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Jean Laplanche (né en 1924), philosophe de formation, est un psychanalyste « de la troisième génération ». Il est de première importance dans l'avancée scientifique de la psychanalyse après Freud, et par-delà le Lacan "structuraliste" de la "Métaphore du Nom-du-Père" et de « l'inconscient structuré comme un langage ». À l'égard de ce Lacan du "père symbolique" passé dans une vulgarisation de la psychanalyse, J. Laplanche avait commencé d'adopter une position critique dès l'automne 1960 au Colloque de Bonneval sur l'Inconscient.

Le grand pas que cet auteur fait franchir à la psychanalyse depuis Freud, se formule catégoriquement en 1987 (Nouveaux fondements pour la psychanalyse) dans la théorie de la séduction généralisée, dont le corrélat est une théorie de la traduction.

Le Vocabulaire de la psychanalyse (1967) de Jean Laplanche et de J.-B. Pontalis est un ouvrage de référence, dont la diffusion est internationale.

Durant sa brillante carrière universitaire, le Professeur Jean Laplanche s'est consacré à l'enseignement alors controversé de la psychanalyse à l'université en l'amenant au niveau de la recherche. Ses cours sont rassemblés dans les sept ouvrages à présent tous publiés des Problématiques où le texte de Freud est rigoureusement remis au « travail », selon les critères d’« exigence » de la pensée laplanchienne.

Outre ses activités éditoriales aux Presses Universitaires de France et son engagement dans l'institution psychanalytique française et internationale, ce germaniste de grand culture, également traducteur au long cours de nombreux textes de Freud, est le directeur scientifique de la traduction française des Œuvres Complètes de Freud – OCFP, édition historique et critique, aux P.U.F., depuis 1988.


Sommaire

[modifier] Repères biographiques

Jean Laplanche, né le 21 juin 1924, est d'ascendance vigneronne (la Bourgogne du côté paternel, et la Champagne du côté maternel). Après ses études primaires et secondaires accomplies au Collège Monge à Beaune (Côte -d'Or) et une solide formation scientifique, il s'oriente vers la philosophie et prépare son admission à l'École normale supérieure au Lycée Henri IV à Paris. Engagé dès l'adolescence dans l'Action Catholique, il participe activement à la Résistance à Paris et en Bourgogne (1943-1944).


Admis à l'ENS en 1944-1945, il y est formé par Jean Hyppolite, Gaston Bachelard ou encore Maurice Merleau-Ponty. Pendant l'année 1946-1947, il étudie à l'Université de Harvard, période pendant laquelle il rencontre Rudolph Loewenstein. En 1950, il obtient l'agrégation de philosophie et se marie avec Nadine Guillot. Il sera Docteur d'Etat ès lettres et sciences humaines en 1970. Depuis la Libération, il est actif dans le mouvement d'extrême-gauche antistalinien et est un des fondateurs , avec Cornelius Castoriadis et Claude Lefort du groupe et de la revue Socialisme ou barbarie (1948).


Il a commencé en 1947 une cure psychanalytique avec Jacques Lacan. Sur le conseil de ce dernier, il entreprend alors une formation médicale comme préalable à la formation analytique. Il est interne des Hôpitaux psychiatriques et soutient sa thèse de médecine en 1959, thèse qui sera publiée en 1961 sous le titre devenu un quasi-paradigme: Hölderlin et la question du père. À l'automne 1960 a lieu le Colloque de Bonneval où il présente avec Serge Leclaire le rapport : L'inconscient, une étude psychanalytique. À partir de 1962, Laplanche enseigne à la Sorbonne à l'invitation de Daniel Lagache. Il va rompre avec Lacan, et devient en 1964 l'un des membres fondateurs de l'Association Psychanalytique de France.


En 1966, Jean-Louis Laplanche prend la direction avec sa femme Nadine du domaine familial du Château de Pommard [qu'il ne cédera qu'en novembre 2003[1]]. Il partage son existence entre la Bourgogne et Paris [en passant régulièrement une partie de l'été en Grèce à Samos[2]].


En 1967, il publie avec Jean-Bertrand Pontalis, sous la direction de Daniel Lagache, le Vocabulaire de la psychanalyse, traduit dans une quinzaine de langues.


Il est Professeur titulaire à l'Université Paris VII de 1970 à 1993, où il a introduit un enseignement de la psychanalyse au niveau de la recherche (Doctorat de Psychanalyse créé en 1976). Aux Presses Universitaires de France, Laplanche dirige la Bibliothèque de Psychanalyse (1973), la collection Voix nouvelles en psychanalyse (1979) qui rassemble des premiers travaux de chercheurs d'origine universitaire, et la revue Psychanalyse à l'Université (1975-1994).


