Armée du Calife

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'Armée du Calife (ou Force de l'ordre, Kuvâ-i İnzibâtiyye ou Hilafet Ordusu en turc) est une milice ottomane crée le 18 avril 1920 par le ministre de la guerre Soliman Chevket Pacha sur l'ordre du sultan Mehmed VI. Le but de l'organisation était de combattre les nationalistes turcs commandés par Mustafa Kemal Pacha.

[modifier] Historique

Le général Mustafa Kemal
Le général Mustafa Kemal

Après la Première Guerre mondiale, l'Empire ottoman se retrouve dans le camp des vaincus auprès des puissances centrales. Avec la complicité du sultan Mehmed VI le pays est envahi par les armées européennes (britanniques, françaises, italiennes, grecques). Suite à la collaboration du sultan avec les occupants, le général Mustafa Kemal se révolte contre le pouvoir impérial, et il crée un deuxième pouvoir politique à Ankara et engage une guerre contre le gouvernement de Mehmed VI et les armées étrangères.

Sentant la situation lui échapper, le sultan confie à son ministre de la guerre, Soliman Chevket Pacha, la création d'une force irrégulière destinée à exterminer les nationalistes. Conscient qu'il ne pouvait plus compter sur son titre politique de sultan pour pouvoir influencer les Turcs, il estime nécessaire d'utiliser son titre spirituel et intemporel de Calife. Il ne présente donc pas les nationalistes comme les ennemis de sa politique ou du sultanat, mais comme les ennemis de Dieu, contre qui il fallait lutter. Soutenu par les britanniques, le sultan se lance dans une guerre de propagande dans tout le pays. Relayé par les Hodja et les prêtres, il exhorte les Turcs à prendre les armes contre les nationalistes du général Kemal, présentés comme les ennemis de Dieu.

Une guerre civile éclate alors entre l'Armée du Calife dirigée par Soliman Chevket Pacha, et les nationalistes turcs dirigés par le général Mustafa Kemal. Aux quatre coins du pays, les paysans se soulèvent contre les nationalistes, les partisans de Mustafa Kemal s’efforcent de réprimer durement les insurgés, mais ils se trouvent chaque jour un peu plus en minorité. A Konya, les insurgés arrachent les ongles et écartèlent des officiers envoyés par Mustafa Kemal dans la ville. La réponse des nationalistes est immédiate, ils mutilent toutes les notabilités de la ville, et les faits pendre sur la place du marché.

Les nationalistes se trouvent rapidement en pertes de vitesse, et les défenseurs du sultan se rapprochent dangereusement d'Ankara. Des militaires nationalistes qui devaient reprendre la ville d'Hendek aux partisans du sultan, fraternisent avec ceux-ci. Quelques jours plus tard, une division entière est exterminée par l'Armée du Calife. Cette armée avait conquis une douzaine de grandes villes turques. Des désertions ont lieu chez les troupes les plus fidèles à Mustafa Kemal. Suit alors une mutinerie au sein d'une milice nationaliste qui passe sous le contrôle du sultan. De son côté le général Kazım Karabekir avait du mal à tenir son armée.

Miliciens nationalistes turcs
Miliciens nationalistes turcs

Avec l'avancée des milices gouvernementales, Mustafa Kemal se replie avec ses gardes du corps dans les bâtiments d'une ancienne école d'agriculture, il vit en état d'alerte permanente, pour se protéger des agents du sultan voulant l'assassiner. Mais suite à la signature du traité de Sèvres qui consacre le dépècement de l'Empire, les soldats de l'Armée du Calife décident l'arrêt des combats. Avec la signature de ce traité, le sultan perd son influence auprès des Turcs qui soutiennent dorénavant les nationalistes. Mustafa Kemal constitue aussitôt un gouvernement de Salut Public, et charge des généraux d'organiser la défense nationale. L'armée du Calife se désagrège d'elle-même, dans certaines unités, des chefs se font égorger par leurs propres hommes qui sentent avoir été trahis. Au bout d'une semaine l'Armée du Calife a pratiquement disparu, sauf à Ismit où elle sert de couverture à la garnison britannique.

La défaite de l'Armée du calife, signe la fin de l'influence du sultan en Turquie, la fin de la guerre civile et les débuts de la guerre d'indépendance contre les troupes d'occupations.

[modifier] Bibliographie

Autres langues