Alfred Sirven

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Alfred Sirven (6 janvier 1927 à Toulouse - 12 février 2005 à Deauville). Homme d'affaires français, célèbre acteur de deux rocambolesques affaires judiciaires, l' Affaire Elf et l'Affaire des frégates de Taïwan.

Né le 6 janvier 1927 à Toulouse, Alfred Sirven a été résistant à l'âge de 17 ans pendant la Seconde Guerre mondiale, puis soldat du corps expéditionnaire de l'ONU pendant la guerre de Corée dans les années 1950. Par la suite il sera condamné et incarcéré en 1952 pour le premier braquage de banque de l'histoire du Japon avant d'entreprendre une carrière classique de cadre supérieur dans les ressources humaines dans les sociétés Mobil Oil Française puis Moulinex.

C'est au milieu des années 1980, chez Rhône-Poulenc, qu'il fait la connaissance du P.-D.G. de l'époque, Loïk Le Floch-Prigent. Débarqué de la tête de Rhône-Poulenc à l'arrivée au pouvoir de la droite en 1986, et nommé à la tête d' Elf une fois la gauche revenue au pouvoir, c'est Loïk Le Floch-Prigent qui fait venir Alfred Sirven au sein du groupe pétrolier, en 1989 et lui attribue le titre de « Directeur aux Affaires Générales ».

Le 2 septembre 1991, le Corse André Guelfi, encore appelé « Dédé la Sardine » et sa société Nobelpac Vaduz au Liechtenstein passent un étrange marché avec la banque Sofax, logée à la même adresse qu' Elf, dans une Tour de la Défense ( tour du Groupe actuel Total ), une banque qu'on retrouvera d'ailleurs en mars 2001 sur la liste des comptes non publiés de la coopérative bancaire de clearing « Clearstream ».
Cet accord aboutit au virement, le 24 décembre 1992 - veille de Noël - , de la coquette somme de 256 millions de francs sur le compte numéro 39.370 ouvert le même jour ( ! ) de la société de Guelfi. 36 millions iront dans la minute sur les comptes de la société « Showfast Ltd Londres » du Crédit Suisse de Genève « en faveur de Pierre Lethier ».

Alfred Sirven se trouve alors impliqué dans une vaste affaire de salaires fictifs et de pots-de-vin versés au profit de personnalités proches de certains hommes politiques, comme l'a révélé l'instruction menée depuis 1994 par la juge Eva Joly. Alfred Sirven gère les caisses noires du groupe, rémunère amis et obligés de tous bords politiques. Nommé directeur d'une filiale, Elf Aquitaine International en Suisse en 1991, alors qu'il a atteint l'âge de la retraite, Alfred Sirven poursuit ces activités parallèles.

Sous menace d'un mandat d'arrêt international depuis mai 1997 (mais qui ne sera diffusé qu'en janvier 1999), Alfred Sirven échappe à la justice française pendant près de quatre ans. Parti de Genève dès 1997, il est repéré par des journalistes en 1999 aux Philippines où il sera finalement arrêté le 2 février 2001 pour être extradé vers la France sous une escorte digne d'un chef d'État. Il est également réclamé par les Allemands.

Il a été condamné à trois reprises par la justice française :

  • Le 30 mai 2001, en faisant irruption en plein procès de Roland Dumas, il sera condamné aux côtés de l'ancien ministre des Affaires étrangères et de Christine Deviers-Joncour, à quatre ans de prison ferme.
  • Le 29 janvier 2003, en appel de la décision précédente, la peine sera ramenée à trois ans de prison par la cour d'appel de Paris.
  • Le 12 novembre 2003 il écoppe de cinq ans de prison et d'un million d'euros d'amende dans l'affaire des détournements de fonds - 305 millions d'euros au total - au détriment d'Elf. Ayant été interrogé au sujet de ses éventuels complices pendant son procès, il a épargné tout le monde sauf son patron, en déclarant « Je réponds de ce que j'ai fait. Je ne répondrai pas de ce qu'ont pu faire d'autres ».

Le parquet général ayant fait appel de cette peine jugée insuffisante, l'arrêt de la cour d'appel de Paris aurait dû être rendue le 31 mars 2005. Il était aussi mis en examen dans plusieurs dossiers, notamment une enquête portant sur des emplois fictifs à Elf et surtout dans une affaire portant sur la vente de Frégates à Taïwan par Thomson en 1991. Mais étant décédé, l'action publique à son encontre est éteinte.

Incarcéré pendant trois ans et trois mois à la prison de la Santé à Paris, il sera remis en liberté sous caution le 13 mai 2004. Quelques semaines plus tard, il se marie avec son ancienne gouvernante qui fut sa compagne de cavale aux Philippines, Vilma Médina (44 ans en 2004).

Il est mort le 12 février 2005 à l'âge de 78 ans à son domicile de Deauville dans le Calvados à la suite d'un malaise cardiaque.
Il a emporté avec lui les secrets qui auraient dû « faire sauter vingt fois la République », comme il l'a affirmé avant son arrestation en 2001. Beaucoup de tiers qui ont été bénéficiaires des largesses de la société Elf n'ont pas été identifiés par la justice.

D'après la revue Faits et Documents, Sirven aurait été franc-maçon. [1]

[modifier] Vente de ses biens

  • Le 26 mars 2007 Maître Fraisse mettait en vente, à Tours, le patrimoine mobilier saisi au château de Détilly, (sur le territoire de la commune de Beaumont-en-Véron, près de Chinon). Voir dans Le Figaro du 26 mars 2007, en page 10, l'article d'Éric Decouty, La justice vend les dernières "babioles" d'Alfred Sirven. Les meubles tableaux et objets d'art n'avaient rien d'exceptionnel. Pour les tableaux on mentionnera plusieurs œuvres provenant du commerce parisien, dont un portrait de femme attribué à Robert Levrac-Tournières, une huile sur bois du paysagiste Alexandre-Hyacinthe Dunouy, 50 par 64 cm adjugée 14 153 euros, et une œuvre française du XVIII° siècle Achille parmi les filles de Lycomède.
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