Amérindiens aux États-Unis

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Un Amérindien (détail d’un tableau de Benjamin West)
Un Amérindien (détail d’un tableau de Benjamin West)

Le terme Amérindiens désigne les premiers occupants du continent américain et leurs descendants. En 1492, l’explorateur Christophe Colomb pense avoir touché les Indes occidentales alors qu’il vient de débarquer en Amérique. À cause de cette erreur, on continue d’utiliser le mot « Indiens » pour parler des populations du Nouveau Monde. Avec les travaux du cartographe Martin Waldseemüller au début du XVIe siècle, on commence à parler de « continent américain », en l’honneur du navigateur italien Amerigo Vespucci ; ses habitants deviennent les « Indiens d’Amérique » pour les distinguer des populations de l’Inde.

En absence d’appellation qui fasse consensus, on utilise parfois les expressions de « premières nations » ou « premiers peuples ». La formule « Peaux rouges » est ancienne et n’est jamais utilisée aux États-Unis où l’on préfère les expressions Native Americans (Américains d’origine), Native peoples (peuples d’origine), American Indians, First Nations (premières nations), Aboriginal Peoples (peuples aborigènes), American Indians (Indiens d’Amérique), Indigenous Peoples of America (peuples indigènes d’Amérique), Amerindians (Amérindiens) ou encore Amerinds ; mais aucun n’est vraiment satisfaisant en raison de la diversité de ces peuples et parce que ces derniers les rejettent et préfèrent employer leur nom de nation ou de tribu[1].

Carte des principales concentrations amérindiennes aux États-Unis
Carte des principales concentrations amérindiennes aux États-Unis

Sommaire

[modifier] Les Amérindiens à l’époque précolombienne

[modifier] Les sources

L’archéologie permet de retracer une partie de l’histoire amérindienne. Ici, le site anasazi de Chaco Canyon au Nouveau-Mexique
L’archéologie permet de retracer une partie de l’histoire amérindienne. Ici, le site anasazi de Chaco Canyon au Nouveau-Mexique

Retracer le passé des tribus amérindiennes est un véritable défi pour les historiens. En effet, leur culture repose sur la transmission orale. Contrairement aux Mayas ou aux Aztèques, les peuples d’Amérique du Nord n’utilisent aucun système d’écriture à l’époque précolombienne et demeurent par conséquent dans la protohistoire. Influencés par les Européens, certains peuples (Cheyennes, Micmacs, Cris) développent toutefois un système d’écriture syllabaire, de façon tardive.

Pour autant, écrire une histoire des Amérindiens n’est pas totalement impossible. Il faut pour cela croiser les sources archéologiques et artistiques. L’étude des scènes et des calendriers peints sur les peaux d’animaux ou celle des pétroglyphes du Sud-Ouest américain est souvent utilisée par les spécialistes.

L’histoire des peuples amérindiens peut également être en partie reconstituée grâce aux récits des Européens ayant établi les premiers contacts. Missionnaires, explorateurs, officiers, coureurs des bois donnent des informations intéressantes sur les indigènes. Par exemple, le mémorialiste de l’expédition de Pánfilo de Narváez, Álvar Núñez Cabeza de Vaca a consigné ses observations ethnographiques sur les peuples indigènes du golfe du Mexique, publiées en 1555 sous le titre de Naufragios (Naufrages). Ces témoignages sont toutefois d’une nature bien particulière ; ce sont ceux des conquérants qui redoutent les autochtones, les méprisent ou les décrivent comme des sauvages. Certains écrits de captifs, faits prisonniers des Amérindiens à la suite de raids, présentent des informations intéressantes sur les différentes peuples d’Amérique du Nord. Réduits en esclavage, ces prisonniers vivent au sein des tribus, et ont parfois livré des descriptions précieuses pour les anthropologues.

[modifier] Peuplement préhistorique

Flèches préhistoriques indiennes, conservées à Washington
Flèches préhistoriques indiennes, conservées à Washington

Il est généralement admis que l’arrivée des premiers hommes sur le continent américain remonte à la dernière ère glaciaire. À cette époque, le détroit de Béring est pris par les glaces et forme un passage terrestre entre l’Asie et l’Amérique emprunté des populations asiatiques nomades.

La présence humaine est attestée en Alaska vers 20 000 avant J.-C.[2], vers 16  000 avant J.-C. sur la côte est (Pennsylvanie, Virginie, Caroline du Sud) et vers 13 000 avant J.-C. sur le site Clovis (Nouveau-Mexique).

Aujourd’hui, certains spécialistes remettent en cause l’origine uniquement asiatique des premiers occupants de l’Amérique. Ils utilisent les découvertes récentes[3] pour accréditer la thèse d’une migration européenne au Paléolithique supérieur.

[modifier] Cultures disparues

Les différents sites préhistoriques attestent d’abord de l’existence de groupes de chasseurs-cueilleurs nomades. À la faveur d’un réchauffement climatique et d’influences méso-américaines, ces populations se sont sédentarisées et ont développé les premières formes d’agriculture. Les civilisations disparues avant l’arrivée des Européens se répartissent en deux régions principales. L’une se trouve à l’est du Mississippi, où s’épanouissent successivement les Mound Builders, des Adenas, des Hopewells et des civilisations du Mississippi ; l’autre occupe le Sud-Ouest des États-Unis actuels, où se côtoient les Mogollons, les Hohokams et les Anasazis.

Reconstitution d’un tertre des Mound Builders
Reconstitution d’un tertre des Mound Builders

Ces civilisations présentent un haut degré de développement marqué par un certain niveau d’urbanisation (Cahokia[4], Chaco Canyon[5]), une agriculture efficace (irriguée dans le Sud-Ouest), un artisanat raffiné et des lieux de culte monumentaux (tertres en terre des Mound Builders, kivas des Anasazis). Les causes de leur effondrement avant le XVIe siècle demeurent incertaines.

[modifier] Caractéristiques culturelles communes

Les Amérindiens ne connaissent qu’un seul animal domestique avant l’arrivée des Européens : le chien. Il était un compagnon de chasse et de garde. Ils pratiquent également l’élevage de la dinde. Ignorant les techniques de la métallurgie, ils ne disposent pas d’outils en fer et travaillaient la terre au moyen d’instruments agraires simples, en bois et en pierre. Les omoplates de bisons servent à fabriquer des sortes de bêches. Vivant en symbiose avec leur milieu naturel, les Indiens dépendent des conditions climatiques et des ressources naturelles, même s’ils ont su s’adapter aux contraintes. Chaque grand ensemble a ainsi développé une activité de prédilection, avec son savoir-faire propre.

