Utilisateur:Afeng/Science-fiction en Chine

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Catégorie:science-fiction

La destinée de la littérature de science-fiction (SF) en Chine est très différente du parcours que le genre a suivi en Occident ou même dans un pays voisin comme le Japon. Découverte et introduite par les réformateurs chinois au début du XXème siècle comme vecteur d’idées propice à la modernisation du pays, la SF a été régentée et instrumentalisée pendant longtemps (et dans une mesure peut-être encore plus importante que la littérature générale) par les autorités politiques de la République populaire de Chine comme véhicule de propagande. Or, son passé mouvementé continue visiblement à influencer la condition présente du genre.

Sommaire

[modifier] Précurseurs

A quand remontent les débuts de la SF en Chine ? Existe-t-il des œuvres attribuables à ce genre littéraire dans l’antiquité chinoise ? D’après Wu Yan 吴岩, un expert en SF chinoise, il n’est pas approprié d’utiliser le terme « science-fiction » pour des œuvres littéraires pré-modernes, parce que la SF « a son origine dans la révolution industrielle occidentale, elle est le reflet du développement technique et de l’aspiration de l’humanité à connaître et transformer la nature dans le domaine de la littérature et des beaux-arts[1]. » Wang Quangen 王泉根, un spécialiste de la littérature enfantine, constate que, du point de vue de la culture chinoise, la littérature de SF a le statut d’une « immigrée »[2].

Pour expliquer l’absence d’œuvres de SF dans la littérature classique chinoise, certains chercheurs chinois ont aussi évoqué le fait que la culture confucéenne désapprouvait globalement la littérature de fiction. Il est vrai que le confucianisme, sous la forme dogmatique qu’il avait pris sous la dynastie des Han 漢 (202 av. J.-C. - 220 ap. J.-C), voyait d’un mauvais œil la littérature des contes et légendes touchant au surnaturel ainsi que la littérature romanesque. Alors que la poésie était considérée comme la forme la plus noble de l’expression littéraire et la lecture des Classiques comme la base de l’éducation morale, pour ce qui est de la littérature narrative, seuls les écrits historiographiques étaient appréciés par l’orthodoxie confucéenne. On reprochait aux autres genres de créer des faits erronés et de déformer la vérité. Dans l’Antiquité, plutôt que de séparer strictement fiction et non-fiction, on ne distingua en effet pendant longtemps que la « mauvaise » et la « bonne » historiographie. Pour appuyer leur position critique envers ces récits qualifiés d’une crédibilité douteuse, les confucianistes d’Etat se référaient aux passages des Entretiens de Confucius dans lesquels celui-ci manifeste son désintérêt pour le merveilleux : « Le maître ne parlait jamais de l’étrange ni des esprits […][3] ».

Cependant on ne pourrait nier l’existence d’une riche littérature de fiction narrative se développant en même temps que la littérature officielle. En Chine, on a très tôt commencé à rassembler par écrit toute une matière orale, à lui donner forme et à la publier dans des recueils appréciés des lettrés. N’oublions pas que très souvent les auteurs (aussi bien qu’une bonne partie des lecteurs) de ces textes occupèrent des postes dans la bureaucratie impériale ; leur immersion dans la culture confucianiste ne semble donc pas avoir affecté leur capacité de créer des œuvres de fiction, mêmes si ces dernières n’étaient pas forcément considérées comme fictionnelles à l’époque.

Contrairement à l’Europe où le merveilleux des temps anciens subit un long processus d’oblitération et ne réintégra la tradition légitime qu’au XVIIIème siècle sous la forme du fantastique, la littérature chinoise situa dans le prolongement du merveilleux et du surnaturel une bonne partie de ses productions, et continua de s’y abreuver sans marquer des coupures. Les contes de l’étrange (zhiguai 志怪) et les récits de faits extraordinaires (chuanqi 傳奇), écrits en langue classique et édités sous les Six Dynasties (317-589), sous les Tang 唐 (618-907) et sous les Ming 明 (1368-1644) ont en effet une origine ancienne. En Chine ancienne, les textes se référant à l’extraordinaire, l’irrationnel ou le surnaturel coexistaient sur le même plan que les autres genres littéraires et n’étaient pas forcément marginaux : les textes « surnaturels » des Six Dynasties entraient en résonance avec des discours philosophiques et littéraires ou illustraient des positions philosophiques et religieuses .

Le texte qui est considéré par certains comme le premier dans l’histoire littéraire chinoise à contenir quelques éléments de SF est un extrait du chapitre « Questions de Tang » du Liezi, un recueil d’anecdotes taoïstes composé aux environs de l’an 300 . On y raconte l’histoire du roi Mu des Zhou qui rencontre l’artisan Yanshi. Quand le roi lui demande quelle est sa spécialité, il lui fait une démonstration de son œuvre : un homme-automate qui sait marcher et même chanter ! Mais pendant la représentation, le robot suscite la colère du roi en faisant un clin d’œil et un signe de la main à une servante. Furieux, le roi veut condamner maître Yan à mort. Pour échapper au supplice, le maître se met à démonter l’automate devant le roi pour lui montrer qu’il ne s’agit que d’un assemblage de cuir, de bois, de colle et de laque. Les organes, les membres, la peau, les poils, les cheveux, les dents – tout est complètement artificiel. Le roi se réjouit, soupire et dit : « Les arts et production des humains peuvent-elles égaler l’œuvre de la nature ? » L’extrait du Liezi ne se limite pas à seulement décrire un phénomène étrange, mais fournit aussi une explication du moins partiellement rationnelle, en détaillant les composants du robot ainsi que les matériaux utilisés.

Le Récit de la source aux fleurs des pêchers (Taohuayuan 桃花源), rédigé par Tao Yuanming 陶淵明 (365-427), un des poètes les plus estimés en Chine, est probablement la première utopie de l’histoire chinoise et sans doute la plus célèbre. Le récit décrit une petite colonie fondée par des rescapés de la dynastie des Qin 秦 (221-207 av. J.-C.) dont les descendants auraient vécu coupés du reste de la Chine pendant cinq cents ans dans la paix et l’abondance, sans souverains, fonctionnaires ou impôts. Tao Yuanming fournit même une explication plausible pour l’existence d’une telle société : les colons l’auraient fondée pour échapper à la tyrannie de la dynastie des Qin. En construisant un univers social virtuel et indépendant de la réalité dans laquelle se trouve le lecteur, Tao Yuanming se sert au fond d’un procédé narratif propre à la SF. A la différence des utopies de SF modernes, le Récit de la source aux fleurs des pêchers n’est pas situé dans des mondes futuristes ou extra-terrestres, et il ne contient pas non plus de référence à des technologies avancées.

Considéré comme l’un des quatre chefs-d’œuvre de l’art romanesque de la littérature classique, Le Voyage en Occident (Xiyou ji 西游記), écrit au XVIe siècle par Wu Cheng'en 吳承恩 (1506-1582), est probablement l’œuvre fantastique la plus célèbre de la Chine impériale. Le point de départ de la matière romanesque est le pèlerinage que le moine bouddhiste Xuanzang (602-664) effectua jusqu’en Inde pour aller chercher les écritures bouddhiques. La réalité historique, allègrement malmenée, ne fournit toutefois que le cadre général de cette œuvre toujours extrêmement populaire en Chine. Sun Wukong 孙悟空, le protagoniste qui apparaît sous la forme d’un singe, possède des pouvoirs surhumains : rien de plus facile pour lui que de voler dans les airs ou de prendre soixante-douze formes différentes. Il est même capable de se reproduire instantanément au cours d’un combat, un moyen d’attaque qui est évidemment très redouté par ses adversaires. On pourrait mentionner encore son bâton qu’il peut agrandir et rapetisser à souhait – de quoi nous rappeler les fameux sabres-laser que brandissent les héros de la Guerre des étoiles... Le personnage de Sun Wukong fut repris par d’autres écrivains dans de nombreuses suites de la saga, et plus récemment, des auteurs de SF comme Tong Enzheng 童恩正 (1935-1997) et Zhao Shizhou 赵世洲 (1931- ) l’ont fait ressusciter dans leurs œuvres .

Avant de clore ce bref survol très sommaire sur la littérature fantastique de la Chine ancienne, il faudra mentionner encore les vieux mythes chinois dont on peut également trouver le reflet ça et là dans les textes de SF en Chine contemporaine. On pourrait citer, par exemple, la légende de l’archer Houyi 后羿 qui abattit avec ses flèches neuf des dix fils transformés en soleils par leur père, l’Empereur Jaune. Il ne faudrait pas non plus omettre la légende de Chang'e 嫦娥, la compagne de Houyi bannie sur la Terre par l’empereur après le meurtre de ses fils. Après avoir avalé la pilule d’immortalité qu’elle avait volée à son mari, Chang’e s’envola malgré elle dans les airs et atteignit finalement la lune. Ce mythe fut recyclé aussi bien par les écrivains contemporains de SF que par l’agence spatiale chinoise qui baptisa son programme de mission lunaire non habitée dont le lancement est prévu pour 2007 d’après le nom de la déesse .

Malgré tous ces exemples qui prouvent que le fantastique dans la littérature n’était nullement étranger aux Chinois des temps anciens, force est de constater qu’il faudra attendre les premières traductions d’œuvres occidentales pour que la SF émerge également en Chine.

[modifier] Fin de la dynastie des Qing : les débuts de la SF en Chine

L’histoire de la SF en Chine ne commence réellement qu’au début du XXe siècle, avec une série de traductions de romans de SF occidentale s’inscrivant dans le mouvement d’ouverture aux idées occidentales qui avait commencé à la fin du XIXe siècle. Durant cette époque, la Chine devint un foyer d’idées ; on traduisait non seulement de la littérature scientifique, mais aussi philosophique et politique. Ces traductions étaient l’œuvre d’intellectuels progressistes qui estimaient que la réponse au défi occidental ne pouvait résider que dans une confrontation ouverte à tous les aspects de la pensée occidentale. Pour reconquérir la grandeur de la Chine, l’adaptation du savoir et des sciences occidentaux leur paraissait indispensable . La SF du tournant de siècle avait pour but principal de jeter un pont entre les conceptions traditionnelles et les idées nouvelles. Des innovations apportées par la science occidentale eurent un impact immense sur la vie des gens, et une série de changements technologiques et culturels de grande envergure modifièrent fondamentalement la manière dont l’expérience de la vie quotidienne était perçue. Les textes de fiction ne servaient plus uniquement de distraction, mais devenaient également des sources d’information concernant les idées nouvelles de provenance étrangère, et ils étaient aussi demandés en tant que guides pratiques pour la vie en général. Ils fournissaient aux lecteurs les connaissances dont ils avaient besoin pour réussir face à un environnement qui se modernisait rapidement, comme les principes de l’électricité, le fonctionnement d’une banque moderne, le comportement requis dans un tramway ou des leçons de langues étrangères.

La première œuvre littéraire écrite par un auteur de SF à paraître en chinois fut Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne, traduite de l’anglais par Chen Shoupeng 陳壽彭 (né en 1855) et annotée par son épouse Xue Shaohui 薛紹徽 (1866-1911) en 1900 . En 1902, le réformateur et polygraphe Liang Qichao 梁啟超 (1873-1929) traduisit le roman Deux ans de vacances du même auteur . Alors que certains considèrent ces deux traductions comme le premier contact qu’eurent les Chinois avec la SF, d'autres objectent à juste titre qu’en réalité, ces deux œuvres appartiennent au genre des romans d’aventure (maoxian xiaoshuo 冒险小说) .

La même année, Liang Qichao publia le roman La fin du monde du Français Camille Flammarion (1842-1925), astronome et auteur de nombreux textes de vulgarisation scientifique . Avec ce récit d’une comète qui entre en collision avec la terre, les limites du champ de la fiction scientifique furent indubitablement franchies, même si à l’époque, le terme habituellement utilisé aujourd’hui pour désigner le genre de la science-fiction (kehuan wenxue 科幻文學) n’existait pas encore ; on se servait de l’expression kexue xiaoshuo 科學小説, « roman scientifique », pour désigner le nouveau genre littéraire.

