Attaque de requin

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Les attaques de requins sur l'homme sont rares et exceptionnelles. Les raisons conduisant à une attaque ne sont pas toutes connues ou bien définies ; le manque de données fait qu'il est délicat d'en déduire des statistiques fiables. Le comportement en milieu naturel des requins est également mal connu (et peu étudié) tout ceci contribue à ce qu'il n'y ait pas de systématique en la matière.

Sommaire

[modifier] Classification des attaques

On distingue deux catégories d'attaque :

  • attaque provoquée,
  • attaque non provoquée.

La différence est fondamentale car bon nombre d'accidents avec des requins sont des attaques provoquées et pourraient être évitées par une meilleure connaissance du comportement de ces animaux et par le respect strict de quelques règles de bon sens.

[modifier] Attaque provoquée

Dans ce cas de figure c'est le comportement de l'homme qui entraîne l'attaque du requin, on peut en particulier citer :

  • pêcher un requin
  • pêcher en apnée des poissons en présence de requins
  • harceler un requin

[modifier] Attaque non provoquée

Il s'agit d'une attaque dont la raison n'est pas imputable directement à un acte de la part de la victime. Néanmoins certains facteurs peuvent favoriser une attaque non provoquée.

[modifier] Répartition géographique des attaques de requins dans le monde

Carte présentant la répartition géographique des attaques de requins dans le monde
Carte présentant la répartition géographique des attaques de requins dans le monde

Cette carte a été établie à partir des données du « Shark Attack File », le registre des attaques de requins maintenu par le Muséum d'Histoire Naturelle de Floride. Seules les attaques non provoquées ayant été recensées de 1580 à 2004 y figurent.

Les États-Unis et plus particulièrement la Floride est l'un des lieux où statistiquement il y a le plus d'attaques de requins. Ce fait est à mettre sur le compte du nombre important de baigneurs et de la proximité des squales, qui augmente d'autant la probabilité d'une rencontre, et donc le risque d'une attaque. Il y a également le fait que cette région, ainsi que quelques autres, font l'objet d'une surveillance et d'un suivi particulièrement minutieux, contrairement à d'autres où les attaques ne sont pas répertoriées.

[modifier] Quelques chiffres

L'Australie[1] présente des caractéristiques intéressantes en matière d'attaques non provoquées de requins :

  • les trois espèces de requins les plus dangereuses sont présentes,
  • une proportion importante de la population vit en bordure des côtes,
  • beaucoup d'activités nautiques et de pêche sont pratiquées régulièrement.

Le risque d'être tué en Australie (sur la période 1980-1990) par une attaque non provoquée de requin comparé à :

  • un accident mortel de plongée était 10 fois moindre,
  • une noyade était 300 fois moindre,
  • un accident mortel de la circulation était 3000 fois moindre.

Une attaque de requin n'est pas toujours fatale. En moyenne et dans le monde sur la période 1990 - 2004, 11% des attaques non provoquées ont été mortelles[2]

Pour beaucoup de ces attaques la mort est imputable en majorité au délai trop long d'intervention des secours compte tenu du lieu où l'attaque se produit et de la nature des blessures (hémorragie).

Ces chiffres sont certainement minorés dans la mesure où certains pays ne maintiennent pas des statistiques très fiables et que les attaques en milieu pélagique lors de catastrophes maritimes ne sont que très peu documentées.

L'évolution des chiffres d'attaque année après année n'a guère de signification. D'une part parce que le nombre d'attaques rapporté à la population vivant à proximité des côtes est infime et que d'autre part un très grand nombre de facteurs vont influer sur la présence ou non de requins dans une zone géographique donnée. Par exemple le changement des courants marins lié au phénomène El Niño.

[modifier] Facteurs pouvant favoriser une rencontre avec un requin

Avant qu'une attaque ne puisse se produire, il faut qu'il y ait une rencontre entre un homme et un requin. Or, comme les ressources de poissons pélagiques s'épuisent dans les océans, les requins ont tendance à se rapprocher des côtes pour trouver de la nourriture. Dans le même temps les activités nautiques se développent et sont plus accessibles donc le nombre de personnes pouvant potentiellement être en contact avec des requins - même si la population mondiale de ces derniers tend à diminuer - augmente. Toutefois, certains lieux présentent des caractéristiques qui augmentent la probabilité d'une rencontre avec un requin, on peut en particulier citer :

  • les récifs externes (tombants) sont un des lieux de chasse favoris des requins, c'est également ici que se forment les vagues qui intéressent les surfeurs,
  • les eaux turpides que l'on trouve dans les ports, les estuaires, à proximité des complexes agro-alimentaires qui rejettent leur déchets dans la mer.