[modifier] Croyances et mythologie

Un Pow wow

Étant donné la grande acculturation des Amérindiens d’aujourd’hui, il est souvent difficile de retrouver leurs croyances originelles. Ils ont été christianisés par les prêtres européens à partir du XVIIe siècle. Cependant, des éléments des croyances indiennes ont subsisté, à l’instar de la situation en Amérique centrale.

S’il existe une diversité dans les rites et les superstitions indiennes, il est néanmoins possible de dégager quelques points communs qui permettent de comprendre leur spiritualité. En premier lieu, les Amérindiens vivent dans le respect de la Nature. Ils sont animistes et font des offrandes à la terre-mère. Les rites et les cérémonies ont pour but de se concilier les forces de la nature, comme la pluie ou le soleil. Ils honorent un Dieu créateur et unique appelé « Le Grand Esprit » auquel ils donnent le nom de « Wacondah » ou de « capitaine du ciel » (Apaches)[6]. Il existe aussi des dieux secondaires ou « Esprits auxiliaires » (par exemple : les esprits du vent, du feu, du tonnerre, ou wakantanka, le dieu de la chasse).

Les pratiques religieuses ne sont pas le monopole d’un clergé à proprement parler : le chaman est chargé de lire et d’interpréter les signes surnaturels par le rêve et la transe qu’il atteint grâce à des jeûnes ou la prise de drogues (peyotl). La frontière entre le monde visible et le monde des esprits n’existe pas et les croyances s’expriment dans tous les moments de la vie quotidienne.

Sur un plan symbolique, chaque animal et élément sacré doit être représenté sous forme de totem ou de signes (cercle, croix, triangle). Chaque clan a le sien : la tortue pour les Iroquois ; l’ours pour les Mohawks, le calumet pour les Cayugas. Ces groupes totémiques sont toutefois bien distincts des tribus.

Les Indiens partagent également des rites communs. Avant les prières ou les grandes cérémonies (départ à la chasse, à la guerre, passage à l'âge adulte), les rites de purification utilisent le tabac et la sauge mais aussi des bains rituels. La danse tient également une place prépondérante au moment des grands rassemblements (les Pow wow). La Danse des Esprits (Ghost Dance) réunit les participants qui répètent des couplets au son des tambours. Leurs incantations peuvent mener à la transe. La Danse du Soleil (Sun Dance) dans les Grandes Plaines a pour but de vénérer l’astre diurne, pendant la période du solstice d’été. Elle est accompagnée de mutilations corporelles volontaires destinées à montrer son courage et à entrer en transe.

[modifier] Organisation sociale et politique

Icône de détail Article détaillé : chaman.

L’organisation sociale varie selon les peuples. Dans le Nord-Ouest, les Amérindiens ont développé une stratification sociale importante, tandis qu’elle est quasi inexistante chez les Navajos, pour lesquels la famille est la base de la société. D’autre part, la notion de propriété privée des terres et des habitations est parfaitement étrangère aux Amérindiens qui ne comprennent pas la mentalité des Blancs. Les travaux dans les champs ou la chasse des grands animaux nécessitent une certaine organisation sociale.

Les femmes ont une place importante dans la vie des tribus. Elles préparent le bison ou les récoltes et elles s’occupent des enfants. Une mère peut avoir suffisamment d’influence pour dissuader son fils de partir à la guerre. Chez les Navajos et les Iroquois, le mode de filiation est matrilinéaires.

Les Indiens se répartissent en tribus, parfois subdivisées en clans et en bandes. Les membres de la tribu partagent un même sang, un même territoire, une même langue et des coutumes similaires. Les tribus se réunissent en conseils (chez les Cheyennes, le conseil des 40 chefs). Le chef de la tribu, parfois appelé sachem, est responsable du bien commun. En période de guerre, les tribus se regroupent en confédérations, mais ces alliances sont la plupart du temps éphémères. Les Amérindiens de l’époque précolombienne n’ont pas de lois écrites mais disposent de normes[7] orales (Gayanashagowa des Iroquois). Les délibérations et les décisions ont lieu autour du feu.

[modifier] La guerre

Pipe-tomahawk
Pipe-tomahawk

Bien que les Amérindiens ne soient pas organisés en États, les guerres entre tribus sont fréquentes. Par exemple, à l’est, les Sénécas (une tribu iroquoise) affrontent régulièrement les Cherokees. Dans les Hautes Plaines, les Sioux massacrent les Mandans et les Apaches s’attaquent fréquemment aux Pueblos dans le Sud-Ouest. Au début du XVIIe siècle, les colonisateurs français prennent part aux attaques des algonquin et des Hurons contre leurs ennemis iroquois. Ces derniers répliquent au milieu du XVIIe siècle et finissent par affaiblir la confédération des Hurons. Les guerriers les plus redoutables sont les Indiens des Plaines.

Tous ces conflits sont des guerres de territoire, d’honneur, de pillage ou de vengeance. Le courage et la bravoure sont des principes fondamentaux chez les Indiens. Le combattant valeureux tient ainsi une place importante au sein de la tribu. Les traités d’alliance sont discutés autour du feu du grand conseil. La paix est annoncée par le calumet, la guerre par la hache. Aucun document n’est signé car la parole d’honneur suffit.

Les cérémonies qui précèdent la bataille consistent en des danses de guerriers en armes. Avant l’attaque, les Indiens lancent leur cri de guerre qui doit effrayer l’ennemi et souder le groupe.

En général, les femmes et les enfants sont épargnés lors des attaques. Certains prisonniers sont adoptés (chez les Iroquois) d’autres sont torturés[8] ou frappés à coups de bâton. Certains guerriers mangent les organes des vaincus[9] ou gardent des trophées (doigts ou scalp). Avant l’arrivée des Européens, les Indiens ne disposent que d’armes rudimentaires : hache, Tomahawk, flèches et arc, massue, couteau...

[modifier] Artisanat et Arts

Peinture sur peau
Peinture sur peau

L’art amérindien est avant tout pictural et décoratif : des signes (idéogrammes) ou pictogrammes sur leurs tentes, leurs boucliers, leurs poteries, leurs masques… et aussi en peintures corporelles. Les œuvres sont le plus souvent très colorées.

