Bronisław Geremek

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Bronisław Geremek
Bronisław Geremek

Bronisław Geremek vel Lewartow[1] est un professeur d'histoire et un homme politique polonais, né à Varsovie le 6 mars 1932.

Sommaire

[modifier] Biographie

De 1950 à 1968, il a été membre du parti communiste polonais au pouvoir, le Parti ouvrier unifié polonais et apparatchik à l'Université de Varsovie.

Il étudie en France en 1956-57, à l’École des hautes études. Fin 1962, il prend la direction du Centre de civilisation polonaise qui vient d’être créé à la Sorbonne, qu'il conservera jusqu'en 1965. Dans ces années-là, il rejoint le courant dit révisionniste du Parti communiste français.

A l'époque marxiste convaincu, il prend toutefois ses distances avec les partis communistes quand les chars soviétiques mettent fin au printemps de Prague. De 1965 à 1980, il enseigne à l’université de Varsovie. Il rejoint le mouvement Solidarność dans les années 1980. Il y incarne le collectivisme autogestionnaire antistalinien. Il devient conseiller personnel de Lech Wałęsa.

En 1989, lors de l'effondrement des régimes communistes d'Europe centrale, il devient député au Parlement polonais (Sejm) et ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2000 et, en parallèle, président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en 1998. Il est député européen depuis le 20 juillet 2004.

Après avoir été élu aux élections européennes de juin 2004 sous les couleurs de son parti, l’Union des libertés (Pologne) (UW), il présente sa candidature au poste de président du Parlement européen. Soutenue par les Libéraux et les Verts pour sa portée emblématique, sa candidature dérangeait la droite et la gauche du Parlement. Finalement, le 20 juillet 2004, c'est le socialiste Josep Borrell qui est élu avec 388 voix ; Geremek a obtenu 208 voix (alors que l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe ne compte que 88 membres et les Verts qui le soutenaient 42 députés).

Ses activités politiques ne l’empêchent pas d'exercer un rôle important au sein du Collège d'Europe de Bruges et de Natolin : le campus polonais, créé en 1993 dans un ancien château près de Varsovie, sur le modèle de celui de Bruges qui prépare des étudiants en fin d'études, de nationalités différentes, aux carrières européennes. Il y dirige une chaire de la Civilisation européenne. En 1992-93, il assure au Collège de France un cours sur l'« Histoire sociale, exclusions et solidarité ».

Il a obtenu le Prix international Charlemagne d'Aix-la-Chapelle.

D'après la liste arrêtée au 11 novembre 2003, il est membre du Comité d'orientation scientifique de l'association fondée par Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn, À gauche en Europe[2].

Depuis 2004, il est vice-président du Conseil de surveillance de la Fondation pour l'innovation politique.

En 2006, il succède au professeur Henri Rieben comme président de la Fondation Jean-Monnet pour l'Europe. À ce titre, il préside à de régulières manifestations au siège de fondation à Lausanne, telle la remise de la médaille d'or à l'ancien chancelier allemand Helmut Kohl, le 25 janvier 2007.

En avril 2007, il refuse de se conformer à la loi de la lustration, imposant aux personnalités publiques de déclarer leurs éventuelles anciennes activités avec la police secrète communiste. Il est en conséquence menacé d'être déchu de son mandat de député européen. Bronisław Geremek avait pourtant lui-même voté une loi similaire qui date du 11 avril 1997 (sous le gouvernement de centre-gauche de Włodzimierz Cimoszewicz) et avait même signé sa déclaration en 2002 (obligatoire tous les 5 ans), précisant qu'il n'avait pas collaboré avec les services secrets. Au moment où il est venu étudier puis travailler en France, les services polonais exigeaient des ressortissants polonais quittant légalement le territoire qu'ils collaborent avec les services secrets, mais il est possible que cette collaboration n'ait jamais été effective.

La position de refus de Bronisław Geremek contre la nouvelle loi de lustration porte sur la procédure qui fait intervenir un institut indépendant dépositaire des archives de la police secrète, au lieu de reposer sur des procédures judiciaires plus habituelles, censées mieux garantir les libertés individuelles et les droits de la défense. De nombreuses personnalités et mouvements politiques européens ont apporté leur soutien à Bronisław Geremek. Mais certains membres, comme le britannique Daniel Hannan, le soupçonnent d'avoir voulu instrumentaliser la situation pour monter le parlement contre la coalition de droite au pouvoir.

Le 11 mai 2007, la Cour constitutionnelle de la Pologne a rejeté la majeure partie de cette nouvelle loi, et notamment la clause qui aurait obligé près de 700 000 personnes à signer des déclarations certifiant qu'elles n'avaient jamais collaboré avec les services secrets de l'ancien régime.

[modifier] L'Europe de l’Atlantique à l’Oural

« Il est très important de « penser l’Europe » sans se préoccuper des frontières géographiques. En cherchant au contraire à définir l’Europe comme un continent ouvert, dont le trait principal est le respect de la liberté. Le respect de l’individu – les droits de l’homme – et aussi le respect de l’économie de marché. Et le tout fait un ensemble ouvert, c’est-à-dire qu’un peuple, un pays, une société peuvent aspirer à adhérer à l’Europe à condition justement d’accepter cette définition européenne et de la réaliser. Je pense en particulier à la Russie. Pourquoi séparer la Russie de l’Europe ? En fait, je suis assez pessimiste, car je pense que des structures de longue durée sépareront longtemps la Russie de l’Europe. Mais, au XIXe siècle, l’ouverture vers l’Europe avait une importance capitale pour l’évolution interne de la Russie de l’époque. C’était une avancée vers l’Occident. Alors pourquoi ne pas introduire maintenant le critère défini plus haut ? Il y a en Russie ceux qui voudront s’ouvrir vers l’Europe des libertés – sociales, politiques, économiques – et ceux qui ne le voudront pas. Mais que ce choix reste ouvert ! »
    — Georges Duby, Passions communes. Entretiens avec Philippe Sainteny

[modifier] Bibliographie

  • Les Marginaux parisiens au XIe et au XVe siècle, Flammarion (1976)
  • La Potence et la pitié. L'Europe des pauvres, du Moyen Age à nos jours, Gallimard (1987)
  • Les Fils de Caïn. L'image des pauvres et des vagabonds dans la littérature européenne, Flammarion (1991)
  • Passions communes, Seuil (1992) (ISBN 2-02-013410-1)
  • Regards sur la France, ouvrage collectif, Seuil (1992) (ISBN 978-2-02-057273-6)

[modifier] Références

  1. Instytut Pamięci Narodowej
  2. abonnement journal presse affaire annuaire at gauche-en-europe.org

[modifier] Liens externes

Intervention Colloque : Trajectoires de l’Europe, unie dans la diversité depuis 50 ans. Mars 2007.

  • Entretien et portraits de Bronislaw Geremek par Ariane Laroux dans Portraits Parlés aux éditions de l'Age d'Homme