À partir de 1988, il entreprend avec André Bourguignon et Pierre Cotet de publier dans une nouvelle traduction française (traduction collective), les Oeuvres Complètes de Freud - OCFP. Il en est le directeur scientifique et il publie en 1989 le volume Traduire Freud qui explicite les orientations scientifiques et techniques de cette traduction.


Jean Laplanche, Professeur émérite à la Sorbonne (Université Paris VII), est également Docteur Honoris Causa des Universités de Lausanne, Buenos-Aires et Athènes. Il est chevalier des Arts et des Lettres (1990), ainsi que lauréat du Mary S. Sigourney Award (1995).


[modifier] Oeuvres

  • Hölderlin et la question du père, Paris, PUF, 1961 (2è éd.: 1969; Quadrige, 1984).
  • Jean Laplanche – Serge Leclaire. L’inconscient une étude psychanalytique (Colloque de Bonneval, automne 1960). In Laplanche, J. Problématiques IV L’inconscient et le ça. Paris : PUF, 1981.- pp. 261-321.
  • Jean Laplanche - Jean-Bertrand Pontalis, Fantasme originaire Fantasmes des origines Origines du fantasme [1964], Paris : © Hachette (Collection « Textes du XXe siècle »), 1985 ; Paris, Hachette Pluriel, 2002.
  • Jean Laplanche - Jean-Bertrand Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, 1967, éd. 2004 PUF-Quadrige, No 249, ISBN 2130546943
  • Vie et mort en psychanalyse, Paris, Flammarion, 1970, 2e éd. 1971, suivie de "Dérivation des entités psychanalytiques", 1977.
  • Problématiques I : L'angoisse , Paris, PUF, 1980, (Quadrige, 1998).
  • Problématiques II: Castration, symbolisations , Paris, PUF, 1980, (Quadrige, 1998).
  • Problématiques III: La Sublimation , Paris, PUF, 1980, (Quadrige, 1998).
  • Problématiques IV: L'inconscient et le ça , Paris, PUF, 1981, (Quadrige, 1998).
  • Problématiques V : Le baquet-transcendance du transfert, Paris, PUF, 1987 (Quadrige, 1998).
  • Nouveaux fondements pour la psychanalyse, Paris, PUF, 1987. 2e éd. avec un Index général des "Problématiques", 1990.
  • Traduire Freud, (en coll. avec A. Bourguignon, P. Cotet F. Robert). Paris, PUF, 1989.
  • La révolution copernicienne inachevée, (Travaux 1967-1992), Paris, Aubier 1992. Réédition : Le primat de l'autre en psychanalyse, Paris, Flammarion, 1997.
  • Le fourvoiement biologisant de la sexualité chez Freud, Paris, Les empêcheurs de penser en rond, 1993, rééd. augmentée sous le titre : La sexualité humaine, biologisme et biologie (coll. "Déjà classique!"), Paris, Synthélabo, 1999.
  • Entre séduction et inspiration : l'homme, Paris, PUF, 1999.
  • Problématiques VI: L'après-coup , Paris, PUF, 2006.
  • Problématiques VII: Le fourvoiement biologisant de la sexualité chez Freud suivi de Biologisme et biologie, Paris, PUF, 2006.
  • Sexual. La sexualité élargie au sens freudien. 2000-2006, Paris, PUF, 2007.

[modifier] Étapes d'une pensée

[modifier] Années 1960 : Hölderlin et Bonneval; le Vocabulaire...

[modifier] 1. Au début était Hölderlin et la question du père

Le premier livre de Jean Laplanche, écrit dans sa période « para-lacanienne », est la publication sous ce titre en 1961 de sa thèse de médecine soutenue en 1959 sur le cas de « Hölderlin au détour de sa folie et de son oeuvre (1794-1800) »[3]. La thèse est « mixte », médicale et psychanalytique. Stricto sensu, il s’agit d’une thèse de « psychanalyse appliquée » [On dirait maintenant « hors cure »]. La théorie psychanalytique appliquée au « cas » de Hölderlin, alors pris pour « objet clinique », est la théorie de la « psychose » des années 1950 de Jacques Lacan[4] . La « structure » psychotique y est déterminée par la « forclusion du Nom-du-père », soit la non admission de la « Métaphore du Nom-du-père », ce « pivot du complexe d’Œdipe », dans « le système de significations du sujet »[5].
Le Hölderlin de Jean Laplanche, d’une facture limpide et relativement brève, mais au contenu dense et complexe, qui fait souffler le vent nouveau de « l'interprétation psychanalytique » dans la critique littéraire par rapport au genre traditionnel de la « psycho-biographie »[6], amorce au final d'une belle conclusion dialectique « ouverte », un renversement subversif du propos sur son «objet » désormais passé, sous le froc médical d'une « pathographie » « au sens étroit du terme » requérant son « "certificat" psychiatrique »[7], en psychanalyse.
Hölderlin, poète et schizophrène, y a la main et fait écrire à J. Laplanche qu’au bout du compte :

