Apocalypto

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Apocalypto
Réalisation Mel Gibson
Acteur(s) Rudy Youngblood
Raoul Trujillo
Mayra Sérbulo
Mauricio Amuy Tenorio
Dalia Hernández
Scénario Mel Gibson et Farhad Safinia
Musique James Horner
Photographie David Gribble
Producteur(s) Mel Gibson et Bruce Davey
Budget 40 million USD
Sortie 8 décembre 2006

Apocalypto est un film sorti en Amérique du Nord le 8 décembre 2006, réalisé par Mel Gibson.

L'histoire se déroule dans la péninsule du Yucatán avant le contact avec les Espagnols, le film dépeint l'expérience d'un homme durant le déclin de la civilisation maya.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Il décrit la capture d'une petite tribu forestière par des Mayas accablés par les fléaux et qui tentent de satisfaire les dieux en sang humain. L'action se déroule à la fin de l'ère post-classique maya, juste avant l'arrivée des Espagnols en péninsule du Yucatàn. Le film raconte l'histoire du fils du chef de tribu qui lutte pour sa vie et pour retrouver sa femme et son fils après avoir été fait prisonnier.

[modifier] Réalisation

Le film a été tourné dans l'état de Veracruz au Mexique. Les acteurs dans le film jouent des personnages parlant en maya yucatèque, langue parlée encore de nos jours par plus de 750 000 personnes dans le Yucatán, au Mexique[1].

Apocalypto met en scène des acteurs inconnus originaires du Mexique, plus particulièrement de la péninsule du Yucatán, mais aussi des Amérindiens des États-Unis et du Canada, ainsi des autochtones de Los Tuxtlas et de Veracruz

Gibson finança lui-même son film. Disney a signé pour la distribution dans certains marchés. La sortie du film était prévue pour le 4 août 2006 mais Touchstone Pictures l'a renvoyée au 8 décembre 2006 à cause des fortes pluies qui ont perturbé le tournage au Mexique.

Le 23 septembre 2006, Gibson fit une pré-projection devant deux auditoires composés principalement d'Amérindiens dans l'état de l'Oklahoma, au Riverwind Casino à Goldsby, que possède la nation Chickasaw, et à l'université Cameron à Lawton[2]. Il l'a aussi fait une pré-projection à Austin, au Texas le 24 septembre 2006 conjointement avec un acteur du film, Rudy Youngblood[3]

[modifier] Thèmes

Selon E. Michael Jones, le film est partiellement conçu comme une allégorie politique sur les civilisations en déclin.[4]

[modifier] Résumé

Le titre : Mel Gibson a intitulé son film Apocalypto, persuadé qu'il était que ce mot voulait dire « nouveau commencement », ainsi qu'il l'a affirmé à des journalistes avant la sortie du film, alors qu'il s'agit en réalité d'un verbe grec signifiant je révèle (apocalypse = révélation).

Le film commence avec cette citation de W. Durant :

« Une grande civilisation n’est conquise de l’extérieur que si elle est détruite de l’intérieur »

Pendant une partie de chasse au tapir dans la jungle mésoaméricaine, Patte de Jaguar (Rudy Youngblood), son père Ciel de Silex (Morris Birdyellowhead), et leur compagnons de chasse rencontrent une colonne de réfugiés apeurés et traumatisés. Le chef de la procession raconte alors que leurs terres ont été ravagées, et avec la permission de Ciel de Silex, celle-ci poursuit sa route à travers la forêt. Quand Patte de Jaguar retourne au village, Ciel de Silex demande à son fils de ne pas laisser la peur du cortège s'infiltrer en lui. La nuit, l'ancien de la tribu narre aux villageois une fable d'un homme qui dangereusement n'étanchait jamais son désir, en dépit des capacités du règne animal. Les habitants suivent l'histoire avec danse et musique, laissant méditer Patte de Jaguar.

Le matin suivant, Patte de Jaguar se réveille en sursaut après un cauchemar. Alors que tout le monde dort, Patte de Jaguar aperçoit des individus s'introduire dans le village, mettant le feu aux maisons avec des torches. Les assaillants, menés par Zéro Loup (Raoul Trujillo), attaquent les villageois et en capturent autant que possible. Patte de Jaguar se sauve avec sa femme enceinte, Sept (Dalia Hernández) et son fils, Course de Tortues, et les dissimule dans un puits (probablement un chultun) en les faisant descendre à l'aide d'une liane. Patte de Jaguar retourne défendre son village mais il est capturé avec le restant de sa tribu.

