Cahokia

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Cahokia fut l'une des plus grandes cités amérindiennes d'Amérique du Nord près de Saint-Louis. Elle comptait au XIIe siècle quelques 15 000[1] à 30 000 habitants[2]. Le site des Cahokia Mounds, à environ 13 km au nord de Saint-Louis dans le Missouri, représente le plus grand foyer de peuplement précolombien au nord du Mexique. Il a été occupé essentiellement pendant le mississippien (800-1400), période où il couvrait 1 600 hectares et comptait 120 tumulus[3].

Un tertre à Cahokia : Monks Mound
Un tertre à Cahokia : Monks Mound

Sommaire

[modifier] Histoire de Cahokia

[modifier] Emergence de Cahokia

La région de Cahokia reste inoccupée jusqu'au VIe siècle après J.-C.[4] : à partir de ce moment, des Indiens se rassemblent en villages et vivent des produits du jardinage. Ils pratiquent le cabotage sur les cours d'eau. Ils se nourrissent de graines de phalaris roseau puis de maïs à partir du IXe siècle[5]. C'est à cette époque que le peuplement devient plus dense et qu'une société complexe voir le jour. Les greniers à maïs demandent une gestion administrative et relèvent d'une certaine centralisation. Cahokia est dominée par un chef charismatique et une élite religiseuse, qui ordonnent la construction de monuments (les tertres et les tumuli). La population défriche les environs et vont de plus en plus loin pour rapporter du bois. Selon les travaux récents de l'archéologue William Woods, Cahokia aurait dérivé le cours de la Canteen Creek afin de pallier le manque d'eau. Ces grands travaux de canalisation conjugués à la déforestation auraient favorisé des inondations catastrophiques.

[modifier] Une disparition mystérieuse ?

Cahokia fut abandonnée avant l'arrivée des Européens en Amérique. La chute de la cité est difficile à expliquer. Pour certains, les inondations catastrophiques du XIIIe siècle, provoquées par la destruction des forêts environnantes, auraient entraîné la décheance des dirigeants et le déclin de la ville[6]. Les élites auraient fait ériger une immense palissade de trois kilomètres autour du centre monumental[7]. La séparation physique entre l'aristocratie et le peuple se doubla d'une ségrégation sociale : les chefs se faisaient inhumer avec des objets précieux, poteries délicates et bijoux sertis de pierres semi-précieuses ; les prêtres perdirent leur légitimité à protéger la ville des forces surnaturelles. Tout cela entraîna probablement une guerre civile, dont les archéologues ont retrouvé les signes (incendies de maisons). Un séisme aurait également provoqué d'importes destructions au XIIIe siècle, et la cité ne se serait jamais vraiment relevé du cataclysme : au milieu du XIVe siècle, Cahokia avait été quasiment désertée[8].

[modifier] Les recherches des archéologues

Au XIXe siècle, les tumuli restaient mystérieux : certains attribuaient leur construction aux Phéniciens, aux Gallois, aux Scandinaves et même aux Atlantes. Les premières fouilles archéologiques systématiques débutèrent dans les années 1960. Aujourd'hui, William Woods, de l'université du Kansas est l'un des meilleurs spécialistes du site qui est aujourd'hui classé sur la Liste du patrimoine mondial de l'Humanité.

[modifier] Description

[modifier] Le site

On ne connaît pas le nom du lieu donné par les contemporains, car ceux-ci n'utilisait aucun système d'écriture. Le nom « Cahokia » est donc impropre ; il provient de la déformation d'un toponyme employé par un peuple qui vécut après la disparition de la cité.

Le site de Cahokia se trouve à proximité de la confluence de trois cours d'eau : l'Illinois, le Missouri et le Mississippi. Ce secteur est appelé « American Bottom ». Situé sur des terrasses alluviales, le sol y est fertile et argileux. Aujourd'hui, Cahokia se trouve dans la région du Midwest, près de l'agglomération de Saint Louis.

Cahokia fut le principal chef-lieu de la civilisation mississippienne entre 950 à 1250[9]. Il s'étendait sur 12 km²[10].

[modifier] La « ville »

La ville de Cahokia est apparue vers l'an mil de notre ère[11]. Les bâtiments furent progressivement aménagés au sommet d'un tertre (mound en anglais) en terre, haut d'environ 30 mètres et d'une surface finale de 8 hectares[12].

[modifier] Lieux de culte

  • temple des rois divinisés[13].
  • Monks Mound est un tumulus en terre à quatre niveaux ; il fut appelé Monks Mound (le « tertre des moines » en souvenir des moines trappistes qui s'étaient installés aux XVIIIe et XIXe siècles. Monks Mound dominait une place de 350 m de long[14]. Ses fondations reposaient sur une dalle d’argile recouverte de sable de 300 mètres sur 200 mètres, et d'une hauteur de 7 mètres[15].

[modifier] Vie quotidienne à Cahokia

Représentation d'un mound
Représentation d'un mound

Les archéologues ont tenté de reconstituer la vie des habitants de Cahokia à partir des données qu'ils ont pu collecter. Cependant, faute de textes, les spécialistes en sont réduits à émettre des hypothèses, notamment pour expliquer les rites et la religion. Les habitants de Cahokia n'ont pas laissé de témoignages écrits et la cité avait disparu lorsque les premiers Européens ont exploré la région.

Reconstitution d'une tombe d'un chef
Reconstitution d'une tombe d'un chef

Cahokia était peuplée de paysans qui vivaient dans des centaines de maisons en bois, surmontées de toit en chaume[16]. Ils cultivaient les champs de maïs. Une partie de la population devait être affectée à l'entretien des tertres en argile. L'élite se faisait inhumer dans des tumuli avec des perles, des objets en mica, ... Ils étaient accompagnés dans leur dernière demeure par des hommes et des femmes sacrifiés[17].

Du fait de sa situation de confluence et du système de canaux, Cahokia était une place importante pour le commerce : les Amérindiens ne disposaient ni d'animaux de trait, ni de charriots. Ils transportaient leurs marchandises à dos d'homme ou par les cours d'eau. Les spécialistes savent que le Mississippi servait de voie de communication avant l'arrivée des Européens : les Amérindiens le parcouraient à bord de canots d'écorce ; ils transportaient les troncs par flottage. A Cahokia étaient échangés du cuivre, du nacre, de la viande de bison et de wapiti. Le fleuve et ses affluents fournissaient aussi du poisson.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Estimation de C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations …, 2007, p.290
  2. Havard Gilles, Vidal Cécile, Histoire de l'Amérique française, Flammarion, 2003, p.201.
  3. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations …, 2007, p.290
  4. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations …, 2007, p.298
  5. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations …, 2007, p.300
  6. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations..., 2007, p.39
  7. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations …, 2007, p.305
  8. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations …, 2007, p.306
  9. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations …, 2007, p.297
  10. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations …, 2007, p.290
  11. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations..., 2007, p.39
  12. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations..., 2007, p.39
  13. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations..., 2007, p.39
  14. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations …, 2007, p.290
  15. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations..., 2007, p.298
  16. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations …, 2007, p.290
  17. C. C. Mann, 1491. Nouvelles révélations …, 2007, p.300

[modifier] Bibliographie

  • Charles C. Mann, Marina Boraso (trad.), 1491. Nouvelles révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb, Albin Michel, 2007, (ISBN 9782226175922)

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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