Lao She

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Lao She
Lao She
Lao She est un nom chinois, coréen, khmer ou vietnamien ; le nom de famille, Lao, précède donc le prénom.

Lao She (老舍, Pinyin : Lǎo Shě), (1899 - 1966) est le nom de plume de SHU Qingchun (舒慶春) (son nom de famille « 舒 » lui donnera son nom adulte, Sheyu 舍予) est un écrivain chinois de la période moderne. Romancier et aussi dramaturge, ses personnages sont tirés du petit peuple de Pékin, dont il a conservé le langage.

Issu d'une famille d'origine mandchoue, il évoque dans ses romans le cadre urbain des hutongs de Pékin où s'interpénétraient les cultures mandchoue, han et musulmane. Ses récits tracent un portrait de cellules familiales sous l'occupation japonaise ou pendant les dernières heures du régime impérial mandchou.

Ses œuvres les plus célèbres sont les romans Le Tireur de pousse-pousse (駱駝祥子), Quatre générations sous un même toit (四世同堂) et la pièce de théâtre La Maison de thé (茶馆). Découvert longtemps après la mort tragique de l'auteur, L'enfant du Nouvel An, une œuvre largement autobiographique, en 1979.

Partisan de Mao Zedong et du communisme qu'il incarnait, il écrivit des ouvrages louant le Parti communiste chinois après son retour des États-Unis en 1949. Pendant la Révolution culturelle que déclencha Mao en 1966, il fut persécuté physiquement et psychologiquement. On a prétendu qu'il s'était jeté dans le lac Tai Ping tant il était désespéré(太平湖, lac de la Grande Paix) le 24 août 1966.[1] Quand on sait de quelles extrémités les Gardes Rouges étaient capables, on est en droit de les soupçonner d'avoir brutalement aidé Lao She à se jeter dans ce lac.

Sommaire

[modifier] Biographie

Orphelin de père dès 1900 ( son père faisait partie des soldats qui moururent pendant la Guerre des Boxers ), fils d'une blanchisseuse, Lao She disait : « Quand j'étais petit, ma mère ne me racontait pas de légendes sur les ogres qui mangent les petits enfants. Pour elle, les monstres étaient les étrangers, plus cruels et plus barbares que les ogres, avec d'énormes mâchoires et des crocs redoutables. Et les contes pour enfants ne sont que des contes, tandis que les histoires de ma mère reposaient sur des faits qui avaient atteint directement toute notre famille » [2]. Après des études au collège de Pékin, Lao She enseigna dès l'âge de dix-sept ans et il occupa divers emplois administratifs, notamment dans des écoles élémentaires. De 1924 à 1929, il enseigna le chinois à l'école des langues orientales et africaines de Londres où, après avoir lu Charles Dickens, il commença son premier roman. De retour en Chine en 1930, il se lança dans des écrits satiriques (La Cité des chats), avant de décrire dans Le Tireur de pousse-pousse les terribles conditions de vie d'un paysan qui tente de survivre à Pékin avec les faibles moyens d'un tireur de pousse-pousse. Le déclenchement de la deuxième guerre sino-japonaise changea radicalement son attitude : de 1937 à 1945, il écrivit de nombreuses pièces de théâtre, tout en se lançant dans une propagande anti-japonaise dont témoigne son roman Quatre générations sous un même toit. Entre 1946 et 1949, Lao She obtint une bourse du département d'état et alla vivre aux États-Unis. Il revint en Chine quand la République Populaire de Chine fut établie. Membre du comité éducatif et culturel du gouvernement, député au Congrès national populaire, il fut un personnage influent dans le domaine des arts et des lettres , défendant le système anti-impérialiste et se référant aux Boxers comme à des héros. Mais quand la Révolution culturelle éclata, il fut publiquement dénoncé et critiqué comme beaucoup d'autres intellectuels. On prétend qu'il s'est suicidé, le 24 octobre 1966.

[modifier] Polémique sur la mort

La version officielle de la mort de Lao She par voie de suicide a été mise en doute par Claude Roy, dans son recueil d'articles Sur la Chine, 1979. Citant un entretien publié dans le journal Qishi Niandai, en novembre 1978, où la veuve de l'écrivain Hu Jieqing (peintre), à la question : « Votre mari s'est-il suicidé ? », répond : « Non, sûrement pas. » La polémique autour de ce suicide agitait déjà les intellectuels français à la fin de la Révolution culturelle, les pro-Mao alors à la mode affrontant les anti-Mao. Ainsi Michelle Loi[3]... À son retour de Chine, elle écrivait, en 1973 : « Je ne pense pas que ce soit une question tellement intéressante pour tout le monde de savoir si Lao She s'est ou non suicidé », ce qui fera enrager les grands amis du peuple et des écrivains chinois que sont Claude Roy et Simon Leys. Par ailleurs, dans son récit publié en 1978, La mue ou la mort, l'écrivain et journaliste japonais Takeshi Kaikô fait une émouvante évocation de Lao She et de sa fin tragique (La mue ou la mort [Tama, kudakeru], in Anthologie de nouvelles japonaises contemporaines, Tome 1, Gallimard, collection Du monde entier, 1987).

[modifier] Notes

  1. affirmation aléatoire, contestée et non prouvée
  2. (Lao She in Modern Chinese Writers, ed. by Helmut Martin and Jeffrey Kinkley, 1992)
  3. Michelle Loi (1926-2002), sinologue lyonnaise activement engagée dans les mouvements d'inspiration maoïste en France. Elle ne reniera jamais cet engagement, même après la révélation des dégâts causés par le Grand Bond ou par la Révolution culturelle. Dès le début des années 1970, elle a fait plusieurs voyages en Chine. Elle en a rapporté de nombreux documents, qu'on trouve encore à la bibliothèque municipale de Lyon

[modifier] Œuvres

Les romans de Lao She sont traduits en Français chez Gallimard et Picquier.