Boîte (surréaliste)

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Expression plastique inventée par les surréalistes.

Par analogie, on pourrait reprendre le titre d'une œuvre de Raymond Queneau « Petite cosmogonie portative » pour définir la « Boîte (surréaliste) » comme une installation portative.

La "Boîte (surréaliste)", objet fait (a contrario de l’objet déjà tout fait), se risque à proposer en un univers condensé, sculpture et peinture, assemblage et collage d’éléments plus ou moins hétéroclites.
Le maître d'œuvre en cette matière est Marcel Duchamp qui, dans sa Boîte-en-valise réunit son Grand Verre en réduction, des photos de ses ready-made (urinoir, roue de bicyclette), et diverses reproductions d'éléments plastiques et picturaux, comme un cabinet de curiosités de voyage, une valise d'échantillons d'un VRP surréaliste.

La « Boîte (surréaliste) » déjoue sa fonction d'objet, accommode les matériaux les plus opposés dans leur expression la plus incongrue, défend l'ouvert et permet le fermé, le secret et le dévoilé, le petit et l'immense, le lourd et le léger, retrouve le parfum éventé des cachettes de l'enfance, des tiroirs invisibles de secrétaires profus, des double-fonds de cercueils, détrousse l'équivoque du symbolisme féminin du coffret par sa volonté d'apprivoiser, un peu, l'amour et la mort, rêve les façons d'habiter, de s'enfermer ou d'ouvrir les portes.


Quelques « boîtes (surréaliste) » remarquables :

  • Man Ray « Le Jeu d'échecs », 1920-62 et « Hôtel meublé », 1921.
  • Marcel Duchamp « Why not sneeze Rrose Selavy ? », morceaux de marbre taillés comme des cubes de sucre dans une cage à oiseaux d'où sortent un os de seiche et un thermomètre, 1921.
  • André Breton et Jacqueline Lamba « Le Petit mimétique », insecte ailé (libellule ?) sur amas de feuilles mortes séchées dans un écrin de bois tapissé d'un papier translucide de couleur miel.
  • André Breton « Souris blanche », boîte-poème, 1937.
  • Marcel Duchamp « Boîte-en-valise », 1938-1941.
  • Hans Bellmer « En souvenir de ma femme Margaret », 1938.
  • Joseph Cornell « Les Îles Salomon », "boite de marin" dont le couvercle est tapissé d'une carte des îles Salomon, un compartiment supérieur contient vingt petites boussoles et le compartiment inférieur contient des objets et des scènes gravées inspirés de voyages et d'explorations, 1942.
  • Joseph Cornell « Nécessaire pour bulles de savon », 1948.[1]
  • Joseph Cornell « Vers la péninsule bleue », 1952. Le titre est tiré d'un poème d'Emily Dickinson : "il serait peut-être plus facile d'échouer en vue de la terre que de gagner ma péninsule bleue pour y périr de joie".
  • « Boîte alerte : missives lascives… » en couverture du catalogue de l'Exposition internationale du Surréalisme de 1959 (non signée).
  • Élisa Claro-Breton « Lucy, faire », 1971 et « Ne quittez pas », 1972.
  • Gilles Ghez « Le Gardien de musée », 1978, "Onirodrame dans un univers à la Fritz Lang, Murnau et Joseph Cornell", Édouard Jaguer.

[modifier] Source bibliographique

Adam Biro et René Passeron (sous la direction de) « Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs », Office du livre, Fribourg, Suisse & Presses universitaires de France, Paris, 1982

[modifier] Notes et références

  1. André Breton « Le Surréalisme et la peinture », Gallimard, Paris, 1965, p. 81