En 1903, Lu Xun 魯迅 (1881-1936), alors étudiant au Japon, présenta au public chinois les romans Autour de la lune et De la terre à la lune de Verne . Il s’agissait cependant plus d’une adaptation libre que d’une traduction fidèle ; Lu Xun s’était d’ailleurs basé sur la traduction japonaise de Yashiken Inone qui avait erronément attribué le roman à un auteur américain du nom de Baron. Lu Xun commit la même erreur dans sa traduction . Trois ans plus tard, Lu Xun traduisit un autre roman de Verne, le Voyage au centre de la terre, sans en connaître le véritable auteur pour autant. Dans la préface de sa traduction de 1903, il exprimait l’espoir de pouvoir, grâce au roman scientifique « transmettre un certain savoir [au peuple chinois], extirper les superstitions surannées, réformer sa pensée et faire progresser sa civilisation» . Pour lui, le roman de SF était un vecteur idéal pour transmettre des idées nouvelles aux gens du peuple que la lecture d’un texte purement scientifique rédigé dans un style sobre endormirait. Pour cette raison, il conseillait vivement la traduction d’un grand nombre d’œuvres de SF étrangères. Les arguments que Lu Xun exprima dans cette préface marquèrent le début de la discussion critique à propos de la littérature de SF en Chine .

Durant la même époque, le pionnier de la SF japonaise Shunrō Oshikawa 押川春浪 (1876-1914) fut abondamment traduit. Des romans comme Le Cuirassé au fond de la mer (Kaitei Gunkan 海底軍艦), un récit d’aventure sur fond de SF militaire qui anticipait de quatre ans la guerre sino-russe de 1904-1905, connurent un grand succès auprès des lecteurs chinois . Parmi les auteurs étrangers de SF traduits en chinois au début du XXe siècle se trouvaient aussi H. G. Wells (1866-1946), Arthur Conan Doyle (1859-1930) et l’Américain Simon Newcomb (1835-1909).

La SF de la fin des Qing introduisait non seulement des visions futuristes imaginant des modes de vie nouveaux et des objets d’usage courant inédits en Chine, mais était également concernée par la problématique de la confrontation entre la Chine et l’Occident. Comment intégrer les nouvelles connaissances technologiques venues de l’étranger et les rendre compatibles avec les impératifs de la moralité confucéenne profondément enracinée dans la société chinoise ? Comment transmettre ce nouveau savoir dans la forme narrative traditionnelle ? Telles étaient les préoccupations fondamentales de la première génération d’auteurs de SF en Chine.

La nouvelle « Les Récits de la colonie lunaire » est d’habitude considérée par les experts chinois comme la première œuvre de SF créée par un auteur chinois. Publiée en 1904 dans la revue shanghaienne Fiction illustrée, elle est l’œuvre d’un écrivain dont nous ne connaissons plus que le nom de plume – Huangjiang Diaosou 荒江釣叟.

Les « Récits de la colonie lunaire » décrivent les aventures d’un Hunanais nommé Long Menghua qui, après avoir participé à la révolution anti-manchoue, s’exile à l’étranger. Son ami japonais Taro Tama, inventeur du dirigeable le plus avancé de la planète, l’amène jusque dans des contrées éloignées pour qu’il puisse retrouver son épouse disparue. Des êtres d’origine inconnue qui pilotent un ballon très supérieur techniquement aux modèles construits par les hommes s’approchent de l’île où se trouvent Long Menghua et son ami. Le narrateur indique à demi-mot que ces êtres sont des visiteurs venant de la lune et que la femme de Long Menghua a échoué sur cet astre. Malheureusement la fin de l’histoire a été perdue, car les parties ultérieures du récit, n’ayant jamais été publiées, sont introuvables aujourd’hui.

Cependant, l’attribution du titre honorifique de la première œuvre de SF chinoise à la nouvelle de Huangjiang Diaosou est tout à fait discutable. Liang Qichao avait déjà publié un roman qui exposait un monde futur deux ans avant que « La colonie lunaire » ne parût : Les Mémoires sur le futur de la Chine nouvelle (Xin Zhongguo weilai ji 新中國未來記) présentaient des théories politiques et un système juridique imaginé. Liang Qichao y essayait de prévoir les changements politiques de la période 1902-1962. L’auteur étant membre central du parti constitutionnel (lixiandang 立憲黨) qui préconisait la monarchie constitutionnelle, il est peu étonnant qu’il pronostiquait l’abdication volontaire de l’empereur Guangxu (règne 1875-1908) qui serait ensuite élu président de la république par le parlement. Selon la vision de Liang Qichao, la Chine aurait étendue son hégémonie sur le monde entier au début des années 1960. Ce roman fait partie du genre du lixiang xiaoshuo 理想小说, « fiction idéaliste » ou « utopique », qui s’intéressait plus aux aspects sociaux qu’aux aspects techniques de la modernisation .

Xu Nianci 徐念慈, le fondateur et rédacteur en chef de la revue littéraire shanghaienne La Forêt des romans (Xiaoshuo lin 小説林), fut tellement impressionné par la lecture d’un roman de SF allemand titré Monsieur Fanfaron (Faluo xiansheng 法螺先生) qu’il se décida à en écrire une suite : « Les nouvelles vantardises de Monsieur Fanfaron » (« Xin Faluo xiansheng tan » 新法螺先生譚). Il publia cette nouvelle qui enchaîne allègrement absurdités et divagations fantastiques sous le pseudonyme de Donghai Juewo 東海覺我 en 1905.

Au début du récit, on apprend que l’âme de M. Fanfaron fut séparée de sa dépouille mortelle durant un typhon. Alors que le corps se dirige vers le centre de la Terre, son âme s’envole pour aller visiter les autres planètes du système solaire. Sur la planète Mercure, il observe des extraterrestres qui transplantent des cerveaux afin de se rajeunir. Sur Vénus, il étudie l’évolution et découvre que les plantes primitives apparaissent en même temps que les animaux, ce qui est contraire à la théorie évolutionnaire. Entre-temps, son corps qui se trouve au noyau de la Terre, rencontre un homme presque immortel. Grâce à la « lentille » mystérieuse de se dernier, les deux peuvent observer des scènes stupéfiantes. Finalement l’âme de M. Fanfaron retourne sur la Terre et fusionne avec son corps dans la Méditerranée. Un navire de guerre chinois le ramène à Shanghai où il fonde une université. Il y donne un cours sur l’ « électricité encéphale » qui devient très populaire et largement utilisée grâce à ses enseignements .

Wu Jianren 吳趼人 (1866-1910) était l’un des auteurs de kexue xiaoshuo les plus originaux de son époque. L’anxiété face aux connaissances occidentales et l’influence de la SF occidentale sont clairement visibles dans les Nouvelles Mémoires de la pierre (Xin shitou ji 新石頭記) parues en 1905. Ce roman se fonde sur l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature romanesque chinoise, Les Mémoires de la pierre (Shitou ji 石頭記) de Cao Xueqin 曹雪芹 (vers 1715-1763), passé à la postérité sous le titre Le Rêve dans le pavillon rouge (Honglou meng 紅樓夢). Alors que beaucoup de nouvelles et romans de SF parus à la fin des Qing étaient des adaptations de traductions japonaises de SF occidentale, et peuvent être considérés comme « réécriture au nom de la traduction », Les Nouvelles Mémoires de la pierre explorent une autre tendance : la tentative de créer sous la forme d’une parodie une mixture composée de SF autochtone et occidentale en oscillant entre l’exotisme de l’étranger et la familiarité de l’indigène. Contrairement aux romans se basant sur des traductions d’œuvres occidentales qui mettaient l’accent sur l’éducation et étaient teinté d’utilitarisme, Wu Jianren s’intéressait dans son livre davantage à savoir comment les connaissances étrangères étaient appropriées ou mises en cause par les Chinois puis intégrées dans leur mentalité .

En accordant beaucoup d’importance à la description détaillée des aspects scientifiques et technologiques du récit, ce roman est représentatif de la première phase de la SF chinoise moderne. Pourtant, les intellectuels de la fin des Qing étaient en réalité moins préoccupés par la maîtrise scientifique et technologique que par des questions d’ordre moral. Dans les Nouvelles Mémoires de la pierre, le protagoniste finit par être convaincu que le système confucéen avec ses vertus traditionnelles est suffisant pour la société chinoise, car grâce à son héritage culturel millénaire, ces valeurs éthiques et morales sont profondément enracinées dans le peuple chinois qui n’a donc pas besoin d’un système juridique institutionnalisé calqué sur le modèle occidental.

[modifier] L’époque républicaine

La période qui commence avec l’instauration de la République le 1er janvier 1912 et qui dure jusqu’à la prise de pouvoir par les communistes en 1949, n’a laissé qu’un nombre restreint d’œuvres de SF à la postérité comparé à la production littéraire des années 1900-1910, même s’il faut tenir compte du fait que cette dernière était gonflée par de nombreuses traductions et adaptations d’œuvres étrangères. De plus, cette période a jusqu’à présent souvent été négligée par les chercheurs s’intéressant à l’histoire de la SF en Chine.

Parmi les écrivains qui ont contribué à ce genre durant ladite période se trouvent deux figures majeures de la littérature chinoise moderne, Lao She 老捨 (1899-1966) et Xu Dishan 許地山 (1893-1941) . Un autre écrivain de renom, Mao Dun 矛盾 (1896-1981), traduisit entre 1917 et 1918 des œuvres de Jules Verne et de H. G. Wells en chinois. On peut également noter, à la fin des années 1930, l’apparition du premier auteur chinois qui a entièrement dévoué sa création à la SF : Gu Junzheng 顾均正 (1902-1980).

En 1932, La Cité des chats (Maocheng ji 貓城記) de Lao She fut publiée dans la revue Temps modernes (Xiandai 現代). Alors que la plupart des critiques littéraires voient dans ce roman en premier lieu « une satire virulente de la situation que connaît le pays menacé par l’invasion japonaise et impuissant devant ses divisions internes »[4], il reste en même temps l’un des plus importants romans de SF chinois pour les amateurs du genre, même si l’aspect scientifique ne joue qu’un rôle secondaire dans la narration. La Cité des chats a été comparée à la La Ferme des animaux de George Orwell (1903-1950), car Lao She, comme Orwell, a recours à une imagerie d’animaux domestiques sans pour autant se servir d’un langage ésopien. Ye Yonglie présume que Lao She fut influencé par H. G. Wells, parce que son roman expose en premier lieu ses réflexions sur les causes des problèmes sociaux présents à son époque[5].

Lao She et Xu Dishan écrivaient leurs œuvres sans avoir l’intention consciente de produire de la littérature de genre. Gu Junzheng 頋均正 (1902-1980), cependant, se disait lui-même auteur de SF et reconnaissait même l’influence que Jules Verne et H.G. Wells avaient eue sur lui. Son recueil de nouvelles Le Rêve de la paix (Heping de meng 和平的夢) qui parut à Shanghai en 1940 regroupe trois nouvelles qui ont deux caractéristiques principales : primo, la présentation de « découvertes » futures et d’ « inventions » basées sur les derniers exploits scientifiques et technologiques vise à inspirer au lecteur la confiance en la possibilité de maîtriser la nature ; secundo, le savoir scientifique et les nouvelles idées présentés dans ces nouvelles sont censés stimuler l’intérêt du lecteur pour la science et la technologie. Gu Junzheng étant très attentif à la solidité du fondement scientifique de sa fiction, il consacre des pages entières à l’explication de principes scientifiques et de formules, souvent au détriment du flux narratif. Alors que Lu Xun se faisait l’avocat de la traduction d’œuvres de SF étrangère afin de promouvoir la vulgarisation des connaissances scientifiques, Gu Junzheng fut le premier écrivain chinois à prôner la vulgarisation de la science à travers la création de science fiction indigène. Ainsi, dans la préface du Rêve de la paix déclare-t-il de manière explicite :

Aux Etats-Unis, la science-fiction bénéficie de presqu’autant de popularité que le roman policier. Que ce soit dans les livres, sur l’écran ou à la radio, les histoires sur des guerres futures de H. G. Wells troublent la ville entière, au point que le gens s’enfuient pêle-mêle et courent pour chercher refuge à la campagne. Cela suffit pour montrer l’influence considérable que la science-fiction peut avoir sur les gens ; cette influence n’est pas moins forte que celle de la littérature générale. Cela étant, pouvons-nous et devons-nous nous servir de ce genre afin de transmettre quelques idées scientifiques et populariser ainsi l’éducation scientifique auprès du peuple ? Je pense que c’est possible et que ça vaut la peine d’essayer de le faire[6].

