Amour non partagé

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Exemple d'amour non partagé (compliqué de problèmes d'identité sexuelle)
Exemple d'amour non partagé (compliqué de problèmes d'identité sexuelle)

L'amour non partagé, ou amour non réciproque, est le cas où une personne éprouve un désir amoureux à l'égard d'un autre individu qui n'éprouve pas les mêmes sentiments. Ceci peut induire des états d'âmes tels que l'état de dépression, de mauvaise estime de soi, d'anxiété, et sautes d'humeur comme des passages brutaux de la dépression à l'euphorie.

Sommaire

[modifier] Physiopathologie

Attitude typique d'un sujet obsessionnel
Attitude typique d'un sujet obsessionnel

L'amour non partagé peut induire des comportements obsessionnels, voire agressifs, envers l'objet du désir. Ce type de dérive peut amener le sujet à se transformer en « pervers », ou, à un stade moins avancé, en « pauvre type ». Symétriquement, l'amour non réciproque est également la source d'inspiration de nombreuses œuvres d'art. Le diagnostic des réactions à amour non réciproque comme étant « mignonnes » ou « flippantes » est un problème complexe qui laisse une large part à la subjectivité.

L'amant éconduit peut en éprouver de grandes souffrances, tout en éprouvant simultanément de l'exaltation par le sentiment de plénitude induit par l'idée d'être amoureux, quand bien même cet amour n'est pas payé de retour. Il peut en venir à penser que ces sensations justifient la torture morale à laquelle il est soumis. C'est pourquoi certains préfèreront rester amoureux de la même personne plutôt que de fixer leur désir sur un autre objet.

Bien que l'amour non réciproque puisse durer des années, voire des décennies, les sentiments de l'amant éconduit finissent habituellement par atteindre une limite à force de se renforcer. Les sentiments finissent normalement par s'apaiser lorsque l'objet du désir finit par éprouver lui aussi de l'amour ; lorsque que le désir amoureux s'estompe ; lorsque l'amant éconduit finit par accepter l'idée que ses sentiments ne seront jamais payés de retour ; ou lorsque l'amant éconduit concentre son attention sur une autre personne, elle susceptible de répondre à ses sentiments.

[modifier] Littérature

Le sujet étant universel, la littérature traitant de l'amour non partagé est vaste et quasi infinie (il est remarquable que depuis l'aube de l'humanité, il ne semble y avoir eu aucun progrès pour résoudre ou limiter ce type de problèmes).

L'un des amours non réciproques les plus célèbres est celui qu'éprouvait Dante Alighieri pour Beatrice Portinari , avec qui il n'avait parlé que deux fois dans toute sa vie, la première lorsqu'il avait neuf ans et elle, huit. Quoique tous deux se soient mariés, Dante considérait Béatrice comme le grand amour de sa vie et comme sa « muse » ; il en fait le guide du paradis dans La Divine Comédie. De plus, tous les exemples donnés par Dante dans La Vita Nuova traitent de son amour pour Béatrice, et la prose qui encadre les vers détaille sa passion de toute une vie.

Dans les poètes élégiaques romains, l'amour non réciproque est un thème courant. Catulle est célèbre pour sa passion pour Lesbia ; une cinquantaine d'épigrammes expriment la palette d'émotions que parcourt l'amant éconduit ; Catullus est en fait conscient du fait qu'il devrait se libérer de ses sentiments, mais manque de l'énergie pour y parvenir.

Un grand exemple classique est l'amour sans espoir de Don Quichotte pour Dulcinée, dans le roman éponyme de Cervantes. Le terme "dulcinée" est passé dans l'usage courant comme nom commun pour désigner l'objet d'un amour intense.

A l'Opera, un autre grand exemple est traité dans Carmen de Bizet, dont le livret est inspiré de la nouvelle du même nom de Prosper Mérimée. Celle-ci traite de l'amour obscessionel qu'éprouve Don José pour Carmen, qu'il finira par tuer, par amour pour elle.

Shakespeare traite abondamment du sujet dans Le songe d'une Nuit d'Été, dans Othello (l'inquiétant personnage de Roderigo) ; Roméo et Juliette s'ouvre sur les affres de Roméo qui croit que son amour n'est pas payé de retour.

Au XVIIIe siècle, Goethe marque un tournant avec Les Souffrances du jeune Werther, qui fonde le courant Sturm und Drang annonciateur du romantisme, et expose deux de ses plus grands thèmes : l'amour et le Weltschmerz.

Dans la littérature française du XIXe siècle, on peut citer Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, Notre-Dame-de-Paris (avec Quasimodo, Esmeralda, Frollo et Gringoire) et Les Misérables (avec Éponine), de Victor Hugo. Stendhal traite du problème de façon plus clinique dans de l'Amour. Le personnage d'Erik dans Le Fantôme de l'Opéra, de Gaston Leroux, né horriblement difforme, est éperdument amoureux de la soprano Christine Daae, elle-même éprise du viconte Raoul de Chagny. En poésie, Baudelaire.

Dans la littérature anglophone de la même époque, on peut citer Great Expectations de Charles Dickens (personnage de Pip), La locataire de Wildfell Hall (The Tenant of Wildfell Hall) de Anne Brontë (Mr. Hargrave épris de Helen Graham).

La littérature russe regorge d'exemples, comme dans Guerre et Paix de Léon Tolstoï, ou Premier Amour de Tourgueniev.

Le poète slovène France Prešeren a écrit des poèmes torturés sur sa passion contrariée pour Julija Primic.

[modifier] Bibliographie

  • Stendhal, De l'Amour (1822)
  • Shakespeare: Roméo et Juliette, Othello, Le Songe d'une nuit d'Été

[modifier] Voir aussi