Par ailleurs, les requins chassant, pour une bonne partie, plutôt la nuit mieux vaut éviter de se baigner alors que le soleil est couché ou bien pas encore levé. Toutefois le « pic » des attaques est selon certaines études plutôt situé entre 14 et 18 h.

Une rencontre n'implique pas une attaque : beaucoup de baigneurs ont côtoyé des requins sans s'en apercevoir et sans autre conséquence.

[modifier] Facteurs pouvant inciter un requin à attaquer

Le facteur certainement le plus propice à favoriser les attaques de requins consiste à alimenter directement ou indirectement en quantité et régulièrement sur une même zone des requins.

En effet, les conséquences qui en découlent font que les requins :

  • se sédentarisent,
  • perdent leur inhibition envers l'homme,
  • s'habituent à recevoir de la nourriture,
  • risquent d'être en frénésie alimentaire.

Lors des attaques en Floride en 2001, les plongées visant à nourrir les requins (shark feeding) ont été mises en cause, toutefois ces plongées s'effectuaient au large à plusieurs kilomètres des côtes, en revanche il semble avéré que la cause de la présence des requins à proximité des plages était plutôt due aux pêcheurs amateurs qui opéraient en nombre depuis les pontons.

Le rejet de déchets à l'eau par des bateaux est également un facteur contribuant à sédentariser des requins. Une corrélation entre le nombre de bateaux et le nombre de requins dans une zone donnée a été démontrée.

Les couleurs vives pourraient être un facteur d'attraction des requins, de même que des objets brillants. Les extrémités des doigts après une certaine période sous l'eau ont tendance à ressembler à de la chair de poisson et peuvent susciter l'intérêt d'un requin ou d'autres poissons.


[modifier] Motivation d'une attaque

Il y a différentes hypothèses. Si certaines semblent être très probables comme la défense, d'autres font l'objet de beaucoup plus de prudence par manque de données et de faits avérés. Notons également que l'espèce doit être impérativement prise en considération car le comportement peut être très spécifique.

[modifier] La défense

Un animal sauvage acculé se défendra, il n'y a pas d'exception avec les requins. Ainsi R. H. Johnson dans son ouvrage « Sharks of tropical and temperate seas » conclut sur une série d'expériences menées avec des requins gris qu'obstruer la possibilité d'évolution d'un requin de telle sorte que pour s'échapper il soit obligé de passer à proximité de l'intrus provoque les signes préalables à une attaque : la posture (display en anglais). Certaines actions irréfléchies conduiront un requin à l'attaque, des cas de plongeurs et de baigneurs s'étant « amusé » à tirer la queue d'un requin peuvent en témoigner.

[modifier] La territorialité

Comportement du requin gris de récif
Comportement du requin gris de récif

Cette notion n'est pas encore bien définie et n'est présente que chez quelques espèces comme le requin gris et le requin à pointes blanches de récif. Une violation de l'espace vital du requin entraînera un avertissement de celui-ci sous la forme d'une nage très exagérée et saccadée ainsi qu'un abaissement notable des nageoires pectorales. Si la violation de l'espace vital ne disparaît pas ou se fait plus pressante, la probabilité d'une attaque devient forte. On parle de territorialité mais il ne faut pas voir que l'aspect géographique. Un requin à pointes noires chassant en présence de requins gris peut être perçu aussi comme une violation de territorialité, de même qu'un pêcheur pourra être assimilé à un concurrent.

[modifier] L'alimentation

Cette hypothèse qui était largement admise est de plus en plus mise à mal. Excepté peut être le cas du requin tigre qui est surnommé « la poubelle des océans », l'homme n'est pas un aliment satisfaisant pour des grands requins comme le requin blanc qui ont besoin d'aliments très riches en graisse. Les attaques étant le plus souvent du type « mordu relâché » (attaque qui peut tout de même provoquer de sérieux dégâts) il est difficile d'y voir là une motivation alimentaire.

