Utilisateur:Ancalagon/Les Gais Lurons

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Les Gais Lurons (The Merry Men) est une nouvelle de l'écrivain écossais Robert Louis Stevenson. D'abord publiée en deux parties dans le Cornhill Magazine en juin et juillet 1882, elle est reprise en volume en 1887 dans le recueil The Merry Men and Other Tales and Fables[1]. Commencée en été 1881 à Pitlochry, cette « sonate fantastique à propos de mer et de naufrages »[2] devait initialement être intégrée à The Black Man and Other Tales[3],[4], un projet de recueil devant rassembler plusieurs nouvelles inspirées du folklore écossais autour du thème du Black Man, le diable[5].

Sommaire

[modifier] Synopsis

Un jeune homme de passage chez son oncle sur l'île d'Aros voit ce dernier, obsédé et horrifié par la mer, basculer dans la folie dès que la tempête se déchaîne.

[modifier] Résumé

Charles Darnaway, jeune étudiant à l'Université d'Édimbourg vient passer ses vacances d'été sur l'île d'Aros chez son oncle Gordon qui y vit avec sa fille Mary Ellen et Rorie, un vieux domestique. Habitué des lieux, Charles est fort surpris en entrant chez son oncle : un riche mobilier peu en accord avec l'intérieur rustique s'étale de manière ostentatoire. Il apprend que ces objets ont été récupérés par son oncle suite au naufrage d'un navire. Il est vrai que les abords de l'île d'Aros, hérissés de récifs appelés les Gais Lurons, sont très dangereux à la navigation et que maints naufrages s'y sont déjà déroulés. C'est d'ailleurs une des raisons qui font revenir Charles sur Aros : jadis, un vaisseau appartenant à l'Invincible Armada disparut dans les environs. Charles est convaincu ... . L'autre raison de son retour chez son oncle, c'est Mary, qu'il compte bien épouser. Il entame sa recherche de l'épave en effectuant quelques plongées dans Sandag Bay. Choqué par la macabre découverte d'un tibia humain, Charles abandonne avec horreur ses rêves de fortune, ayant soudain pris conscience du charnier qui l'entoure.

Tandis que les éléments en furie se déchaînent, l'oncle Gordon, ivre, assiste au spectacle du schooner qui lutte désespérement pour s'extraire du piège mortel. Mais malgré les efforts de l'équipage, inexorablement, et à la grande joie de Gordon, le navire est attiré vers les récifs mortels. Au plus fort de la tempête, il est finalement englouti sous le regard triomphal de Gordon. Le lendemain, la tempête s'étant calmée, Charles accompagne son oncle sur la crique de Sandag Bay où se dernier récupère tous les débris produits par le naufrage. C'est alors qu'ils aperçoivent au loin un rescapé. Voyant que l'homme est noir, l'oncle Gordon est frappé d'une peur panique et s'enfuit[5].

[modifier] Analyse

En 1870, Stevenson, alors âgé de 20 ans, avait séjourné trois semaines sur l'île d'Erraid. Il accompagnait son père Thomas Stevenson qui supervisait alors la construction du phare de Dubh Artach. Le lieu l'avait alors fortement marqué. Outre cette nouvelle, il y consacrera un texte de ses souvenirs de jeunesse[6] et en fera par ailleurs le lieu de naufrage de David Balfour, le héros de son roman Enlevé ![7].

Dans une lettre du juillet 1881 adressée à William Henley, Stevenson fait mention des véritables noms des lieux de la nouvelle : « Aros c'est Earraid, où j'ai vécu il y a longtemps ; le Ross de Grisapol est le Ross de Mull ; Ben Ryan, Ben More »[8].

Dans les Gais Lurons, c'est le lieu et les éléments naturels qui sont mis en lumière et qui influencent les personnages. C'est la vision de la mer se déchaînant sur les côtes déchiquetées d'Aros qui plonge l'oncle Gordon dans la démence. Dans sa biographie The Life of Robert Louis Stevenson, Sir Graham Balfour rapporte la vision de Stevenson : « Il y a, pour autant que je sache, trois façons, et trois façons seulement, d'écrire une histoire. Vous pouvez prendre une intrigue et y adapter des personnages, ou bien vous pouvez prendre un personnage et choisir des événements et des situations qui vont le faire évoluer, ou enfin [...] vous pouvez prendre une certaine atmosphère ... Je vais vous donner un exemple : Les Gais Lurons. Là, j'ai commencé avec le ... d'une de ces îles sur la côte ouest de l'Écosse, et j'ai progressivement fait évoluer l'histoire dans le but d'exprimer la manière dont ce lieu m'avait affecté. »[9]

[modifier] Notes et références

  1. R. L. Stevenson, Intégrale des nouvelles, p. 255-256}}
  2. R. L. Stevenson, Correspondance, tome 1 : Lettres du vagabond, lettre n° 293 à Sidney Colvin (juillet 1881), p. 493
  3. Correspondance, tome 1 : Lettres du vagabond, lettre n° 223 à Sidney Colvin (juin 1881), p. 482-483
  4. Le titre de la nouvelle était alors The Wreck of the Susanna.
  5. ab Ainsi que le précise Stevenson lui-même dans une note d'une autre de ses nouvelles (Thrawn Janet), dans le folklore écossais le diable apparait sous les traits d'un homme noir.
  6. (en) R. L. Stevenson, Memories and Portraits, 1887, chap. VIII (« Memoirs of an Islet »), traduit en français dans À travers l'Écosse, « Souvenirs d'un îlot »
  7. (en) R. L. Stevenson, Kidnapped, Cassell and Company Ltd, 1886, chap. XIV (« The Islet ») : naufragé, David y passera trois jours avant de s'apercevoir que le Ross de Mull peut être franchi à pied à marée basse.
  8. Correspondance, tome 1 : Lettres du vagabond, lettre n° 230, p. 495
  9. « There are, so far as I know, three ways, and three ways only, of writing a story. You may take a plot and fit character to it, or you may take a character and choose incidents and situations to develop it, or lastly [...] you may take a certain atmosphere and get action and persons to express and realise it. I'll give you an example The Merry Men. There I began with the feeling of one of those islands on the west coast of Scotland, and I gradually developed the story to express the sentiment with which that coast affected me. » in Graham Balfour, The Life of Robert Louis Stevenson, London Methuen, 1911, p. 257