L’expression corporelle, la danse et la musique sont des formes artistiques qui accompagnent les rites et les cérémonies religieuses. Une fois encore, les manifestations sont très variées : Gourd Dance (Indiens des Plaines du sud), Ghost Dance, Peyote song (Apaches), waila music (Tohono O'odham)…

L’artisanat dépend du milieu naturel et du mode de vie : les sédentaires fabriquent des objets destinés à garder les récoltes. Les peuples du Sud-Ouest sont réputés pour leur céramique, leur vannerie ainsi que pour leurs tissages géométriques et colorés. Les Indiens des Plaines décorent leurs armes et leurs costumes, peignent sur les peaux de bison, portent des bijoux et des parures raffinées. Les habitants du Nord-Ouest sculptent d’immenses mâts totémiques et des masques dans le bois de thuya. Les peuples du Nord travaillent l’os et la corne.

[modifier] Différences par domaines bioclimatiques

Les spécialistes distinguent habituellement huit aires culturelles principale pour l’Amérique du Nord[10]. Ce découpage permet d’étudier les différences entre les peuples, sans pour autant rendre compte de toute leur diversité. Ces aires sont établies en fonction du milieu naturel, qui conditionne en partie le mode de vie des populations, et de la famille linguistique.

[modifier] Régions sub-arctiques

Dans l’actuel État de l’Alaska, le milieu est défavorable à l’agriculture. Dans le nord de cette région, l’hiver est particulièrement long et rigoureux, le sol est gelé une bonne partie de l’année. La toundra cède la place à la taïga plus au sud, qui donne aux Amérindiens des ressources en bois et en gibier. Ces derniers ont appris à utiliser au mieux les ressources naturelles : en l’absence de récoltes, ils sont nomades et se tournent vers la pêche, la chasse et la cueillette pour survivre. Ils poursuivent le caribou dans les forêts, équipés de raquettes et de luges (les toboggans) qui leur permettent de progresser facilement dans la neige. Ils remontent les cours d’eau au moyen de canoë en écorce de bouleau. Ils récoltent du sirop d'érable. Leurs armes sont rudimentaires : arc, flèches, massue et lance. Les Cris et les Chipewyans se livrent à des guerres fréquentes pour le contrôle des territoires de pêche et de chasse. Ils font des esclaves qui sont troqués contre des matières premières, comme le silex ou le cuivre. Ils habitent dans des wigwams ou des abris semi enterrés, en particulier pendant l’hiver. Chez certains peuples, les personnes âgées étaient abandonnées dans la nature sans nourriture[11]. La majorité des peuples de la zone sub-arctique appartiennent soit à la famille des langues athapascanes, soit à celle des langues algonquiennes.

[modifier] La côte nord-ouest du Pacifique

Mât totémique en Alaska
Mât totémique en Alaska

Dans le Nord-Ouest (État de Washington, Oregon), le climat et les ressources de la mer et des fleuves offrent un milieu propice au développement des Amérindiens. Les communautés y vivent de la pêche aux cétacés et aux phoques ; des nasses et des barrages permettent de capturer des saumons, des truites et des morues. Les tribus Makhas, Haidas, Nootkas ramassent également des coquillages et partent dans les montagnes de l’intérieur pour chasser la chèvre, l’ours et le wapiti.

L’abondance des thuyas est exploitée pour bien des aspects de la vie matérielle : il sert à la construction de barques monoxyles décorées. Le travail du bois (masques), la vannerie et le tissage remplacent aisément la poterie. Les peuples de cette région connaissent une organisation sociale hiérarchisée, à la différence des autres Amérindiens : il existe des groupes qui se distinguent par leur rang (une noblesse, une plèbe et des esclaves) ; le principal dignitaire est un roi héréditaire qui possède la plus belle maison, la plus richement décorée. Les villages sont constitués de grandes maisons de cèdre et de thuya dans lesquelles peuvent loger plusieurs familles. Des mâts totémiques sont dressés devant l’entrée. La culture de ces peuples présente plusieurs caractéristiques originales comme la danse rituelle du chinook, destinée à faire fondre la neige au printemps. La tradition du potlatch montre aussi la richesse et la puissance du donataire (sacrifices d’esclaves)[12].

[modifier] Forêts du Nord-Est

Campement objiwa
Campement objiwa

Les forêts du nord-est couvrent un important territoire allant des Grands Lacs à l’Ohio et de la côte atlantique au Mississippi. Les Amérindiens de cette région partagent en partie le mode de vie des peuples sub-arctiques, mais ils pourchassent un autre gibier (ours, élan, cerf). Leur habitat est divers : les Algonquins, les Micmacs ou les Abenakis vivent dans des wigwams. Plus au sud, les Amérindiens vivent dans de vastes maisons (long houses en anglais) qui pouvaient accueillir entre 10 et 20 familles. Les tribus sédentaires du sud de la Nouvelle-Angleterre construisent des villages protégés par une palissade en bois[13]. Les habitations sont constituées d’une structure en bois recouverte de torchis ou d’écorces. Les habitants du nord-est pratiquent l’agriculture sur les terres qu’ils défrichent mais n’abandonnent pas la chasse et la cueillette pour compléter leur alimentation. La récolte du maïs donne lieu à des cérémonies. Les autres activités sont le commerce et la pêche sur les fleuves, pratiquée grâce à des canoës et des pirogues. Certaines tribus sont fédérées : la ligue des Iroquois est sans doute formée dès le XVIe siècle. La confédération des Creek réunit quelque 50 cités qui disposent chacune d’un chef et d’un conseil. Enfin, les principales familles de langues sont l'iroquois, le sioux et l'algonquien, qui se déclinent en une multitude de dialectes.

[modifier] Les Indiens des Grandes Plaines

Icône de détail Article détaillé : Indiens des Plaines.
Chasse au bison dans les Grandes Plaines
Chasse au bison dans les Grandes Plaines

Les Indiens des Plaines sont les groupes indigènes auxquels on pense d’abord lorsque l’on évoque la Conquête de l'Ouest. Il s’agit ici de reconstituer leur mode de vie avant l’arrivée de l’homme blanc et du cheval. Dans les Grandes Plaines, les Amérindiens chassent le bison depuis des centaines d’années et vivent en semi-nomades. Le bison leur fournit de la viande, de la peau pour les tipis, l’habillement et les sacs, de la toison pour les vêtements et des tendons pour le fil.

