Benoît d'Alignan

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Benoît d’Alignan était un bénédictin qui fut évêque de Marseille de 1229 à 1267 et se rendit par deux fois en terre sainte. Il mourut le 11 janvier 1268.

Sommaire

[modifier] Le Bénédictin

Benoît d’Alignan naquit à Alignan-du-Vent à 20 km au nord de Béziers dans l’Hérault. D’abord sacristain à l’abbaye de Villemagne, il est nommé abbé de Notre Dame de la Grasse (ou Lagrasse) en 1224. La croisade contre les albigeois venait d’entrer dans une phase décisive car Amaury VI de Montfort avait cédé au roi de France Louis VIII tous les droits qu’il détenait de feu son père Simon IV de Montfort. Benoît d’Alignan pousse les communes de Béziers et de Carcassonne à reconnaître l’autorité de Louis VIII.

En 1228 il se rend en Italie et séjourne à la cour pontificale pour faire renouveler les privilèges de son abbaye. En 1229 il est élu évêque de Marseille pour succéder à Pierre de Montlaur.

[modifier] Le seigneur-évêque de Marseille

En arrivant à Marseille, Benoît d’Alignan trouvait les marseillais frappés d’excommunication et héritait d’une situation particulièrement délicate. Cependant le pape Grégoire IX inquiet des agissements de Frédéric II, était prêt à faire preuve d’indulgence. Il délégua l’archevêque d’Arles, Hugues Béroard et Pierre Colomieu pour aider l’évêque de Marseille dans sa tâche pacificatrice. Le 1er janvier 1230, Benoît d’Alignan recevait la soumission de la population et levait les sentances d’excommunication et d’interdit. Un traité était signé le 9 janvier 1230 à Aix-en-Provence. Mais il fallait régler également le différent entre l’abbaye de Saint Victor et la commune : l’abbé Bonfils et le consul Guillaume de Roquefeuille acceptèrent l’arbitrage de Benoît d’Alignan qui donna son jugement le 30 janvier 1230. Un peu plus tard, au printemps 1230, Raymond Bérenger V voulant affirmer son autorité sur la ville de Marseille, proposa également comme arbitre l’évêque de Marseille qui rendit une sentence reconnaissant la haute juridiction du Comte de Provence Raymond Bérenger V qui reçut les châteaux de Saint Marcel, Aubagne, Roquefort, Bréganson et Hyères.

Marseille se trouvait dépossédée de son domaine extérieur, ce qui valut à Benoît d’Alignan la colère des marseillais qui une fois de plus firent appel au comte de Toulouse Raimond VII. L’empereur Frédéric II finit par imposer une trêve aux deux comtes, ce qui obligea les marseillais à se réconcilier avec l’évêque.

[modifier] Le croisé

En 1239 Benoît d’Alignan participe à la croisade des barons et partit pour Jérusalem qui se trouvait menacée malgré les accords conclus entre Frédéric II et le sultan Al-Kamel. Le comte Thibaud IV de Champagne et toute une chevalerie s’embarquèrent à Marseille avec l’évêque[1].

Après la défaite d’un corps expéditionnaire à Gaza, le gros de l’armée se replia sur Saint-Jean-d’Acre. Benoît d’Alignan persuada les templiers de relever les murailles de la citadelle Saphet, aujourd’hui Safed. Grâce à son vibrant plaidoyer, les travaux nécessaires furent entrepris. Lorsqu’ils furent terminés il retourna à Marseille en 1242.

[modifier] Derniers actes politiques

Il présida à la fondation de l’abbaye cistercienne du Mont de Sion et reçut dans sa ville les Augustins, les Carmes, les Clarisses, les Béguines de Roubaud, ce dernier couvent ayant été fondé par Douceline de Digne.

En 1245 il doit se défendre contre les exigences de Raymond Bérenger V qui, ayant réussi à obtenir le retrait du comte de Toulouse affaibli par sa défaite en Saintonge, voulait que l’évêque lui prête serment. Ce différent a du se régler car le pape Innocent IV attribua au comte la « rose d’or » à Lyon où se rendit Benoît d’Alignan. Raymond Bérenger V étant décédé le 19 août 1245 en ne laissant que des filles pour héritières, Charles d’Anjou, frère de Saint-Louis, devint le nouveau comte de Provence en épousant Béatrice de Provence, fille du comte décédé.

Le 30 août 1257 le comte Charles d’Anjou achetait à Benoît d’Alignan tous ses droits dans la ville haute par échange contre plusieurs châteaux : Mallemort, Saint Cannat, Signes, Mérindol. Bien que cet échange fût avantageux pour l’église, quatre chanoines se plaignirent auprès du pape Alexandre IV qui adressa une lettre pleine de reproches à l’évêque. Suite à de nouvelles plaintes, le pape désigna deux commissaires qui mandatèrent deux chapelains pour entamer une procédure contre l’évêque et prononcèrent une sentence d’excommunication. Il fallu que Charles d’Anjou intervienne vigoureusement auprès du pape pour faire lever cette sanction.

[modifier] Second voyage en terre sainte

Après le retour de captivité de Saint Louis, le pape Alexandre IV engagea les marseillais par bulle du 24 juin 1260 à envoyer des secours aux chrétiens qui combattaient en terre sainte. Malgré son âge Benoît d’Alignan s’embarqua à la fin de 1260. Il visita le château de Saphet, puis il rentra en France après un séjour de moins de deux ans. Peu après son départ d’Égypte, la forteresse devait être prise par Baybars, sultan d’Égypte le 25 juillet 1266.

[modifier] Retraite et décès

Il renonça à son évêché en 1267 pour se faire frère Mineur et mourut le 11 juillet 1268. Il fut enseveli dans l’église des frères Mineurs qui reçut plus tard la dépouille de Saint Louis d’Anjou, frère du roi Robert. Ce couvent fut rasé sur ordre de François Ier en 1524 lors du siège de Marseille par le connétable Charles III de Bourbon.

Il avait toujours gardé une certaine humilité : ses chartes étaient signées « Frère Benoît, avec la permission de Dieu évêque de Marseille ».

[modifier] Bibliographie

  • Max Segonne, Moine, prélat, croisé, Benoît d’Alignan, abbé de La Grasse, Seigneur-Évêque de Marseille , Imprimerie Robert, Marseille, 1960.
  • Abbé Joseph Hyacinthe Albanés, Armorial & sigillographie des Évêques de Marseille avec des notices historiques sur chacun de ces Prélats, Marius Olive, Marseille, 1884, pages 54-56.
  • Victor Louis Bourrilly, Essai sur l’histoire politique de la commune de Marseille des origines à la victoire de Charles d’Anjou (1264), Dragon, Aix-en-Provence, 1926.

[modifier] Références

  1. Raoul Busquet, Histoire de Marseille, Robert Laffont, Paris, 1978, page104
Précédé par Benoît d'Alignan Suivi par
Pierre de Montlaur
Évêque de Marseille
1229-1267
Raimond de Nîmes