Alaric Ier

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Alaric, reproduction photographique de 1894 d'une peinture de Ludwig Thiersch
Alaric, reproduction photographique de 1894 d'une peinture de Ludwig Thiersch

Alaric fut le roi des Wisigoths de 395 à 410.

[modifier] Biographie

Né vers 370 à Perice dans le delta du Danube, il appartient à une noble famille wisigothique, membre du clan balthe. En 394, sous le règne de l'empereur romain Théodose, il devient chef des fœderati (du mot latin fœdus), troupes barbares irrégulières sous commandement romain. Il participe à la campagne contre l'usurpateur Eugène. En 395 Théodose meurt, laissant un empire fragilisé, partagé entre ses deux fils, les faibles Arcadius à l'est (empire d'Orient) et Honorius à l'ouest (empire d'Occident).

Alaric espère recevoir un grand commandement à l'occasion du changement de régime, mais on le lui refuse. De leur côté, les fœderati sont furieux de se voir spoliés de leur part de butin. Ils acclament Alaric roi, et celui-ci envahit et pille la Thrace, la Macédoine et le Péloponnèse en 395/96, mettant à sac les prestigieuses cités grecques et vendant leurs habitants comme esclaves. Aux frontières de l'Élide et de l'Arcadie, il est arrêté par le quasi-régent de l'empire d'Occident, l'énergique Stilicon. Sans doute dans l'espoir de le neutraliser, Arcadius le nomme préfet de l'Illyrie, importante province romaine.

En 400, allié avec le chef ostrogoth Radagaise, il marche sur l'Italie, dévastant toute la partie nord avant d'être arrêté de nouveau par Stilicon. Étrangement, ce dernier n'extermine pas les troupes d'Alaric, peut-être en espérant en tirer des mercenaires. Après une autre défaite à Vérone, Alaric quitte l'Italie en 403 pour revenir en Illyrie. À cause de son invasion, la capitale de l'empire d'Occident passe de Milan à Ravenne (Rome, délaissée par les Empereurs depuis bien des années, n'était plus la capitale de l'Empire depuis bien longtemps.).

En 408, Arcadius meurt. Alaric en profite pour demander à être payé pour cesser la guerre et réclame la somme de 2 000 kg d'or, que Stilicon fait promettre au Sénat romain de payer. Quelques mois plus tard, Honorius, jaloux du pouvoir de son ambitieux général et influencé par ses favoris, fait tuer Stilicon et ses proches. Dans la confusion qui s'ensuit, les troupes romaines massacrent les familles des fœderati, qui rejoignent alors en grand nombre les troupes d'Alaric. En septembre 408, Alaric franchit de nouveau les Alpes et assiège Rome. Les habitants affamés finissent par accepter de payer plus de 1 000 kg d'or, de la soie, du cuir et du poivre.

Sac de Rome en 410 Miniature française du XVe siècle.
Sac de Rome en 410
Miniature française du XVe siècle.

Alaric réclame également un vaste territoire entre le Danube et la Vénétie, ainsi que le titre de commandant en chef de l'armée impériale. Irrésolu et protégé à Ravenne, Honorius refuse. En 409, Alaric met de nouveau le siège devant la « Ville éternelle ». Le Sénat romain s'accorde alors avec lui pour instituer un nouvel empereur, le faible Priscus Attale, qui s'avère vite incompétent et perd la riche province d'Afrique, grenier de l'Empire, tenue par les partisans d'Honorius. Alaric doit faire face à des émeutes frumentaires à Rome et à des légions envoyées par le neveu d'Honorius, Théodose II. Il chasse Priscus Attale et tente d'ouvrir de nouveau des négociations avec Honorius. Devant leur échec, il fait une troisième fois le siège de Rome, en 410. En voyant les hautes murailles de la ville quasiment imprenable, il dit : « …plus l'herbe est drue, plus elle est facile à faucher… ». Il prend la ville sans grande difficulté, on lui ouvre tout simplement l'une des portes et c'est le célèbre sac de Rome d'août 410, le premier sac depuis des siècles, longtemps après la prise de la ville par des Celtes au IVe siècle avant Jésus Christ. Le pillage dure à peine trois jours. Cette violation de l'ancienne capitale impériale, aux mains des Barbares, porte un coup terrible dans les esprits des deux empires ; l'annonce, peut-être, de la fin.

Peu de temps avant sa mort, il pille l'Italie du Sud et tente d'envahir l'Afrique, quand ses navires sont détruits par une tempête. Lui-même meurt d'une fièvre à la fin de l'année 410. Il est enterré sous le lit du Busentin, qui coule à Cosenza en Calabre : le fleuve est détourné, la tombe creusée, son corps est inhumé avec un important trésor (s'y trouverait l'Arche de l'Alliance, entre autres), puis le fleuve recouvre son cours. Les esclaves ayant creusé la tombe sont mis à mort pour garder le secret. Son successeur est son beau-frère Athaulf.

[modifier] Bibliographie

  • Pierre Michon, L'empereur d'Occident, Fata Morgana, 1989 (réédition : Verdier, 2007)