Leur habitat est adapté au milieu et au mode de vie nomade : il est en principe léger (wigwam, tipi), décoré de peintures, de trophées de chasse ou encore de scalps. Les Indiens des Plaines se peignent le visage et des parties du corps de signes multicolores. La veste de guerre est sortie au moment des grandes batailles. Pour les cérémonies, les Indiens des Plaines se costument avec de véritables déguisements qui imitent les animaux. Ils aiment se parer de bijoux tels que des colliers, des anneaux et des bracelets en métal ou en coquillage. Une dent d’ours accrochée autour du cou est un signe de courage ou fait office d’amulette. Les guerriers les plus valeureux portent des couronnes faites de plumes d’aigle.

Red Cloud, chef Sioux
Red Cloud, chef Sioux

Les Indiens des Plaines ont des dialectes très différents, si bien qu’ils ne peuvent se comprendre sans l’intermédiaire d’interprètes. Le langage des signes pallie ces barrières linguistiques et les signaux de fumée permettent de communiquer sur de grandes distances. Les Pieds-Noirs parlent une lanque algonquienne ; les Sarcis une langue athapascane ; les Sioux une langue sioux.

[modifier] Les plateaux

Les plateaux du nord-ouest des États-Unis actuels représentent une vaste étendue de moyenne ou haute altitude. Le milieu naturel est dominé par la forêt et des hivers neigeux. Les plateaux sont occupés par diverses tribus telles que les Nez-Percés, les Yakamas ou les Flatheads. Dans la partie orientale, le mode de vie est nomade. Les Indiens sont en contact avec les trappeurs français et canadiens à partir du XVIIe siècle et deviennent au siècle suivant des éleveurs de chevaux. L’expédition Lewis et Clark découvre le mode de vie de ces peuples au début du XIXe siècle. Ces derniers vivent des ressources de la forêt (cerf, ours, racines, baies, thuya) et des cours d’eau tels que la Columbia. Ils pêchent le saumon à la fin de l’été. Les maisons sont légères à la belle saison et partiellement enterrées en hiver, avec un toit couvert de terre.

[modifier] Le Sud-Est

Les espaces situés au sud de l’Ohio et autour du golfe du Mexique bénéficient d’un milieu favorable à l’agriculture et d’une faune abondante. De nombreuses tribus se sont développées ici, parmi lesquelles les Cinq tribus civilisées qui sont considérées comme les héritières des cultures mississippiennes. Elles récoltent essentiellement le maïs, la courge et la pomme de terre. Le climat subtropical permet de faire pousser la patate douce, la banane et la canne à sucre ; les Amérindiens cultivent également des plantes médicinales et du tabac. Ils consomment les produits de la chasse et de la pêche. Ils connaissent les techniques de la poterie et de la céramique, qui servent à confectionner des objets pour la vie quotidienne ou pour les cultes mortuaires. L’habitat est très divers : les maisons adoptent un plan rectangulaire et sont crépies de glaise en été ; en hiver, des huttes coniques à demi enfouies servent d’abri. Dans les régions les plus méridionales, les Amérindiens vivent presque nus dans des huttes légères couvertes de palmes. Pour se concilier les forces de la nature, les peuples cultivateurs pratiquent le puskita (cérémonie du maïs vert). Enfin, les langues du Sud-Est se répartissent en cinq grandes familles : langues iroquoises (Cherokee…), Caddo (langue cadoenne), siouenne, muskogee (Séminoles, Creeks…) ; quant à la langue des Natchez, elle constitue un langue isolée.

[modifier] Les cultures du Sud-Ouest

Taos, Nouveau-Mexique. Exemple de construction adobe des pueblos
Taos, Nouveau-Mexique. Exemple de construction adobe des pueblos

Dans le Sud-Ouest, on trouve des peuples sédentaires influencés par leurs voisins et par les civilisations qui les ont précédés (Anasazis). Ainsi les Pueblos, les Hopis, les Zuñis ou encore les Papagos pratiquent l’irrigation pour le maïs, tissent le coton, font des poteries, tressent des paniers, exploitent le cactus pour son eau, son jus, sa pulpe et son sirop, aux propriétés hallucinogènes. Comme leurs ancêtres, ils construisent des villages de pierres ou en adobe. Ils vivent sous la menace permanente des attaques des Apaches ou des Comanches.

Le Grand Bassin est marqué par l’aridité et se trouve relativement isolé par des chaînes de hautes montagnes (Montagnes Rocheuses à l’est et Sierra Nevada à l’ouest). Les tribus qui vivent ici avant l’arrivée des Espagnols sont peu nombreuses, dispersées et doivent s’adapter aux contraintes naturelles fortes. Elles pratiquent la chasse et cultivent des lopins irrigués. Elles tressent l’armoise d’Amérique et le yucca pour confectionner des nattes, des pagnes et des sandales. Leurs techniques de vannerie sont très anciennes. Elles utilisent le saule du désert pour l’armature de leurs maisons, qui sont généralement des huttes coniques rudimentaires. Les maisons de sudation (« sweathouse » ou « sweatlodge » en anglais) servent à purifier le corps des hommes avant les cérémonies[14]. Les Havasupais bâtissent des villages au fond du Grand Canyon. Les Shoshones, les Utes et les Paiutes pratiquent la chasse sur le plateau dès l’automne venu. Ils poursuivent le bison, le wapiti et la chèvre des montagnes. La chasse leur permet d’obtenir des peaux de lapins pour fabriquer des manteaux afin de passer l’hiver.

[modifier] L’originalité de la Californie

Guerrier Hupa, Californie
Guerrier Hupa, Californie

L’actuelle côte de la Californie se trouve isolée du reste du continent par l’imposante chaîne de la Sierra Nevada. Avant l’arrivée des colons européens, elle est peuplée d’environ 250 tribus (Chumash, Maidu, Miwok, Modoc, Ohlone, Tongva…) qui appartiennent en majorité aux langues athapascanes et se partagent de petits territoires. Ces groupes vivent en autarcie dans des huttes fabriquées avec du bois de séquoia au nord, dans des constructions en adobe au sud. Leur artisanat produit des objets en vannerie, décorés de plumes et de coquillages (chapeaux, sandales, pagnes). Ils vivent de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Certaines tribus élèvent la dinde pour sa viande.