La période dite républicaine fut une période trouble et chaotique de l’histoire chinoise, l’écroulement de la dynastie Qing étant suivi de la période des Seigneurs de la guerre (1916-1928), de la guerre de résistance contre le Japon (1937-1945) et de la guerre civile (1945-1949). Durant ce temps empreint d’instabilité politique, peu de gens en somme firent du développement de la science et de la technologie l’une de leurs préoccupations principales, sans même parler de la SF. Il faudra donc attendre l’instauration de la République populaire de Chine par les communistes vainqueurs de la guerre civile et la phase d’industrialisation rapide qui s’ensuivra pour que le genre puisse retrouver un nouvel élan et susciter à nouveau l’intérêt des lecteurs.

[modifier] La Chine populaire

Après que la République populaire de Chine eut été fondée en 1949, le nouveau gouvernement, confronté à de nombreux défis lors de sa tentative d’établir une « Chine nouvelle », se tourna rapidement vers le grand frère soviétique dont « l’expérience avancée » servait de modèle qui devait être appliqué dans tous les domaines. Au début des années 1950, l’influence de l’Union soviétique était en effet omniprésente en Chine. Si on consulte certaines données statistiques, l’envergure de cette influence devient visible : de 1949 à 1956, plus de 12'000 livres russes furent traduits en chinois, avec un chiffre de 191 millions de livres imprimés. Parmi ses livres se trouvaient de nombreux romans de SF soviétique, y inclus des œuvres de Aleksander Beliaev (1884-1942), Ivan Efremov (1907-1972), Viktor Saparin (1905-1970) et Vladimir Sawtschenko (1933-2005), mais aussi le traité théorique Au sujet des ouvrages de science-fiction soviétique qui examine l’histoire de la SF soviétique et expose les fondements théoriques de cette littérature. Le passage suivant en présente les principes selon les auteurs du traité :

La littérature de science-fiction soviétique doit rester à la hauteur de son temps et doit, se basant sur les dernières accomplissements scientifiques, présenter des hypothèses déjà existantes ainsi qu’en élaborer de nouvelles. […] La science-fiction soviétique joue un rôle significatif pour l’éducation de la jeunesse et des adolescents ; elle réveille en eux la soif de savoir, les incite à examiner les faits et les encourage à s’investir dans la recherche. En un mot, elle motive leurs esprits pour le travail. Elle présente des gens qui, sur la route de la transition du socialisme au communisme et dans leur lutte pour de nouvelles choses avancées, surmontent des obstacles et des difficultés. Elle apprend aux lecteurs à considérer l’homme comme le maître rationnel de la nature et les aide à croire en leur propre force. […] La littérature de science-fiction a comme principe directeur l’intérêt du peuple soviétique ; avec ses moyens spécifiques, elle aide l’Etat à élever une seconde génération d’hommes courageux et vigoureux, qui croient en leurs propre cause, ne craignent pas les épreuves et sont capables de surmonter toutes les difficultés[7].

Les nombreuses traductions de SF soviétique semblent avoir fixé – de manière délibérée ou non – les principes directeurs de l’écriture de SF en Chine à cette époque-là. Ainsi les auteurs chinois suivaient le modèle de leurs homologues soviétiques aussi bien dans la forme et les techniques que sur le plan idéologique.

Pour ce qui est des traductions d’auteurs étrangers, les cercles de SF soviétiques préféraient les extrapolations à court terme basées sur les connaissances et la technologie déjà acquises, qui caractérisaient les œuvres de Jules Verne, aux romans scientifiques hypothétiques de H. G. Wells. Les Presses de la Jeunesse Chinoise (Zhongguo qingnian chubanshe 中国青年出版社), influencées par la scène littéraire soviétique, publièrent de manière systématique des sélections de l’œuvre de l’auteur français durant toutes les années 1950 jusque dans les années 1960 et permirent ainsi aux lecteurs chinois de connaître ses thèmes et son style de façon plus exhaustive. Ses publications furent sans doute l’une des raisons principales grâce auxquelles Jules Verne est resté jusqu’à nos jours l’écrivain de SF le plus populaire en Chine, et l’un des plus influents.

Alors que certains auteurs étrangers exerçaient une grande influence sur l’évolution de la SF en Chine, il faut dire que la création indigène née à la fin des Qing et se poursuivant durant l’époque républicaine n’était guère connue par cette première génération d’auteurs de la « Chine nouvelle ». Il faudra attendre les années 1980 pour que ces textes soient tirés de l’oubli.

[modifier] La délimitation des frontières (1954-1978)

Ce fut la génération d’écrivains comme Zheng Wenguang 郑文光 (1929-2003), Ye Zhishan 叶至善 (1918- ), Chi Shuchang 迟书昌 (1922-1997), Xiao Jianheng 萧建亨 (1930- ), Liu Xingshi 刘兴诗 (1931- ) et Tong Enzheng 童恩正 (1935-1997) qui a déterminé les frontières à l’intérieur desquelles le genre devait évoluer dorénavant et dont certaines ont gardé leur validité jusqu’à présent. Sous l’influence des conceptions littéraires soviétiques que je viens d’évoquer, le genre de la SF fut défini comme appartenant à la littérature de vulgarisation des sciences, et comme sous-genre de la littérature enfantine.

Ainsi il n’est guère étonnant que, pendant la première décennie du règne communiste et jusque dans les années 1960, presque tous les récits de SF aient été destinés à des lecteurs juvéniles. Ce furent donc exclusivement les revues de vulgarisation scientifique pour enfants et les éditeurs spécialisés dans la littérature de jeunesse qui publièrent les œuvres de SF. Les auteurs de SF étaient en général (et le sont, du moins pour la plupart d’entre eux, encore de nos jours) des membres de l’Association chinoise pour la vulgarisation de la science (Zhongguo kexue pujihui 中国科学普及协会), qui elle-même est affiliée à l’Association chinoise pour la science et la technologie (Zhongguo kexue jishu xiehui 中国科学技术协会). Ceux d’entre eux qui avaient été acceptés comme membres de l’Association des écrivains chinois faisaient tous partie du sous-groupe de la littérature enfantine.

Parmi les différentes formes de vulgarisation de la science, les « belles-lettres scientifiques » (kexue wenyi 科学文艺), dont la SF constituait un sous-genre, étaient considérées comme la forme la plus appropriée pour la jeunesse, parce qu’elles transmettaient des connaissances scientifiques avec des moyens littéraires adaptés au goût des jeunes . La fin noble justifiait l’utilisation d’éléments qui autrement auraient été suspects, tels le fantastique (huanxiang 幻想) et le suspense (jingxian 惊险). Les récits linéaires et centrés sur l’action, l’inclusion d’enfants dans l’intrigue, la proéminence des éléments d’instruction scientifique et les illustrations démontrent à quel point la détermination institutionnelle d’un public ciblé influença la SF de cette époque. De manière générale, on peut répartir toutes les œuvres de cette période en deux catégories :

1) Des événements stupéfiants suivis d’explications scientifiques ;
2) Une visite intéressante dans le futur ou sur une autre planète.

Ce sont des histoires brèves (il faudra attendre la fin des années 1970 pour voir apparaître les premiers romans de SF), simples et écrites dans un langage enfantin. Alors que l’intrigue reste souvent très sommaire et accessoire, les personnages sont dessinés de manière peu convaincante. Le fil du récit qui est d’habitude construit de façon strictement linéaire est trop souvent interrompu par des raisonnements de nature didactique.

Il est vrai que Zhang Ran 张然 avait publié une nouvelle intitulée « Voyage imaginaire dans le système solaire » en 1950 déjà[8], mais cette œuvre ne réussit guère à susciter des échos. Ce fut en 1954 seulement que Zheng Wenguang provoqua un premier apogée de la SF en Chine communiste en publiant « De la Terre à Mars »[9], d’autres titres suivirent bientôt. « De la Terre à Mars » décrit l’aventure d’un groupe d’enfants se faufilant dans une fusée qu’ils naviguent en direction de Mars. Lorsqu’ils se trouvent soudainement pris dans une nuée de météorites qui risque d’écraser leur fusée à tout moment, un autre vaisseau spatial surgit pour les sauver. Pilotée par le père de l’un des enfants, la navette ramène finalement tout le monde sur la Terre.

En janvier 1956, le Parti communiste chinois (PCC) lança le slogan « Marcher en avant vers la science » (xiang kexue jinjun 向科学进军), bientôt suivi par l’élaboration du premier « plan à long terme pour le développement de la science et de la technologie » qui avait pour but de faire avancer des secteurs considérés comme cruciaux pour le développement du pays, comme le nucléaire, l’électronique, les semi-conducteurs, l’automatisation ou l’astronautique. La littérature de SF put sans doute profiter de cette nouvelle politique visant à promouvoir les sciences. Effectivement, les années 1956-1958 furent une période fructueuse pour le genre en ce qui concerne le nombre de nouvelles parutions.

« Le Frère aîné disparu », une nouvelle écrite en 1957 par Ye Zhishan – le fils du célèbre écrivain Ye Shengtao 叶圣陶 (1894-1988) – sous le pseudonyme de Yu Zhi 于止 connut également un grand succès parmi les jeunes lecteurs[10]. C’est l’histoire d’un enfant espiègle qui en jouant s’aventure dans une chambre froide, se retrouve enfermé et y est congelé. Plus de dix ans plus tard, des ouvriers venus pour réparer la chambre froide retrouvent son corps. Des scientifiques réussissent alors à le ressusciter, et créent ainsi la situation paradoxale d’un grand frère qui est plus jeune que son cadet.

L’historiographie officielle de la SF en Chine mentionne deux moments forts durant les deux premières décennies qui suivirent la fondation de la Chine populaire : le premier a lieu vers 1956, alors que le deuxième survient après 1962. Cependant, comme Rudolf G. Wagner l’indique dans son analyse de l’interprétation chinoise de l’histoire de la SF chinoise, certaines œuvres publiées durant la période du « Grand bond en avant » (1958-1960) ont été exclues du catalogue afin de forger l’image d’un genre littéraire dont la courbe de productivité correspond à celle de l’évolution politique du pays selon l’orthodoxie idéologique actuelle[11].

En 1962, Xiao Jianheng remporta un grand succès avec « Les Aventures de Buke », une histoire à propos d’un petit chiot nommé Buke qui se fait écraser par une voiture[12]. Des chercheurs réussissent alors à greffer sa tête sur un autre chien et le réaniment par la suite. Grace à l’expérience gagnée lors de cette opération, une petite fille qui a perdu une jambe peut se faire greffer un nouveau membre avec succès.

En tout, on peut compter une vingtaine d’écrivains qui se sont aventurés dans le genre entre 1950 et 1965. Ensemble, ils ont créé quelques soixante nouvelles. Pourtant la qualité littéraire et artistique de ces œuvres ne peut soutenir la comparaison avec celle des œuvres publiées dans les années 1980. Ainsi, pendant trente ans, la SF recevait peu d’attention dans les cercles littéraires chinois et n’existait qu’en tant que sous-genre mineur de la littérature de jeunesse.

