Cabinet de curiosités

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Frontispice de Musei Wormiani Historia montrant l'intérieur du cabinet de curiosités de Worm.
Frontispice de Musei Wormiani Historia montrant l'intérieur du cabinet de curiosités de Worm.

Le cabinet de curiosités était un lieu où étaient entreposés et exposés des objets collectionnés, avec un certain goût pour l'hétéroclisme et l'inédit. On y trouvait couramment des médailles, des antiquités, des objets d'histoire naturelle (comme des animaux empaillés, des insectes séchés, des coquillages, des squelettes, des carapaces, des herbiers, des fossiles) ou des œuvres d'art.

Apparus à la Renaissance en Europe, les cabinets de curiosités sont l'ancêtre des musées et des muséums. Ils ont joué un rôle fondamental dans l'essor de la science moderne même s'ils gardaient les traces des croyances populaires de l'époque (il n'était pas rare d'y trouver du sang de dragon séché ou des squelettes d'animaux mythiques). L'édition de catalogues qui en faisaient l'inventaire, souvent illustrés, permettaient d'en diffuser le contenu auprès des savants européens.

Le principe du cabinet de curiosités a disparu durant le XIXe siècle, remplacé par des institutions officielles et les collections privées. Celles-ci ont joué encore un grand rôle dans certaines disciplines scientifiques comme l'entomologie ou la conchyliologie.

Le sujet a notamment été étudié par l'historien d'art viennois Julius von Schlosser (qui lui consacre, en 1908, un ouvrage, Die Kunst- und Wunderkammern der Spätrenaissance) et par Patricia Falguières, chercheuse au Centre de sociologie du travail et des arts et professeure à l'École pratique des hautes études en Sciences sociales. Selon cette dernière, les chambres de merveilles seraient à distinguer des cabinets de curiosité.

La constitution des chambres de merveilles s'inscrit, selon Patricia Falguières, dans la lignée des démarches héritées des onomasticons antiques et viserait à rassembler des memorabilia ou mirabilia, soit des choses, objets ou éléments mémorables, des souvenirs à mémoriser. Il s'agirait, selon elle, de « systèmes de lieux communs » classant « autant de faits, res, observationes ou historiae, qui n'ont d'autre détermination que de s'offrir au travail de la mémoire. »

Sommaire

[modifier] Éléments d'histoire

  • Ole Worm (1588-1654) constitue un célèbre cabinet de curiosités dont l'inventaire illustré paraît en 1655, Museum Wormianum ;
  • Rodolphe II du Saint-Empire (Rodolphe II de Habsbourg, 1552-1612), épris d'ésotérisme, constitue une chambre de merveilles dont un inventaire sera dressé vers 1600 ;
  • Honoré d'Urfé (1568-1625) constitue un cabinet de curiosités ;
  • Georg Everhard Rumphius (1627-1702) livre le catalogue de son Cabinet ;
  • Albertus Seba (1665-1736) constitue un cabinet de curiosités dont le catalogue paraît à partir de 1710 ;
  • Sir Hans Sloane (1660-1753) rassemble l'un des grands cabinets de curiosité du monde. Il est à l'origine de la création du British Museum ;
  • René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757) assemble le plus grand cabinet de France. À sa mort, il sera intégré au cabinet du roi ;
  • Vers 1760, Sir James Darcy Lever commence à amasser une immense collection qui le ruinera. Elle sera totalement dispersée, le gouvernement britannique n'ayant pas voulu se porter acquéreur.

[modifier] Organisation des collections

Dans les cabinets de curiosités, les collections peuvent s'organiser en quatre catégories (nommées en latin) :

  • artificialia, qui regroupe les objets créés ou modifiés par l'Homme (antiquités, œuvres d'art) ;
  • naturalia, qui regroupe les créatures et objets naturels (avec un intérêt particulier pour les monstres) ;
  • exotica, qui regroupe les plantes et animaux exotiques ;
  • scientifica, qui regroupe les instruments scientifiques.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Orientation bibliographique

  • (fr) Patricia Falguières, Les Chambres des merveilles – Le rayon des curiosités, Bayard-Centurion, Paris, 2003.
  • (en) Olivier Impey et Arthur Macgregor, The origins of museums : the cabinet of curiosities in sixteenth and seventeenth century Europe, New York, Ursus Press, 2001, xx + 431 pages, (ISBN 1-84232-132-3).
  • (fr) Pierre Martin et Dominique Moncond’Huy, Curiosité et cabinets de curiosités, Neuilly, Atlande, 2004, 202 pages, (ISBN 2-35030-000-5).
  • (fr) Antoine Schnapper, Le géant, la licorne et la tulipe; collections et collectionneurs dans la France du XVIIe siècle. I. Histoire et histoire naturelle, Flammarion, collection « Art, Histoire, Société », 1988, 415 pages, (ISBN 2-08-012802-7).
  • (fr) Patrick Mauriès, Cabinets de curiosités, éd. Gallimard, 2002

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références