Aménagement des combles et greniers

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Sommaire

L'aménagement des combles et greniers est abordé également sous l'angle de l'amélioration de la biodiversité dans le bâti et le jardin. Il propose quelques aménagements possibles de la maison et des structures bâties en général (ici les combles, les clochers des églises, etc.) afin d’y accueillir la biodiversité la plus importante possible. Dans les bâtiments, les combles et les greniers sont souvent les lieux les moins fréquentés et les plus propices à la faune nocturne. En perçant des voies d’accès ou en plaçant des nids artificiels, il est possible de favoriser certaines espèces comme la chouette effraie ou de nombreuses espèces de chauve-souris.

[modifier] Un tel aménagement, pourquoi ?

[modifier] L'érosion de la biodiversité

[modifier] Prédateurs d'insectes et de rongeurs

En même temps que le phénomène d'érosion de la biodiversité, on assiste à une explosion des effectifs de certaines espèces (certains insectes dont les moustiques, rats, pigeons, …). Devenues résistantes aux produits phytosanitaires pour certaines, profitant de l'abondance de nourriture qu’offrent la zone urbaine et ses poubelles pour d'autres, l'homme se trouve aujourd'hui face à ses contradictions, il va devoir trouver d’autres réponses plus soutenables que celles qu'il a utilisées jusqu’à présent. Favoriser le retour des prédateurs en ville fait partie des solutions envisageables.

Chaque nuit de chasse, une chauve-souris consomme près de la moitié de son poids en insectes. Elle prend le relais nocturne des hirondelles, martinets, gobe-mouches, fauvettes, … En un an, un couple d’effraies capture une moyenne de 3 000 proies. Des mulots, des souris, des rats, des musaraignes …

Les hôtes des combles et clochers sont des prédateurs particulièrement actifs dans l'environnement proche. Leur présence au cœur des villes et des villages est un atout pour le maintien d'un équilibre biologique tant bouleversé par les activités humaines.

[modifier] Les hôtes

[modifier] Les chauves-souris

Icône de détail Article détaillé : Chiroptera.

Une grande partie des espèces de chauves-souris est menacée d'extinction. Les causes de leur déclin sont multiples. On peut citer, entre autres, la destruction de l'environnement nocturne par la pollution lumineuse, l'utilisation massive et déraisonnée des produits phytosanitaires. La raréfaction des gîtes de reproduction et d'hibernation est également responsable du déclin des populations de chauves-souris.

Leur protection passe donc nécessairement par l'aménagement des combles pour leur offrir les gîtes dont elles ont besoin pour assurer le bon déroulement de leurs cycles biologiques. Cependant les chauves-souris sont des mammifères très fragiles. Elles sont très sensibles aux dérangements et aux perturbations de leur habitat (bruit, lumière, odeur, modification des accès, présence de prédateurs : chat, fouine, chouette effraie, …)

[modifier] La chouette effraie

Icône de détail Article détaillé : Effraie des clochers.

La chouette effraie est également un animal fragile. Les principales causes de mortalité sont les collisions (routes et chemins de fer) mais également les accidents avec les lignes électriques (collision et électrocution). La population de la chouette effraie est variable mais dépend essentiellement de la nourriture et des gîtes disponibles. Un effort de conservation, de protection et de restauration des gîtes peut être fait. Le choix du gîte est conditionné par son caractère cavernicole (sombre ou obscure). La chouette effraie ne supporte pas le froid (neige et sol gelé), l'humidité et le vent.

[modifier] Autres espèces à protéger

Icône de détail Article détaillé : Choucas.

Les choucas ont peu d'ennemis naturels. On pourrait cependant assister à une raréfaction significative des populations à plus ou moins terme, en raison de la disparition des gîtes de reproduction. Les choucas peuvent parfaitement cohabiter avec les chauves-souris. Ils peuvent cependant poser quelques problèmes notamment dans les clochers. En effet, le choucas apporte une quantité de matériaux pour faire son nid qui peut s’avérer dangereux pour l’équipement mécanique et électrique. On pourra limiter leur accès à l’intérieur du clocher et compenser par l’installation de nichoirs à l’extérieur. Cet oiseau vivant en colonie, on pourra installer plusieurs nichoirs.

Icône de détail Article détaillé : Martinet noir.

Le martinet noir est légalement protégé. Actuellement, les effectifs paraissent stables, mais on peut prévoir une diminution des populations à plus ou moins longue échéance à cause de la raréfaction des gîtes de nidification. Une attention particulière doit donc être portée aux colonies déjà existantes. On pourra par exemple éviter de modifier la structure de la toiture là où les martinets sont implantés, éviter l'introduction de la chouette effraie, préserver au maximum l'obscurité des combles, ce qui leur permettra de ne pas rester piégés à l'intérieur.

[modifier] Les aménagements

La première chose à rappeler est que dans tous les cas, il est préférable de conserver les habitats naturels des animaux (milieu souterrain naturel, forêt, zones de nourrissage).