« ce n'est pas la science - psychanalytique ou non - de la schizophrénie qui nous enseigne le dernier mot sur Hölderlin, mais que c'est lui qui rouvre la question de la schizophrénie comme problème universel »
    — Hölderlin et la question du père[8]

L’objet de la psychanalyse, c’est l’inconscient. Au passage de son Hölderlin « sous les fourches caudines » de La Faculté, l’œuvre de Jean Laplanche est bel et bien commencée : c’est une œuvre psychanalytique. Et le livre Hölderlin et la question du père ayant été publié deux ans après la soutenance de thèse et un an après Bonneval, on peut se demander si ce titre devenu quasi paradigmatique sous sa forme bien française de « question », n’annonçait pas dans les arcanes du livre un passager clandestin « résistant » et fidèle à un Freud plus exigeant, auquel menait une inspiration hölderlinienne plus souterraine et portant après coup sur toute l’œuvre à venir du psychanalyste.

[modifier] 2. Bonneval

Dans L’inconscient, une étude psychanalytique par Jean Laplanche et Serge Leclaire, rapport présenté au Colloque de Bonneval à l’automne 1960[9], J. Laplanche pose pour sa part sous la « Métaphore paternelle » de Jacques Lacan sa métaphore du refoulement originaire, dans laquelle E. Roudinesco voit une critique de "la théorie lacanienne du signifiant »[10]. La critique de J. Laplanche se fonde sur Freud (davantage le Freud de la première topique), pour lequel les « représentations de mots » relèvent du préconscient/conscient, d’où la critique laplanchienne d’un « inconscient structuré comme un langage ». Pour J. Laplanche, c’est « l’inconscient » qui est « la condition du langage ». Toute la pensée de Jean Laplanche va maintenant s’ensuivre.

[modifier] 3. J. Laplanche et J.-B. Pontalis : le Vocabulaire de la psychanalyse (1967); Fantasme originaire. Fantasmes des origines. Origines du fantasme (1964)

Le Vocabulaire de la psychanalyse de Laplanche et Pontalis est devenu, comme on a pu le dire plaisamment de cet ouvrage de référence, l'indispensable « Lagarde et Michard » de la psychanalyse, sa traduction et diffusion hors de nos frontières françaises en sus.

Et c'est "dans sa foulée", alors qu'il était "sur le point d'être terminé" que fut rédigée l'étude Fantasme originaire. Fantasmes des origines. Origines du fantasme. Ainsi le rappelle le "Post-scriptum" de 1985 à ce texte, post-scriptum qui situe bien cette étape de co-écriture, marquée pour ce qui est de son urgence, par sa date, 1964, celle pour les deux auteurs du "refus de suivre Lacan" dans son "Ecole", et exprimant par conséquent une prise de distance "à l'égard de sa pensée", en même temps que "le souci d'établir une continuité entre Freud et lui". L'enjeu porte sur le fameux "retour à Freud" proclamé par Jacques Lacan. L'étude de 1964 co-écrite par J. Laplanche et J.-B. Pontalis aborde l'immense question qui commence de se poser à Freud au moment où celui-ci « renonce à ses neurotica » en 1897 (lettre à Fliess du 21 septembre), soit à sa théorie de la séduction factuelle chez les hystériques : quel est le statut du fantasme ( la Phantasie) ? Qu'est-ce que la « réalité psychique » dans sa relation à la sexualité infantile ?
Par la suite, Jean Laplanche ira presque jusqu'à désavouer pour sa part ce texte encore influencé par le structuralisme de ses « années Lacan ». En particulier, la « structure oedipienne » telle qu'elle ressortait du « Symbolique » lacanien pouvait y apparaître comme l'un de ces « fantasmes originaires » freudiens, le principal auquel se ramènent les autres « scènes primitives » (Urszenen), Oedipe qu'un J. Laplanche plus récent verse à présent au registre d'un « mytho-symbolique » refoulant et ne faisant plus partie du « noyau de l'inconscient » (Cf. Entretien avec Jean Laplanche in le Carnet PSY, 2002).