[modifier] Critiques

[modifier] Cinéma

Selon le site Rotten Tomatoes le film reçut un accueil plutôt favorable des critiques de cinéma[5].

Première : « Animé d’une énergie démentielle, Gibson offre une vision extrêmement pessimiste d’une humanité intrinsèquement barbare. [...] Muni d’une caméra numérique ultra légère, il réinvente pour aujourd’hui une forme de cinéma primitif et viscéral avec des résultats totalement convaincants[6] ».

Paris Match : Alain Spira « Apocalypto est, avant tout, un grand film populaire dont certaines scènes peuvent prêter à sourire (…) mais qui, si vous vous laissez embarquer, vous garantit un voyage original et mouvementé plutôt exceptionnel »[7].

Le Figaroscope : « Avec son exotisme somptueux, à la fois précis et intemporel, Apocalypto est une parabole puissante et spectaculaire sur une fin de civilisation. Mais sur fond de décadence et de chaos sanguinaire, on assiste à la naissance d'un héros[8] ».

Télé cinéobs (Le Nouvel Observateur) : « un extraordinaire récit d`aventures, dont la violence éprouvante mais nécessaire atteint plus d`une fois une grandeur à laquelle le cinéma américain ne nous a guère habitués[9] ».

Télérama : « Nouvelle boucherie signée Mel Gibson, chez les Mayas. Attention navet[10]. »

[modifier] Stéréotypage

Le film a été critiqué par le magazine Archaeology, pour sa description violente d'une socitété maya brutale, en négligeant les « réalisations scientifiques » et la « profonde spiritualité » de la civilisation. [11]

Des leaders mayas considèrent que « les scènes de Mayas avec des piercings à l'os propagent les stéréotypes sur [leur] culture. » Également, un activiste des droits de l'Homme, Lucio Yaxon, affirme que « le réalisateur est en train de dire que les Mayas sont des sauvages. » [12]

Au Guatemala, le représentant officiel contre le racisme a déclaré que le film était rasciste et contribue à la diabolisation de la culture indigène.[13] Juan Tiney, du conseil coordinateur paysans et indigène du Guatemala[14] a critiqué le film en disant que «le niveau de violence du film pourrait faire dire à certains que les Mayas étaient un peuple violent que seul pouvait avoir été sauvé par la venue des Espagnols, quand l'histoire montre que c'est le contraire».

[modifier] Plagiat

Juan Mora Catlett accuse Mel Gibson d'avoir copié au moins certains éléments visuels, citant l'exemple des Indiens peints en bleu de la tête aux pieds[14] et d'avoir plagié certaines scènes de son film Regreso a Aztlán datant de 1991[15].

[modifier] Historicité

Gibson a souhaité donner à son film une certaine authenticité, et pour cela a fait appel à Richard Hansen, archéologue et expert en civilisation maya. Malgré cette caution, le film a fait débat quant à son historicité.

Le journal San Diego Tribune a publié un article sur la question de l'historicité du film, en interrogeant des experts de la civilisation maya[16]. Pour Mark McGuire, le film contient un nombre d'objets inconnus de la Mésoamérique précolombienne, ainsi les pointes métalliques de javelot. La cité maya mélange des détails provenant de différentes cultures mésoaméricaines et mayas séparées dans l'espace et le temps.[16] Par exemple, les temples sont de la forme de ceux de Tikal situés dans les basses terres centrales de style classique alors qu'ils sont décorés avec des éléments stylistiques plus récents de Puuc du nord-ouest du Yucatan. La peinture murale des arcades comprend des éléments des codex mayas combinés à des éléments des peintures murales de Bonampak (antérieures de plus de 700 ans à l'époque de l'action du film) et les peintures murales de San Bartolo (approximativement 1500 ans plus anciennes à l'époque de l'action du film) -- comme dans la plupart des civilisations, les styles de l'art maya n'ont cessé d'évoluer à travers les siècles. Des éléments de civilisations non maya comme celles de Teotihuacan et des Aztèques sont aussi présents.

Robert Carmack, professeur d'anthropologie à l'Université d'Albany, a déclaré que "c'est une grande faute - presqu'une tragédie - qu'il présente ceci comme un film maya."[16] Edgar Martin del Campo, son collègue de la même université, affirme le caractère erroné de certaines scènes, estimant entre autres « que les Mayas connaissaient l'astronomie et n'auraient pas été effrayés par une éclipse comme il est décrit dans le film. »[16]. Dès 1952, le romancier guatémaltèque Augusto Monterroso va dans le même sens, il utilisa cette idée ironiquement en inversant les rôles dans son roman L'Éclipse, dans lequel un moine qui essaya d'employer cette tromperie est sacrifié tandis que le prêtre lit calmement « une par une, chacune des dates des éclipses lunaires et solaires, que les astronomes avaient prédites et notées dans leur codex sans l'aide inestimable d'Aristote »".

