Antoninien

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Antoninien d'Emilien frappé en 253
Antoninien d'Emilien frappé en 253

L'antoninien est l'appellation contemporaine d'une monnaie d'argent romaine du IIIe siècle.On reconnaît les antoniniens au portrait radié de l'empereur et au croissant sur lequel est posé le buste de l'impératrice.

Sommaire

[modifier] Création de l’antoninien

Cette monnaie est créée en 215 par l'empereur Caracalla dont le nom officiel était Marcus Aurelius Antoninus, d’où le nom Antoninien. L'antoninien avait le même titre d'argent que le denier qui était une pièce de 3 grammes constituée après la dévaluation de Septime Sévère par un alliage à parts égales d'argent et de cuivre (billon). L’antoninien fut émis pour une valeur double du denier mais avec un poids de 5 grammes (officiellement 1/64e de livre) et non de 6. De fait, l'introduction de cette monnaie revint à une nouvelle dévaluation, ce qui procura temporairement d'importantes liquidités à l'État impérial. Cet antoninien ne fut émis que pendant quelques années[1].

[modifier] Reprise et dérive

Les besoins croissants de financement de l’Etat firent reprendre les émissions d’antoniens sous les règnes éphémères de Balbin et Pupien (238), puis en très grandes quantités et avec un taux d’argent inférieur à 50% sous Gordien III (238-244), tandis que les frappes de deniers se réduisaient.

La multiplication des frappes d’antoniniens par les nombreux empereurs et usurpateurs du milieu du IIIe siècle provoque un mouvement de dépréciation et d’inflation qui s’accélère en spirale à partir des règnes de Valérien (253-260) et de Gallien (260-268).

  • Les prix montent, les particuliers se mettent à thésauriser les monnaies ayant le meilleur aloi, et remettent en circulation les plus faibles, créant une pénurie d’argent
  • L’impôt rentre en monnaie dévaluée tandis que les dépenses militaires augmentent sans arrêt. L’accroissement continu de la masse monétaire en circulation est la solution la plus facile pour les finances impériales
  • Les ateliers monétaires se multiplient et sont contraints de compenser le manque de métaux nobles en émettant des antoniniens de plus en plus légers, et de moins en moins argentés
  • Des ateliers provinciaux plus ou moins tolérés, des officines de camps militaires, des faussaires émettent à leur tour des antoniniens dévalués en grande quantité

Le titre en argent (aloi) de l’antoninien dégringole [2] :

  • 50% et 5,1 grammes initiaux en 215 sous Caracalla
  • 10% et 2,5 grammes en 260
  • 2,4% et 2,5 grammes en 268.

Dans l’empire des Gaules, grâce au stock de métaux monnayables présent sur le front du Rhin, et aux mines d’Espagne, l'antoninien local se maintint avec un aloi convenable jusque vers 263 ou 265, pour chuter ensuite comme dans le reste de l’empire. Sous Claude II et Tetricus, la faillite de l’antoninien est totale : vraies et fausses pièces circulent par millions d’exemplaires, pèsent moins de 3 grammes et ne contiennent qu’à peine 1% d’argent. Les frappes d’autres monnaies en cuivre ou en bronze sont pratiquement arrêtées, car leur coût de production dépasse leur valeur théorique, et les frappes de drachmes d’argent disparaissent aussi. L’antoninien est devenu l’unique monnaie dans tout l’empire, excepté l’Egypte isolée par son statut particulier[1].

[modifier] Réforme d’Aurélien

En 274, après avoir réunifié l’empire et durement réprimé les fraudes de l’atelier monétaire de Rome, Aurélien modifia le système monétaire, en émettant deux nouvelles monnaies de billon de meilleure allure que l’antoninien, pesant 1/84e de livre soit 3,9 grammes, avec deux titres :

  • aurelianus marqué XXI, ce qui s’interprète comme 20 parts de cuivre pour 1 part d’argent
  • double aurelianus marqué XI: 10 parts de cuivre pour 1 part d’argent

Pour authentifier l’origine des frappes, Aurélien impose aussi d’indiquer sur les revers l’atelier de frappe (cf. ateliers monétaires romains). Cette nouvelle monnaie nommée aurélianus reste généralement désignée comme antoninien par la plupart des numismates. Parallèlement à son émission, les antoniniens dévalués étaient progressivement retirés Cet « antoninen » circula pendant une vingtaine d’années, se déprécia et disparut en 294 sous Dioclétien avec les réformes monétaires de la Tétrarchie.

[modifier] Notes

  1. ab Georges Depeyrot, La monnaie romaine : 211 av. J.-C. - 476 apr. J.-C.
  2. Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil, 1974, (ISBN 2020026775)


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