Assises de Jérusalem

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les Assises de Jérusalem sont des recueils de lois qui décrivent les institutions du royaume de Jérusalem et qui furent utilisées et adaptées pour le royaume de Chypre. Ces lois du royaume, d'abord sous formes écrites et dispersées, furent réunies en recueil au cours du XIIe siècle.

Les recueils de lois qui nous sont parvenus sont :

  • Le Livre au Roi. C'est le texte le plus ancien, rédigé aux alentours de 1200 pour le roi Amaury II, dans une perspective résolument royaliste. C'est le seul texte établissant la prééminence du roi Baudouin II, lui permettant de déshériter ses vassaux, sans tenir compte de l'avis de la Haute-Cour. En dehors de cette position, le texte est très semblable aux autres.
  • Le livre de Philippe de Novare, écrit vers 1250. Il se caractérise par son point de vue aristocratique et contient également une histoire du conflit qui opposa les Ibelin, ses protecteurs, et les Hohenstaufen dans les royaumes de Chypre et de Saint-Jean d'Acre.
  • Le livre de Jean d'Ibelin. Comte de Jaffa et d'Ascalon, régent du royaume de Jérusalem à Acre, il est un des belligérants de la lutte décrite par Philippe de Novare. Entre 1264 et 1266, il écrit le plus complet et le plus détaillé des traités de lois de l'Orient latin, et aussi de l'Europe médiévale.
  • Geoffroy ou Georges Le Tort et Jacques d'Ibelin, le fils de Jean, écrivirent chacun de très petits traités, qui sont beaucoup moins importants que les œuvres monumentales de Philippe de Novare et de Jean d'Ibelin.
  • Le Livre des Assises de la Cour des Bourgeois. C'est un grand ouvrage détaillant la Cour des Bourgeois, établie dans le royaume pour les chrétiens latins non nobles. Son auteur est inconnu, mais il a aussi été rédigé durant le XIIIe siècle.

Un autre texte important, bien qu'il soit inclus dans le Livre au Roi et les traités de Philippe de Novare et de Jean d'Ibelin est l'Assise sur la ligece, une loi promulguée par Amaury Ier de Jérusalem vers 1170, qui faisait de chaque seigneur du royaume un vassal direct du roi et qui donnait aux arrières-vassaux un droit de vote identique aux principaux barons. Bien qu'aucune loi ou minutes de jugement datant de l'apogée du royaume au XIIe siècle ne nous soient parvenues, le royaume a eu un ensemble de lois et un système juridique très développés. Durant le XIIIe siècle les détails de ces structures furent oubliés, mais les juristes comme Philippe et Jean relatent les légendes qui se sont développées depuis les premiers temps du royaume. Selon eux, la Haute Cour et la Cour des Bourgeois furent instaurées par Godefroy de Bouillon en 1099, qui se proclama lui-même comme le juge de la Haute Cour. Les lois des deux assemblées furent écrites dès le début de l'année 1099, et furent perdues quand Jérusalem fut prise par Saladin en 1187. Les lois étaient conservées dans un coffre dans l'Église du Saint Sépulcre et sont de ce fait connues comme les Letres dou Sepulcre. Ce coffre ne pouvait être ouvert que par le roi, le Patriarche de Jérusalem et le vicomte de Jérusalem. Chaque loi était rédigée sur une feuille, commençant par une grande lettrine enluminée d'or et avec une rubrique écrite en rouge. Philippe prétendant tenir cette information d'un ancien chevalier et juriste nommé Relph de Tibérias, et Jean obtint probablement cette information de Philippe. Que ces légendes soient vraies ou fausses, les juristes du XIIIe siècle ont considéré la structure légale du royaume comme ayant été existé en continuité depuis la conquête initiale.

Les historiens modernes reconnaissent généralement le danger d'identifier les lois du XIIIe siècle à celles du XIIe siècle, bien qu'au début on croyait que les assises représentaient la formalisation la plus pure de la féodalité européenne du moyen-âge. En réalité, ces lois ne représentent pas la pratique quotidienne, ni au XIIe ni au XIIIe siècle, car elles furent récrites à partir de zéro en des temps moins troublés. Il est donc quelque peu déroutant de qualifier ces textes d'"Assises de Jérusalem" comme si elles avaient été rédigées simultanément ; ils se contredisent souvent entre eux, et omettent un point figurant dans un autre. Cependant, ils constituent ensemble la plus grande collection de lois écrites dans un état européen de cette période.

Autres langues