[modifier] L’arrivée des Blancs (XVIe / XIXe siècles)

[modifier] Les premiers contacts : la colonisation européenne et ses conséquences

Quakers embrassant des Indiens en Pennsylvanie
Quakers embrassant des Indiens en Pennsylvanie

Les Européens se lancent dans l’exploration et la conquête du continent américain à partir de la fin du XVe siècle. Ils établissent des relations plus ou moins conflictuelles avec les indigènes, dans un contexte de concurrence coloniale. Ils se servent des rivalités entre les tribus et cherchent à dresser les Indiens les uns contre les autres. Surtout, ils introduisent des maladies inconnues des Amérindiens (variole, grippe) qui font des ravages. Ils échangent avec eux de nouveaux produits, qui modifient leurs modes de vie : alcool, armes, blé, objets en métal, nouvelles plantes, chevaux.

L’Amérique du Nord est vue comme une terre à évangéliser : la christianisation est en partie acceptée par une partie des Indiens lorsqu’ils peuvent l’assimiler à leurs cultes traditionnels. Si la plupart du temps les Européens méprisaient des Amérindiens, certains Européens s’unissent à des Amérindiennes : Pocahontas épouse l’Anglais John Rolfe en 1613.

Il est très difficile d’estimer le nombre d’Amérindiens à la veille de la conquête européenne : l’historien Russel Thorntorn évalue à environ 7 millions le nombre d’habitants vers 1500[15]. Selon d’autres sources[16], la population en Amérique du Nord était de un ou deux millions d’habitants à 12 millions[17] au début du XVIe siècle.

Sur la côte orientale, les Britanniques fondent les 13 colonies à partir du XVIIe siècle. Les colons sont beaucoup plus nombreux que dans les autres colonies d’Amérique du Nord et les Amérindiens sont refoulés vers l’ouest, notamment à cause de l’accaparement de leurs terres (pratique du squatting). Les tribus du Nord-Est s’engagent dans les rivalités franco-britanniques au XVIIIe siècle, pendant la Guerre de Sept Ans.

Dans le regard des Européens, l’Indien est au mieux un bon sauvage qu’il faut civiliser, au pire un diable à convertir, à réduire en esclavage, ou à génocider : en 1763, le commandement anglais de Pennsylvanie fournit aux Indiens des vêtements infestés des germes de la variole[18].

Dans le Sud-Ouest des États-Unis actuels, les Espagnols étendent leurs colonies de Nouvelle-Espagne depuis le Mexique. Ils s’établissent sur les territoires des Indiens Pueblos qu’ils réduisent en esclavage par le système de l’encomienda. Les frères franciscains évangélisent les peuples de Californie, du Nouveau-Mexique et du Texas grâce à un réseau de missions. L’armée espagnole construit des forts destinés à contrôler la population amérindienne. Elle doit faire face à plusieurs révoltes au XVIIe siècle. Les Espagnols s’installent également en Floride où ils massacrent les Séminoles.

Dans les Grandes Plaines et dans la vallée du Mississippi, les Français contrôlent l’immense territoire de la Louisiane. Malgré l’esclavage et des affrontements violents (guerre des Renards, soulèvements natchez et expéditions contre les Chicachas), les relations franco-indiennes sont relativement bonnes en Louisiane, parce que les Français ne sont pas nombreux. L’impérialisme français s’exprime par quelques guerres et la mise en esclavage d’un certain nombre d’Amérindiens.

[modifier] Les guerres indiennes et l’ethnocide (XIXe siècle)

Icône de détail Article détaillé : Guerres indiennes.
Bad Wound, un chef sioux
Bad Wound, un chef sioux

La cause principale de ces conflits est la volonté expansionniste des treize colonies britanniques en Amérique du Nord puis du gouvernement américain, qui se traduit aussi par les guerres mexico-américaines, la conquête de l'Ouest par des colons recherchant des terres et de l’or renforça l’animosité entre les deux peuples. Ces conflits ont fait l’objet de représailles, de massacres et de pillages de la part des deux camps. Ainsi en 1862, les Sioux santees massacrent 1 500 hommes, femmes et enfants américains dans le Minnesota. Le 25 juin 1876, la célèbre bataille de Little Big Horn tourne à la tuerie des hommes du lieutenant-colonel Custer par les guerriers menés par Sitting Bull. Le dernier épisode des guerres indiennes est le massacre de Wounded Knee (29 décembre 1890) au cours duquel 250 Indiens Sioux Minneconjous et le chef Big Foot sont tués par les soldats du 7e de cavalerie.

Cependant les relations entre Indiens et Européens n’ont pas toujours été violentes : en 1805, l’expédition Lewis et Clark qui part de Saint-Louis pour rejoindre le Pacifique, a souvent été aidée par des tribus amérindiennes. La Cour Suprême des États-Unis a souvent défendu les droits des Amérindiens au XIXe siècle contre celui des États fédérés. Plusieurs personnalités américaines ont soutenu la cause indienne, à l’instar de Thomas Paine, Thomas Jefferson ou Roger Williams.

Guerrier indien Moennitarri
Guerrier indien Moennitarri

[modifier] Déportations des Indiens

Au XIXe siècle, les Indiens d’Amérique du Nord sont parqués dans des réserves et leur principal gibier, les troupeaux de bisons, exterminés pour leur fourrure sous les incitations du gouvernement fédéral. Ainsi même si la qualification de génocide du traitement de ces populations est discutée, dans la mesure où il n’y a pas de volonté gouvernementale arrêtée d’exterminer les Amérindiens, ces derniers sont affamés (prime au massacre de bisons), spoliés de leurs terres par la violence et la fourberie (non respect des accords signés) et privés de leur liberté de culte ainsi que du droit de parler leurs langues. La construction du premier chemin de fer transcontinental et l’arrivée des colons par les pistes de l’Ouest dévaste le territoire des Indiens des Plaines. Cette politique est fréquemment nommée ethnocide, terme désignant l’extermination d’une culture. De nombreux Indiens se laissent mourir de désespoir : ce fut le cas des Creeks. Au total, ce sont tous les aspects de la conquête de l'Ouest qui provoquent le déclin de la population et de la culture indigène.

En 1830, l’Indian Removal Act inaugure la politique de déplacement des populations indiennes toujours plus vers l’Ouest : le président de l’époque, Andrew Jackson, fait voter une loi déportant les Indiens vivant à l’Est du Mississippi à l’Ouest de ce fleuve, principalement en Oklahoma, afin d’exploiter l’or situé sur leurs territoires, dans l’Ohio et installer les migrants venus d’Europe. Cette loi est déclarée anticonstitutionnelle par la Cour Suprême et entraîne des guerres avec les Cherokees jusqu’en 1838. Jusqu’en 1850, 100 000 Indiens sont déportés. L’épisode le plus célèbre reste celui de la Piste des Larmes en 1838-1839. Ce nom vient des larmes de compassion versées par les Américains qui voyaient passer les Cherokees devant eux. Cette déportation forcée fit au moins 4 000 victimes, à cause du froid, des maladies et de l’épuisement.