== Les choses à évit

  • L'illumination du bâtiment

[modifier] Les nuisances

Icône de détail Article détaillé : Nichoir.
  • Le bruit
  • Les déjections
  • L'urine
  • L'odeur

Il faut rappeler que toutes ces espèces sont légalement protégées. En conséquence, la loi du 10 juillet 1976 et son arrêté d’application du 17 avril 1981 prévoient l'interdiction de :

  • La destruction ou l'enlèvement des œufs ou des nids, la mutilation, la destruction, la capture ou l'enlèvement, la naturalisation d'animaux de ces espèces ou, qu'ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur vente ou leur achat ;
  • La destruction, l'altération ou la dégradation du milieu particulier à ces espèces animales.

On est donc dans l’obligation légale de composer avec cette faune sauvage.

Pour limiter les nuisances (excrément notamment), il existe divers dispositifs permettant d'améliorer la cohabitation. De manière générale, en cas de problème de cohabitation avec la faune sauvage, on peut toujours faire appel aux associations de protection de la nature locales qui pourront intervenir si nécessaire.

[modifier] Les hôtes à éviter

En accueillant certaines espèces, le risque est d'en abriter d’autres dont la présence est incompatible avec le gîte en lui-même ou avec la présence des chiroptères.

[modifier] Les pigeons (Columba livia)

Les pigeons représentent un réel problème pour les clochers (ils colonisent moins les combles). Retournés à l'état sauvage, ils s'y installent et probablement à cause de l'abondance de nourriture aux alentours, ils y prolifèrent. Rapidement, les poutres et les planchers sont recouverts d'un épais tapis de fientes mêlées de plumes. La présence de l'oiseau est alors dommageable pour le bâtiment (pourrissement des boiseries) et pour les installations mécaniques et électriques. En outre, ils empêchent la colonisation du clocher par les chauves-souris et même par la chouette effraie. Pour l'instant, le seul moyen efficace pour lutter contre l'installation des pigeons est de poser des treillis comportant des passages sélectifs pour les chauves-souris sur les abat-sons et autres ouvertures. Le grillage doit parfaitement adopter la forme des abat-sons ; sans cela, les pigeons parviennent à nicher entre les planches. On peut également poser des dispositifs compensatoires pour l’effraie. Cependant, habitués à loger dans le clocher, les pigeons risquent de s'installer à l'extérieur et d'abîmer les façades. On pourra donc prévoir des dispositifs pour les empêcher de nicher à l'extérieur.

[modifier] La fouine (Martes foina)

La fouine est un obstacle à la colonisation du site par les chauves-souris. Cependant, elle reste un animal indispensable pour la régulation des populations de rongeurs (souris, etc.) Pour tenir la fouine à distance des combles et greniers, il faudra veiller particulièrement aux accès. La fouine, très habile, peut utiliser les plantes grimpantes ou les gouttières pour accéder aux gîtes. Elle est également capable de grimper sur les murs en crépis.

Voici quelques mesures permettant de garder les fouines à l’extérieur :

  • Ne pas laisser la végétation grimper jusqu’aux combles
  • Mettre des barrages (collier en fer blanc) ou des entonnoirs sur les gouttières
  • Sur les murs en crépis (lors d’une restauration), on pourra ménager une bande lisse de 70 cm sous la corniche
  • Boucher les trous d’accès de la fouine, elle utilise généralement toujours le même itinéraire
  • Utilisation ‘‘modérée’’ de répulsifs (naphtaline, mazout). Ces répulsifs peuvent aussi éloigner les chiroptères si l’odeur est trop importante.

Les opérations pour rendre les accès impraticables pourront être faites après la sortie crépusculaire, au mois d’octobre ou novembre, pour éviter de bloquer un jeune au nid. Afin de compenser la perte d’un gîte pour les fouines, on pourra aménager une « boîte à fouine » à proximité (dans un tas de bois, dans la grange, sur les poutres maîtresses d’un appentis, …). Pour cela, on garnit une boîte en bois de paille et on dispose à l’entrée des œufs ou quelques fruits.

[modifier] Gestion du site

Afin d’assurer la pérennité des gîtes pour les chauves-souris et les chouettes effraies, il faut que le suivi soit à la hauteur de l’investissement consenti. Une double gestion, technique et scientifique peut être envisagée. Du point de vue technique, on pourra veiller au bon fonctionnement des installations et procéder à leur réparation si nécessaire. Le nettoyage des déjections peut se faire tous les un ou deux ans en fonction de leur quantité. Les nichoirs pour l’effraie pourront être nettoyés, ceux des choucas et des martinets ne doivent pas être nettoyés. Toutes ces opérations de maintenances seront réalisées de préférence pendant la période hivernale, après le départ des animaux (en janvier idéalement). La gestion scientifique, quant à elle, permettra d’élargir les connaissances sur ces deux espèces, notamment sur les aspects de conservation et d’aménagements de sites pour les chauves-souris encore mal connus. On pourra contacter les associations de protection de la nature locales pour effectuer ce suivi.

[modifier] Bibliographie

  • Ministère de la région wallonne – Direction générale des Ressources naturelles et de l’Environnement Combles et clochers vie sauvage admise
  • FAIRON Jacques, BUSCH Elisabeth, PETIT Thierry, SCHUITEN Maya (Centre de recherche chiroptérologique Institut des Sciences naturelles de Belgique – Groupement Nature) Guide pour l’aménagement des combles et clochers des églises et d’autres bâtiments, Brochure Technique n°4
  • NOBLET Jean-François La nature sous son toit, Hommes et bêtes : comment cohabiter ? Éd. Delachaux et Niestlé

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes