Artension

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Artension est une revue d'art contemporain dirigée par Pierre Souchaud qui, contestant ce qu'elle appelle les ”néo-académismes” de “l'art officiel”, lui oppose la créativité des “arts singuliers”.

Fondé en 1984 à Poitiers, “Artension” publie jusqu'en 1987 15 numéros de diffusion régionale puis, installé à Rouen, 33 numéros de diffusion nationale jusqu'en 1992. Après neuf années d'absence, “Artension”, établi pour sa troisième période à Caluire, près de Lyon, reparaît tous les deux mois depuis septembre 2001. Son conseil de rédaction réunit une trentaine de membres, parmi lesquels les critiques ou écrivains d'art Ileana Cornéa, Lydia Harambourg, Françoise Monnin, François Derivery, Bernard Gouttenoire, Christian Noorbergen, Francis Parent, Amélie Pékin, Jean Planche, Gérard Xuriguera.

“Artension veut (...) donner à voir en urgence, libérer un flot d'images, revenir à la source, à l'essentiel, à l'objet même du discours que sont les œuvres (...) comme repères indispensables pour une nécessaire restauration des valeurs et une réhabilitation du Sens”, écrit Pierre Souchaud dans le premier éditorial de la nouvelle série. Il s'agit pour lui de “sortir des schémas convenus, transgresser les postures imposées, s'extraire des machines à instrumentaliser le vivant, construire d'autres réseaux, inventer un autre regard, une autre pensée, une autre histoire, un autre discours sur la création actuelle”.

Pierre Souchaud dénonce ainsi les manifestations faussement subversives applaudies par “la jet-set artistico-culturelle” réunie pour ses cérémonies “d'autocongratulation” ( n° 2), la marchandisation et la spectacularisation de l'art officiel, “marqueur social, identificateur tribal, signe sursignifié d'appartenance à la classe dominante urbaine et cultivée” (n° 5). L'art dit contemporain se présente selon lui “comme un énorme artefact élaboré au sein même des appareils dominants de légitimation” qui se réservent “la production, l'observation, l'étude, la promotion et le commentaire de ce qu'ils concoctent et malaxent 'in situ' en excluant toute possibilité de contrôle extérieur. Ainsi l'Histoire, telle qu'elle nous est prescrite pour l'art d'aujourd'hui, apparaît-elle comme produit d'une logique d'auto-historification totalement étrangère aux réalités de l'art” (n° 19).

Face au poids “des institutions et du grand marché international, dont la pensée, le discours et les critères d'évaluation sont avant tout les produits d'une conjonction d'intérêts extra-artistiques : politico-médiatiques, administratifs, spéculatifs, etc.”, “Artension” entend donc soutenir le champ de la création “la plus réelle, riche, inventive, diversifiée, inscrite dans le présent et ouverte sur l'avenir”, celle d'une majorité d'artistes “ainsi que de leurs diffuseurs et de leur public, ignorés, voire méprisés” et publie en janvier 2005 le manifeste “Un art pour l'Homme”, signé de nombreux artistes, galeristes, enseignants et critiques d'art [1].

Attentifs aux créateurs isolés, libres de tout assujettissement, qui affirment que “l'art est fait par l'homme et pour l'homme” (n° 3), Pierre Souchaud et son équipe entendent révéler les multiples déblocages “des codes visuels, des postulats de la représentation et de l'esthétisation des choses” (n° 30) opérés par l'art “singulier”, retour aux sources qui se développe, parfois aux frontières de l'art brut, en marge des organismes institutionnels. La revue a ainsi consacré des centaines d'articles aux expositions de jeunes artistes mais aussi, complémentairement, de peintres “historiques” de la non-figuration (de Bissière, Bertholle, Estève à Le Moal ou Manessier) dont les œuvres, pour de semblables raisons, ont été souvent négligées.

“Artension” a parallèlement publié de nombreux textes de synthèse, notamment “Art contemporain, mystique et viduité”, “Marchandisation de l'art et art de marché”, “Les artistes et l'art officiel” (François Derivery), “Place des femmes en art et critique féministe” (Fabienne Dumont), “Pierre Bourdieu et l'art contemporain” (Nathalie Heinich), “L'art est la tache aveugle des visions politiques” (Christian Noorbergen), “Au fond, c'est quoi l'art officiel” (Francis Parent), “Art contemporain, caviar et tarama : là où la 'classe' ne fait pas lutte” (Amélie Pékin), “Art officiel : un anti-académisme communicationnel en diable” (Pierre Souchaud). Au-delà de la création en France d'autres dossiers ont eu pour thèmes “Algérie : peintres des deux rives” (Michel-Georges Bernard), “L'art à Cuba” (Yvette Guevara), “L'histoire de l'art contemporain africain” (Simon Njami) “Arts premiers, un réenchantement du monde” (Christian Noorbergen).

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