Dans le Territoire Indien, les cinq tribus civilisées s’établissent dans des villes et apportent avec eux leurs esclaves noirs. Ils sont surveillés et encadrés par une série de forts construits par le gouvernement fédéral à proximité des réserves. Les terres sont attribuées aux tribus qui les gèrent librement. Les Cherokees relancent leur journal, fondé en 1828, alors que les Creeks rédigent une constitution originale. Tous fondent des écoles de village et développent l’enseignement secondaire. Ils réorganisent leurs églises dans lesquels les pasteurs prêchent en langue indigène[19]. Certains Indiens réussissent à entreprendre des études dans les universités américaines[20].

[modifier] La renaissance amérindienne

Icône de détail Article détaillé : renaissance amérindienne.

[modifier] La conquête des droits (XXe siècle)

Au début du XXe siècle, le gouvernement américain prend conscience de l’inégalité et du racisme qui affectent la minorité indienne. La citoyenneté est accordée en 1924 (Indian Citizenship Act), pour la reconnaissance de l’effort de guerre des Cheyennes et des Iroquois en particulier. Certains intègrent le mode de vie et la société américaine : dans la première moitié du XXe siècle, de nombreux ouvriers amérindiens travaillent sur les chantiers de construction des gratte-ciel

Le rapport Meriam, publié en 1928, fait état d’une situation dramatique pour les Amérindiens (pauvreté, exclusion) : il réveille l’intérêt du gouvernement qui souhaite un Indian New Deal (en référence au New Deal). En 1934, l’Indian Reorganization Act, appelée aussi loi Wheeler-Howard, donne une plus large autonomie politique et économique aux Indiens. En 1944 est institué le National Congress of American Indians, destiné à soutenir leurs intérêts. Toutes ces dispositions permettent aux Indiens de récupérer un million d’hectares[21]. Les Amérindiens jouent un rôle important pendant la Seconde Guerre mondiale : des Navajos servant dans les services de transmissions américains élaborent un code basé sur leur langue afin d’assurer la confidentialité des messages radio.

Un soldat navajo chargé des communications cryptés pendant la Seconde Guerre mondiale
Un soldat navajo chargé des communications cryptés pendant la Seconde Guerre mondiale

Après la 1945, la Termination Policy doit favoriser l’installation des Indiens en ville et achever leur assimilation. Mais elle est rapidement abandonnée devant ses échecs.

En 1962, la commission des revendications indiennes (Indian Claims commission) doit verser près de quatre millions de dollars aux descendants des Creeks spoliés en 1814[22]. En 1968 est institué un Conseil National qui coordonne les aides financières. C’est la même année que naît le mouvement indien (American Indian Movement) à Minneapolis. Le Pouvoir rouge s’organise et cherche à se faire entendre en organisant des manifestations : en 1969, des Indiens occupent le site d’Alcatraz à San Francisco ; en 1972, ils prennent le Bureau des Affaires indiennes ; en 1973, ils investissent celui de Wounded Knee. En 1975, l’Indian Self-Determination and Education Act réaffirme la souveraineté du conseil tribal. En 1977 est institué un Secrétaire aux Affaires indiennes, qui fut longtemps un Black Feet, Forrest Gerard. En 1978, l’American Indian Religion Freedom Act complète les droits obtenus en offrant la garantie de la liberté de culte pour les Indiens d’Amérique.

[modifier] Le réveil amérindien

Statue d’un Amérindien, devant le capitole de Salt Lake City
Statue d’un Amérindien, devant le capitole de Salt Lake City

[modifier] Croissance démographique

En premier lieu, les Amérindiens connaissent une renaissance démographique au cours du XXe siècle. En 1896, on pouvait compter environ 250 000 Indiens aux États-Unis. D’après les différents recensements[23], ils sont 800 000 en 1970, 1,4 million en 1980 et 2,8 millions[24] en 2004, soit un peu plus de 1 % de la population totale. En 2004, deux États du sud-ouest (Nouveau-Mexique et Arizona) les Amérindiens représentent une part significative de la population, puisqu’elle dépasse les 5 % du total[25]. Moins d’un tiers des Amérindiens vivent actuellement dans des réserves[26], qui sont pour la plupart concentrées à l’ouest du fleuve Mississippi. Beaucoup réside dans les grandes villes : on peut recenser plus de 85 000 Indiens à New York[27]. Les deux tribus les plus importantes en nombre sont les Cherokees (729 513) et les Navajos (298 197)[28].

[modifier] Réussite économique et sociale

Stacy R. Scott, une jeune Américaine d’origine Creek, préparant un pow wow à Camp Taqaddum, Iraq, 18 septembre 2004
Stacy R. Scott, une jeune Américaine d’origine Creek, préparant un pow wow à Camp Taqaddum, Iraq, 18 septembre 2004

Certains Amérindiens ont réussi à s’intégrer socialement à la société américaine contemporaine : ainsi, on a pu voir des succès individuels remarquables : N. Scott Momaday reçoit le prix Pulitzer en 1969.

En 1980, les Amérindiens obtiennent l'autorisation d'ouvrir et de gérer des casinos[29]. En 2004, ils avaient ouvert 350 établissements de jeu dans le pays qui rapportent 12 milliards d’euros par an[25][30]. Cette activité, appelée « Nouveau bison », a permis à beaucoup de tribus de s’enrichir et de se développer. Ainsi, les Arapahos se sont lancés dans l’industrie des jeux de hasard et ont monté l’Arapaho Casino, dans l’état du Wyoming. Entre 1990 et 2000, le revenu moyen par habitant des Amérindiens à progressé de 27 %[31]. Les Amérindiens restent organisés en tribus qui ont chacune un chef et/ou un conseil tribal et qui peuvent organiser des référendums ou faire valoir leurs droits devant la justice fédérale. Certaines, comme les Cherokee, disposent d’une constitution qui affirme des droits. Les tribus reçoivent une aide fédérale proportionnelle au nombre de leurs membres. En vertu des traités signés au XIXe siècle, certaines d’entre elles reçoivent un dédommagement pour la spoliation de leurs terres : c’est le cas des Séminoles noirs de Floride qui ont reçu récemment 56 millions de dollars[25]. En outre, chaque Amérindien perçoit une rente annuelle.

