha à semer la discorde dans la maison Bonaparte et, en mission en Suède, il s'assura de la coopération de Bernadotte contre Napoléon. À l'entrée des alliés dans Paris, il devint commissaire général du gouvernement provisoire. À la restauration de la maison de Bourbon, Pozzo di Borgo devint ambassadeur russe aux Tuileries et tenta de nouer une alliance entre le Duc de Berry et la Grande Duchesse Anna, sœur d'Alexandre. Pozzo assista au Congrès de Vienne et, durant les Cent-Jours, il rejoignit Louis XVIII en Belgique, où il reçut pour consigne de discuter de la situation avec le Duc de Wellington. Le tsar, suivant en cela ses tendances libérales, révait d'accorder un appel au peuple de France sur le sujet de leur gouvernement, mais les suggestions de Pozzo en ce sens rencontrèrent une violente opposition, le duc refusant toute concession à l'égard de ce qu'il considérait comme une rébellion, alors qu'à Saint-Pétersbourg, son attachement à la dynastie Bourbon était considéré comme excessif.

Durant ses premières années de résidence à Paris, Pozzo travailla sans relâche à alléger le fardeau imposé à la France par les alliés et à réduire la durée de l'occupation étrangère. Le gouvernement français lui proposa le portefeuille des affaires étrangères. Il soutint le parti modéré et le ministère du duc de Richelieu, ce qui lui valut la méfiance et l'inimitié de Metternich, qui le tint responsable du renouveau de l'agitation libérale. Son influence aux Tuileries décrut avec l'accession au trône de Charles X, dont les tendances réactionnaires lui étaient depuis toujours désagréables. Mais à la révolution de juillet, quand le tsar Nicolas se montra réticent à reconnaître Louis Philippe, il permit d'éviter des difficultés avec la Russie.

En 1832, il visita St Petersbourg et se rendit l'année suivante à Londres pour renouveler ses relations avec Wellington. Au début de 1835, il fut subitement transféré à l'ambassade de Londres, où il succéda au Prince Lieven. Pozzo était conscient que ce changement était dû aux diverses factions de Saint-Petersbourg, qui le soupçonnaient d'être favorable aux intérêts français. À Londres, sa santé déclina, et il se retira du service en 1839 pour passer le reste de ses jours à Paris. Il fut fait comte et pair de France en 1818.

[modifier] Références

  • Ouvaroff, Stein et Pozzo, Saint-Pétersburg, 1846.
  • Correspondance diplomatique du comte Pozzo di Borgo et du comte de Nesselrode, édité par Charles Pozzo di Borgo, 2 volumes, Paris, 1890-1897.
  • Vicomte A Maggiolo, Corse, France et Russie--Pozzo Di Borgo 1764-1842, Paris, 1890.
  • JBHR Capefigure, Les Diplomates européens, 4 volumes, 1843-1847.
  • Yvon Toussaint, L'Autre Corse - L'homme qui haïssait Napoléon, Fayard, Paris, 2004.