De 1966 à 1976, la Révolution culturelle affecta gravement l’ensemble de la production littéraire et artistique chinoise. Sous la direction arbitraire des échelons supérieurs du gouvernement, la plupart des revues furent suspendues et les écrivains envoyés à la campagne pour y recevoir l’instruction des ouvriers et des paysans. Les rares œuvres de fiction qui parurent encore durant cette décennie devaient servir les objectifs immédiats de la politique dans chacune des campagnes successives. Ainsi la SF cessa tout simplement d’exister en Chine.

En décembre 1978, la réunion du IIIème plénum du XIème Comité central consacra le retour de Deng Xiaoping 邓小平 (1904-1997), qui, par son pragmatisme et le lancement de sa politique des « Quatre Modernisations » , rompit avec le volontarisme économique et la politisation excessive de la société dans son ensemble qui avaient asphyxié le pays durant la période maoïste précédente. Le nouveau climat politique eut des répercussions aussi dans le domaine de la littérature. En automne 1979, le IVème congrès national des écrivains et des artistes qui eut lieu à Pékin promit une nouvelle ère de liberté créative. Cette annonce suscita de nombreuses réactions : de nouvelles revues furent lancées, les auteurs expérimentèrent de nouveaux genres et techniques, et une nouvelle génération d’auteurs fit son entrée dans le monde littéraire chinois.

[modifier] Le dépassement des frontières (1978-1983)

Bien que bon nombre d’œuvres de SF écrites pendant la période 1978-1983 appartiennent toujours à la catégorie de la littérature de jeunesse, il y eut aussi des percées remarquables dans la forme, le contenu et les techniques. A cette époque, la littérature de SF se libéra non seulement de son confinement dans la littérature de jeunesse, mais aussi de sa limitation à une forme courte. A côté des nouvelles apparurent des romans, des pièces de théâtre et des scénarios de film.

En même temps, de nombreux romans de SF étrangers furent traduits en chinois. Ainsi, pendant les dix ans qui suivirent la mort de Mao, davantage de traductions d’œuvres de SF parurent en Chine populaire que durant les années comprises entre 1900 et 1976 . A côté des auteurs déjà connus comme Jules Verne, H. G. Wells et certains écrivains soviétiques dont les œuvres furent à nouveau publiées en grande quantité, les auteurs les plus influents de la SF occidentale (surtout américaine et anglaise) et japonaise furent enfin présentés aux lecteurs chinois. Parmi les auteurs nouvellement traduits se trouvaient Isaac Asimov (1920-1992), Arthur C. Clarke (1917- ), Michael Crichton (1942- ), George Lucas (1944- ), René Barjavel (1911-1985), Shinichi Hoshi 星新一 (1926-1997) et Sakyo Komatsu 小松左京 (1931- ). En même temps, des nouvelles de SF soviétiques des années 1960 et 1970 furent traduites en chinois pour la première fois après qu’elles avaient été mises à l’index pendant une vingtaine d’années à cause des différences idéologiques entre la Chine et l’Union soviétique. Des livres d’Alexander Kazantsev (1906-2002), Kir Bulychev (1934-2003) et Aleksander Beliaev (1884-1942) se trouvaient entre autres parmi ces publications.

Des films et des séries télévisées de SF de provenance étrangère eurent également un impact considérable. Dans un recensement fait en 1987, 450 parmi 711 élèves d’une école primaire shanghaienne âgés de 10 à 12 ans indiquaient « science-fiction » comme étant leur genre cinématographique préféré ! Pourtant, seuls six films et séries télévisées étrangers avaient été diffusés en Chine jusqu’à ce moment-là, à savoir des productions japonaises (Astroboy et La submersion du Japon (Nihon Chinbotsu 日本沈没)) et américaines (Futureworld, L'Homme de l'Atlantide, Capricorn One et Superman)[13].

Cet afflux de SF étrangère contribuait non seulement à familiariser les lecteurs et écrivains chinois avec l’évolution du genre en dehors de leur pays, mais stimulait aussi le développement de la littérature de SF indigène. La SF chinoise entra alors dans un « âge d’or » qui dura de 1979 jusqu’en 1982. Selon les statistiques, 32 œuvres de SF furent publiées en 1978, environ 80 en 1979, à peu près 120 en 1980, approximativement 270 en 1981 et autour de 340 en 1982[14]. En même temps, le nombre des écrivains de SF augmentait de manière considérable. Alors que pendant les années 1950 et 1960, il n’y avait guère plus d’une vingtaine d’auteurs actifs, au début des années 1980, on comptait environ 150 écrivains qui se consacraient au développement du genre. Parmi eux, il y avait des « habitués » qui avaient déjà publié des œuvres avant la Révolution culturelle, comme Zheng Wenguang, Xiao Jianheng, Liu Xingshi et Tong Enzheng. D’autres ne gonflèrent leurs rangs qu’après 1978, par exemple : Ye Yonglie 叶永烈 (1940- ) , Wei Yahua 魏雅华 (1945- ), Yan Jiaqi 严家其 (1942- ), Wang Xiaoda 王晓达 (1939- ), Jin Tao 金涛 (1940- ) et Song Yichang 宋宜昌 (1942- ).

Les revues de vulgarisation des sciences restaient un vecteur important pour la diffusion du genre, mais à partir de 1980, elles se partageaient la tâche avec des revues de SF spécialisées comme Océan de la SF (Kehuan haiyang 科幻海洋), Monde de la SF (Kehuan shijie 科幻世界), L’Arbre des connaissances (Zhihui shu 智慧树), Belles-lettres scientifiques (Kexue Wenyi 科学文艺), L’Age de la science (Kexue shidai 科学时代) et Journal de la SF (Kehuan xiaoshuo bao 科幻小说报). Pris dans leur ensemble, ces revues atteignirent un tirage de plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. Les revues littéraires généralistes commencèrent elles aussi à publier des œuvres de SF, dont de grandes revues comme Temps présent (Dangdai 当代), Monde de la fiction (Xiaoshuojie 小说界) et Littérature du Peuple (Renmin wenxue 人民文学).

En août 1978, « Rayons mortels sur l’île de coraux » de Tong Enzheng annonça le début d’un « âge d’or » de la SF chinoise. Ce fut la première nouvelle publiée dans la prestigieuse revue littéraire de tendance générale Littérature populaire . Ce fut également la seule nouvelle de SF qui réussit à gagner un prix littéraire national pas exclusivement destiné à ce genre, en obtenant le prix de la meilleure nouvelle de l’an 1978 (Zhongguo youxiu duanpian xiaoshuo jiang 中国优秀短篇小说奖). En 1980, elle fut adaptée au cinéma et devint ainsi le premier film de SF chinois.

Le protagoniste de l’histoire, Hu Mingli (appelé aussi Dr. Matthew) est un Chinois qui a grandi au Japon. Bien qu’il soit un coryphée dans le domaine de la technologie laser, il s’avère passablement naïf quand il s’agit de juger les hommes. Ainsi il se fait engager par un consortium étranger qui lui cache ses intentions véritables, et il se voue à des recherches portant sur des armes laser sur une île déserte. En réalité, comme on peut l’imaginer, le consortium essaye d’utiliser son invention à des fins militaires. Après s’être rendu compte des vrais motifs de ses sponsors, Hu Mingli passe à la contre-attaque et subit finalement une mort héroïque. Avant de mourir, il confie son invention au jeune scientifique Chen Tianhong qui la ramène en Chine.

Le Vol en direction du Sagittaire de Zheng Wenguang fut le premier long roman de SF à paraître en Chine communiste. Le récit débute avec le décollage soudain de la navette spatiale chinoise « L’Orient » qui est causé par un sabotage ennemi. Par hasard, trois jeunes qui étaient en train de visiter l’engin sont impliqués dans l’aventure qui suit. La navette était à l’origine destinée à atteindre Mars. Mais sans la quantité nécessaire de combustible, elle n’atteint pas la destination prévue et se dirige en direction de Sagittaire. Sur son chemin, elle passe près d’un trou noir et se trouve soudainement face à un grand danger. Au moyen de microcristaux, les jeunes acquièrent des connaissances scientifiques leur permettant de maîtriser l’énergie du trou noir et de relier leur navette à « L’Avance », une navette jumelle qui leur est venue en aide depuis la Terre. Finalement, « L’Orient » retourne à la Terre saine et sauve.

« Le Rêve du bonheur conjugal » de Wei Yahua est une histoire plein d’esprit, bien écrite et controversée à propos d’un mariage arrangé par l’Etat d’un chercheur avec un robot bionique. Sa femme-robot est si docile, douce et belle que le jeune scientifique en est éperdument amoureux. Mais la servilité sans bornes de l’épouse à tous les caprices de son « seigneur et maître » l’amène finalement au désastre. Un soir, il brûle sans le vouloir toutes les données de recherche d’un projet important alors qu’il est en état d’ébriété. Sa femme, docile comme d’habitude, le laisse faire sans intervenir. C’est à ce moment seulement que le scientifique se réveille de son rêve agréable et réalise à quel point l’amour servile et excessif est odieux. Il se décide alors à divorcer d’avec sa femme.

Dans cette nouvelle, Wei Yahua fait la satire de l’idéal de l’épouse docile prôné par les intellectuels (masculins) chinois. Cet idéal, loin d’être conforme à l’égalité des sexes (nannü pingdeng 男女平等) exigée par la propagande communiste, est resté à beaucoup d’égards celui que prônait déjà la tradition chinoise. « Le rêve du bonheur conjugal » est sans doute l’une des premières nouvelles de SF en Chine populaire qui traite de problèmes de société.

Un autre exemple de « science-fiction sociale » qui s’intéresse plus à des aspects sociologiques, politiques et psychologiques qu’à l’intrigue et au suspense peut être trouvé dans la nouvelle « Religion, raison, pratique » de Yan Jiaqi. L’auteur, qui à l’époque était le directeur de l’Institut de sciences politiques à l’Académie des sciences sociales, prit dans le contexte du mouvement protestataire de 1989 des positions contre le régime qui l’obligèrent à quitter le pays. Aujourd’hui il vit aux Etats-Unis d’où il continue à s’engager pour des réformes démocratiques en Chine. Sa nouvelle, parue en 1978, raconte l’histoire d’un journaliste qui voyage à travers le temps avec la machine conçue par H. G. Wells. Lorsqu’il arrive dans le Pékin de l’an 1994, la ville s’est transformée en cité verte et idyllique qui est habitée par des familles vivant harmonieusement ensemble. Le dernier nuage sombre dans leur mémoire est la « Bande des Quatre ».

Malgré l’apparition d’œuvres de SF destinées à un public adulte, les nouvelles pour enfants restaient nombreuses. « Le petit Sais-tout parcourt le futur » de Ye Yonglie est probablement la nouvelle de SF la plus connue de cette époque , au point que le nom de son personnage principal (xiao lingtong 小灵通 en chinois) a été choisi comme nom de marque pour un système de téléphonie mobile. Dans « Le petit Sais-tout parcourt le futur », un petit reporter vif visite le monde de l’avenir et raconte à ses jeunes lecteurs les nouveautés qu’il y voit et entend.

La nouvelle vague de SF dans les années 1980 fut rapidement accompagnée de guides littéraires, d’appréciations critiques et d’essais théoriques. L’Essai sur les Belles-lettres scientifiques de Ye Yonglie paru en 1980 est sans doute l’ouvrage théorique qui attira le plus d’attention pendant la décennie qui suivit sa publication. Par la suite, les recherches de cet auteur contribuèrent de manière déterminante à la « redécouverte » de la SF chinoise écrite avant 1949. En lançant la formule « populariser une vision scientifique de la vie » (puji kexue de renshengguan 普及科学的人生观) dans un essai publié dans la revue Littérature du Peuple en 1979[15], Tong Enzheng rejeta l’interprétation classique qui voulait instrumentaliser la SF uniquement en tant que véhicule pour l’éducation scientifique et revendiqua un statut plus élevé dans la société pour ce genre littéraire . Dans un autre essai datant de 1980, Zheng Wenguang préconisait de manière explicite le recours à des thèmes liés à la vie sociale contemporaine :

Peu importe la distance temporelle du cadre narratif dans lequel se joue une bonne œuvre de SF, celle-ci doit être étroitement liée aux conflits réels de la société contemporaine. […] Les thèmes sociaux restent toujours plutôt clairsemés dans la SF chinoise. Une tâche à laquelle les auteurs de SF font face aujourd’hui est de trouver des moyens leur permettant de se servir de ce genre littéraire pour refléter la vie actuelle. Le contenu idéologique de la SF devrait également s’insérer dans ce cadre-là. C’est ici que nous devons investir nos efforts[16].