Aujourd’hui, les réserves indiennes disposent de journaux (le Navajo Times par exemple) qui rendent publiques les décisions du conseil tribal. Si les conditions de vie se sont globalement améliorées, les communautés souffrent toujours de nombreux problèmes : SIDA, violence, alcoolisme, pauvreté, isolement sont des fléaux qui touchent particulièrement les Amérindiens.

Statistiques comparées de divers indicateurs socio-économiques : la condition indienne contemporaine en 1999[32] :

Salaire annuel moyen en $ (hommes) Salaire annuel moyen en $ (femmes) Taux de pauvreté (en %) Niveau Baccalauréat ou plus (en %) Chômage (en %)
Moyenne nationale : 37 057 27 194 12,4 80,4 3,7
Amérindiens : 28 919 22 762 25,7 74,7 6,6

Ces chiffres montrent que l’assimilation de la population amérindienne au Melting pot étatsunien, bien qu’en progrès, est encore limitée. De plus il existe encore d’importantes disparités entre les tribus. Par exemple, les taux de pauvreté des Navajo et des Sioux atteignent respectivement 37 et 38,9 % alors qu’il est d’environ 18 % pour d’autres tribus.

[modifier] Une reconstruction culturelle

Plusieurs Américains d’origine amérindienne participent aux opérations dans la guerre d’Irak. Les cherokees ont même dansé un pow wow, preuve que les Amérindiens assument de plus en plus leurs traditions ancestrales[25]. Il existe en 2004 trente stations de radios amérindiennes aux États-Unis[25]. Pour reconstruire leur identité, les tribus organisent des chasses au bison, des ateliers de tissage ou de poteries ou des cours de langue. Dans l’état du Minnesota, les Chippewas cultivent de façon traditionnelle le riz sauvage qu’ils appellent manoomin[33]. Ce renouveau culturel séduit en particulier les jeunes générations.

[modifier] Le statut des Amérindiens

Les lois fédérales des États-Unis offrent certains droits aux minorités indiennes, aux individus et aux communautés. Ces droits sont gérés par le bureau des affaires indiennes.

[modifier] L’héritage amérindien dans la culture américaine

National Museum of the American Indian, Washington, DC
National Museum of the American Indian, Washington, DC

Dans les années 1960, sous l’influence du Red Power et des mouvements écologistes, on a redécouvert l’héritage et la civilisation des amérindiens. Ainsi en Californie, le Native American Day (le 4e lundi de septembre) est l’occasion de rendre hommage aux Indiens de l’état, les enseignants sont invités à parler de la culture indienne dans les écoles. Depuis 2004, les cours d’histoire indienne sont obligatoires dans les écoles élémentaires du Maine[25].

Reconstituer l’histoire des peuples amérindiens est relativement difficile pour les périodes les plus reculées. Sans écriture, les Amérindiens ont peu transformé leur milieu et laissé peu de traces anciennes. Néanmoins, la culture amérindienne a influencé les toponymes : plusieurs États fédérés portent un nom d’origine indienne (Ohio, Michigan, Idaho, etc.). De nombreux fleuves (Mississippi) et éléments de géographie physique ont été puisés dans la langue des Indiens. Les Amérindiens ont également appris aux Européens la culture de plantes qui connurent ensuite un grand succès : tomate, pomme de terre, maïs et tabac. Enfin certains mots anglais rappellent leurs origines indiennes (anorak, moccassin, canoe, toboggan, etc.).

Blackfire, groupe Navajo de rock, en concert à Prague en 2004
Blackfire, groupe Navajo de rock, en concert à Prague en 2004

Dès le XIXe siècle, les Américains blancs se sont intéressés aux cultures amérindiennes : les anthropologues tels que Lewis Henry Morgan, Alfred Louis Kroeber, James R. Walker ou Robert Harry Lowie ont étudié leurs coutumes et leur vie quotidienne. Mais c’est surtout depuis quelques années que les États-Unis réhabilitent l’héritage amérindien : à New York, le National Museum of the American Indian (Musée national des Indiens d’Amérique) abrite environ un million d’objets des origines à aujourd’hui. Une autre partie des collections se trouve à Washington dans un bâtiment dessiné par Douglas J. Cardinal et ouvert en 2004. Il s’agit d’une institution qui avait été créée à la suite d’une loi votée par le Congrès en 1989. Le cinéma a contribué au changement de regard des Américains sur les premiers peuples, avec des films comme Danse avec les loups. Mais certains spécialistes écornent l’image romantique de l’Indien respectueux de la nature : plusieurs scientifiques montrent que les tribus ont contribué au recul de la forêt et participé à l’extinction du bison en profitant du commerce des peaux avec les Blancs[34]. En outre, les dernières découvertes archéologiques remettent en cause l’origine unique du peuplement des Amériques par les populations venues d’Asie, ce qui a des conséquences sur les revendications indiennes.

[modifier] Listes des grandes tribus

Carte des réserves indiennes aux États-Unis
Carte des réserves indiennes aux États-Unis

Les peuples les plus connus sont :

