Alija Izetbegović

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Alija Izetbegović, le 24 mars 1997.
Alija Izetbegović, le 24 mars 1997.

Alija Izetbegović (8 août 1925, Bosanski Samac, Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (actuellement Bosnie-Herzégovine) - 19 octobre 2003, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine) est un homme politique et un philosophe.

Sommaire

[modifier] Biographie

Après le déménagement de sa famille à Sarajevo dans les années 1930, il y fait ses études au lycée normal pour garçons. Il devient membre de l'Organisation humanitaire musulmane pendant la Seconde Guerre mondiale ; ce groupe traditionaliste se voulait être un rempart contre les dérives de l'Islam moderne[1]. À la fin de la guerre il devient membre de l'organisation panislamique Jeunes Musulmans. Il est condamné en 1946 à une peine de trois années d'emprisonnement[réf. nécessaire]. Il étudie, au sortir de prison, le droit et obtient sa licence en 1956. Il travaille ensuite pour la compagnie Bosna pendant les trente années qui suivirent.

[modifier] Œuvre politique

[modifier] La déclaration islamique

Il publie en 1970 la Déclaration Islamique (Islamska deklaracija) dans laquelle il exprime ses vues concernant la relation entre l'État, la religion et la société et qui fut interprété par les autorités yougoslaves comme un appel à l'instauration de la Charia en Bosnie[2]. Cette publication lui vaudra quelques mois de prison en 1972 et a été source de controverses, les Serbes nationaliste l'utilisant comme une excuse à la guerre et citant des passages comme celui ci-dessous interprété comme l'intention de créer une république islamiste en Bosnie :

«  Il n’y a pas de paix, ni de coexistence entre la religion islamique et les institutions sociales non-islamiques […]. Le mouvement islamique doit et peut prendre le pouvoir dès qu’il est normalement et numériquement fort, à tel point qu’il puisse non seulement détruire le pouvoir non-islamique, mais qu’il soit en mesure d’être le nouveau pouvoir islamique […]  »

[in DEL VALLE, Alexandre. Guerre contre l’Europe Bosnie-Kosovo-Tchétchénie…Éditions Syrtes, 2000 p.117/ 431.]

Alija Izetbegović a toujours rejeté ces allégations. L'auteur britannique Noel Malcolm a qualifié l'utilisation de la Déclaration islamique par les Serbes nationalistes comme de la Fausse propagande argüant que la déclaration est une stratégie globale sur la politique et l'Islam; Ce n'est pas à propos de la Bosnie et la Bosnie n'y est même pas mentionnée et que Aucun des point ne peut être qualifié de fondamentaliste. L'auteur précise aussi que les opinions de Alija Izetbegović à propos de l'Islam sont bien plus développé dans le livre L'Islam entre l'Est et l'Ouest[3].

[modifier] Emprisonnement

En 1983, Alija Izetbegovic, aux côtés d'autres Bosniaques, est jugé lors d'un procès-politique sur les bases de nationalisme musulman et propagande ennemie à la suite de la parution de son ouvrage L'Islam entre l'Est et l'Ouest en 1982. Il est condamné à purger quatorze années de pénitencier à Zenica. Izetbegovic est ensuite amnistié et libéré en 1988 lors du courant de libéralisation qui précéda la chute du régime communiste en Yougoslavie.

Il fonde en 1989 le SDA Parti d'Action Démocratique, parti nationaliste des Musulmans de Bosnie (maintenant Bosniaques). Lors des premières élections libres tenues en Bosnie-Herzégovine, son parti obtient 33% des suffrages, faisant du parti le plus puissant en Bosnie.

[modifier] Président de la Bosnie-Herzégovine

En décembre 1990, Izetbegovic est élu président de la Bosnie-Herzégovine.

À l'été 1991, alors que la Croatie est attaquée par l'armée serbe, Izetbegovic a refusé de prendre parti contre la politique d'agression serbe, par peur de voir le conflit s'étendre à la Bosnie-Herzégovine[réf. nécessaire].

En décembre 1991, la Bosnie-Herzégovine proclame son indépendance suite a un référendum.

En mars 1992, l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine devient effective. Elle est reconnue par les États-Unis d'Amérique et par les membres de la Communauté Européenne (puis Union européenne après 1995) en avril de la même année.

Izetbegovic souhaitait faire de la Bosnie un État unitaire et pluri-ethnique, sans divisions quant à l'origine nationale[réf. nécessaire]. Ce souhait fut perçu par les Croates et les Serbes de Bosnie comme le désir de la part des Musulmans de dominer la Bosnie par la centralisation[réf. nécessaire].

Appuyé par l'Union Européenne, il refuse le 18 mars 1992 le plan Carrington-Cutileiro d'État cantonal-sur le modèle suisse de cantons disposant d'une assez large autonomie- que sont disposés à accepter Serbes et Croates. Il refuse toute partition de la Bosnie, craignant que les Croates de Bosnie ne se rattachent à la Croatie et que les Serbes de Bosnie ne se rattachent à la Serbie. S'en suivra une guerre sanglante, qui aura fait, selon le TPIY 102 000 victimes (63 000 bosniaques, 30 000 serbes, et 74000 croates).

Celui-ci signe, aux côtés du Président croate Franjo Tudjman et du Président serbe Slobodan Milosevic les accords de paix de Dayton en novembre 1995, qui mettent fin à la guerre et entérinent une situation moins favorable que celle qu'il avait refusée en 1992: un Etat divisé avec une entité pour chaque ethnie.

Alija Izetbegovic se retire de la vie politique en 2000. Il décède des suites de maladies cardiaques en 2003. Il aura été le président de la Bosnie-Herzégovine de 1990 à 1996, puis membre de la présidence collégiale de ce pays de 1996 à 2000.

Le 11 août 2006, sa tombe au cimetière de Kovaci à Sarajevo est endommagée par une explosion. Cet acte est probablement d'ordre politique[réf. nécessaire].

[modifier] Bibliographie

  • (fr) Alija Izetbegovic (trad. Ahmed Abidi), Le Manifeste Islamique, Al Bouraq, Beyrouth, 2000 (ISBN 2841611132)
  • (fr) Alija Izetbegovic (trad. Michel Sergent), L'Islam entre l'Est et l'Ouest, François-Xavier de Guibert, Paris, 2003 (ISBN 2868398480)

[modifier] Notes et références

  1. [[Michel Collon], Poker menteur, p. 268 (édition EPO, 1998)
  2. Obituary: Alija Izetbegovic sur bbc.co.uk
  3. Noel Malcolm, « Bosnia and Death of Yugoslavia: 1989-1992 (traduit ) »

[modifier] Liens externes