[modifier] Années 1970 : Début des Problématiques, la psychanalyse à l'Université ; Vie et mort en psychanalyse

[modifier] 1. Les Problématiques

Durant l’enseignement de Jean Laplanche à l’université au niveau de la recherche (cours du « D.E.A. de psychanalyse » à PARIS VII jusqu’en 1993), vont se déployer les Problématiques. Par son côté subversif, l'implantation de la « psychanalyse à l'université » (avec la revue qui l'accompagne) n'est pas sans s'inscrire dans le sillage du mouvement de mai 1968.
Les Problématiques constituent un véritable atelier de la pensée laplanchienne, qui se met à « faire travailler » le texte de Freud selon les critères d'« exigence » de la méthode freudienne à laquelle, souligne D. Scarfone, « il s'agit d'être fidèle, au besoin contre Freud lui-même »[11].
J. Laplanche insiste souvent aussi sur le mouvement « en spirale » ou « hélicoïdal » de sa démarche, qui rappelle en filigrane le philosophe de formation rompu à la dialectique hégélienne, malgré une plus secrète résistance peut-être à l'aspect assez « dévorant » de cette dernière dans sa synthèse ternaire (l'Aufhebung dont le sens ne correspond pas à celui du mot « Aufhebung » employé par Freud pour indiquer seulement une « suppression »). Une telle résistance serait décelable au départ même de l'oeuvre laplanchienne, dans l'analyse qui est faite de celle de Hölderlin à la synthèse en question dont le très grand poète ne saurait se satisfaire[12].

  • La psychanalyse à l'université
    L'enseignement de Jean Laplanche, commencé dès 1962 à l'Ecole Normale et à la Sorbonne, va s'implanter à partir de 1969 à l'Université Paris VII dans l'UER de Sciences Humaines Cliniques. Le premier cours sur L'angoisse (Problématiques I) est daté du 18 novembre 1970. L'observation de Dominique Scarfone en 1997 sur une certaine banalisation des études psychanalytiques à l'Université depuis en France ainsi que dans le monde anglo-saxon, en dépit des malentendus auxquels celles-ci ont pu donner lieu[13], ne tient peut-être plus aujourd'hui dans les années 2000, où l'on assiste à un repli défensif de l'institution psychanalytique, en bute à la progression des neurosciences et des sciences comportementales, sur sa définition exclusivement clinique ou justifiée par son rattachement disciplinaire majeur à une « psychopathologie » que Jean Laplanche était parvenu de son temps (jusqu'en 1992-1993) à ne pas faire figurer dans l'intitulé significatif des seuls « D.E.A. de psychanalyse » et « Doctorat de psychanalyse » qu'il avait créés. Actuellement, plus d'un psychanalystes cherchent certes à occuper le terrain de ce qui reste de « psychanalyse à l'université », parallèlement à leur situation reconnue ou briguant la reconnaissance dans l'institution, mais c'est en s'autorisant de l'expérience clinique (l'application à la cure de patients) assez sacralisée.
    Le but de Jean Laplanche, grand psychanalyste (fidèle au Freud de La question de l'analyse profane sur l'objet de la psychanalyse), et grand universitaire s'il en est, c'est à dire homme de science, était d'introduire la psychanalyse comme discipline à part entière à l'Université, et de la porter au niveau de la recherche en l'inscrivant dans la communauté scientifique[14]. Dans les Nouveaux fondements pour la psychanalyse et dans les Problématiques V, Le baquet, transcendance du transfert , il insistera sur la différenciation des lieux de l'expérience psychanalytique: « la psychanalyse hors-les-murs » (hors des murs de la cure), la théorie psychanalytique, l'histoire de la psychanalyse. Ce « hors-les-murs » qui cherche à quitter l'ancienne désignation de « psychanalyse appliquée » suggérant une pratique secondaire et serve d'une interprétation infaillible et « plaquée », plutôt que l'application d'une méthode scientifique, correspond au domaine culturel :

    « L'homme moderne n'est pas seulement étudié par la psychanalyse, mais marqué culturellement par elle. »
        — Nouveaux fondements pour la psychanalyse[15]

[modifier] 2. Vie et mort en psychanalyse (1970)

