Armand Carrel

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Armand Carrel

Nom Armand Carrel
Naissance 8 mai 1800
à Rouen
Décès 25 juillet 1836 (à 36 ans)
à Saint-Mandé
Nationalité France France
Profession journaliste et écrivain politique

Armand Carrel, né le 8 mai 1800 à Rouen et mort le 25 juillet 1836 à Saint-Mandé, est un journaliste et écrivain politique français.

[modifier] Biographie

Fils d’un marchand aisé, Armand Carrel fait ses études au collège de Rouen puis il intègre Saint-Cyr dont il sort avec le grade de sous-lieutenant. Entré dans l’armée, il prend part à la conspiration de Belfort, un complot militaire visant à renverser les Bourbons et à proclamer la République.

Lorsque la guerre avec l’Espagne éclate en 1823, il donne sa démission et s’engage dans un bataillon français de la Légion étrangère espagnole qui combat pour la cause constitutionnelle contre ses anciens camarades. Fait prisonnier près de Figueres, après la reddition de la Légion, par le général Damas, il est d’abord condamné à mort par un conseil de guerre, et n’échappe qu’avec peine à l’exécution (1824). Il est acquitté par un autre tribunal et libéré.

De retour à Paris, il devient le secrétaire de l’historien Augustin Thierry qui l’initie au style. Il rédige, à cette époque, son Histoire de la contre-révolution en Angleterre. Il rédige également des articles pour le Constitutionnel, le Globe, le Producteur, la Revue américaine et la Revue française.

Au commencement de 1830, il fonde le National avec Thiers et Mignet, quotidien qui exerce une grande influence sur l’opinion dès son apparition. Ce journal républicain jouera un grand rôle dans l’avènement des Trois Glorieuses par ses attaques incessantes contre le régime de Charles X.

Resté seul aux commandes du National après la nomination de Thiers et de Mignet à des portefeuilles ministériels, il en fait le principal organe de la place politique parisienne auquel collaboreront, à des époques diverses, Nisard et Sainte-Beuve. Lui-même inspire le respect, et passe pour un pur.

Bientôt mécontenté par les mesures du gouvernement, et particulièrement par la politique de résistance de Casimir Perier, il passe dans l’opposition. Sans doute y entre-t-il aussi une certaine aigreur : en 1830, Thiers a été nommé conseiller d'État tandis qu’on ne lui a offert qu’une préfecture, qu’il a refusée. Sa situation sociale est également ambiguë : il vit avec une femme mariée sans pouvoir régulariser sa situation puisque la Restauration a aboli le divorce en 1816 et que, malgré plusieurs propositions présentées par des députés de gauche, la monarchie de Juillet ne l’a pas rétabli.

Les journées de juin 1832 et la répression qui s’ensuit le font définitivement passer dans le camp républicain. Le National devient le principal organe de l’opposition, criant à la trahison du « programme de l’Hôtel de ville ». Il constitue la façade présentable et convenable du parti républicain, bien loin de la Tribune des départements, au style virulent, toujours proche de l’invective. Exerçant un grand empire sur son parti, seul peut-être il eût pu le discipliner. Comme le note la duchesse de Maillé, « il ennoblit l’opinion républicaine en la dégageant de ses attaques systématiques à la propriété, aux nobles et aux prêtres[1] »

Ses opinions lui attirent de nombreux ennuis, dont un emprisonnement à Sainte-Pélagie, plusieurs passages devant les tribunaux et deux duels avec des rédacteurs de journaux rivaux. Il a par suite à soutenir plusieurs procès de presse, dont un en 1834, devant la Cour des Pairs : il se défend lui-même et montre une grande hardiesse.

La dernière affaire est sa querelle avec le fondateur de La Presse, lancé le 1er janvier 1836 par Émile de Girardin. Ce dernier parvient à multiplier le nombre des abonnés en réduisant le prix de ses abonnements de moitié grâce à l’usage d’encarts publicitaires. Le préjudice causé aux intérêts financiers de ses confrères suscite une polémique entre la Presse et le National, le second accusant le premier de concurrence déloyale. Girardin menace alors Carrel de révéler l’irrégularité de sa vie privée, à la suite de quoi Carrel provoque Girardin en duel. La dispute aurait pu, sans l’obstination de Carrel, s’arranger à l’amiable. Lors du duel qui a lieu le 22 juillet 1836, Girardin est blessé à la cuisse et Carrel à l’aine. Transporté chez un ami, il succombe à sa blessure deux jours plus tard. Ses obsèques donnent lieu à une grande manifestation silencieuse où des carlistes comme Chateaubriand et Berryer côtoient les figures de l’opposition comme Laffitte, Béranger, Cormenin, Arago, Garnier-Pagès, Alexandre Dumas

Carrel était moins démocrate que républicain. Son modèle constitutionnel était celui des États-Unis même s’il critiquait certains des aspects de ce pays, comme l’esclavage ou le matérialisme. Sa référence était avant tout les pères fondateurs de la république américaine, et surtout de Washington qui avait su se retirer de la vie publique après deux mandats.

Carrel a mérité, par la loyauté de son caractère, l’estime de ses adversaires mêmes. Littré a dit de celui dont Chateaubriand fut l’ami et l’admirateur, qu’il était l’« André Chénier de la politique ».

[modifier] Notes

  1. cité par Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Fayard, 2002, p. 760

[modifier] Œuvres

Outre ses articles de journaux, on a de lui :

  • Résumé de l’histoire des Grecs modernes, 1823
  • Histoire de la contre-révolution en Angleterre, 1827
  • Essai sur la vie et les écrits de Paul-Louis Courier (en tête des Œuvres de cet écrivain)
  • Essai sur la littérature anglaise, 1836
  • Œuvres littéraires et économiques précédées d’une notice biographique sur l’auteur par Littré, Éd. Charles Romey, 5 vols. 1857–1859.

[modifier] Source

  • René Gustave Nobécourt, La Vie d’Armand Carrel, Paris, Gallimard, 1930
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