…mais il en existe beaucoup d’autres. Toutefois, les Inuits des régions arctiques ne sont pas des Amérindiens.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Voir l’article de la wikipédia anglophone, [lire en ligne]
  2. Sur les sites de Old Crow et Bluefish ; Philippe Jacquin, Daniel Royot, Go West ! Histoire de l’Ouest américain d’hier à aujourd’hui, Paris, Flammarion, 2002, p.20
  3. Voir l’article homme de Kennewick ; les travaux de Douglas Wallace, Denis Stanford et Bruce Bradley reprennent cette thèse iconoclaste ; lire l’article de Marianne, « Solutré au Far West », 20 août 2000, p.57-59
  4. Cahokia comptait au XIIe siècle quelque 30 000 habitants, d’après Gilles Havard, Cécile Vidal, Histoire de l’Amérique française, Paris, Flammarion, 2003, p.201.
  5. conurbation rassemblant 15 000 à 30 000 habitants d’après Jerry J. Brody, Les Anasazis…, p.106-107.
  6. R. Thévenin, P. Coze, Mœurs et histoire…, 2004, p.101
  7. voir aussi l’article coutume
  8. par exemple chez les Apaches, (on leur arrachait les ongles ou la langue) : lire R. Thévenin, P. Coze, Mœurs et histoire..., 2004, p.83
  9. G. Havard, C. Vidal, Histoire de l’Amérique française, 2003, p.95-96.
  10. Cette classification est retenue dans Anne Garrait-Bourrier, Monique Vénuat, Les Indiens aux États-Unis, 2002
  11. A. Garrait-Bourrier, M. Vénuat, Les Indiens aux États-Unis, 2002, p.87
  12. A. Garrait-Bourrier, M. Vénuat, Les Indiens aux États-Unis, 2002, p.95
  13. A. Debo, Histoire des Indiens des États-Unis, p. 24
  14. A. Garrait-Bourrier, M. Vénuat, Les Indiens aux États-Unis, 2002, p. 97
  15. Russel Thorntorn, American Indian Holocaust and Survival..., Norman, Universitry of Oklahoma Press, 1987. Estimation reprise dans A. Garrait-Bourrier, M. Vénuat, Les Indiens aux États-Unis, 2002, p.23
  16. Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, 2003, p.12 ; le Dictionnaire encyclopédique d’Histoire de Michel Mourre avance le chiffre de 1,2 million dans l’article « Indiens », p.2361 ; « En 1492, on compte environ 1,5 million d’Indiens en Amérique du Nord », d’après André Kaspi, François Durpaire, Hélène Harter, Adrien Lherm, La civilisation américaine, Paris, Presses Universitaires de France, 2004, p.70
  17. Bernard Vincent (dir.), Histoire des États-Unis, Paris, Champs Flammarion, 1997, (ISBN 2080813765), p.13
  18. A. Garrait-Bourrier, M. Vénuat, Les Indiens aux États-Unis, 2002, p.10
  19. A. Debo, Histoire des Indiens des États-Unis, page 159
  20. A. Debo, Histoire des Indiens des États-Unis, p. 163
  21. Anne Garrait-Bourrier, Monique Vénuat, Les Indiens aux États-Unis, 2002, p.74
  22. A. Debo, Histoire des Indiens des États-Unis, p.134
  23. Les données officielles sont reprises dans André Kaspi, François Durpaire, Hélène Harter, Adrien Lherm, La civilisation américaine, 2004, p.74
  24. [pdf] D’après le bureau du recensement des États-Unis, table 13, [lire en ligne]
  25. abcdef N. Delanoë, « L’identité indienne.. »., 2004
  26. A. Kaspi, F. Durpaire, H. Harter, A. Lherm, La civilisation américaine, 2004, p. 73 ; on peut lire dans le dossier « Indiens d’Amérique », du National Geographic France, n°60, septembre 2004, page 17 que 85 % des Amérindiens résident hors des réserves
  27. Dossier « Indiens d’Amérique », du National Geographic France, n°60, septembre 2004, page 17
  28. Chiffres pour l’année 2000, cité dans Statistical Abstract: Population, Bureau du recensement des États-Unis, document Excel, [lire en ligne]
  29. Frédéric Martel, De la culture en Amérique, Paris, Gallimard, 2006, (ISBN 2070779319), p.492
  30. 2004 ; Dossier « Indiens d’Amérique », dans National Geographic France, n°60, septembre 2004, p.15
  31. Dossier « Indiens d’Amérique », dans National Geographic France, n°60, septembre 2004, p.14
  32. Pour les trois premières colonnes, les données viennent du recensement 2000 (voir : [pdf] Stella U. Ogunwole, We the People : [...], [lire en ligne]) ; Pour les deux dernières colonnes, les chiffres proviennent du dossier « Indiens d’Amérique », dans National Geographic France, n°60, septembre 2004, page 14 ; Taux de pauvreté = Part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté ;
  33. Dossier « Indiens d’Amérique », dans National Geographic France, n°60, septembre 2004, M04020, p.16
  34. André Kaspi, François Durpaire, Hélène Harter, Adrien Lherm, La civilisation américaine, 2004, p.75

[modifier] Bibliographie

[modifier] Ouvrages et revues en français

  • Anne Garrait-Bourrier, Monique Venuat, Les Indiens aux États-Unis : renaissance d’une culture, Paris, Ellipses, 2002, (ISBN 2-7298-1185-0)
  • David Cornut, Little Big Horn, autopsie d’une bataille légendaire, Parçay-sur-Vienne, Anovi, 2006 ISBN : 2-914818-10-6
  • Angie Debo, Histoire des Indiens des États-Unis, Paris, Albin Michel, 1994, (ISBN 2-2260-6903-8)
  • Royal B. Hassrick, Les Sioux, Albin Michel, Paris, 1994
  • Nelcya Delanoë, « L’identité indienne à l’épreuve de la modernité », dans Journal de la Société des Américanistes, 2004, 90-2, pp. 128-136, [lire en ligne]
  • Philippe Jacquin, Daniel Royot, Go West ! Histoire de l’Ouest américain d’hier à aujourd’hui, Paris, Flammarion, 2002, (ISBN 2082118096)
  • Claude Fohlen, Les Indiens d’Amérique du Nord, Paris, PUF, 3e édition corrigée, 1995, (ISBN 2130442145)
  • Daniel Dubois, Yves Berger, Les Indiens des Plaines, Paris, éditions du Rocher, 2001
  • Arelene Hirschfelder, Histoire des Indiens d’Amérique du Nord, trad. Marc Baudoux, Paris, Larousse, 2001
  • Larry J. Zimmerman, Les Amérindiens, trad. Alain Deschamps, Paris, Albin Michel, 1997
  • Elise Marienstras, La résistance indienne aux États-Unis, Paris, Gallimard, 1980
  • René Thévenin, Paul Coze, Mœurs et histoire des Indiens d’Amérique du Nord, Paris, Payot et Rivages, 2004 (édition poche), (ISBN 2228808589)
  • Dossier « Indiens d’Amérique », dans National Geographic France, n°60, septembre 2004, M04020, pp.22-43

[modifier] Livres en anglais

  • Colin G. Calloway, First People, a Documentary Survey of American Indian History, Boston, Bedford / St Martin’s, 1999
  • Alan R. Velie, American Indian Literature, an anthologie, Norman, University of Oklahoma Press, 1979
  • The Indians' Book (1907). Authentic Native American Legends, Lore & Music. Recorded and Edited by Natalie Curtis. illustrated with Native American Drawings & Turn-of-the-Century-Photographs. 576 S. Gramercy Books. Distributed by Outlet Book Company, a Division of Random House. 40 Engelhard Avenue, Avenel, New Jersey 07001.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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