Vie et mort en psychanalyse (1970) marque la première étape importante de la pensée de Jean Laplanche, celle de l’étayage, dont J. Laplanche dira plus tard, non sans la critiquer, par rapport à sa trop grande dépendance encore du « pôle vital », que c’est la théorie de la séduction généralisée qui en dit la vérité[16].
Ainsi que l'observe D. Scarfone dans son livre d'introduction à la pensée de J. Laplanche, Vie et mort en psychanalyse décrit « un arc » partant « de l'ordre vital dans ses rapports avec la genèse de la sexualité » pour aboutir « à une interrogation sur la fonction de la pulsion de mort dans la structure d'ensemble de l'oeuvre de Freud »[17].

Toute la sexualité humaine est d'une certaine façon déviante. Laplanche commence par se référer aux Trois essais de Freud, pour montrer la dérivation du sexuel à partir du vital. L'exemple donné est celui du suçotement de l'enfant après l'apaisement de sa faim. La zone érogène de la bouche se constitue à la suite d'un rebroussement auto-érotique par rapport à l'objet du besoin (le lait) au profit de la dérivation métonymique vers l'objet contigu: le sein, lequel, lorsqu'il est « perdu », peut faire place à tout objet contingent susceptible de stimuler la pulsion orale. La contingence de l'objet sexuel, devenu fantasmatique, amène même le plaisir érogène à l'indépendance de l'auto-érotisme.

Le concept d'auto-érotisme fait problème en psychanalyse, dans la mesure où certains auteurs, dont Freud lui-même parfois, en font un état absolument « anobjectal » en élaborant une théorie d'un « narcissisme primaire absolu ». Pour J. Laplanche, l'auto-érotisme n'est pas du tout « le temps primaire ». En référence au Freud des Trois essais, « trouver l'objet sexuel, c'est à proprement parler, le retrouver »[18] . Le rabattement possible de la notion d'étayage sur l'instinctuel, qui fait l'objet de sa remise en question par Laplanche dès 1975, donne lieu à cette conception freudienne d'un auto-érotisme « absolument sans objet », et la critique laplanchienne de l'étayage sera rigoureusement reprise après la mise en place de la théorie de la séduction généralisée dans Le fourvoiement biologisant de la sexualité chez Freud (1993; Problématiques VII, 2006)[19].

[modifier] Années 1980 : La théorie de la séduction généralisée

[modifier] 1. Nouveaux fondements pour la psychanalyse

[modifier] 2. Suite des Problématiques : V. Le baquet - transcendance du transfert

[modifier] Années 1990 : La révolution copernicienne inachevée

[modifier] 1. « Ponctuation » (1992) : Ptoléméisme et copernicisme

[modifier] 2. « Le primat de l'autre », autres textes

[modifier] 3. Le fourvoiement biologisant de la sexualité chez Freud (1993) : Problématiques VII [2006]

[modifier] 4. La question de la sublimation : L'inspiration

[modifier] Années 2000 : L'après-coup... vers une nouvelle définition de "l'inconscient" ?

[modifier] 1. Disparition de l'Oedipe du « noyau de l'inconscient »

[modifier] 2. Problématiques VI L'après coup [enseignement de 1989-1990, publié en mai 2006]

Cet avant-dernier cours important de Jean Laplanche tenu à l'Université Paris VII entre novembre 1989 et février 1990 ne fut publié par son auteur que seize ans plus tard, en mai 2006, après coup donc, à l'instar de Freud ayant énoncé un jour que « l'exemple est la chose même ». J. Laplanche rappelle que, historiquement, le concept d'« après-coup » (la Nachträglichkeit) fut inauguré la première fois en France, également sur le plan de sa traduction, par Lacan dans son « rapport de Rome » en septembre 1953. Sa « seconde scansion, toujours française, c'est la scansion due à Laplanche et Pontalis, puis à Laplanche seul »[20], déjà dix ans après : 1964, dans Fantasme originaire, Fantasmes des origines. Origines du fantasme ; 1967, dans le Vocabulaire de la psychanalyse ; 1970, dans Vie et mort en psychanalyse. Le travail conceptuel chez Laplanche et Pontalis, apporte « tout autre chose » que chez Lacan.

  • L'importance de l'ouvrage de Jean Laplanche sur L'après-coup tient à se qu'il réinsère pied à pied le concept dans la théorie de la séduction chez Freud, en y dégageant les points nodaux où manque la catégorie du message énigmatique adressé par l'autre, ou « message compromis avec l'inconscient de l'autre » (l'adulte par rapport à l'enfant dans la situation anthropologique fondamentale). Ce livre signe par conséquent l'avancée considérable que représentent la théorie de la séduction généralisée de J. Laplanche et son corrélat d'une théorie de la traduction (dont, notamment, la fameuse lettre 52/112 de Freud à Fliess constitue une base théorique) par rapport à l'oeuvre freudienne, où la pensée du psychanalyste français Jean Laplanche s'enracine dès lors plus profondément que celle ressortant dudit « retour à Freud » de Jacques Lacan.

[modifier] 3. Sexual - La sexualité élargie au sens freudien 2000-2006 [2007]

[modifier] Bibliographie

[modifier] Études et articles sur Jean Laplanche; colloques autour de l'oeuvre de Jean Laplanche (avec sa participation)

  • Michel Foucault, "Le "non" du père", in Critique, mars 1962, 178, pp. 195-209 [cité dans "Bibliographie raisonnée" de D. Scarfone, Jean Laplanche]. Sur la réception de Hölderlin et la question du père de J. Laplanche, les Archives de Hölderlin à Stuttgart disposent d'un assez volumineux dossier : [2]
  • Roland Jaccard, "Se faufiler entre les astres", Entretien avec Jean Laplanche, Le Monde, 27 avril 1980; repris in entretiens avec Le Monde, 5, L'individu, Paris, La Découverte-Le Monde, 1985, p. 48-57. [cité dans "Bibliographie raisonnée" de D. Scarfone, Jean Laplanche].
  • François Roustang, "Une relation énigmatique", Critique, n° 497, octobre 1988, p. 771-785 [cité dans "Bibliographie raisonnée" de D. Scarfone, Jean Laplanche].
  • "Jean Laplanche talks to Martin Stanton", Free Associations, n0 23, 1991, pp. 323-341 [cité dans "Bibliographie raisonnée" de D. Scarfone, Jean Laplanche].
  • Ph. Merle, "Jean Laplanche", L'Encyclopédie philosophique, Paris, PUF, 1992 [cité dans "Bibliographie raisonnée" de D. Scarfone, Jean Laplanche].
  • Jean Laplanche et Collaborateurs, Colloque international de psychanalyse - Nouveaux fondements pour la psychanalyse, Actes du colloque de Montréal (3-5 juillet 1992), publié sous la direction de Jacques André, Paris, PUF, 1994.
  • Troisième colloque international J. Laplanche, Practica psicoanalitica y mensaje enigmatico, Nueva investigaciones en psicoanalisis [Intervenants: Silvia Bleichmar, Jean-Claude Rolland, Luis Martinho Maia, Dominique Scarfone, Roseline Bonnellier, Kenia M. Ballve Behr, José Guttierez Terrazas, Jean Laplanche (Les réponses de J. Laplanche ne figurent pas dans les Actes qui rassemblent les textes de conférences des intervenants cités)], Madrid 19-21 juillet 1996, Miraflores de la Sierra Madrid, Actes du Colloque, Universidad autonoma de Madrid.
  • Dominique Scarfone : Jean Laplanche, Psychanalystes d’aujourd’hui, P.U.F., 1997, ISBN 2130484050 (note de l'auteur : ce n'est pas une biographie, mais une introduction à la pensée de Jean Laplanche, avec l'ajout de morceaux choisis de l'oeuvre).
  • « Entretien avec Jean Laplanche par Alain Braconnier », in Le Carnet PSY, mars 2002, n° 70.
  • Journées internationales Jean Laplanche, du 20 au 22 juillet 2006, à Lanzarote, aux Îles Canaries. Recension de ces Journées in Circulo Brasileiro de Psicanalise, Revista : « Uma análise epistemológica da teoria da sedução generalizada Contribuições atuais para a cientificidade da psicanálise » par Fernando de Andrade e Luís Maia, Palavras-Chave: http://www.cbp.org.br/rev3009.htm
    Extraits d’un entretien avec Jean Laplanche, publié dans le quotidien Il Manifesto (Roma) qui s'est déroulé à l'issue des Journées Internationales Jean Laplanche, version mise au point par Alberto Luchetti, Vincent Magos et Francis Martens et revue par Jean Laplanche: http://squiggle.be/PDF_Matiere/entretien_avec_J_Laplanche.pdf.
  • Revue Psychiatrie française Vol. XXXVII 3/06 (Plusieurs auteurs avec la réponse de J. Laplanche : J. Laplanche, J.-L. Brenot, J.C. Calich, M. Dornes, F. François, B. Golse, F. Guignard, A. Luchetti, F. Martens, R. Stein, Le concept d'inconscient selon Jean Laplanche, novembre 2006.
  • Roseline Bonnellier : « De Hölderlin et la question du père à la théorie de la séduction généralisée de Jean Laplanche : Avancée paradoxale de la traduction d’Œdipe en psychanalyse »[21], thèse du Doctorat de psychologie, Université Paris-XIII, 2007, 1041 p. Cet ouvrage sur "Hölderlin et la psychanalyse" est également consultable en Allemagne aux Archives de Hölderlin, Bibliothèque du Land de Wurtemberg à Stuttgart. Internationale Hölderlin-Bibliographie online Id.-Nr.: 26088052007.0170. [3]
  • Roseline Bonnellier: « Aux sources culturelles de la psychanalyse, l'Oedipe relatif: Hölderlin et la question du père de Jean Laplanche », in le Carnet PSY, numéro 124 - mars 2008, p. 24-30.