Une fois retrouvée une certaine liberté de création littéraire, les auteurs se mirent donc rapidement à explorer des chemins nouveaux qui devaient les amener au-delà du territoire déjà défriché par leurs prédécesseurs.

D’abord, les enfants et les jeunes disparurent rapidement de la plupart des œuvres, ce qui montre que la SF, contrairement aux belles-lettres scientifiques ordinaires et de la littérature de vulgarisation des sciences en général, s’adressait dorénavant à un public adulte.

Ensuite, la vulgarisation des sciences perdit beaucoup de son importance, pendant qu’une attention accrue fut accordée à l’intrigue et aux personnages. En 1978 déjà, dans la nouvelle « Rayons mortels sur l’île de coraux » (présentée plus haut), on cherche en vain des jeunes gens parmi les protagonistes, et le fonctionnement de l’appareillage technique comme le super-laser et la batterie nucléaire est expliqué d’une manière plus que vague.

Troisièmement, alors qu’en général le cadre du fantastique scientifique projeté dans un futur proche était maintenu, on put apercevoir les premiers signes d’une utilisation de l’élément fantastique (huanxiang 幻想) qui allait clairement au-delà d’une simple extrapolation faite à partir de technologies actuelles. Une fois que les auteurs eurent renoncé à la vulgarisation scientifique destinée aux enfants et que leurs textes furent publiés dans des revues de littérature générale, la SF s’aventura hors des catégories établies. En effet, en introduisant le fantastique dans le champ littéraire qui avait été défini comme « réaliste », les auteurs de SF défiaient l’idéologie dominante. A partir du moment où ils libéraient le fantastique de son enfermement dans le schéma stipulant une « induction rationnelle faite à partir du savoir scientifique actuel », ils risquaient même la confrontation ouverte avec les instances de contrôle idéologique du pays.

Quatrièmement, l’élément du suspense (jingxian 惊险) fut à nouveau introduit dans la SF chinoise, même si son utilisation devait être légitimée en la définissant comme « robe sucrée » autour de la « pilule amère » mais saine de la science qu’on voulait administrer à la jeunesse.

L’adoption souvent peu critique de la forme des romans d’espionnage américains n’a guère contribué à améliorer la qualité littéraire de la SF chinoise. Le gros des auteurs ne reculaient même pas devant les clichés le plus usés : autant en ce qui concerne le cadre narratif du récit que dans la présentation des inventions elles-mêmes. Les protagonistes de leurs nouvelles sont d’habitude des scientifiques chinois qui ont fait une invention révolutionnaire et sont poursuivis par des agents étrangers (soviétiques et autres) essayant de s’emparer de leur invention pour l’utiliser de manière détournée. Afin de dépeindre ces fabuleuses inventions, les auteurs eurent souvent recours à des idées toutes aussi absurdes que stéréotypées.

[modifier] Le silence forcé (1983-1987)

Il est dès lors peu étonnant qu’à partir de 1983, la SF commença à essuyer le feu de plus en plus virulent des critiques. Dès que quelques articles critiques eurent paru dans le Quotidien de la jeunesse chinoise (Zhongguo qingnian bao 中国青年报), la production littéraire d’œuvres de SF commençait à subir un revers sévère. Les voix critiques ne provenaient pourtant pas du monde littéraire, mais des milieux scientifiques et du camp de la vulgarisation des sciences. Lorsqu’en octobre 1983, à l’occasion du 2ème plénum du XIIème congrès central, Deng Xiaoping définit les mesures contre des « tendances bourgeoises à la libéralisation » pour « contrecarrer la pollution spirituelle » (dizhi jingshen wuran 抵制精神污染), la SF fut stigmatisée comme l’un des boucs émissaires. Le 22 novembre de la même année, un symposium sur la SF eut lieu à Pékin, à l’occasion duquel les « tendances négatives » du genre furent discutées . Parmi les mauvais penchants relevés par les critiques se trouvaient les suivants :

1) Certaines nouvelles présentent des idées « allant à l’encontre de la science », p. ex. les pilules pour l’intelligence, la réanimation de revenants, le fait de pouvoir marcher à travers les murs, de ressusciter des dinosaures, d’obtenir de l’information cérébrale d’un cadavre etc. De telles histoires véhiculent de la propagande en faveur de la « pseudoscience » (wei kexue 伪科学) et même pour la superstition ;
2) la science-fiction policière ou d’espionnage comportent de moins en moins d’éléments scientifiques, mais de plus en plus de scènes absurdes, horribles et macabres ;
3) certaines nouvelles de science-fiction expriment des doutes au sujet du rôle signifiant que jouent la science et la technologie dans l’avancement de l’humanité et rendent ainsi les gens pessimistes à l’égard de l’avenir ;
4) certaines nouvelles de science-fiction contiennent des descriptions de mauvais goût, comme celles de rapports sexuels entre humains et robots sensuels[17].

« Le Rêve du bonheur conjugal » de Wei Yahua fut condamné en tant qu’œuvre cynique, pornographique, et antisocialiste. Les critiques soutinrent que, puisque la relation entre le scientifique et le robot était de la même nature que celle entre le gouvernement et les gouvernés, la nouvelle reniait la société chinoise actuelle et insinuait que le système actuel ne méritait pas d’être aimé. Etant donné le fait que dans la nouvelle, le robot finissait par détester son maître humain dont il ne supportait plus le comportement tyrannique, on pouvait donc insinuer que l’attitude de l’auteur envers le peuple de la Chine populaire (qui est le souverain du pays selon l’idéologie communiste) était de même nature. De plus, la nouvelle présentait la lecture de philosophes comme Confucius, Aristote, Nietzsche, Montesquieu, Hegel et Feuerbach comme remède aux problèmes de société, ce qui évidemment fut interprété comme un renoncement au marxisme.

D’autres nouvelles furent accusées de s’être écartées du marxisme, d’avoir dépeint l’époque de la Révolution culturelle de manière trop sombre, où simplement d’être malsaines et vulgaires.

Afin de ramener les auteurs sur le « droit chemin », on publia des directives stipulant les objectifs de la SF, illustrées par cet article paru en 1984 dans la revue 'Littérature et Art (Wenyi bao 文艺报) :

  • Répandre les connaissances scientifiques et éliminer les superstitions ;
  • propager le matérialisme dialectique, l’amour pour la science, pour qu’on l’étudie et la mette en pratique, pour qu’on cherche à pénétrer les secrets de la science et à monter ses sommets ;
  • propager le patriotisme, l’amour pour le peuple, pour le travail, et pour le socialisme, pour qu’on voue sa vie à la réalisation des Quatre Modernisations[18].

Ce catalogue d’exigences montre que la marge de libre manœuvre laissée à la SF restait très étroite. Ainsi, la vieille définition « utilitariste » de la SF comme moyen de propagande pour la popularisation des sciences fut à nouveau confirmée.

La campagne politique contre la « pollution spirituelle » n’eut beau durer que quelques mois, son impact sur les auteurs de SF fut si fort que leur effectif faiblit rapidement et se dispersa petit à petit. Quelques auteurs délaissèrent la SF pour se tourner vers la littérature générale, d’autres se tournèrent vers les biographies fictionnelles ou cessèrent simplement d’écrire. Presque tous les écrivains majeurs de SF se retirèrent de l’arène de la littérature de SF pendant quelque temps. Pendant que les nouvelles de SF subissaient des attaques publiques et les auteurs étaient désillusionnés, les éditeurs se sentaient également mis sous pression. Ainsi ils étaient forcés d’interrompre les publications de SF (y compris les œuvres traduites). Avant 1983, des douzaines de magazines et de maisons d’édition avaient rivalisé pour publier de la SF.

Finalement, une seule revue réussit à survivre : le magazine Belles-lettres scientifiques (Kexue wenyi 科学文艺) publié à Chengdu. Cette revue joua un rôle crucial dans la lutte pour la survie que menait le genre entre 1984 et 1987. Continuant à circuler bimensuellement avec un tirage de 10'000 exemplaires durant toutes les années 1980, elle publia non seulement des nouvelles et de SF et des comptes rendus de telles nouvelles, mais elle réussit aussi à réunir tous les amateurs de SF du pays autour d’elle. En 1985, la revue lança le premier concours national pour la meilleure nouvelle de SF ; un an plus tard, le premier prix Nebula chinois (Yinhe jiang 银河奖) fut décerné à onze auteurs .

Il était pourtant impossible pour un seul magazine de changer la situation difficile dans laquelle se retrouvait la SF chinoise à cette époque. Lors du IVème Congrès national de l’Association des écrivains chinois, des auteurs se plaignirent que la littérature était trop étroitement contrôlée par des gens qui n’y comprenaient pas grand-chose, à tel point que les écrivains avaient des difficultés à trouver des domaines où ils pouvaient développer leur créativité. Bien que les représentants des autorités aient répondu favorablement à la revendication d’une plus grande liberté artistique, les auteurs ne se remirent que lentement du choc qu’ils avaient essuyé en 1983 .

[modifier] La convalescence et l’arrivée d’une génération nouvelle (1987-2000)

A la fin, la SF réussit à regagner l’attention publique, mais il lui faudra encore plusieurs années pour se redresser complètement du choc qu’elle avait subi. En 1987 et 1988, le journal officiel du parti, le Quotidien du Peuple (Renmin ribao 人民日报) publia des articles qui analysaient les causes du malaise que vivait la SF.

Alors que les écrivains se plaignaient des fois des connaissances scientifiques et technologiques trop superficielles et du manque d’imagination des lecteurs, ces derniers reprochaient aux écrivains d’avoir une compréhension limitée de la science et de faibles aptitudes pour l’écriture. Pour les critiques, le vrai problème se cachait cependant ailleurs : selon eux, c’était le principe directeur commandant à la création littéraire de science fiction même qui était erroné, parce qu’il stipulait que les nouvelles de SF devaient nécessairement traiter de science et de technologie existantes et les expliquer aux lecteurs. Un principe aussi restrictif avait posé des limites pendant trente ans à la libre imagination des auteurs et ainsi fait obstacle au développement du genre. Le deuxième problème relevé par les critiques était le nombre trop restreint des œuvres de grande qualité disponibles pour les lecteurs, dû au manque de maturité de la SF en Chine. Pour remédier à cette situation, on proposait de traduire les meilleures œuvres de SF étrangères, comme cela avait été fait au Japon et à Taiwan. Finalement, l’interventionnisme excessif des cadres dirigeants connaissant mal la nature de la SF fut réprouvé par les commentateurs.

Après avoir subi un dur coup notamment de la part des auteurs de vulgarisation des sciences, les écrivains de SF se [retirèrent des activités du Comité des belles-lettres scientifiques (Kexue wenyi weiyuanhui 科学文艺委员会), un sous-groupe de l’Association chinoise pour la vulgarisation des sciences, qui perdit par la suite de son importance. Désormais, les auteurs semblaient décidés de s’émanciper de la tutelle des organisations de vulgarisation scientifique qui avaient imposé leur vision des choses sur la production de SF chinoise durant trente ans.