Il est cependant possible que Edgar Martin del Campo ait mal compris le film. En effet, rien n'indique dans la scène décrite que le prêtre n'avait pas prévu l'éclipse, l'organisation de la cérémonie dont le sommet est atteint pendant l'éclipse indiquant plutôt le contraire. Lors du début de l'éclipse, l'officiant se tourne vers le souverain, lequel hoche la tête, après quoi les deux hommes échangent un sourire. Il est intéressant de noter que l'éclipse de soleil est suivie la nuit suivante par la pleine lune, ce qui est une absurdité puisque celle-ci ne peut survenir que 14 jours après une éclipse.

Stephen Houston, professeur d'anthropologie à l'université de Brown, indiqua que les victimes des sacrifices humains parmi les Mayas étaient les rois, les membres des familles royales, et d'autres nobles de haut rang. « Ils ne couraient pas après les gens ordinaires pour les sacrifier » (voir le Washington Post du 15 décembre 2006).

A l'inverse, Historia indique que d'autres groupes de la population pouvaient être sacrifiés, en particulier les prisonniers de guerre, comme dans le film : « A chaque divinité correspond un rite particulier durant lequel les victimes sont promises au rang de "substituts du dieu". Pour la divinité de la Pluie, particulièrement vénérée, ce sont des enfants que l'on noie, leurs larmes étant de bon augure pour obtenir des pluies abondantes [...] d'après les croyances du temps, les dieux sont littéralement "affamés" de nouvelles proies, ce qui explique l'état quasi permanent de guerre qui règne chez les Mayas, comme d'ailleurs chez d'autres peuplades méso-américaines. Les prisonniers vont constituer une sorte de "vivier à sacrifices"[17] ».

Karl Taube, professeur d'anthropologie à l'université de Californie à Riverside, objecta à propos de l'énorme fosse remplie de cadavres. « Nous n'avons aucune preuve de fosses communes ». Le professeur Taube objecta aussi que le nombre élevé d'esclaves est une chose pour laquelle il n'y a pas de preuve. A l'inverse, Historia indique que certains sacrifices pouvaient effectivement être massifs : « Ainsi, en 1487, plusieurs centaines de prisonniers sont sacrifiés pour une telle occasion » (l'inauguration d'un temple)[17].

Zachary Hruby, de l'UC Riverside, déplore l'utilisation de la langue yucatèque, parce qu'elle donne un vernis d'authenticité à un film qui prend tant d'inopportunes libertés sur le sujet. Plus spécifiquement ces libertés concernent : Le mode et l'étendue des sacrifices, la présentation des villageois mayas comme des personnes isolées vivant dans la forêt, la compression chronologique de l'ère classique terminale très urbanisée et l'ère post-classique tardive principalement composée d'habitations villageoises[18].

Très critique par ailleurs sur la violence du film, Charlotte Arnauld, Directrice de recherche au CNRS, archéologue mayaniste au sein du laboratoire « Archéologie des Amériques », déclare que « Le film repose sur une certaine documentation. Je n'ai pas été excessivement choquée par la reconstitution[19] ».

Enfin, la rencontre avec les missionnaires espagnols pendant les 5 dernières minutes du film alors que ces derniers n'ont atteint le continent que 300 ans après l'abandon des dernières grandes cités Mayas[20].

[modifier] Fiche technique

  • Réalisateur : Mel Gibson
  • Producteur : Mel Gibson et Bruce Davey
  • Coproducteur : Farhad Safinia
  • Producteur exécutif : Vicki Christianson et Ned Dowd
  • Scénaristes : Mel Gibson et Farhad Safinia
  • Production : Touchstone Pictures
  • Distribution : Buena Vista Pictures et Walt Disney Pictures
  • Attachée de presse : Vanessa Jerrom
  • Directeur de la photographie : Dean Semler
  • Compositeur : James Horner
  • Monteur : Kevin Stitt
  • Monteur son : Suhail Kafity
  • Directeur artistique : Roberto Bonelli
  • Chef décorateur : Tom Sanders
  • Costumier : Mayes C. Rubeo
  • Maquilleur : Daniel Parker
  • Superviseur des effets spéciaux : Jason Hamer
  • Superviseur des effets visuels : Ted Rae
  • 1er assistant réalisateur : Adrian Grunberg
  • Ingénieur du son : Kami Asgar
  • Directrice du casting : Carla Hool
  • Pays de production : États-Unis États-Unis
  • Langue : Maya
  • Genre : Aventure
  • Durée : 139 minutes
  • Date de sortie en salles : 8 décembre 2006 (USA), 10 janvier 2007 (France)
  • Film interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en salles en France.

