Augment

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Dans quatre langues indo-européennesgrec ancien (et grec moderne quand l'augment est tonique), sanskrit, arménien et phrygien) – il existe un préfixe flexionnel invariable fonctionnant en paire avec des désinences normales et s'utilisant pour les temps du passé de l'indicatif ; on le nomme augment.

Ainsi, de la même racine *bʰer-, « porter », l'on obtient les formes du passé suivantes (« il portait ») :

  • grec : ἔ-φερε é-phere ;
  • sanskrit : á-bharat ;
  • arménien : e-ber.

Classer l'augment parmi les préfixes est un point de vue qui ne remporte pas l'unanimité (à la limite, parler d'un infixe serait parfois plus juste ; voir plus bas). Le procédé rappelle d'ailleurs le redoublement, qui soulève le même problème pour les langues indo-européennes.

Sommaire

[modifier] Fonctionnement

On considère qu'il existe deux formes d'augments, selon la nature du premier phonème du mot ou du radical.

[modifier] Augment syllabique

Il ajoute une syllabe au mot quand celui-ci commence par une consonne. En grec, par exemple, l'imparfait se construit au moyen de l'augment ἐ- e et des désinences voulues, comme dans ἐ-λάμϐαν-ον e-lámban-on « je prenais » (imparfait de λαμϐάν-ω lambán-ô).

[modifier] Augment temporel

Dans les verbes à initiale vocalique, cependant, l'augment est asyllabique et consiste en un allongement de la première voyelle radicale (on parle d'un augment temporel ; c'est un cas de flexion interne) : ainsi en sanskrit, l'imparfait du verbe aś- « manger » (construit avec un infixe alternant -nā- / -nī-) est āś-nā-m. Dans les faits, la dichotomie augment syllabique / augment temporel est secondaire : à l'origine, il n'existait qu'un augment syllabique. Lorsque le radical verbal commence par une voyelle, c'est par contraction que l'on obtient une voyelle longue (āś-nā-m provient simplement de *a-aś-nā-m).

Dans les verbes commençant par une voyelle ι- i- ou υ- u- en grec, cependant, l'augment temporel est un allongement simple qui ne peut remonter à une contraction avec le préfixe έ- e-. Il est certain que cet allongement est analogique de celui que subissent les autres verbes. Par exemple, le verbe ὑφαίνω hŭphaínô, « tisser », utilise un thème ὕφην- hū́phên- à l'aoriste.

[modifier] Place de l'augment

Point notable : l'augment précède la racine et fonctionne comme un préverbe inséparable. Ainsi, dans un verbe composé, l'augment se place après d'éventuels préfixes. Par exemple :

  • sanskrit : présent apa-bharatiimparfait apā-bharat, « il emportait » (c'est-à-dire *apa-a-bhar-at, avec sandhi par contraction entre la voyelle finale du préverbe apa- et l'augment) ;
  • grec : prés. ἀπο-φέρω apo-phérô → impft ἀπ-έ-φερον ap-é-pheron, « j'emportais » (avec élision de la voyelle finale du préverbe ἀπο- apo- devant l'augment).

Dans ces deux langues, placer une voyelle entre deux morphèmes d'un verbe entraîne très souvent des modifications dues aux règles de sandhi. Par exemple, en grec le verbe συλ-λέγω sul-légô fait συν-έ-λεγον sun-é-legon, « je réunissais », à l'imparfait car le préverbe συν- sun-, « avec » (comme dans syn-onyme), passé à συλ- sul- devant le λ l du radical par assimilation régressive reprend sa forme étymologique une fois que l'augment s'est intercalé.

[modifier] Origines

On ne peut affirmer avec certitude que ce procédé est bien d'origine indo-européenne, vu qu'à part dans ces quatre langues, l'augment n'apparaît nulle part ailleurs. Il est possible de penser que l'augment était à l'origine une particule temporelle, qui s'est adjointe au verbe par univerbation.

[modifier] Article connexes

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