[modifier] Autres colloques et ouvrages collectifs récents avec la participation de Jean Laplanche

  • Psychanalyse et psychothérapie, Daniel Widlöcher (éd), Co-Auteurs : Marilia Aisenstein - Christine Anzieu-Promeneur - Alain Braconnier - Bernard Brusset - Raymond Cahn - Serge Frisch - Bernard Golse - Roland Gori - Bertrand Hanin - Christian Hoffmann - Christian Lachal - Jean Laplanche - Sylvain Missonnier - Marie Rose Moro - Roger Perron - René Roussillon - Jacques Sédat, F-31520 Ramonville, érès, © 2008, Carnet psy -Le- - dirigée par Manuelle Missonnier, ISBN : 978-2-7492-0854-1, EAN : 9782749208541.

[modifier] Liens externes

  • Photographie de Jean Laplanche [4]
  • Source des repères biographiques et introduction à la pensée de Jean Laplanche jusqu'en 1997 : Dominique Scarfone, Jean Laplanche, Psychanalystes d’aujourd’hui, P.U.F., 1997, ISBN 2130484050
  • Hölderlin et la psychanalyse, réception de Hölderlin et la question du père de Jean Laplanche  : Hölderlin-Archiv et Internationale Hölderlin Bibliographie online (IHB) [5]

