Aristée de Proconnèse

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Localisation de l'île de Marmara, la Proconnèse traditionnelle, en Propontide. Se basant sur un passage de Strabon qui distingue une ancienne Proconnèse de la nouvelle, G. Huxley suggère de voir dans l'île d'Haloné (actuelle Pasaliman) cette ancienne Proconnèse, d'où serait originaire Aristée
Localisation de l'île de Marmara, la Proconnèse traditionnelle, en Propontide. Se basant sur un passage de Strabon qui distingue une ancienne Proconnèse de la nouvelle[1], G. Huxley suggère de voir dans l'île d'Haloné (actuelle Pasaliman) cette ancienne Proconnèse, d'où serait originaire Aristée[2]

Aristée de Proconnèse (en grec ancien Ἀριστέας / Aristéas, en latin Aristeas Proconnesius) est un poète voyageur semi-légendaire originaire de Proconnèse en Propontide. Adorateur d'Apollon, il voyagea vers le nord en Scythie, où il fut peut-être initié aux pratiques chamaniques.

Sommaire

[modifier] Biographie

D'après la Souda, il aurait vécu au VIIe siècle av. J.-C., « au temps de la 50e olympiade ». Cette datation est néanmoins sujette à caution, ainsi A. Ivantchik [1993] suggère une période beaucoup plus basse (seconde moitié du VIe siècle voire premier quart du Ve siècle av. J.-C.), considérant qu'« aucun mot des fragments de l’Arimaspée qui pouvait être utilisés pour sa datation ne correspond à l’usage de la littérature des VIIIe-VIIe siècles avant J.-C.[3] ».

Il est, chez Hérodote, « fils de Caystrobios » (IV, 13), issu « d'une des meilleures familles de son pays » (IV, 14). La Souda reprend le nom de Caystrobios et y ajoute celui de Démocharis (Ἀριστέας, Δημοχάριδος ἢ Καυστροβίου). D'après G. Huxley [1986][4], le premier nom laisse penser que sa famille était originaire d'Ionie (peut-être d'Éphèse).

La tradition lui attribue des pouvoirs chamaniques : il était sujet à des transes et avait le don de bilocation[5]. Hérodote (IV, 14) rapporte ainsi qu'Aristée tomba en catalepsie dans l'atelier d'un foulon à Proconnèse ; mais qu'avant que ses disciples puissent le relever, son corps avait disparu ; qu'ensuite il revint six ans plus tard les retrouver. Par ailleurs, toujours selon Hérodote (IV, 15), deux cent quarante ans après cette mort supposée, un homme du nom d'Aristée arriva dans la ville de Métaponte en Calabre, prétendant que depuis deux siècles il avait accompagné Apollon sous la forme d'un corbeau. Il demanda aux habitants qu'on lui érige une statue et qu'on dresse un autel dédié à Apollon, puis disparut.

[modifier] Œuvre

Arimaspe combattant un griffon, matière sans doute issue des Arimaspées, péliké attique à figures rouges, v. 375-350 av. J.-C., musée du Louvre
Arimaspe combattant un griffon, matière sans doute issue des Arimaspées, péliké attique à figures rouges, v. 375-350 av. J.-C., musée du Louvre

Hérodote (IV, 14) et la Souda attribuent à Aristée un poème intitulé Les Arimaspées (Ἀριμάσπεια / Arimáspeia), dont il ne nous reste que quelques fragments (douze vers en tout préservés par Tzetzès et le pseudo-Longin).

L'auteur y raconte un voyage qu'il fit dans les pays du nord, au-delà de la Thrace. D'après Hérodote (IV, 13), il y rencontra une tribu qu'il appelle les Issédons, qui lui parla d'autres tribus vivant encore plus loin au nord : les Arimaspes pourvus d'un seul œil, qui combattent les griffons gardiens d'un trésor[6], enfin les Hyperboréens chez qui Apollon réside l'hiver.

[modifier] Sources

[modifier] Notes

  1. Géographie [détail des éditions] [lire en ligne], XIII, 1, 16 (trad. Mercier [2006]) :
    « Le long de la côte qui va de Parion à Priapos se trouvent l’ancienne Proconnèse et l’actuelle Proconnèse, qui possède une ville ainsi qu’une grande carrière de pierre blanche très appréciée. C’est que les plus belles œuvres des cités de cette région, et avant tout celles qui sont à Cyzique, sont taillées dans cette pierre. »
  2. G. Huxley [1986], p. 154 :
    « If ‘Old Proconnesus’ is placed in Halone, the stages of Greek settlement in the Marmara islands become clearer: (…) the supposition that Halone is ‘Old Proconnesus’ implies that the island was a stepping-stone in settlement outward from Cyzicus. Settlers went first from Cyzicus to ‘Old Proconnesus’ and thence carried the name to new Proconnesus ».
  3. A. Ivantchik [1993], p. 51.
  4. Cf. p. 154 et n. 9.
  5. E.R. Dodds, Les Grecs et l'irrationnel, Flammarion, coll. « Champs », 1977 (1re édition 1959), p. 145.
  6. Ce récit est repris par Pline et Pausanias, qui l'associent tous deux à Aristée.

[modifier] Bibliographie

Éditions
Études
  • (en) J.D.P. Bolton, Aristeas of Proconnesus, Oxford, 1962.
    Contient aussi une édition des fragments.
  • (en) George Huxley, « Aristeas and the Cyzicene », dans Greek, Roman and Byzantine Studies no 27, 1986.
  • Askold Ivantchik, « La Datation du poème l’Arimaspée d'Aristéas de Proconnèse », dans L'Antiquité classique no 62, 1993, p. 35-67.
  • Stéphane Mercier, « Par-delà les Scythes et au sud des Hyperboréens : Aristéas de Proconnèse et les Arimaspées, entre mythe et réalité », dans Folia Electronica Classica no 11, janvier-juin 2006, Louvain-la-Neuve [lire en ligne].