La revue Monde de la SF (Kehuan shijie 科幻世界) jouait sans aucun doute un rôle déterminant dans ce processus d’émancipation. Fondée en 1979 sous le nom de Belles-lettres scientifiques (Kexue wenyi 科学文艺), elle changea de nom plusieurs fois. Dans l’intention d’en faire une revue de « science fiction populaire » (tongsu kehuan 通俗科幻), on l’a rebaptisa Contes étranges (Qitan 奇谈) en 1988. Peu de temps après, ce projet fut abandonné. Les éditeurs se focalisaient dorénavant sur un public jeune et la revue obtint le nom qu’elle garda jusqu’à présent. Elle paraissait d’abord bimensuellement, puis doublait la fréquence des éditions à partir de 1994. Durant les années 1980, son tirage oscillait entre moins de mille et plusieurs milliers d’exemplaires. Dans la décennie suivante, elle commença une ascension remarquable, ainsi le nombre du tirage arriva à 200'000 et atteignit même plus de 400'000 exemplaires en 1999. Le tirage actuel s’élève à environ 300'000 exemplaires.

Comment expliquer le succès de ce magazine ? Il semble que plusieurs facteurs aient concouru pour lui permettre d’occuper la position dominante qu’il détient encore de nos jours.

D’abord, les responsables de la rédaction, notamment les éditeurs en chef qui ont dirigé la revue depuis sa fondation en 1979, ont sans doute beaucoup contribué à sa réussite. Yang Xiao 杨潇, la fille d’un haut fonctionnaire du PCC, prit le poste de rédactrice en chef dans la deuxième moitié des années 1980. C’est grâce à son engagement actif que la Société mondiale de la SF (World Science Fiction Society ; WSFS) accepta la proposition d’organiser la réunion annuelle de la société à Chengdu en 1991. Cette réunion présidée par Ye Yonglie, à laquelle assista entre autres le célèbre auteur anglais Brian Aldiss (1925- ), fut – malgré son impact limité dû à des difficultés de financement – un pas important vers la résurrection de la SF en Chine. En même temps elle contribua à la formation d’un réseau de contacts informels entre auteurs et fans de SF, qui reste très important, étant donné le fait que sur le plan national, il n’existe toujours pas d’organisation officielle dédié à la SF en Chine.

La revue elle-même subit une transformation majeure lorsqu’en 1993, son équipe rédactionnelle décida de changer son orientation et de cibler dorénavant des lecteurs plus jeunes, c’est-à-dire des collégiens (âgés de 13 à 19 ans). Les changements concernaient non seulement des aspects extérieurs comme la conception graphique de la couverture, mais aussi le contenu de la revue : le vocabulaire utilisé devenait plus simple, et les histoires s’adressaient plus directement aux intérêts et aux attentes des jeunes. Beaucoup de jeunes lecteurs cherchaient dans la SF un espace de liberté, une distraction à un système d’enseignement dont ils pensaient qu’il ne laissait pas suffisamment de place à l’imagination et à la créativité personnelle. Le bon mot d’Einstein qui disait que « l’imagination et plus importante que la connaissance » devint une sorte de leitmotiv pour Monde de la SF, la suggestion sous-jacente étant que « imagination » équivalait à « science-fiction », et « connaissance » à « enseignement scolaire ». Ainsi, le nouveau concept de la revue réussit à toucher un point névralgique pour beaucoup d’adolescents qui se sentaient étouffés par un système éducatif trop axé sur l’apprentissage par cœur d’un savoir aride .

En 1997, Le Monde de la SF organisa une deuxième réunion de la WSFS en Chine, cette fois l’événement se déroula à Pékin et à Chengdu. Grâce à une situation financière nettement améliorée (notamment en raison des subventions accordées pour le financement de cet événement par l’Association chinoise pour la science et la technologie), la revue fut en mesure d’investir plusieurs centaines de milliers de yuan pour inviter des auteurs célèbres du monde entier ainsi que des astronautes américains et russes. La réunion réussit à susciter l’intérêt des médias nationaux dont les reportages furent nombreux, en conséquence la SF chinoise vécut un petit essor.

A la fin de l’année 1997, l’auteur tibétain A Lai 阿来 (1959- ), lauréat du prix Mao Dun en 2000, devint rédacteur en chef du Monde de la SF. En tant qu’écrivain de littérature générale, il veilla à augmenter la qualité artistique et la valeur littéraire des nouvelles publiées dans cette revue.

Une autre raison essentielle pour le succès du Monde de la SF peut être trouvée dans les changements structurels sur le marché des publications littéraires survenus dans les années 1990. Car dans la Chine des années 1990, les ventes des livres étaient en baisse, alors que le nombre des périodiques vendus augmentait continuellement. Ce phénomène fut accompagné d’un essor de la diffusion des revues par la vente dans les kiosques et petites librairies populaires au détriment de la diffusion – jugée trop coûteuse, trop lente et peu efficace – par envoi postal ou par la vente dans des librairies étatiques. Ces transformations amenèrent à une « redistribution des cartes » sur le marché des publications périodiques dont Monde de la SF fut un des grands bénéficiaires, ayant rapidement réussi à s’adapter à la nouvelle situation et ainsi gagner de nombreux nouveaux lecteurs.

Pendant que les tirages du Monde de la SF atteignaient des nombres auxquels les magazines de littérature générale pouvaient seulement rêver, ces derniers cessèrent presque totalement de publier des nouvelles de SF. Indéniablement, le coup dur que la SF chinoise avait subi dans les années 1980 avait gravement affecté son développement. Dans l’article « Survol de la littérature de science-fiction chinoise des années 1990 », Yang Peng décrit le problème de la manière suivante :

« Lorsqu’à la fin des années 1970, la littérature chinoise se trouvait dans l’attente d’un nouveau défrichement, la science-fiction et la littérature générale se régénéraient de concert et étudiaient ensemble les expériences avancées de la production créative étrangère. Mais quand la science-fiction réapparut dans les années 1990, la littérature générale avait déjà vécu un courant littéraire après l’autre, comme la littérature de réflexion, la littérature des réformes, la littérature des racines, la littérature d’avant-garde, la littérature néoréaliste etc. Le niveau d’écriture des auteurs était de plus en plus élevé et s’approchait de la maturité. Durant tout ce temps-là, la science-fiction se trouvait dans une condition de « zéro production ». Au début des années 1990, la littérature pure s’était déjà familiarisée avec tous les genres de courants littéraires étrangers et commençait à manifester une structure pluraliste. Cependant, la science-fiction qui venait juste de renaître était incapable de rattraper le niveau esthétique et artistique de la littérature pure. Il y eut même des œuvres de science-fiction qui, pour ce qui est de leur qualité artistique, étaient inférieures encore aux œuvres des années 1980.[19] »

Malgré son retard face à la littérature « pure », la SF pouvait profiter de la libéralisation qu’avait connue la création littéraire en conséquence de la politique dite « de réforme et d’ouverture » (改革开放 gaige kaifang) initiée par Deng Xiaoping à la fin des années 1979. L’ouverture économique face à l’Occident eut également des répercussions sur le monde de la littérature. Ainsi les traductions de littérature moderne étrangère devenaient de plus en plus nombreuses, et beaucoup d’œuvres étaient présentées pour la première fois aux lecteurs chinois. Vers la fin des années 1980, la « science-fiction populaire » de l’auteur hongkongais Ni Kuang 倪匡 (1934- ) fut introduite en Chine continentale en version piratée. Notamment la série relatant les aventures d’un héros du nom de Wesley (qui est d’ailleurs un spécialiste en arts martiaux chinois) marqua toute une génération de lecteurs et réussit à « convertir » beaucoup de lecteurs à la SF.

Un autre aspect de la politique d’ouverture et du développement économique rapide fut l’introduction d’équipement de haute technicité dans la vie quotidienne des Chinois vivant dans les zones urbaines. Que ce soient des appareils ménagers électriques, les nouvelles technologies de communication ou l’architecture futuriste omniprésente dans les silhouettes des nouvelles mégapoles chinoises; petit à petit, la science et les technologies cessaient d’être des notions abstraites ou des rêves chimériques et devenaient partie intégrante de l’expérience personnelle des Chinois.

Le gouvernement ayant pris conscience du fait que la science et la technologie étaient de toute première importance dans le processus de modernisation économique (devenue un élément crucial pour légitimer son pouvoir), une stratégie visant à « revigorer le pays à l’aide de la science » (科学兴国 kexue xingguo) fut lancée officiellement en 1995. La propagande expliquait que « la science et la technologie sont la première force de production » et soulignait l’importance de l’enseignement et la nécessité d’améliorer le niveau de connaissances liées à la science et la technologie auprès du peuple.

Cette fois, la SF put profiter des retombées de la campagne politique. Un exemple notable fut l’examen d’entrée à l’université de 1999 (cet examen est le plus exigeant et aussi le plus important dans la carrière scolaire des élèves chinois) lors duquel on demanda aux étudiants de rédiger un essai sur le sujet « Supposons que la mémoire puisse être transplantée ». Par la suite, beaucoup de parents soucieux de l’avenir scolaire de leurs enfants les incitèrent à lire aussi des œuvres de SF.

Au cours des années 1990, les analyses critiques d’œuvres de SF devinrent de plus en plus nombreuses. Les commentateurs comme Wu Yan 吴岩, Han Song 韩松, Xing He 星河 et Zheng Jun 郑军 étaient tous en même temps des auteurs de SF, ce qui leur permettait d’effectuer des analyses assez systématiques des œuvres, mais les empêchait sans doute aussi d’avoir une certaine distance face à la matière étudiée. Wu Yan, qui est professeur adjoint à la faculté de chinois de l’Université Normale de Pékin, commença en 1991 déjà à proposer un cours facultatif d’analyse et de critique de littérature de SF à ses étudiants. En 2003, l’Université Normale de Pékin offrait pour la première fois en Chine populaire un programme de troisième cycle – équivalent du titre de Master (硕士 Shuoshi) – dans la filière « littérature de science-fiction » .

La SF chinoise des années 1990 ne se limitait plus à faire naïvement l’éloge de la science, mais commençait également à adopter certains points de vue du courant de pensée postmoderne et à refléter toutes sortes de problèmes et dangers qui se manifestent avec le progrès scientifique et technologique. Loin de devenir « anti-scientifique », elle prit tout de même conscience du fait que la science peut des fois être une arme à double tranchant. De nouveaux thèmes furent abordés pour la première fois par les auteurs, comme les inventions issues de la seconde révolution des technologies de l’information (p. ex. Internet, la communication par satellite etc.), les sciences de la vie, l’ingénierie génétique, le clonage, les sciences environnementales et l’exploitation des ressources naturelles. D’autres thématiques récurrentes à cette époque reflètent le fait que dans les années 1990, les auteurs, plutôt que de traiter de la question de la direction que le développement de la Chine et de la planète allait prendre dans un futur proche, tendaient à se consacrer à des sujets plus éloignés de la réalité immédiate du monde dans lequel ils vivaient, tels les formes de vie extraterrestre, le voyage dans le temps ou l’effet papillon.

Au cours des années 1990, une relève de génération eut lieu dans les rangs des auteurs de SF. Cette génération fut baptisée plus tard la « génération nouveau-née » (新生代 xinshengdai) parce que la plupart de ces auteurs n’avaient commencé leurs activités littéraires qu’au début de la dernière décennie du XXe siècle, mais aussi parce que leurs œuvres se différenciaient pour beaucoup d’aspects de celles de leurs prédécesseurs. Zheng Jun partage la nouvelle génération d’auteurs en deux groupes principaux : les auteurs travaillant pour Monde de la SF et les autres, le premier groupe étant de loin le plus influent. Il comprend entre autres Wang Jinkang 王晋康, Xing He, Han Song, Wu Yan, Yang Ping 杨平, Yang Peng 样鹏, Ling Chen 凌晨, Liu Wenyang 柳文扬, Zhou Yukun 周宇坤, Pan Haitian 潘海天 et Su Xuejun 苏学军, alors que le deuxième comprend notamment Zhang Zhilu 张之路, Xu Yingfeng 许延风 et Mu Ling 牧玲. Les auteurs appartenant à la génération antérieure mais continuant leur création littéraire (comme Jin Tao et Liu Xingshi) ainsi que les auteurs de « littérature générale » ayant également écrit des œuvres de SF (comme Liang Xiaosheng 梁晓声 et Bi Shumin 毕淑敏) sont aussi comptés dans ce deuxième groupe.