[modifier] Distribution

  • Patte de Jaguar : Rudy Youngblood
  • Zero Loup : Raoul Trujillo
  • Sept : Dalia Hernández
  • Emoussé : Jonathan Brewer
  • Ciel de Silex : Morris Birdyellowhead
  • Course de Tortues : Carlos Emilio Baez
  • Nez Courbé : Ramirez Amilcar
  • Crapaud Fumant : Israel Contreras
  • Feuille de Cacao : Israel Rios
  • Belle-mère : Maria Isabel Diaz
  • vieux sage : Espiridion Acosta Cache
  • jeune femme : Maira Serbulo
  • Fleur de Ciel : Iazua Larios
  • Chasse Poissons : Hiram Soto
  • Œil du Milieu : Gerardo Taracena
  • Encre de Serpent : Rodolfo Palacios
  • Hanging Moss : Ariel Galvan
  • Drunkards Four : Bernardo Ruiz Juarez
  • Roc Percé : Ricardo Diaz Mendoza
  • Dix Pécaris : Richard Can
  • une voix : Shelby Young
  • la fille du village : Lorena Hernandez
  • l'aînée : Sayuri Gutierrez
  • le Grand prêtre : Fernando Hernandez

[modifier] Box-office

Box-office France France
Date Nombre d'entrées
10 au 16 janvier 234 693
17 au 23 janvier 128 724
24 au 30 janvier 60 822
Box-office États-Unis États-Unis
Date Recette $ Cumul $
08 au 10 décembre 06 15 005 604 $ /
15 au 17 décembre 06 8 008 126 $ 28 209 532 $
22 au 24 décembre 06 2 868 725 $ 34 592 881 $
29 au 31 décembre 06 3 264 798 $ 42 654 236 $
5 au 7 janvier 07 1 762 525 $ 47 335 193 $


Box-office États-Unis États-Unis
Date Nombre d'entrées Cumul des entrées
10 janvier 11 391 /
10 au 16 janvier 79 844 /
17 au 23 janvier 44 971 124 815
24 au 30 janvier 23 344 148 159

[modifier] Notes et références

  1. Actors spoke Yucatec Maya language, BProphets-Apoc
  2. Gibson takes 'Apocalypto' to Oklahoma, Associated Press, 2006-09-23. Consultée le 2006-09-24.
  3. Mel campaigns for new movie, against war in Iraq, Reuters, 2006-09-24. Consultée le 2006-09-25.
  4. E. Michael Jones,Abortion and Human Sacrifice in the Americas.
  5. RottenTomatoes.com - Apocalypto, « Critical consensus. »
  6. Gérard Delorme, première, [1].
  7. Paris Match, Alain Spira
  8. Le Figaroscope, Marie-Noëlle Tranchant, mercredi 10 janvier 2007, [2].
  9. Bernard Achour (TéléCinéObs), [3].
  10. Cécile Mury Télérama n° 2974, 13 Janvier 2007, [4]
  11. Archaeology.org - « Is Apocalypto Pornography ? » - Archaeology, 5 décembre 2006
  12. "Gibson film angers Mayan groups", BBC, 8 December 2006
  13. Mel Gibson no asistirá al estreno de su película "Apocalypto" La Segunda Source: Orbe Lien vers un homonyme?
  14. ab [Con mayas divididos se estrena en México ``Apocalypto´´] - La Crónica de Hoy
  15. Cineasta mexicano acusa a Mel Gibson de plagio por Apocalypto - La Crónica de Hoy
  16. abcd McGuire, Mark. 'Apocalypto' a pack of inaccuracies, San Diego Union Tribune, 12 December 2006. Consultée le 2006-12-12.
  17. ab « Les Mayas - Trois millions d'âmes offertes aux dieux !, Claude Dufresne, Historia, [5]. »
  18. Hruby, Zachary. Apocalypto: A New Begining or a Step Backwards, Mesoweb News & Reports, 08 December 2006. Consultée le 2006-12-12.
  19. Interview de Charlotte Arnauld, recueillis par Matthieu DURAND le 09/01/2007 à 18h42 sur LCI, [6].
  20. http://fr.wikipedia.org/wiki/Civilisation_maya#.C3.88re_postclassique_et_le_myst.C3.A8re_de_l.27effondrement_maya

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens externes