Affaire Thinet

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L'affaire Thinet est une affaire politico-financière française qui s'est déroulé à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) en 1990. Il s'agit de l'un des nombreux volets de l'affaire Elf.

[modifier] Résumé

En 1990, la compagnie pétrolière Elf a vendu un terrain à Issy-les-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine pour 200 millions de francs à la société Thinet. Six jours plus tard, Thinet l'a revendu pour près de 300 millions de francs à la société d'économie mixte SEM 92, présidée par un proche de Charles Pasqua, Pierre-Henri Paillet. Au passage, 59 millions de francs de commissions occultes sont évaporées dans des « caisses noires ».

[modifier] Les faits

En décembre 1990, la société Thinet signe avec Elf une promesse de vente des terrains entre la rue Camille-Desmoulins et la rue Jules-Ferry à Issy-les-Moulineaux. Il s'agit d'une friche industrielle de 28 300 m 2. Le plan d'occupation des sols (POS) ne prévoit à l'époque que des constructions de deux niveaux et oblige tout promoteur à verser une taxe importante en cas dépassement de la barre de 30 000 m 2 construits. Malgré ces limitations d'urbanisme, la société Thinet se porte acquéreur.

En juin 1991, le conseil municipal d'Issy-les-Moulineaux présidé par André Santini, proche de Charles Pasqua et frère de Dominique Santini, décide de créer une ZAC. « Conséquence immédiate, dira le président du tribunal du procès Elf Michel Desplan, on peut construire sur trois niveaux et cela supprime la taxe. »

La valeur du terrain grimpe de 50 % et le fisc évalue alors la parcelle à 300 MF. Le 25 juillet 1991, Elf signe avec Thinet, comme si de rien n'était, à la valeur de décembre 1990, 200 MF.

Six jours après son achat, le promoteur revend à la SEM 92 pour près de 300 MF.

Sur cette plus value subite, 59 MF de commissions occultes seront distribués. Dès décembre 1990, une première salve de 25 MF atterrit sur le compte suisse Prome d'Alfred Sirven. Il ventile aussitôt sur des comptes d'Alain Guillon (10,30 MF), le directeur du raffinage, d'André Tarallo (6,2 MF), le « Monsieur Afrique ». Une autre commission de 9 MF part ensuite pour un autre intermédiaire, puis un dernier train de 25 MF, en mars 1991, alimente le compte suisse Mineral d'Alfred Sirven qui redistribue ensuite selon les clés de répartition connues de lui seul.

« Elf nous avait demandé ces commissions, 66 MF au départ, puis 59, c'était une condition obligatoire pour avoir l'affaire », assure le promoteur Bruno Guez, dirigeant de Thinet, au procès de l'affaire Elf. « Mais je ne m'en suis pas occupé », se défend-il au micro, rejetant toutes les négociations sur son directeur financier, « malheureusement décédé sur la voie publique ». « Alfred Sirven avait dit qu'il avait l'aval de sa hiérarchie, on pensait qu'il s'agissait pour Elf de financer une opération dans les pays de l'Est », a assuré le promoteur.

« Mon sentiment est que ce montage a été fait non par une personne, mais par un groupe d'intérêt. Il fallait l'accord de la mairie d'Issy-les-Moulineaux et du conseil général des Hauts-de-Seine», a déclaré Jean-François Pagès, le directeur immobilier d'Elf, persuadé qu'« un habillage » a permis de dégager des commissions occultes.

Michel Desplan, le président du tribunal, rappella que « le nom de Charles Pasqua, président du conseil général des Hauts-de-Seine, a été cité dans le dossier et a bénéficié d'un non-lieu ».

[modifier] Références

  • Thinet : Comment Elf a perdu 100 millions en six jours, Le Parisien, 20 mai 2003
  • La valse des commissions d'Issy-les-Moulineaux, Le Figaro, 21 mai 2003
  • L'ombre de Charles Pasqua sur le procès Elf, Reuters, 19 mai 2003
  • Elf-Thinet : M. Pasqua se dit « parfaitement serein », Le Monde, 22 décembre 1999
  • Comment Elf a perdu 95 millions en 6 jours, Le canard enchaîné, 13 mai 1998