Les auteurs qui évoluaient au sein du Monde de la SF étaient totalement différents des auteurs des générations précédentes qui avaient tous fait de la vulgarisation des sciences avant d’arriver à la SF. Disposant de bien meilleures connaissances non seulement sur la SF étrangère, mais aussi sur l’évolution du genre en Chine depuis la fin des Qing, leurs inclinaisons esthétiques et leurs habitudes d’appréciation littéraire avaient des colorations plus diverses et personnelles. Nés pour la plupart à la fin des années 1960 ou pendant les années 1970, les jeunes écrivains avaient grandi dans un environnement intellectuel plus libre et somme toute plus pluraliste (du moins en ce qui concerne le domaine culturel), par conséquent leur vision du monde était en général plus complexe et nuancée, mais aussi plus critique, que celle qui avait caractérisé les nouvelles et romans de SF de la décennie précédente .

[modifier] Présentation sommaire de quelques auteurs de SF actifs dans les années 1990

  • Han Song (1965- ), qui est originaire de Chongqing, étudia à l’Université de Wuhan (province du Hubei) où il obtint un B.A. en littérature chinoise et une maîtrise en droit. Il se rendit ensuite à Pékin, où il travailla pendant longtemps comme journaliste, puis comme directeur adjoint, pour la section des nouvelles internationales de l’agence de presse Xinhua. Actuellement, il occupe le poste de vice-rédacteur en chef de la revue hebdomadaire Observateur de l’Orient (Liaowang dongfang zhoukan 瞭望东方周刊). Han Song commença à écrire de la SF à partir des années 1980. En 1988 et 1990, il obtint le prix Nebula, et en 1991, sa nouvelle « Pierres tombales cosmiques » (« Yuzhou mubei » 宇宙墓碑) remporta le « Grand prix mondial de la SF écrite par des auteurs d’origine chinoise » (shijie huaren kehuan dajiang 世界华人科幻大奖). En tant que membre de l’Association de la vulgarisation des sciences, Han Song écrivit aussi de nombreux livres de vulgarisation scientifique. Pour ce qui est de ses œuvres de SF, les nouvelles « Evasion du mont You » (« Taochu Youshan » 逃出忧山), « La désinvolture de la jeunesse » (« Qingchun de diedang » 青春的跌宕), « La civilisation rayonnante » (« Canlan wenhua » 灿烂文化), « Cambriolage » (« Jie » 劫), « La Grande Muraille » (« Changcheng » 长城) et le roman Océan rouge (Hongse haiyang 红色海洋) comptent parmi ses écrits les plus connus.
  • Du point de vue de son âge, Wang Jinkang (1948- ) ne pourrait être compté dans le groupe des auteurs de la « génération nouveau-née » qui, en général, ont une vingtaine d’années de moins que lui. Cependant, et le moment de son début dans le monde de la SF, et les thèmes principaux de son œuvres font de lui un membre à part entière de cette génération. Né dans la province du Henan, Wang Jinkang travailla comme ouvrier dans une usine de fer, paysan, ingénieur en génie mécanique et chef technique d’une grande entreprise étatique avant de prendre – on peut dire accidentellement – le chemin de la création littéraire. En effet, ce fut à cause de la prédilection que son fils avait pour la SF qu’il commença à écrire des nouvelles. En 1993, il publia sa première histoire, « Le retour d’Adam » (« Yadang huigui » 亚当回归), dans la revue Monde de la SF. Ce fut un succès immédiat : la nouvelle obtint le prix Nebula de cette année. Dès lors, il se décida à persévérer sur le parcours qu’il avait embrassé. A ce jour, il a écrit une cinquantaine de nouvelles, p. ex. « La chanson de la vie » (« Shengming zhi ge » 声明之歌), « Septuple coque » (« Qichong waike » 七重外壳), « Feu céleste » (« Tianhuo » 天火), « L’homme et le loup » (« Ren yu lang » 人与狼), et plusieurs romans, dont A la recherche du dragon chinois (Xunzhao Zhongguo long 寻找中国龙) et Equilibre entre vie et mort (Shengsi pingheng 生死平衡).
  • Xing He, de son vrai nom Guo Wei 郭巍, naquit en 1967 à Pékin. Déjà pendant ses études d’architecture, il fréquentait les cours sur la littérature de SF donnés par Wu Yan. Au début des années 1990, alors que Le Monde de la SF se trouvait encore dans une situation difficile, il devint l’un des auteurs principaux de cette revue. Par la suite, sa carrière professionnelle évolua conjointement à la réussite que connut Le Monde de la SF. Actuellement, Xing He compte parmi les auteurs les plus appréciés si on se base sur le nombre de ses lecteurs. Il est également le seul « auteur professionnel » parmi les auteurs de SF chinois : il a signé un contrat avec l’Association des écrivains chinois et tire son revenu exclusivement de sa création littéraire . En 1995, Xing He écrivit la nouvelle « Duel sur le réseau » (« Juedou zai wangluo » 决斗在网络 ; publiée en 1996) qui raconte l’histoire d’un étudiant hacker. La nouvelle est considérée comme la première œuvre Cyberpunk chinoise qui eut une certaine influence. D’autres œuvres importantes de Xing He sont les nouvelles « Amène ton âme au rendez-vous » (« Dai xinling qu yuehui » 带心灵去约会), « Mourir aux confins du monde » (« Mingyun tianya » 命殒天涯), « Le vacarme de la vague fut assourdissant comme un coup de canon » (« Chao xiao ru qiang » 潮啸如枪) ainsi que les romans Les souvenirs du fond de la mer (Haidi jiyi 海底记忆) et Les forces alliées du jeu en réseau (Wangluo youxi lianjun 网络游戏联军).
  • Wu Yan (1962- ) fit des études de psychologie à l’Université Normale de Pékin avant d’y entamer un doctorat en prospective de l’éducation (jiaoyu weilaixue 教育未来学). Resté fidèle à son Alma Mater, il est aujourd’hui professeur adjoint à la faculté des sciences du management de l’éducation ainsi qu’à la faculté de chinois où il donne des cours sur la littérature de SF. Passionné de SF depuis son plus jeune âge, il commença à écrire ses premières nouvelles à 16 ans déjà. En même temps, il se mit à rédiger des critiques d’œuvres de SF. Son œuvre littéraire n’est pas très abondante, et si l’on en croit Xing He, ce furent avant tout les travaux théoriques sur la SF et les analyses littéraires de Wu Yan qui influencèrent les autres auteurs de sa génération .
  • Yang Ping (1973- ) est diplômé de la faculté d’astronomie de l’Université de Nankin et s’est spécialisé en astrophysique. Mais après avoir achevé ses études, il travaillait dans le centre de formation de la faculté de l’informatique de l’Université Qinghua à Pékin où il donne des cours sur les réseaux informatiques. Yang Ping s’est beaucoup intéressé au Cyberpunk, un sous-genre littéraire issu de la SF qui s’est transformé plus tard en mouvement culturel. Bien que l’œuvre fondatrice du mouvement, le roman Neuromancer de l’Américain William Gibson (1948- ), ne soit paru en Chine qu’en 1999, Yang Ping publia la nouvelle « MUD – l’affaire du hacker » en 1996 déjà. Cette nouvelle raconte l’histoire d’un fanatique de jeux d’ordinateur convaincu que le monde virtuel dans lequel il a choisi de vivre la plupart de son temps n’a rien à envier au monde réel. Il finit pourtant par se rendre compte que ce n’est que dans le monde réel qu’il a la possibilité de réaliser pleinement ses rêves : « Comment se peut-il que dans le passé, je n’ai jamais remarqué que le monde extérieur est si beau ? ».
  • Ling Chen (1972- ), une physicienne, est l’une des rares femmes ayant écrit de la SF pendant dans les années 1990. En 1995, elle commença à publier des nouvelles dans plusieurs revues spécialisées. Fille d’un père qui est technicien aérospatial, la navigation spatiale est un de ses thèmes favoris.
  • Zhou Yukan (1976- ) a fait des études d’électromécanique et se considère lui-même comme auteur de hard SF (ying kehuan 硬科幻). Zhou Yukan s’intéresse beaucoup, comme Ling Chen, au sujet de l’aéronautique et aussi aux « puissances inconnues », mais contrairement à la tendance au mysticisme qui apparaît ça et là dans les œuvres de Yang Ping, Zhou essaie toujours de donner une explication rationnelle pour les phénomènes qu’il décrit.
  • Liu Wenyang (1970- ), antérieurement enseignant à l’Université industrielle de Pékin, a écrit plusieurs nouvelles de SF qui excellent par la construction rigoureuse de l’intrigue et l’utilisation maîtrisée des éléments de suspense. Dans ses histoires, il s’intéresse plutôt à réfléchir sur des questions philosophiques qu’à explorer dans le détail les aspects scientifiques. Les mondes parallèles sont un de ses sujets de prédilection.
  • Zhang Zhilu (1945- ) est sans doute l’auteur le plus connu parmi ceux qui ont évolué en dehors du cercle des écrivains du Monde de la SF. Professeur de physique au lycée, il publia ses premières nouvelles en 1976. Il fait partie des auteurs qui persévèrent sur la voie de la SF pour enfants. Beaucoup de ses œuvres ont d’ailleurs été adaptées au cinéma ou à la télévision.

[modifier] Le nouveau millénaire (2000-2005)

Alors que pour la plupart des Chinois l’an 2000 n’était qu’une année comme les autres, le début du nouveau millénaire fut un tournant important pour la SF chinoise. De nouvelles revues et éditions spécialisées furent créées, améliorant ainsi les chances des auteurs de voir leurs œuvres publiées. En même temps, de nouveaux auteurs se firent rapidement une réputation parmi les fans de SF. Contrairement aux auteurs de la « génération nouveau-née » qui avaient commencé à écrire des nouvelles dans leur jeunesse déjà, ces nouveaux venus ne rejoignirent le cercle de la SF qu’à l’âge adulte. Grâce à leur expérience acquise préalablement dans d’autres domaines que celui de la création littéraire et grâce à la maturité stylistique de leurs écrits, ils réussirent vite à s’établir à l’avant-garde de la création de SF.

Les représentants les plus importants de cette génération nouvelle sont Liu Cixin 刘慈欣, Cha Yulong 查羽龙 et Zheng Jun 郑军 .