[modifier] L'erreur d'identification

Cette hypothèse semble être en perte de vitesse depuis que la connaissance sur les requins progresse, nous savons aujourd'hui que beaucoup de requins ont une excellente vision. Toutefois, la similitude avec une proie pourrait inciter un requin à réaliser une morsure exploratoire ; cependant il semble que l'on ne puisse pas parler d'erreur d'identification dans la mesure où la technique d'attaque, le plus souvent, n'est pas similaire à celle utilisée avec les proies habituelles : aucun cas d'attaque d'un homme par un requin blanc en Afrique du Sud selon la technique du saut (breaching) n'est connu.

[modifier] La curiosité

Bien que cette hypothèse puisse sembler peu crédible de prime abord elle est confortée par de nombreux points :

  • la motivation alimentaire semble être une raison assez marginale
  • des expériences réalisées avec des objets divers et des requins blancs démontrent que les requins réalisent une morsure d'exploration afin d'analyser plus en détail les objets, en effet en l'absence de membre de préhension c'est la gueule qui sert à cet effet
  • la majorité des « attaques » sont de type « mordu relâché » et semblent donc être plus exploratoires qu'alimentaires

[modifier] La frénésie alimentaire

Ce n'est pas à proprement parler une attaque, c'est un état d'excitation de requins en groupe en présence d'un fort stimulus alimentaire qui les rend susceptibles de mordre tout ce qui est à proximité (y compris d'autres requins), les morsures sont du type « mordu relâché ». Les plongeurs pratiquant du « shark feeding » sont particulièrement exposés mais également les pêcheurs en apnée.

[modifier] Que faire en présence d'un requin ?

Note importante : rien ne saurait remplacer la connaissance et l'expérience, aussi veuillez considérer les quelques indications ci-dessous comme des règles de bon sens sans plus et sans garantie.

[modifier] Comment réagir face à un requin

  1. Ne pas fuir.
  2. Tendre vers le requin un objet de 60 à 90 cm de long. Attention : ne pas s'en servir pour frapper ou blesser le requin. Cela ne ferait que l'exciter.
  3. Si l'on est deux, se mettre dos à dos. Si l'on est seul, se coller le plus près possible d'une protection (le fond, un mouillage, la coque du bateau, etc).
  4. Essayer de sortir de l'eau en reculant lentement. Surveiller les réactions du requin et faire attention à ses jambes, vulnérables à une attaque par en dessous.

[modifier] À éviter

  1. Ne pas plonger dans les zones où les requins se nourrissent. Comme les eaux troubles ou sales à proximité d'une décharge ou de l'embouchure d'une rivière.
  2. Ne pas plonger la nuit : c'est le moment où les requins sont les plus actifs.
  3. Ne pas plonger lorsque l'on a une plaie ouverte car cela est susceptible d'exciter des requins.
  4. Ne pas porter d'objets scintillants ou de vêtements de couleur trop vive, qui pourraient être un facteur d'attraction.

[modifier] Attaques célèbres

Le croiseur américain USS Indianapolis a été coulé au large lors du retour d'une mission secrète durant la Seconde Guerre mondiale, la livraison des bombes atomiques sur l'île de Tinian, le 26 juillet 1945, par un sous-marin japonais. Les secours tardèrent plusieurs jours et sur les 900 rescapés de l'attaque seuls 316 survivent. Les rapports mentionnent que les requins harcelèrent les naufragés nuit et jour durant plusieurs jours.

[modifier] Références

[modifier] Bibliographie

  • Sharks of tropical and temperate seas, R. H. Johnson, Les éditions du Pacifique, 1978
  • Field guide to the Great White Shark, R. Aidan Martin, Reef Quest Center for Shark Research, 2003
  • Tous les requins du monde, Géry Van Grevelynghe, Alain Diringer, Bernard Séret, Delachaux et Niestlé, 1999

[modifier] Notes

  1. Australian Museum
  2. Muséum d'Histoire Naturelle de Floride

[modifier] Liens externes