[modifier] Notes et références

  1. "Vendredi 14 novembre 2003 [...] Le château de Pommard vient de changer de main [...]". Source : archives du Bien Public du Journal de Saône et Loire [1]
  2. Page 10 de son livre sur Jean Laplanche, Dominique Scarfone relève ce détail biographique lié à la "métaphore astronomique" qu'il observe dans l'oeuvre du psychanalyste [selon un balancement entre le pôle "copernicien" (l'inconscient) et le pôle "ptoléméiste" (le recentrement narcissique de l'humain)], "ce qui ne manque pas de saveur quand on sait", dit-il, que Samos est "l'île même d'Aristarque, grand astronome de l'Antiquité grecque et premier à postuler l'héliocentrisme." L'autre rapprochement qu'omet de faire ici D. Scarfone, touche un J. Laplanche plus secret et très réservé sur une relation de sa "vie d'âme" à... "la Grèce de Hölderlin" où le soleil reste inscrit au coeur de l'oeuvre, par exemple dans le roman Hypérion ou l'ermite de Grèce.
  3. Jean Laplanche, Avant-propos de Hölderlin et la question du père, Paris, PUF, 1961, p. V.
  4. Jacques Lacan, « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose » (1955-56), dans Ecrits, Paris, © Seuil, 1966; Jacques Lacan, Le séminaire livre III. Les psychoses (1955-1956) Texte établi par J.-A. Miller. Paris : Seuil (Collection « Le Champ freudien »), 1981.
  5. Jean Laplanche, Hölderlin et la question du père, Paris, PUF, 1961, p. 43.
  6. Cf. Élisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France, 2, 1925-1985, Paris, Fayard, 1994, p. 396.
  7. Jean Laplanche, Hölderlin et la question du père, Paris, PUF, 1961, p. 123.
  8. Jean Laplanche, Hölderlin et la question du père, Paris, PUF, 1961, p. 133.
  9. Sur le contexte des années 1960 dans l'histoire de la psychanalyse et de la vie intellectuelle française, cf. Élisabeth Roudinesco, Généalogies, Paris, Fayard, 1994 : Page 261, E. Roudinesco relève au 30 octobre 1960, l'ouverture du colloque de Bonneval consacré à « L’inconscient », avec une « présence massive de la troisième génération psychanalytique française » : René Diatkine, Serge Lebovici, André Green, Conrad Stein, Jean Laplanche, Serge Leclaire, ainsi qu'avec la participation de Paul Ricoeur, Maurice Merleau-Ponty, Jean Hyppolite. Serge Leclaire, raconte-t-elle, y expose le cas de l’Homme à la licorne, dont il fera un film pour la télévision, et « Jean Laplanche critique la théorie lacanienne du signifiant ».
    Plus loin, p. 263-264, l'historienne consigne qu'en 1961, Serge Leclaire et Jean Laplanche publient leur article sur « L’inconscient » dans la revue de Jean-Paul Sartre, Les temps modernes et que Jean Laplanche publie Hölderlin et la question du père. La même année, Michel Foucault soutient sa thèse sur Folie et déraison. Histoire de la folie à l’âge classique. Page 270, on lit qu'avec la fin de la deuxième scission du mouvement psychanalytique français, la troisième génération sera désormais divisée en trois groupes psychanalytiques : deux appartenant à l’IPA, un autre, toujours freudien mais d’orientation lacanienne, hors de la légitimité ipéiste ». Et c'est en 1964, écrit E. Roudinesco, page 271, qu'entre en scène « la quatrième génération psychanalytique française » et qu'on assiste au « début de la psychanalyse de masse ».
  10. Voir réf. supra note 9
  11. Dominique Scarfone, Jean Laplanche, Paris, puf, 1997, p. 13.
  12. Cf. J. Laplanche, Hölderlin et la question du père, Paris, PUF, 1961 (3ème édition: 1984), p. 116.
  13. Cf. D. Scarfone, Jean Laplanche, Paris, puf, p. 46. [Dominique Scarfone, psychanalyste, membre de la Société canadienne de psychanalyse et Professeur à l'Université de Montréal, est à même d'observer également la situation anglo-saxonne].
  14. Cf. J. Laplanche, « La psychanalyse dans la communauté scientifique », Cliniques méditerranéennes, n° 45-46, 1995, p. 33-42 [cité par D. Scarfone, Jean Laplanche, Paris, puf, p. 47, note 1].
  15. Jean Laplanche, Nouveaux fondements pour la psychanalyse, Paris, PUF, 1987, p. 16. [Cité par D. Scarfone qui renvoie également aux Problématiques V, le baquet, transcendance du transfert, Paris, PUF, 1987, p. 146-148].
  16. Cf. Jean Laplanche, Problématiques III, La sublimation, Paris, PUF, 1980, p.69.
  17. Cf. Dominique Scarfone, Jean Laplanche, Paris, puf, coll. « Psychanalystes d'aujourd'hui », p. 22.
  18. Jean Laplanche, Vie et mort en psychanalyse, Paris, Flammarion, 1970, p. 35. Citation de Freud, Trois essais sur la théorie de la sexualité, Gallimard, coll. « Folio », p. 132; Trois essais sur la vie sexuelle, in OCF.P VI, Paris, PUF, 2006, p. 161: « La trouvaille de l'objet est, à proprement parler une retrouvaille. » [N.B. La nouvelle traduction dans les OCF.P sous la direction scientifique de J. Laplanche permet au lecteur de repérer les divers ajouts freudiens des éditions ultérieures à ce texte fondamental des Trois essais de 1905 : ils sont signalés par un trait vertical dans la marge.].
  19. Cf. D. Scarfone, Jean Laplanche, Paris, puf, p. 28-29.
  20. Cf. J. Laplanche, Problématiques VI, L'après-coup, Paris, puf, 2006, p. 16.
  21. Roseline Bonnellier : « De Hölderlin et la question du père à la théorie de la séduction généralisée de Jean Laplanche : Avancée paradoxale de la traduction d’Œdipe en psychanalyse ». Württembergische Landesbibliothek Hölderlin-Archiv. Internationale Hölderlin-Bibliographie online Id.-Nr.: 26088052007.0170-1.2. 2007.0171-1/3- Elektronische Ressource. - Paris : [Bonnellier], 2007. - 1 CD-ROM (1041 S.) + Exposé [Ausdr., 18 S.] Zugl.: Paris, Univ. Paris XIII, Diss., 2007. - Systemvoraussetzungen: MS Word Textdatei. - Im HA auch als Papierausdruck (3 Bände) [HA2007.0171-1/3].








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