  • Liu Cixin (1963- ) qui est ingénieur de formation, travailla longtemps comme informaticien dans une centrale hydro-électrique et ne publia sa première œuvre qu’en 1999. Depuis, il a publié bon nombre de nouvelles. Etant lui-même un amateur de SF depuis toujours, il explique que sa décision de travailler dans le domaine de l’informatique fut influencée par la SF, car il espérait pouvoir ainsi trouver « le rêve de la SF au milieu de la réalité ». Mais il finit par se rendre compte que les ordinateurs n’avaient rien en commun avec cette « intelligence artificielle » décrite dans les œuvres de SF, mais « ressemblaient au contraire à la stupidité artificielle ». Pour cette raison, il se décida à écrire des nouvelles de SF, en espérant « y trouver de la consolation ». En ce qui concerne sa manière d’apprécier la SF, son crédo est très clair : « La beauté que crée la SF provient nécessairement de la science. » Ses nouvelles traitent de sujets très divers, comme l’ingénierie génétique, un monde dont tous les adultes ont disparu après un cataclysme majeur ou de nouvelles formes d’exploitation de ressources naturelles. Le dévouement exalté envers la recherche scientifique que partagent les protagonistes-scientifiques dans ses œuvres montrent l’influence toujours présente chez lui des vieilles conceptions de la littérature soviétique .
  • Cha Yulong (1968- ) étudia la couture à Pékin avant de se tourner vers le monde littéraire et de travailler comme rédacteur pour des magazines de SF. Le pseudonyme Cha Yulong 查羽龙 fait allusion aux trois fameux auteurs de littérature « de cape et d’épée » (wuxia 武侠) Cha Liangyong 查良镛 (1924- ; mieux connu sous son nom de plume Jin Yong 金庸), Liang Yusheng 梁羽生 (1926- ) et Gu Long 古龙 (1938- ). En effet, les préférences de l’auteur sur le plan esthétique furent profondément influencées par la littérature de cape et d’épée. Dans ses œuvres, Cha Yulong tente de marier la structure et le style narratif des romans de cape et d’épée avec les thèmes de SF. Bien qu’il n’y ait pas de scènes de combat dans ses romans et nouvelles, on y trouve souvent des compétitions, des épreuves de force ou des ruses et des techniques de combat. Chez Cha Yulong, ce ne sont pas seulement la structure et l’intrigue qui rappellent les romans de wuxia, même le style et les noms des personnages sont clairement des réminiscences de ce type de littérature. Les sujets sont en revanche indubitablement des sujets de SF et la plupart des nouvelles se passent quelque part dans les étendues infinies de l’univers.
  • Zheng Jun (1969- ) a fait des études en sciences de l’éducation et en psychologie avant de devenir auteur indépendant. Il écrit des œuvres de fiction, mais aussi des textes sur l’histoire de la SF ainsi que des essais de théorie littéraire concernant la SF. Son approche à la SF semble plutôt conservatrice, car il soutient un « retour à la réalité » (huigui xianshi 回归现实), c’est-à-dire un retour à des thématiques qui se réfèrent à un futur proche, et non un avenir lointain et fantastique. C’est la raison pour laquelle on peut trouver dans ses œuvres de fiction des instituts de recherche et des scientifiques qui existent réellement, mais on y cherchera en vain des lieux communs comme des robots, des extraterrestres ou des voyages dans le temps .

A partir de l’an 2000, on constate une nette progression de la forme longue parmi les publications de SF. On peut établir un rapport direct entre ce phénomène et la maturation du talent littéraire des auteurs eux-mêmes. En même temps, la SF s’ouvrit de nouvelles voies de diffusion.

La revue Monde de la SF était continuellement en train de renforcer sa position sur le marché. Un après l’autre, de nouveaux formats – qui ciblaient souvent un public spécifique – furent lancés : L’Illustré du Monde de la SF ('Kehuan shijie huakan 科幻世界画刊 ; sa publication fut suspendue entretemps), Voler (Fei 飞 ; s’adresse aux enfants) et Affaires stupéfiantes (Jingji Dang’an 惊奇档案). Déjà pendant les années 1990, Monde de la SF avait commencé à publier des livres en collaboration avec de grandes maisons d’édition, ce qui lui permit de s’ouvrir le marché des livres de SF.

Au cours des dernières années, d’autres revues firent leur apparition : Roi de la SF (Kehuan dawang 科幻大王) maintenait depuis longtemps un tirage de quelques dizaines de milliers d’exemplaires. En 2001, la revue Fan de SF (Kehuan mi 科幻迷) parut pour la première fois ; elle fut plus tard rebaptisée Fantastique (Huanxiang 幻想). D’autres magazines récemment entrés sur le marché sont par exemple L’Illustré de la SF (Kehuan huabao 科幻画报 ; visant des lecteurs âgés de 8 à 14 ans), SF – Chefs d’œuvre littéraires (科幻•文学秀 Kehuan – Wenxuexiu ; ciblant un public âgé de 18 à 22 ans et s’intéressant surtout à la SF publiée sur Internet) et Lecture abondante de SF mondiale (Shijie kehuan bolan 世界科幻博览 ; publiant des traductions de nouvelles de SF du monde entier) . Alors que ces nouvelles revues semblent avoir trouvé leur créneau sur un marché trépidant et compétitif, les tentatives de raviver les revues Arbre de la connaissance et Océan de la SF se sont soldées par des échecs .

Internet étant un des grands sujets de la SF en Chine depuis les années 1990, il ne pouvait que sembler logique que les auteurs se servent également de ce nouveau médium pour diffuser leurs œuvres et communiquer avec leurs lecteurs. Naturellement, parmi les passionnés d’ordinateur et d’informatique se trouvaient également beaucoup de fans de SF. Après avoir créé au cours des années 1990 déjà une vingtaine de fanzines locaux dont le destin fut changeant et souvent assez bref , ceux-ci ne tardèrent pas à profiter des nouvelles opportunités que leur offrait l’Internet. Ainsi ouvrirent-ils des sites dédiés à leur genre préféré ou ajoutèrent une rubrique « SF » aux sites littéraires existants . En publiant leurs œuvres sur Internet, quelques jeunes auteurs, dont beaucoup sont encore des lycéens, ont réussi à se faire une renommée dans le monde de la SF avant qu’une seule de leurs œuvres ne fût parue sur papier. Dans les collections littéraires en langue chinoise qu’on trouve sur Internet, la SF occupe une place importante parmi les rubriques principales.

Depuis peu de temps, la littérature de SF en Chine se voit confrontée à un « concurrent » sérieux qui pourrait l’éclipser dans un avenir proche. Il s’agit de la littérature fantastique (qihuan wenxue 奇幻文学) qui n’a réussi qu’au cours de ces dernières années à se défaire de la proscription politique lui reprochant de « propager des superstitions féodales ». Ce changement d’opinion peut probablement aussi être attribué en partie à l’immense succès commercial qu’eurent des films comme Harry Potter et Le Seigneur des anneaux en Chine. La nouvelle crise à laquelle le monde de la SF chinoise (i.e. les éditeurs des revues et les auteurs qui en dépendent) fait face aujourd'hui n’est donc plus le résultat d’une oppression politique comme par le passé, mais elle est d’un côté une conséquence de la libéralisation économique, et de l’autre le contrecoup du choix des maisons d’édition de SF de se focaliser sur les lecteurs adolescents, car ceux-ci sont plus susceptibles de changer leurs goûts littéraires pour suivre la mode que les adultes.

[modifier] Taiwan

Après la retraite des nationalistes chinois sur l'île de Taiwan, les premières oeuvres de SF y parurent dans des magazines pour adultes dans les années 1950. ....

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles et ouvrages de référence en langue occidentale

  • (en) HUSS Mikael, « Journey to the West: SF’s Changing Fortunes in Mainland China », in Science Fiction Studies, #80 (Volume 27, Part 1), March 2000, pp. 92-104.
  • (fr) MÜLLER Fabio, L’apparition d’une nouvelle génération d’auteurs de science-fiction en Chine populaire dans les années 1990 : Entre émancipation idéologique et logique commerciale (mémoire de Master), Université de Genève, 2006. [2]
  • (en) WAGNER Rudolf G., « Lobby Literature: The Archeology and Present Functions of Science Fiction in China », in KINKLEY, Jeffrey C. (ed.), After Mao: Chinese Literature and Society 1978-1981, Cambridge, Harvard University Press, 1985, p. 17-62.

[modifier] Anthologies et traductions d'oeuvres de SF de langue chinoise en langue occidentale

  • (en) CHANG Hsi-Kuo, The City Trilogy (trans. by John Balcom), New York, Columbia University Press, 2003.
  • (en) WU Dingbo, MURPHY Patrick D. (ed.), Science Fiction from China, New York, Praeger, 1989.
  • (de) YE Yonglie, DUNSING Charlotte (Hrsg.), Science Fiction aus China, München, Goldmann, 1984.
  • (fr) YE Yonglie, L'Ombre des espions sur l'île de Jade Vert (trad. par Ng Yok-Soon), Paris, Pierre-Emile, 1986.

[modifier] Liens externes

« Chinese Science Fiction and Fantasy »

[modifier] Notes et références

  1. (zh) WU Yan, « Xifang kehuan xiaoshuo fazhan de sige jieduan » 《西方科幻小说发展的四个阶段》 (« Les quatres phases dans l’évolution du roman de science-fiction dans l’Occident »), dans Mingzuo Xinshang 《名作欣赏》, nos  2/3/4 (1991)
  2. (zh) WANG Quangen, « Ba jiushi niandai kehuan xiaoshuo chuangzuo toushi » 《八九十年代科幻小说创作透视》 (« Mise en perspective de la création romanesque de science-fiction durant les années 80 et 90 »), dans WANG Quangen (éd.) 王泉根 (主编), Zhongguo xin shidai ertong wenxue yanjiu 《中国新时代儿童文学研究》, Hebei shaonian ertong chubanshe 河北少年儿童出版社,Shijiazhuang, 2004, p. 282
  3. Lunyu, VII, 20, traduit dans (fr) CHENG Anne, Entretiens de Confucius, Seuil, Paris, 1981, p. 65
  4. (fr) BADY Paul, « Lao She », in LEVY André, Dictionnaire de la littérature chinoise, PUF, Paris, 2000. p. 156.
  5. (de) YE, DUNSING (Hrsg.) 1984, p. 250.
  6. Cité dans (en) WU, MURPHY (ed.) 1989, p. xviii
  7. Cité dans (en) WU, MURPHY (ed.) 1989, pp. xviii-xix, ainsi que YE, DUNSING (Hrsg.) 1984, pp. 251-252
  8. (zh) ZHANG Ran 张然, « Mengyou taiyangxi » 《梦游太阳系》, Tianjin, Zhishi shudian 知识书店, 1950.
  9. (zh) ZHENG Wenguang 郑文光, Cong Diqiu dao Huoxing 《从地球到火星》, publié dans Zhongguo Shaonian bao 中国少年报, 1954.
  10. (zh) YU Zhi 于止 (YE Zhishan 叶至善), « Shizong de gege » 《失踪的哥哥》, parut d’abord en feuilleton dans 中学生 Zhongxuesheng, no. 7 et 8, Pékin 1957. (Réédité dans JIN Bo, XING He (éd.) 金波,星河 (主编), Zhongguo kexue yishu daxi 《中国科学文艺大系》, Changsha, Hunan jiaoyu chubanshe 湖南教育出版社, 1999, pp. 32-54.)
  11. (en) WAGNER Rudolf G., « Lobby Literature: The Archeology and Present Functions of Science Fiction in China », in KINKLEY, Jeffrey C. (ed.), After Mao: Chinese Literature and Society 1978-1981, Cambridge, Harvard University Press, 1985, p. 40. Wagner ne spécifie malheureusement pas les titres de ces œuvres.
  12. (zh) XIAO Jianheng 萧建亨, « Buke de qiyu » 《布克的奇遇》, Beijing shaonian chubanshe 北京少年出版社, 1962 (rééd. 1979).
  13. (en) WU, MURPHY (ed.) 1989, p. xxviii.
  14. Ibid., p. xxi.
  15. (zh) TONG Enzheng 童恩正, « Tan tan wo dui Kehuan wenyi de renshi » 《谈谈我对科学文艺的认识》, in Renmin wenxue 人民文学, no. 6, 1979.
  16. (zh) ZHENG Wenguang 郑文光, « Kexue wenyi xiaoyi » 《科学文艺小议》 (« Bref commentaire sur les Belles-lettres scientifiques »), in Renmin wenxue 人民文学, no. 5, 1980, p. 32.
  17. (en)WU, MURPHY (ed.) 1989, pp. xxxii ; (zh) ZHENG Jun 郑军, Kehuan zonglan 《科幻纵览》 (Tour d’horizon de la SF), février 2005, cf. [1], fasc. 3, chap. 5, paragraphe 4.
  18. (zh) Wenyi bao 文艺报, janvier 1984. Cité dans (de) YE, DUNSING (Hrsg.) 1984, p. 259, sans indication d’auteur.
  19. (zh) YANG Peng 杨鹏, « Survol de la littérature de science-fiction chinoise des années 1990 » 《90年代中国科幻文学扫描》, in WANG Quangen (éd.) 王泉根 (主编), Zhongguo xin shidai ertong wenxue yanjiu 《中国新时代儿童文学研究》, Shijiazhuang, Hebei shaonian ertong chubanshe 河北少年儿童出版社,2004, p. 306.